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2000's

  • Watchmen Ultimate Cut - The Complete Story (2009)

    Un film de Zack Snyder

    Après la version cinéma et le Director's Cut, Zack Snyder dégaine en 2009 une troisième et dernière version de son adaptation de Watchmen : un Ultimate Cut à la longueur homérique (3h35!) qui réunit les scènes supplémentaires du Director's Cut et le segment animé Tales of the Black Freighter, ainsi que quelques séquences de transition inédites. Verdict.

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  • Batman : le mystère de Batwoman (2003)

    Un film d'animation de Curt Geda et Tim Maltby

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    Si ce Mystery of the Batwoman n'est clairement pas le meilleur du cycle consacré au chevalier noir par l'équipe de Batman - La série animée (Bruce Timm & Paul Dini, 1992-1995), il mérite tout de même que l'on s'y attarde ; Curt Geda étant tout de même responsable de maints épisodes de la série, puis de l'excellent film Batman, la relève : le retour du Joker.

    Contrairement à Batman contre le fantôme masqué, qui était sorti durant le temps de diffusion de la série originale, ce Mystère de Batwoman, réalisé pour le marché de la vidéo, paraît en 2003 alors que l'univers qu'il dépeint date de 1997, pour la série The New Batman Adventures,  en fait la suite de Batman - La série animée (vous suivez ?). Dick Grayson, auparavant Robin, est devenu le héros Nightwing, et c'est Tim Drake, un jeune garçon qui a découvert l'identité secrète de Bruce Wayne, qui prend sa place. Le design général de la série est repris ici. Le costume du Batman est gris avec le symbole noir, pour être raccord avec sa représentation de l'époque dans les comics ; pour les imprimés, l'année 2003 correspond au run de Jim Lee sur le titre, avec notamment la parution de Batman : Hush (Silence), où Batman apparaît sous ces traits. Son apparence détone avec la cape bleue et le logo jaune et noir, révélé par le dessinateur Neal Adams dans les années 60. Personnages anguleux et presque schématiques, décor imposant dans un style Art-Déco du plus bel effet : c'est le style de la série, plus proche du style de Bruce Timm que les designs plus ronds (dans la tradition du dessin animé Superman des Frères Fleischer) de la première série. Comme dans The New Batman Adventures, les scènes de nuit prennent une teinte rouge, qui rappellent évidement le générique mythique de la série animée.

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    Si le film reprend quelques personnages emblématiques de la série (le mafieux Rupert Thorne, Oswald Cobbelpot alias Le pingouin), il fait surtout la part belle à Batwoman, une nouvelle justicière qui s'inspire manifestement de Batman. Le personnage est apparu en 1956 dans le mensuel Detective Comics. Il s'agit alors de Kathy Kane, une cousine de Bruce Wayne qui veut lutter aux côtés de Batman. Après quelques années où elle n’intervient guère dans les aventure du Chevalier Noir, son personnage est abandonné en 1964. Ce n'est qu'en 2006 qu'une autre figure féminine réapparaît sous les traits de Batwoman. Il s'agit d'un personnage entièrement nouveau : elle est juive et lesbienne (et a notamment une aventure avec l'agent Renee Montoya, créée pour la série animée et reprise dans la série régulière des comics). Pour autant, est-ce que le film, antérieur à la nouvelle incarnation de Batwoman, entretient en rapport avec celle-ci ? Pas du tout, malgré le nom d'un personnage féminin similaire qui n'est juste là pour jeter le trouble. Ainsi, Kathy Duquesnes est l'une des jeunes femmes qui tourne autour du playboy Bruce Wayne au cours de cette aventure.

