Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Actus ciné/DVD - Page 16

  • Frankenstein (1931)

    Accédez à la chronique du film  Frankenstein (James Whale, 1931) sur Le film était presque parfait (la suite !)

  • Metal Hurlant Chronicles - saison 1 (2012)

    Une série de Guillaume Lubrano

    8167885972_9cef43313a_m.jpgDe la SF à la française... Cela m'a longtemps laissé songeur (voir mes articles désabusés ici ou ), tant les producteurs et les réalisateurs de l'hexagone ne permettent pas de s'extasier devant des projets qui tiennent la route. Vision parfois trop auteurisante sur un domaine où l'imaginaire a tous les droits, paralysée par des budgets ridicules, la science-fiction française n'a jamais brillé au cinéma. Paradoxalement, le genre y a longtemps été catalogué comme sujet de sous-films, et donc doté de petits budgets, alors même que tout l'univers est à créer : aujourd'hui, les films fantastiques ou de science-fiction (américains mais pas que : asiatiques et indiens par exemple) sont mainstream, capables de mobiliser un public important, et bénéficient de moyens dantesques. A venir, le nouveau film de Tom Tykwer, Andy et Lana Wachowsky, Cloud Atlas, a été réalisé pour 100 millions de dollars, et c'est encore peu face à un Avatar et ses 250, ou 500 millions ? Personne ne semble même le savoir...

    Là où Guillaume Lubrano et sa société We Prod ont bien joué, c'est qu'ils reprennent un nom clairement identifiable à l'étranger : Métal Hurlant est à l'origine une revue française dirigée par Jean-Pierre Dionnet, animé par le trublion Manoeuvre, créée dans les années 70 qui mêle tout à la fois bande dessinée futuriste et musique rock, et dans lequel des immenses talents ont émergés : Enki Bilal, Moebius ou Druillet pour ne citer que les plus connus. Leur imaginaire improbable se doublait d'une lecture amère et ironique de la société. Quelques années après sa création, la même équipe produit une version américaine, Heavy Metal. Deux films d'animation ont été réalisé en 1980 et 1999, compilant certaines histoires de la revues ; on retrouvait déjà les jeunes filles peu couvertes et la dérision typique du titre. Les artistes confirmés, ainsi que l'esprit si particulier de la revue sont aujourd'hui connus un peu partout, la meilleure carte de visite qui soit pour Lubrano et son équipe. Le concept a ainsi été vendu rapidement à l'étranger, bien plus qu'en France où un partenariat a finalement été trouvé dans la dernière ligne droite avec la chaîne France 4. Malgré l'attrait général qui a permis la constitution d'un casting sympathique, mais aussi très farfelu (Rutger Hauer y croise la route de Greg Le Millionnaire Basso, la plantureuse Kelly Piranha 3D Brook de Frank des 2be3, ou encore Dominique Pinon celle de l'ex-hardeuse Yasmine), le budget a été famélique : il a fallu réaliser l'intégralité de la saison 1, soit 6 épisodes de 25 minutes avec 1,4 millions d'euros, soit l'équivant d'un épisode de la série Les revenants, qui va être diffusé sur Canal + en cette fin d'année ; somme qu'on imagine déjà bien grignotée par les cachets des acteurs. 

    8167857059_d9d4d4b80d.jpg

    Enfin arrivée à la fin du mois d'octobre à la télé et dans les bacs, on peut aujourd'hui juger sur pièces. Ne le cachons pas, le résultat est, comme on pouvait s'y attendre, très mitigé. La facture générale ne masque en rien les limites du budget. Les effets spéciaux, parfois nombreux, ont une grosse dizaine d'années de retard par rapport à des séries TV de science-fiction américaines. Mais tout n'est pas qu'une question d'argent : plus que ces effets, c'est le jeu des acteurs qui pêche vraiment, pas forcément aidés par des dialogues imbitables (mention spécial au premier épisode, King's Crown, et au deuxième, Shelter Me, avec James Buffy Marsters). Ce dernier peut être considéré sans mal comme le pire épisode de cette courte première saison, tant ni les acteurs, ni les dialogues, et encore moins le visuel et la chute, ne sont mémorables. 

