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Black Swan (2011)

Un film de Darren Aronofsky

5468339335_b8e695a4dd_m.jpgLe film était attendu, la fièvre entretenue par une bande-annonce promettant beaucoup. Et l’on sait bien que les attentes, les promesses, si elles sont parfois récompensées (Inception, The Fountain) sont souvent déçues.

Mettons nous bien d’accord, Black Swan est loin d’être un mauvais film. Les thèmes du double négatif, de la passion dévorante pour un art qui finit par nous consumer, de l’aliénation, tressés par le motif du ballet, sont présents, traités et parfois même nous transportent (la courte scène de danse entre le chorégraphe et sa danseuse, celle de la boîte de nuit et de la scène d’amour qui s’en suit). Mais ces rares îlots de pure puissance cinématographique sont noyés dans une représentation très, trop, contrôlée, des tourments de l’héroïne. Le film, à l’image de Natalie Portman, apparaît crispé, et ne libère pas les promesses d’un spectacle potentiellement extrême, esthétiquement et thématiquement. Cadrant Natalie toujours en gros plan, la sensation d’asphyxie se fait rapidement sentir, mais ne joue pas en la faveur du film. On pourrait dire aussi que le film n’arrive jamais à la hauteur de la musique de Tchaïkovski, puissante jusqu’à l’hystérie. Peu de mystère est fait autour de la folie du personnage principal, cadres et musique insistant sur des éléments par trop révélateurs. La danseuse est ainsi littéralement hantée par le Lac des Cygnes, en rêve, et dans la réalité : sonnerie de portable et boîte à musique constituant la part la plus maladroite du lot.

A trop fonctionner par oppositions claires (blanc/noir, homme/femme, crispée/détendue, frigide/nymphomane, pur/impur), le propos du film se simplifie à outrance, laissant trop bien voir là où il veut nous amener ; alors que dans le même temps, le spectateur est sensé épouser le point de vue désorienté de Natalie Portman. La mise en abîme, reproduisant la trame du Lac des Cygnes dans la vie de la danseuse, ne brille pas par sa nouveauté, ni son pouvoir de fascination, conséquence directe du point précédent. L’ensemble sonne malheureusement comme du déjà-vu, ses inspirations évidentes (Cronenberg, Powell-Pressburger) ayant en plus fait mieux par le passé.

Le vrai souci du film repose sûrement dans sa bande-annonce, tant la version en salle n’apporte pas beaucoup plus d’éléments. Tout est déjà condensé dans ces quelques secondes mises bout à bout. Le manque de surprises, de folie et donc d’ampleur est forcément décevant. Reste alors la performance évidente de l’actrice principale, un Vincent Cassel également très bien dans le rôle, et la musique. Ce qui n’est pas si mal, mais l’on attendait tellement plus…

Commentaires

  • Wouah, je te trouve super dur... Car si le manichéîsme est flagrant c'est aussi un choix délibéré et assumé de la plus belle des façons. Darren Aronosky est définitivement un très grand. Véritable poème sur la merveilleuse équation entre beauté et folie. Chef d'oeuvre je vous dis ! 4/4

  • C'est le côté équation qui ne m'a pas plu, alors : moi et les maths... Je n'ai pas détesté, loin de là, mais j'ai été juste déçu, car j'ai vraiment beaucoup aimé tous ces autres films.

  • Critique très juste d'un film, qui contrairement à ce qu'il voudrait provoquer, ne touche jamais au vertige, en cloisonnant dans son système d'oppositions, le fantasme et la réalité, sans laisser de place au doute du fantastique. En dehors d'incohérences scénaristiques flippantes (quand on sait que cela a été écrit à six mains), les multiples lourdeurs qui émaillent le film, d'un strict point de vue de la mise en scène ne cessent d'agacer. Par exemple cette répétition des plans de miroir, la chambre de la jeune femme (Portman fait bien ses trente piges, désolé) attifée comme celle d'une gamine de seize ans et ces sautes d'axe multiples sensées illustrées la personnalité fragile de l'héroïne.
    Je me demande juste qu'est-ce qui fondamentalement, hormis quelques plans superbes, sépare Black Swan d'un mauvais film?

  • Bonjour Yann, et bienvenue sur ce blog. Merci pour le compliment, je crois qu'on est sur la même longueur d'ondes concernant ce film. Pour répondre à la question, je ne mettrais pas pour autant Black Swan dans le sac des mauvais films (dans un flop 10 annuel par exemple), car je lui trouve tout de même de bonnes choses, concernant sa musique, ses acteurs et son sens du visuel (même s'il m'a, lui aussi, déçu). Comme vous, j'attendais le vertige, il n'est jamais franchement venu. Je serais néanmoins sur les rangs pour voir le prochain projet du cinéaste !

  • Partage, voui, cette faim sur laquelle on m'a laissé (idem du Coen d'ailleurs): gentiment séduit, pas renversé.

    http://eightdayzaweek.blogspot.com/2011/02/black-swan.html

  • Ce film est très bien fait dans la forme. Très bien filmé , très bien joué.
    Le problème est que l'histoire c'est du déjà vu et au bout de 30 minutes de film ca devient lourd et de plus en plus.
    Ils font passés tellement l'héroine pour une femme coincée et immature que ca en sonne presque faux. C'est bien joué, je ne dit pas ca, mais le caractère même du personnage, il craint

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