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    Le ton du film est léger, à l'image de ses héroïnes. Le thème musical de Batwoman se voulait être, à mon avis, suave et envoûtant comme pour une femme fatale de film noir (une des influences revendiquées de Buce Timm & Co pour la série), mais il fait plus penser aux enquêtes feutrées d'un Hercule Poirot plutôt qu'à celles d'une femme d'action. Ce manque de pep's et un défaut flagrant d'ambition dans l'intrigue proposée (Bruce Wayne tombe sous le charme de la fille d'un truand, sur fond de mafia et de trafic d'armes) plombe un peu le film, alors même qu'il devait voir émerger une nouvelle figure héroïque dans la bat-family. Les scènes du dance-club du pingouin (L'Iceberg Lounge) sont tout de même bien réalisées, les personnages offrant des mouvement dansés dynampiques et très fluides. Ah, puis si, un brin d'humour assez bienvenu dans la bouche de l'irascible Bullock : voyant une nouvelle bat-justicière hanter les cieux rougeoyants de Gotham, il s'exclame : "Batman, Batgirl, maintenant Batwoman... Et pourquoi pas un Bat-chien, pendant qu'on y est ?" Les lecteurs assidus du comic savent que Bruce Wayne a Ace, son bat-chien, qui l'accompagne dans ses aventures des années 50... Comme quoi, même cette mystérieuse Batwoman, somme toute assez plaisante mais plutôt quelconque, peut nous aider à mieux cerner l'univers du Batman...

  • Les lois de l'attraction (2002)

    Un film de Roger Avary

    8439799417_8f7100afce_m.jpgLes destinées d’une galerie de personnages, des jeunes riches désabusés ne jurant que par le sexe, l’alcool et les drogues. 

    Cette adaptation d’un bouquin tendancieux de Bret Easton Ellis paraissait irréalisable, tout comme l’était American Psycho (qui a enfanté d’un film bancal, très loin de la folie schizophrénique que distillait l’œuvre originale). Cependant, la surprise est agréable, à la mesure de l’enjeu : les thèmes chers à Ellis (les récits croisés, la peinture d’une société pourrie de l’intérieur que rien ne peut guérir) sont bien présents, secondée par une caméra virevoltante et gourmande de trouvailles visuelles assez impressionnantes. 

    Le tour de force de ce film, en même temps que son défi, est qu’il fustige constamment son propre public ; la génération dont il se fait l'écho, ces étudiants américains des années 80 n’ayant pour seule valeur la recherche du plaisir immédiat et la provocation, c’est ce public qui est attiré par ce type de film. Il suscite une interrogation légitime quant à cette fallen generation, mais plus globalement sur l'évolution des sociétés contemporaines, et sur la façon dont elle se consomme (et se consume) elle-même. Bien que datant maintenant d'une vingtaine d'année, le constat n'en est que plus criant d'actualité aujourd'hui.

    L’ironie jubilatoire du film réside également dans l’usage paradoxal des vedettes du petit écran américain, James Van Der Beek, transfuge de Dawson, Jessica Biel de Sept à la Maison (qui ne s'en est pas trop mal tirée depuis), ou encore Ian Somerhalder qu'on a pu croiser depuis dans Lost ou Vampire  Diaries, font un casting très orienté. Voir ces symboles d’une Amérique stéréotypée dans des rôles de déjantés rajoute à la force du propos. A guetter absolument : l'apparition délirante de Paul Williams, le Swan du très culte Phantom of the Paradise (Brian De Palma, 1974), en médecin manquant singulièrement de professionnalisme.

    Pour conforter le spectateur dans cette ambiance des années 80, la BO est New Wave en diable, The Cure et Blondie en tête. C’est à la fois terrifiant, nauséeux, acide, caustique, cruel, mais au final novateur et juste, avec un petit côté Tarantino (le dealer surexcité joué par Clifton Collins Jr.). Ce n’est pas un hasard quand on connaît la carrière de son réalisateur, Roger Avary : collaborateur de Tarantino sur Reservoir Dogs et surtout Pulp Fiction, il crée un sacré phénomène avec son premier film, Killing Zoe, un grand moment de trash déjanté. Les lois de l'attraction nous jette à la figure, encore aujourd'hui, sa noirceur terrifiante, en même temps qu'une ambiance survoltée parsemée de séquences mémorables. Hautement recommandable !

