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Actus ciné/DVD - Page 20

  • Waking Sleeping Beauty (2010)

    Un film de Don Hahn

    5486190681_e9e7a44245_m.jpgQuelle (bonne) surprise à la vision du programme du sympathique festival Cinémino à Annecy, lorsque l'on découvre, au détour d'un programme (bien caché, quand même) la projection de ce documentaire, sorti originellement dans 6 salles en France ; il retrace une décennie-clé dans l'histoire du Studio Disney, de 1984 à 1994, où le passage de témoin entre la vieille garde des aînés (les "Nine Old Men", collaborateurs historiques de Walt Disney) et de jeunes animateurs passionnés par l'animation, voulant faire évoluer le médium, ne se déroule pas sans heurts.

    De Taram et le chaudron magique, trop sombre et violent, au Roi Lion, réussite artistique et financière incontestable, le documentaire dessine un portrait en creux de l'évolution de ces dessins animés. En effet, peu de choses sur le travail des animateurs en tant que tel ; Don Hahn, producteur de La Belle et la Bête, Le Roi Lion ou du Bossu de Notre-Dame, insiste sur le pool décisionnel du Studio, et la lutte intestine qui y prend place. Entre Michael Eisner, Jeffrey Katzenberg et Frank G. Wells, les violons ne se sont jamais accordés. Une multitude de documents d'époque nous conte tout sauf un film Disney ; il en est autrement dans les films que dans la vie. Là, les divergences d'opinion, les décisions unilatérales, le pouvoir de la finance, font des victimes : les artistes.

    Le documentaire a le mérite de montrer, sans fard, la dureté d'un système où la rentabilité est reine. Même si l'on sait la perte de vitesse du Studio dans les années 60-70, on est abasourdi quand les décideurs évoquent l'idée de mettre un terme aux activités cinématographiques du Studio pour se concentrer sur les parcs à thèmes, les produits dérivés ou la télévision.

    Le fond du film est donc assez sombre : découragement, incompréhension entre les équipes, travail de sape (la promotion abandonnée au premier jour d'exploitation de Bernard et Bianca au pays des Kangourous, révolutionnaire par son usage des technologies numériques), vie familiale inexistante, évocation de décès tragiques ... Il laisse peu de place à l'émerveillement, l'enchantement qui est traditionnellement le fond de commerce de Disney, et montre que des films où tout finit toujours bien sont enfantés dans la douleur. Malgré cela, certaines séquences arrive à faire poindre la magie des animateurs, comme celle où un artiste mime l'entrée en scène de Sébastien dans La petite Sirène, la musique du film se superposant à ses gestes.

    Pour tous les passionnés d'animation et du studio Disney en particulier, c'est une chance d'assister à tous ces événements marquants de la vie du Studio, un peu comme "si on y était vraiment"... Des moments précieux et rares qui parlent avant tout de tout ce qui entoure le film et des hommes et femmes qui le font, plutôt que des films eux-mêmes.

  • Black Swan (2011)

    Un film de Darren Aronofsky

    5468339335_b8e695a4dd_m.jpgLe film était attendu, la fièvre entretenue par une bande-annonce promettant beaucoup. Et l’on sait bien que les attentes, les promesses, si elles sont parfois récompensées (Inception, The Fountain) sont souvent déçues.

    Mettons nous bien d’accord, Black Swan est loin d’être un mauvais film. Les thèmes du double négatif, de la passion dévorante pour un art qui finit par nous consumer, de l’aliénation, tressés par le motif du ballet, sont présents, traités et parfois même nous transportent (la courte scène de danse entre le chorégraphe et sa danseuse, celle de la boîte de nuit et de la scène d’amour qui s’en suit). Mais ces rares îlots de pure puissance cinématographique sont noyés dans une représentation très, trop, contrôlée, des tourments de l’héroïne. Le film, à l’image de Natalie Portman, apparaît crispé, et ne libère pas les promesses d’un spectacle potentiellement extrême, esthétiquement et thématiquement. Cadrant Natalie toujours en gros plan, la sensation d’asphyxie se fait rapidement sentir, mais ne joue pas en la faveur du film. On pourrait dire aussi que le film n’arrive jamais à la hauteur de la musique de Tchaïkovski, puissante jusqu’à l’hystérie. Peu de mystère est fait autour de la folie du personnage principal, cadres et musique insistant sur des éléments par trop révélateurs. La danseuse est ainsi littéralement hantée par le Lac des Cygnes, en rêve, et dans la réalité : sonnerie de portable et boîte à musique constituant la part la plus maladroite du lot.

    A trop fonctionner par oppositions claires (blanc/noir, homme/femme, crispée/détendue, frigide/nymphomane, pur/impur), le propos du film se simplifie à outrance, laissant trop bien voir là où il veut nous amener ; alors que dans le même temps, le spectateur est sensé épouser le point de vue désorienté de Natalie Portman. La mise en abîme, reproduisant la trame du Lac des Cygnes dans la vie de la danseuse, ne brille pas par sa nouveauté, ni son pouvoir de fascination, conséquence directe du point précédent. L’ensemble sonne malheureusement comme du déjà-vu, ses inspirations évidentes (Cronenberg, Powell-Pressburger) ayant en plus fait mieux par le passé.

