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film musical

  • Whiplash (2014)

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    Un film de Damien Chazelle

    Whiplash, c'est un peu Full Metal Jacket où un orchestre de jazz aurait remplacé la guerre du Viêt-Nam ; le sergent-instructeur est toujours là, lui, et a pris l'apparence de J.K. Simmons (Oz, Spider-Man).

    Il fallait un jeune premier musicien pour le rôle du batteur Andrew Neyman ; en l'état, le choix de Miles Teller (The Spectacular Now, Divergente, prochainement Les 4 fantastiques) tient de l'évidence. Sa performance saisit l'effort jusqu'aux limites du corps, la course effrénée vers l'excellence du très haut niveau. En face de lui, J.K. Simmons est démoniaque, la plupart du temps imbuvable, parfois doux comme un père... Il dirige sa formation musicale comme une armée de petits soldats surentraînés, dans laquelle la moindre faiblesse est fatale. Les scènes instantanément marquantes de la fausse note ou du tempo impossible illustrent avec dureté le niveau d'exigence stratosphérique du chef d'orchestre. Pour répondre à cette exigence, Neyman ira lui aussi très loin, sacrifiant tout sur l'autel de sa passion : sa famille, sa petite amie, sa santé...

    Le rapport avec la famille, décalée culturellement, est poignant, notamment dans la scène du dîner : Neyman éclate devant le manque de considération qu'on lui témoigne, dans un élan d'orgueil tant excessif que nécessaire. Toute cela... Pour quoi ? L'expression du pur talent musical, dont nous avons une démonstration définitive à la fin du film, qui a la bonne idée d'aller jusqu'au bout du propos tout en inversant les rapports de force. En l'état, il rappelle la plan final de Billy Elliot, qui, bien que trop elliptique, capturait tout autant un instant de perfection, d'achèvement artistique total.

    En montrant à la fois toute l'étendue des sacrifices nécessaires à l'accession de la maîtrise totale de l'instrument, et la grâce qui en résulte, Whiplash est un film exemplaire et l'un des meilleurs témoignages de l'excellence musicale à l'écran.

  • The Blues Brothers (1980)

    Un film de John Landis

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    Après avoir rôdé les personnages de Jake et Elwood Blues dans le Saturday Night Live à partir de 1976, Dan Aykroyd, John Belushi et le reste du groupe arrivent au cinéma, sous la houlette de John Landis. A l'époque, le but des deux acteurs est de faire revivre les grandes heures du blues et de la soul, alors oubliées au profit des genres émergents, la disco et la new-wave entres autres. Dans le défilé incessant de guest-stars que constitue le film, il faut savoir qu'aucune des guest-stars qui peuplent le film, aussi prestigieuses soient-elles, n'avaient de contrat musical : Aretha Franklin, Ray Charles, John Lee Hooker ou encore Cab Calloway ne travaillaient plus ! l'exception notable étant James Brown, à l'apparition remarquée dans le rôle d'un pasteur.

    Co-écrit par Dan Aykroyd et John Landis, le film est une suite de scénettes mettant en scène les deux bad boys dans des aventures loufoques dignes d'un cartoon. La Bluesmobile est indestructible et fait des sauts périlleux, les deux frères se sortent de toutes les crasses imaginables (y compris des attaques au bazooka de Carrie Fischer), et l'histoire tient en ces quelques mots : afin de sauvegarder l'église qui les a reccueillis enfants, Jake et Elwood remontent le groupe des Blues Brothers afin de faire des concerts et rapporter l'argent nécessaire.

    La présence et l'énergie du groupe est toujours palpable aujourd'hui, l'allure de Men in Black avant l'heure restant un look terriblement moderne ; même si les morceaux musicaux constituent la part la plus importante du film, ce dernier ne fut pas considéré comme un véritable film musical : certaines morceaux (Peter Gunn Theme par exemple) rythmant l'action en background music. Le duo emblématique sur séduire les foules, dans ce retour aux sources bienvenue.

    Le film n'est pas une totale réussite artistique pour autant : beaucoup trop long (2h13 au compteur), il a bien 45 minutes de trop, le rythme se perdant des des courses poursuites et autres carambolages interminables (certes chorégraphiés, m'enfin tout de même !) ; la destruction totalement gratuite d'une galerie commerciale, concept auquel tenait beaucoup Dan Aykroyd, met le film au point mort, les rares enjeux s'évaporant aussitôt. Que dire aussi du premier "contrat" du groupe, qu'ils volent à une autre bande : aucune mention ni explication qui font que le groupe volé arrive bien en retard, ce qui permet aux Blues Brothers de partir presque tranquilles. Le métrage se perd ainsi rapidement, rappelant l'ambiance foutraque d''un Hamburger Film Sandwich, celui-là justifié par le côté parodique et potache de l'entreprise.