  • Star Trek : Nemesis (2002)

    Un film de Stuart Baird

    "Les Son'a, les Borgs, les Romuliens...
    Vous semblez décrocher toutes les missions faciles !"

    Un membre de Starfleet s'adressant au commandant Picard
     

    8260386341_b53958eaac_m.jpgL'aventure cinématographique Star Trek avait de bonnes raisons de s'arrêter au numéro 9, Insurrection, tant les personnages principaux y trouvaient un accomplissement quasi-définitf : Riker et Troi finissent ensemble, même Picard semble avoir trouvé son âme jumelle, et, même si c'est loin d'être le Trek le plus réussi, il est tout à fait honorable, à la hauteur des idées portées par Gene Roddenberry, le créateur de la mythologie. C'était sans compter la Paramount qui, fière de sa franchise, revient à l'assaut par l'intermédiaire du producteur Rick Berman. De plus, l'équipe de Next Generation est tellement liée que tous les participants des films précédents rempilent avec plaisir. Nemesis est-t-il pour autant un film de vacances ?

    Film de détente, c'est en tous cas ce dont a l'air Nemesis à l'ouverture : la scène du mariage sent bon les retrouvailles, et les blagues potaches sont légions mais ratées : ainsi, la gueule de bois de Worf loupe complètement le coche, l'acteur Michael Dorn n'étant pas formidable dans la séquence (Stuart Baird ne voulait pas de cette scène, le producteur Berman a pesé de tout son poids pour la conserver : les deux hommes batailleront gentiment pendant tout le film). Le sérieux reviendra vite, dans une intrigue dominée par la figure du miroir. 

    L'androïde Data va trouver son double, Proto (B4 en version originale), une version moins évoluée du même modèle, auquel il va transmettre son expérience (ses "data"). Dans un second temps, le commandant Picard est mis nez-à-nez avec le prêteur Shinzon (Tom Hardy à ses débuts), chef des Rémiens et accessoirement clone de Picard (en plus jeune), du temps où certains voulaient court-circuiter la Fédération en y infiltrant un des leurs. Chacun étant le reflet de l'autre, les individus se questionnent sur le sens de leur vie, celle qu'ils ont choisie ou subie. Cette partie du film, fort peu spectaculaire, est véritablement intéressante ; mais elle est coincée au milieu d'une foultitude d'autres enjeux qui parasitent la narration. A l'origine encore plus ambitieux, le film aurait du totaliser 2h40, si l'on en croit les nombreuses scènes coupées présentées en bonus sur le blu-ray. En coupant des bouts de scènes, raccourcissant deci-delà, égalisant ou tranchant, les décideurs ont un peu sabordé Nemesis, qui avait les bases d'un bon Trek.

    Rattacher les deux face-à-face Data/B4 et Picard/Shinzon n'était pas la meilleure des idées, tant on capte difficilement le lien entre cette histoire du cheval de Troie galactique (Data/B4) et l'offensive voulue par Shinzon. Ajouter là-dessus la découverte d'une menace chimique contrôlée par Shinzon, et l'image est complète.

    Tom Hardy, pour son premier rôle important au cinéma, essaime une ambiguité palpable, similaire à celle qui avait fait les beaux jours de Premier Contact avec la Reine Borg. Si sa ressemblance avec Patrick Stewart n'est pas évidente, il arrive tout de même à faire passer une similarité de regard qui aurait basculé du côté obscur.

    Les effets spéciaux, passage obligé d'un bon film de SF, sont omniprésents autant que réussis : jamais l'Enterprise n'aura autant brillée. Stuart Baird, plutôt habitué aux films d'actions et au montage (rien moins que sur Superman, le film, La malédiction, Ladyhawke, ou dernièrement Casino Royale et Skyfall), signe un film passable, réussit les séquences qu'il faut (la première rencontre entre Picard et Shinzon, la collision de l'Enterprise avec la vaisseau des Rémiens) mais passe à côté d'un très bon film : dommage.