    Le niveau, cependant, progresse au fil des épisodes. Aux trois premiers nous cueillant vraiment à froid, réussissant tout de même à nous faire trouver le temps long sur un format de 25 minutes (avec un petit mieux pour Oxygène, mais ça ne compte, il y une scène de sexe au début), les trois suivants sont bien plus probant. Le quatrième, l'un des plus réussis, prend la forme d'un double-épisode prenant chacun la moitié du temps. La première histoire prend pour sujet un jeune homme enfermé dans une prison nimbée de rouge, qui l'obsède et ne lui donne qu'une envie : en sortir pour, ne serais-ce qu'un instant, revoir le ciel. Même si une voix-off pesante occupe l'espace sonore, l'épisode est très bien réalisé, donnant la part belle à la castagne pure et dure, dans des chorégraphies de combat visuellement intéressantes. 

    La deuxième partie, misant beaucoup sur l'ambiance, grâce à une partition musicale inspirée, nous plonge dans un monde totalitaire qui n'a que faire de ceux qui ne suivent pas le chemin tracé. Ici, les images parviennent à marquer (une ville aux multiples tours qui s'étend, avec ses lumières fluorescentes, jusqu'à l'horizon), et les acteurs jouent juste. Ce double épisode, qui introduit d'ailleurs la mythologie du métal hurlant (qui n'existe pas dans le magazine), est vraisemblablement le pilote de la série, tourné pour démarcher les producteurs et diffuseurs : on comprend que ces derniers aient été sensibles à la démarche.

    8167857135_279df760c5.jpg

    Le cinquième épisode, Le serment d'Anya, voit Rutger Hauer officier en ancien mage, et va conduire un guerrier par-delà le temps pour lutter contre l'apparition d'un démon. Même si les effets spéciaux montrent encore une fois leur triste limite (les créateurs ont manifestement trop appris à faire des images en regardant 300 et Sin City, tant on voit bien que rien, à part les acteurs, n'est réel : cette fausse réalité nous éloigne immanquablement du récit), le corps de Greg Basso ne s'en sort pas si mal : il a la carrure de l'emploi et ne pipe quasi-pas un mot pendant tout l'épisode. La chute, bien qu'attendue, donne à l'ensemble un air d'anthologie à La Quatrième dimension, Alfred Hitchcock présente ou Au-delà du réel. Ces séries phares des années 60 misait gros sur l'ambiance, ayant peu de moyens, et tout sur leur final, retournement de situation souvant cruel, ironique et -moins souvent- drôle. Ce format, peu tenté en France, vaut le coup d'être essayé et l'on décernera la palme de l'audace à Lubrano et son équipe. 

    8167886042_a91e0bf8f9.jpg

    Enfin, comment ne pas dire deux mots sur Les maîtres du destin, où Joe Flanigan (Stargate Atlantis et une foultitude d'autres séries), en Han Solo du pauvre, déambulant dans un bar fluo, tombe sous le charme de Kelly Brook, alors même que leur destinée semble liée depuis la nuit des temps par des tortues de l'espace... 

    Malgré une réussite très contrastée, Metal Hurlant Chronicles innove totalement dans le panorama télévisuel français, et l'on espère que la saison 2 (déjà achetée dans plusieurs pays) montrera le plein potentiel de de l'équipe. Bref, un truc de fou, kitsch et foutraque, mais qui donne à quelques occasions de bons moments.

  • Dracula (1931)

    Pour accéder à la chronique du film, cliquez sur l'image :

    6034a29a34b07b88197882b5f3030fb9.jpg

  • Prometheus (2012)

    Un film de Ridley Scott

    8066418491_594317da0f.jpg

    Le nouveau film du réalisateur de Blade Runner était attendu, c'est peu de le dire. De retour à la SF et à l'univers qu'il a contribué à créer, Ridley Scott a attisé bien des curiosités sur ce prequel d'Alien qui n'en est plus vraiment un. Si le projet démarre en effet pour donner ses origines à la mythologie des Alien, une simple décision amènera des changements fondamentaux dans la production du film. 

    Dans le premier Alien (1979), des astronautes explorent une épave de vaisseau spatial et découvrent, au centre d'une immense salle ornée des décorations morbides et fascinantes de H.R. Giger, une gigantesque forme extra-terrestre à la tête d'éléphant, comme fossilisée dans son fauteuil d'observation. Il donne à la séquence une allure dantesque et marque durablement les esprits, d'autant plus qu'on n'en entendra plus parler par la suite. Cette seule scène, qui faillit d'ailleurs ne pas figurer dans le film au regard de son coût exorbitant (500 000 dollars rien que pour le décor), tient en germe l'idée d'une préquelle, explorant l'identité de ce mystérieux alien. Cette mystérieuse tête d'éléphant n'est pas la forme physique de l'extra-terrestre, mais plutôt une combinaison spatiale, un exosquelette qui renferme un être à forme humanoïde ! De cette idée, découle le virage thématique du film, qui, plutôt que de s'inscrire dans la lignée des Alien, explore cette nouvelle race, dont des chercheurs vont retrouver la trace et qu'ils nomment Ingénieurs. 