    Le vrai souci du film repose sûrement dans sa bande-annonce, tant la version en salle n’apporte pas beaucoup plus d’éléments. Tout est déjà condensé dans ces quelques secondes mises bout à bout. Le manque de surprises, de folie et donc d’ampleur est forcément décevant. Reste alors la performance évidente de l’actrice principale, un Vincent Cassel également très bien dans le rôle, et la musique. Ce qui n’est pas si mal, mais l’on attendait tellement plus…

  • Batman et Red Hood : sous le masque rouge (2010)

    Un film de Brandon Vietti

    5097819918_7a82db07fb_m.jpgLes inédits dvd de chez DC témoignent d'un niveau tel qu'on est presque surpris de les découvrir directement chez soi, dans la quiétude (rapidement chamboulée) de notre salon, ou bien devant son ordinateur, la tête surmontée d'un casque audio (pour la VO, c'est bien mieux, je vous le conseille !). Superman Doomsday (Laurent Montgomery, 2007) était d'une redoutable efficacité ; Justice League : New Frontier (Dave Bullock, 2008) faisait preuve d'une belle recherche esthétique et constituait une adaptation honnête de la BD de Darwyn Cooke ; Batman et Red Hood vient aujourd'hui jouer sur les terres du superbe Batman contre le fantôme masqué (Batman : Mask of the fantasm, seul long métrage animé issu de la mythologie Batman à avoir franchi les portes de salles de cinéma américaines). Une fois n'est pas coutume : alors que même ce dernier film a mis de longues années à être disponible en vidéo en France, Warner a décidé de sortir Batman et Red Hood quelques mois seulement après les Etats-Unis. Preuve de leur confiance dans la qualité de ce long-métrage?

    Le scénariste (Judd Winick, qui adapte sa propre BD) a une parfaite connaissance de la continuité malmenée de l'univers, comme les créateurs nous l'avaient démontré dans l'excellente série animée Batman des années 90, de Paul Dini et Bruce Timm (qui officie ici en tant que producteur). Ils nous emmènent ainsi à la fois dans la filiation des différents Robin, éternelle figure d'allié de Batman qui a pris bien des visages depuis sa première apparition en 1940. Piochant dans le récit célèbre de A death in the Family où l'on voit Le second Robin périr sous les coups du Joker (aussi repris dans le très bon Batman, la relève : Le retour du Joker), jusqu'aux derniers épisodes dessinées des aventures du chevalier Noir (la mini-série Battle for the cowl) pour la réapparition d'un ancien souvenir de Bruce Wayne, Red Hood navigue entre les époques, les personnages, pour fonder la brutalité et la radicalité d'un propos que la violence graphique n'effraie pas. On perçoit à chaque plan une profondeur digne d'un Dark Knight (Christopher Nolan, 2008), entre un Joker psychopathe, un Batman torturé, solitaire et peu amène, et la ville de Gotham comme un personnage en tant que tel, un niveau de l'enfer que sillonnent jours et nuits pillards, bandits et justiciers.

    L'identité de Red Hood découverte, c'est la tragédie et la mélancolie qui se fraie un chemin dans les rues sombres et puantes de Gotham : oui, Batman et Red Hood est un véritable film noir en puissance, qui tiendrait tête à plus d'un, par le biais d'une caméra mobile faisant la part belle aux plan-séquences survitaminés, l'action dosée avec un soin rare, motivée par un storytelling d'une folle cohérence où tout découle de ce qui vient de se produire à l'écran, flash-backs à l'appui. La musique, digne d'un grand film live, accompagne la noirceur de l"oeuvre avec brio.

    Entre Blackmask, superméchant effrayant et mortel, et Ra's Al Ghul, maître en arts martiaux et occultes, immortel se baignant dans le puits de Lazarus, un Joker taré et le mystérieux Red Hood, aux méthodes punitives extrêmes, la galerie des monstres est bien remplie, mais ne fait pas que du passage, du temps de présence à l'écran pour faire plaisir aux fans : ils sont le coeur d'une dramaturgie poussée où tout fait sens. Les bons films sont où on ne les attend pas, et Batman et Red Hood se hisse dans la liste des meilleures surprises de l'année !

  • Ciné d'Asie : Ip Man (2008)

    Un film de Wilson Yip

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    Ip Man a été, comme tant d'autres longs-métrages, privé de sorties salles en France ; ce qui, au vu du film enfin distribué dans nos contrées par l'entremise de Metropolitan / HK, est tout bonnement ahurissant.