  • Un film, une séquence (2/2) : V pour Vendetta (2006)

    Suite de la précédente note sur l'analyse de séquence de V pour Vendetta :

    Finch voit également d'autres choses, dont le spectateur n'a pas été le témoin : le présentateur télé, décédé entre-temps, brûle l'autorisation de diffusion de son show satirique. Ainsi, la séquence est également utilisée pour "caser" très brièvement des éléments qui n'ont pas pu être placés plus tôt dans le déroulé du film. La séquence nous a montré dès le début que "le grand architecte" était V, positionnant consciencieusement chacun de ses dominos-personnages pour qu'ils fassent ce que V attende d'eux. Finch, avec cette vision, épouse alors celle de V, dans toute sa dimension démiurgique.

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    Finch s'est manifestement connecté avec l'esprit de V, lors de sa première vision d'un chaîne d'événements, se recomposant dans un ensemble cohérent. A l'écran, les connexions sont évidentes thématiquement (les images reconstituent le film dans une myriades de scènes passées et à venir), et graphiquement : elles donnent à voir des éléments au motif récurrent : le V, synonyme du personnage et de son plan, qui s'imprime jusque dans le paysage (un feu d'artifice, une porte de cellule, Evey et V les bras levés vers le ciel, les voies de chemins de fers). Finch a la sensation de tout voir, partout, en même temps : vision totale à l'égale d'un dieu. On retrouve cette notion chère à Alan Moore, créateur de la BD originelle, dans le personnage du Docteur Manhattan, figure éthérée de l'immense Watchmen, qui a également la perception totale du spectre des événements.

    Après une courte pause dans le déroulement effréné des événements, figurée par la question de l'assistant ("Alors vous savez ce qui va se passer ?"), Finch va ensuite décrire une nouvelle prophétie, une "intuition", qui prend une place assez exceptionnelle dans la trame de V pour Vendetta. En effet, le film (et la BD avant ça) nous plonge dans un monde distopique tout ce qu'il y a de plus pessimiste : censure, arrestations arbitraire sans procès, meurtres d'état, uppercuts d'interdits et de peurs assénés à un peuple groggy. De même que V (Hugo Weaving) devient la cible de ce que le comédien incarnait dans Matrix (l'agent Smith), il est amusant de noter que c'est John Hurt, victime du diktat de Big Brother dans l'adaptation de 1984 (Michael Radford), qui joue ici le rôle du grand oppresseur Sutler.

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    L'inspecteur imagine alors un avenir potentiel encore plus sombre. Le spectateur découvre alors des images inédites, une réaction en chaîne provoquée par dérapage -le meurtre d'une enfant portant le masque de la révolution. Les dominos, dont la mise en place est terminée, peuvent tomber. Ce que l'on voit à présent révèle un tout autre schéma de vision, faisant écho aux convictions profondes de Finch, et à la logique du terrorisme. Loin de la figure quasi-héroïque de V que le film nous a vendu jusqu'ici, on découvre le côté sombre de V. La scène des dominos recèle ainsi d'un double-sens : on peut y voir soit la visualisation de la parfaite exécution de son plan et y percevoir une certaine fierté ; ou l'on peut également ressentir la dimension manipulatrice de ces pions, soignement positionnés, qui tombent lorsque V en donne l'impulsion. Alors que le sentiment de Finch penche pour la seconde option, le spectateur lui, est comme galvanisé par l'énergie déployé et la puissance de la construction cinématographique, est plus du côté de V. C'est toute l’ambiguïté du film : prendre pour personnage principal un terroriste et le faire passer pour un super-héros. C'est d'ailleurs pour cela que le film, produit par Warner, une des plus grandes Majors, a une vraie force subversive, toujours celle de l'anomalie dans le système. Un seul domino encore debout, ce sera par cette figure que se clôture la séquence, bouclant avec son début, lorsque V dépose le premier domino. On fait ainsi le tour en moins de 5 minute, d'une perception totale de l'univers de du film, dans sa terrifiante dimension distopique. Si V pour Vendetta, la BD, est un monument, son adaptation également est des plus réussie.

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