    Prometheus élargit dès lors la portée des Aliens précédents, en connectant les Ingénieurs à la race humaine et à la Terre, dès la fabuleuse séquence d'ouverture. Une caméra planante cadre des paysages vierges et majestueux, soudain surplombés par l'ombre d'un vaisseau spatial. La caméra Red Epic 5K fait des merveille et produit une image ultra-détaillée, agrémentée d'une très belle richesse de teintes. On y découvre un des Ingénieurs qui va, par son sacrifice, créer la vie sur Terre. Rien de moins ! Certes, cette vision des choses est un grand classique de la SF, mais il est amené avec une telle grâce que ce début nous fait tout de suite embrasser une mythologie complexe, somptueusement agrémentée de la mélodie composée par Marc Streitenfeld, tenant là un prolongement cohérent à celle de Jerry Goldmith dans le film original. 

    Si la première heure est très réussie, emmenant une équipe de scientifique à la découverte de nos origines, l'arrivée sur la planète laisse la place à beaucoup d'actions qui mettent à mal le rythme mesuré des séquences précédentes. Les personnages sont globalement détestables ou nous laissent indifférents (tel ce scientifique qui après passé deux ans de sommeil en cryogénie, en envoie balader un autre sous prétexte qu'il est venu uniquement pour gagner de l'argent) ; les dialogues, rares, sont vraiment basiques et nous ramènent aux actioners bourrins des années 80. 

    En voulant faire trop de mystères, Scott et ses scénaristes (dont Damon Lindelof, venu de la série Lost, également très généreuse en énigmes) ont tendance à frustrer le spectateur, notamment lors d'une rencontre avec l'Ingénieur qui n'apporte aucune explication. Les scènes coupes visibles en vidéo voient se desiner un autre film, plus fouillée sur la psychologie des personnages (une belle scène entre le capitaine du vaisseau Prometheus et Vickers, femme autoritaire qui dirige d'une main de fer l'expédition, ou une autre en Vickers et Peter Weyland, l'industriel qui a financé la mission) et sur les explications de textes (la fameuse rencontre avec l'Ingénieur est allongée, la scène finale est aussi bien plus explicite sur al destination de la scientifique Shaw) ; le mystère est un vrai choix de Scott, et l'on est en droit de préférer cette version, certes fantasmées, plus longue, qui aurait donné davantage de clés au spectateur.

    Soyons clairs : les défauts objectifs énoncés ci-dessus n'anéantissent pas l'intérêt suscité par le film : ce n'est juste pas un film parfait, et au lieu d'un potentiel très grand film, Prometheus reste en l'état un grand film de science-fiction, comme on n'en a rarement vu dans les années 2000. C'est dire si la suite prévue, pour l'instant titrée Paradise (ironiquement un des titres prévu à l'origine pour Prometheus), toujours réalisée par Ridley Scott, suscite une fois encore toutes les attentes... en espérant que les réponses soient à la hauteur !

  • La chair et le sang (1985)

    Un film de Paul Verhoeven

    7995817987_f80d423772_m.jpgL'éditeur Filmédia réédite le 19 septembre 2012 La chair et le sang (Flesh + Blood) en DVD et en blu-ray (exclusivité française!), un des tous meilleurs  films du réalisateur Néerlandais Paul Verhoeven ; malgré cela, il reste encore assez méconnu, encore aujourd'hui.

    La chair et le sang nous offre un tableau du Moyen-âge barbare, violent et sensuel, concrétisant la promesse de son titre. On y retrouve Martin, interprété par Rutger Hauer, le Roy Batty de Blade Runner en 1982, entouré d'une bande de mercenaires complètement allumés. Leur ancien frère d'armes, Hawkwood, les a trahi au profit du seigneur Arnolfini. Qu'à cela ne tienne, Martin et sa bande retrouvent les deux hommes et enlèvent la  belle-fille d'Arnolfini -interprétée par la toute jeune Jennifer Jason Leigh-, puis envahissent son château. Steven, un jeune homme érudit et passionné de science, à qui Agnès était promise, va tout faire pour la récupérer. L'esquisse du scénario ne dépareillerait pas dans la longue liste de films d'aventures moyen-âgeux qu'a pu produire hollywood durant son âge d'or : un preux chevalier vient arracher une princesse en détresse des griffes d'un bandit sans foi ni loi. Et pourtant, le film va à l'encontre de tous les poncifs du genre. Fini, les ciels radieux en Technicolor, les vilains grimaçants, les impeccables salles de banquets, les combattants virevoltant moulés dans leurs collants multicolores ! Au lieu de ça, le film table sur la peinture sans concession d'une époque sombre et cruelle, bâtie sur une succession d'ambiguïtés.