    Ip Man est un maître d'arts martiaux ayant réellement existé, sa spécialité étant le Wing-Chun, style de combat de la Chine du Sud. La star du film, si ce n'est Donnie Yen, qui incarne le maître avec beaucoup de retenue et de style, est clairement l'art martial en lui-même : de nombreux affrontements se succèdent, la caméra agile de Wilson Yip captant chaque inflexion de main, chaque mouvement de pied, avec le plus grand impact visuel possible. Le talent martial de l'acteur ne fait aucun doute et jaillit jusqu'aux quatre coins du cadre. Il se dégage de ces séquences une poésie du mouvement totalement jouissive, alliant maîtrise totale et sérénité de l'être qui rapproche le personnage, ainsi que les combats, du légendaire Wong Fei Hung. Ip Man, contrairement à Fei Hung, éprouve cependant moins de scrupules à donner une bonne leçon aux japonais, méchants sans ambiguïté, et ce n'est pas plus mal. De même, les différents personnages sont très bien caractérisés dans leur niveau d'aptitude au combat, et la dynamique qui sous-tend les affrontements : à l'aide d'ellipses ingénieusement placées, on retrouve certaines personnes à d'autres postes, régis par de nouveaux rapports de force. 

    La structure narrative du film laisse apparaître des similitudes étonnantes avec Gladiator (Ridley Scott, 1999) : le général Maximus est déchu de ses fonctions, de la même façon que le maître Ip Man perd tout ce qu'il a lors de la guerre, et se retrouve à charrier du charbon comme un esclave ; Maximus devient peu à peu un gladiateur terriblement efficace, là où Ip Man se sert de ses qualités martiales pour en remontrer à des karatékas japonais dans un arène rappelant les jeux du cirque ; et, quand la renommée de Maximus lui fait rencontrer en combat singulier l'empereur lui-même, Ip Man affrontera lui aussi dans une séquence finale époustouflante le chef de l'armée japonaise ; et, malgré ce parallèle qui saute aux yeux, le film n'en est pas moins passionnant.

    Si les combats sont très réussis, dirigés par le bon Sammo Hung (également acteur et réalisateur), la dramaturgie générale du film l'est tout autant, ce qui est plutôt rare dans ce domaine ; prenez un Ong Bak, doté de chorégraphies de combat absolument démentes, il n'en reste pas moins que l'objet film reste bâclé par sa partie scénaristique, ... absente. Ici, les enjeux du film restent concentrés sur les personnages et le background historique, fondamentale (durant la deuxième guerre mondiale, la Chine étant sous domination japonaise). Dans la même veine, alliant histoire récente et arts martiaux, on avait été grandement impressionné par Fist of Legend (Gordon Chan, 1994), le remake de La fureur du Dragon avec Bruce Lee. Ip Man vient remettre au goût du jour cette qualité narrative, visuelle, psychologique et purement martiale, pour devenir une des meilleurs découverte cinéma de cette année, tous ganres confondus : il était temps !

  • Hommage à Roy Ward Baker (1916-2010)

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    Ralph Bates et son double Martine Beswick dans Docteur Jekyll et Sister Hyde

    Le 5 octobre dernier, décédait le réalisateur anglais Roy Ward Baker. Parmi la blogosphère francophone, de nombreux hommages ont été publiés, a contrario des media traditionnels qui, évidemment, n'ont que faire d'un cinéaste artisan dont le mérite aura tout de même été de passer de Marilyn Monroe (dirigée dans Troublez-moi ce soir, 1952) aux horror flicks de la Hammer, en passant par des épisodes de Chapeau Melon et bottes de cuir. Ma première rencontre avec Roy Ward Baker n'avait pourtant pas été concluante, c'est le moins que l'on puisse dire, avec le visonnage afflligeant de The Monster Club (1980), en DVD Mad Movies il y déjà quelques années. Aujourd'hui par Jérôme, et son Forgotten Silver, que j'appris la triste nouvelle. Triste car les souvenirs de quelques uns de ses films sont encore si vivant dans la mémoire : la séquence d'introduction de The Vampire Lovers (1970), première pierre d'une trilogie issue de l'histoire de la Comtesse Bathory adapté sous l'angle du vampirisme : une morte vivante erre dans le jardin d'un château, le voile qui la couvre lui donne l'air et la déambulation d'un spectre. 

    Il réalisa également le troisième et dernier long-métrage de cinéma de la série Quatermass, Quatermass and the PitLes monstres de l'espace (1967). Malgré un flagrant manque de moyens, cette histoire de découverte d'un vaisseau extra-terrestre dans le métro londonien est trépidante et ouvre grand la porte de l'imaginaire, avec ces sauterelles venues de l'espace...

    C'est tout le mérite du bonhomme d'avoir s'immiscer dans différents genres, différents styles de productions (les petits budgets lui sont cependant plus familiers), à l'aide d'un cinéma formellement classique, techniquement tout à fait satisfaisant. Grands films comme péloche d'exploitation, l'étendue de ces différentes production cinématographique a, quoi qu'il en soit, beaucoup de charme ; et ce, même s'il ne fera jamais partie des réalisateurs plus inspirés de la firme, comme Terence Fisher, John Gilling ou encore Val Guest. à bientôt pour vérifier cela en décryptant un de ses films !