    Tous les personnages sont montrés sous leurs mauvais jours, les nobles et les religieux complotant, les mercenaires sont incultes et violents ; Steven, le jeune érudit, est le seul à n'être que l'incarnation de l'amour romantique par excellence... que le réalisateur tente à tout prix de désamorcer : le serment d'amour de Steven et Agnès se déroule au pied d'un arbre où deux pendus bien amochés sont en train de pourrir ! D'autre part, ce sont les méchants qui sont les héros de la chair et le sang, prenant la encore le contre-pied du film de chevalerie.

    De même, deux mondes s'opposent, symbolisés chacun par un des personnages : La chair et le sang, c'est le moyen-âge contre la renaissance, la croyance contre la science et la connaissance, Martin contre Steven. Au centre de toutes les attentions, le personnage d'Agnès est double, tout à la fois amoureuse de l'esprit de Steven et du corps de Martin : d'abord inexpérimentée, elle sera violée par la bande, puis ensuite, avec Martin, elle découvrira contre toute attente un plaisir inégalé. Leur scène d'amour dans un bain vaporeux, capte une puissance érotique incomparable, ce qui rappellera aux amateurs  que Verhoeven a plus tard réalisé Basic Instinct, avec là encore, une blonde incendiaire, Sharon Stone. On est bien loin de l'image vierge et diaphane de la princesse « classique ». Lors d'une tentative de sauvetage, une invention de Steven suscite même le rire, sûrement non intentionnel, tellement la grosse machine en bois qui s'avance devant la portez du château ressemble à celle qu'on a pu apercevoir dans Monty Python sacré Graal !

    On a sûrement là une des preuves des difficultés rencontrées sur le film, tant Verhoeven a perdu la bataille du contrôle sur La chair et le sang ; il s'est en effet vu imposer l'histoire d'amour entre Agnès et Steven par Orion films, alors que lui aurait aimé axé tout la dynamique sur la lutte entre les deux anciens frères d'armes désormais ennemis. D'un autre côté, Rutger Haurer, comédien fétiche du cinéaste, veut le beau rôle : il un beau début de carrière aux états-unis -Blade Runner en 82 avec Ridley Scott, Ladyhawke de Richard Donner en 1985, film dans lequel il a une rôle chevaleresque aux côtés de Michelle Pfeiffer- ; mais cela n'y change rien : son personnage est un bandit violent, Verhoeven et Hauer se brouillent et à ce jour La chair et le sang constitue leur dernière collaboration.

    Le film n'est pas non plus avare en violence de toute sorte ; la bataille qui inaugure le métrage, qui permettra à Arnolfini de retrouver sa cité, en est un bon exemple : membres arrachés, têtes scalpées, rien n'est vraiment épargné au spectateur. Plus tard, la peste jouera un rôle prépondérant dans le film, se propageant dangereusement dans la région. C'est un peu la marque de fabrique de Verhoeven, qu'on surnomme le Hollandais violent ; il réalisera deux ans plus tard son premier film américain, RoboCop, qui laisse là aussi quelques traces ensanglantées dans l'imaginaire des cinéphiles. C'est la violence et les excès en tous genres (sexe, amoralité) qui sont la cause de son départ des Pays-Bas, où il a pu tout de même réaliser de véritable perles ; on pense à Katie Tippel, l'odyssée d'une jeune femme qui, d'une pauvreté sans nom, arrivera à s'insérer petit à petit dans l'aristocratie ; ou encore à Soldier of Orange, un film de guerre très romanesque avec déjà Rutger Hauer dans le rôle principal. La chair et le sang est son premier tourné hors de son pays, en langue anglaise. C'est une véritable charnière dans la carrière de Verhoeven, qui œuvrera par la suite principalement aux Etats-Unis (il ne reviendra tourner dans son pays qu'au milieu des années 2000, pour le très beau Black Book). 

    La très belle musique de Basil Poledouris, dans la mouvance de son travail sur le magnifique Conan le barbare, est puissante et entraînante, participant à donner au fil sa réalité historique.

    Mélange détonnant, excessif et jouissif, La chair et le sang saura faire oublier ses quelques anachronismes, restant aujourd'hui un des plus grands films sur le Moyen-Âge : à (re)découvrir de toute urgence !