    La musique, constituée de standrad et de quelques créations, reste impeccable, et les quelques passages chorégraphiés sont excellents (Shake a Tail Feather par Ray Charles et Everybody Need Somebody To Love). Ce qui en reste aujourd'hui ? Toujours cette folle énergie, de la dynamite, je vous dis !

    Disponibilité vidéo : DVD / Blu-ray - éditeur : Universal Pictures

  • Chico et Rita (2011)

    Un film de Fernando Trueba & Javier Mariscal

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    Flashback. Le 11 juin dernier se clôturait le 51ème Festival International du Film d'Animation d'Annecy. Et, si le Cristal du long-métrage officiel a été remporté par Joann Sfar et Antoine Delesvaux pour Le chat du rabbin, une poignée de cinéphiles (dont votre serviteur) ont honoré Chico et Rita comme le premier Prix Fnac pour un long-métrage. C'est que, comme nous allons le dessiner, le film a de très belles qualités...

    Novice en animation, Trueba est néanmoins un véritable routard du cinéma, lauréat de plusieurs Goyas (El sueño del mono loco, 1990, Belle Époque, 1993, et La niña de tus ojos, 1999) et même auteur d'un dictionnaire du cinéma. Il s'est associé à Javier Mariscal, graphiste et auteur de bande dessinées, pour conter une histoire d'amour passionnée sur fond de musique cubaine.

    La musique est la composante essentielle de ce film ; elle est composée par Bebo Valdès, qui avait déjà accompagné Trueba sur un de ses précédents long-métrage documentaires, Calle 54 (2000), son Buena Vista Social Club à lui (Club auquel il adressera un joli clin d'oeil dans la dernière partie du film). Et sa musique habite littéralement Chico et Rita. C'est elle qui nous emmène dans cette histoire d'amour au long cours, nous fair ressentir la chaleur, la sensualité des comportements, nous fait passer d'une époque à une autre, ... nous transporte.

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    Ce qui frappe dans Chico et Rita, hormis sa fabuleuse sensibilité musicale, c'est sa construction et ses personnages, tous droits issus d'une grammaire (parfois trop ?) classique de film de prises de vues réelles. On ne se refait pas, Trueba entend user des mêmes cordes -efficaces- pour nous immerger dans son récit. Histoire en flach-backs, où un Chico vieillard se remémore ses jeunes années de pianiste émérite au son grésillant d'une radio qui rediffuse ses vieux titres. Dès les premières minutes, l'on revit sa rencontre enfiévrée avec la chanteuse Rita, tout en affrontements. Ceux-là même qui deviendront plus tendres, le temps d'une séquence charnelle très réussie. La sensualité des corps, les lignes s'entremêlant, les tons chauds et la musique cool, transpirent du dessin, forcément animé. 

    Commence alors une véritable odyssée, peuplée de stars de cinéma (Rita croise la route de Bogart et Brando), de musiciens (Charlie Parker), de dealers, de règlements de compte, d'atermoiements amoureux, de déceptions, de succès. l'histoire fait constamment s'éloigner les deux personnages principaux, pourtant évidemment liés. Là où Trueba réussit son film, c'est lorsqu'il n'hésite pas faire de Chico et Rita des personnages prisonniers de leurs obsessions (la célébrité pour Rita, le contact charnel pour Chico), en même temps qu'il dessine des trajectoires totalement romantiques qui peuvent souffrir une certaine naïveté (prenons comme exemple le final, le seul moment vraiment mal amené, même si logique dans le progression narrative).

    Combinant les forces de l'animation et de la prise de vues réelles, le résultat pourra décevoir les partisans de l'animation, pour lesquels le film est certainement trop classique. Mais, vous savez quoi ? Ce qu'il y a de bien avec le classique, c'est que ça ne se démode pas. Et je vous fiche mon billet que celui-là, avec ces décors fins et colorés, et ses incrustations réussies de quelques images de synthèse, va bien supporter le poids des ans. Et l'on peut être satisfait, toute notre petite troupe, d'avoir donné à ce film le prix qu'il méritait.

  • Classica de mai 2011 : Musique et Cinéma

    5798930139_f4216c52a1_m.jpgLe numéro d'avril 2011 du magazine Classica nous a offert une bien beau menu en étudiant les liens entre musique et cinéma. Un dossier documenté, bien illustré, certes un peu court mais contenant son lot de surprises.

    Sont évoqués les grands films musicaux, La flûte enchantée (1974) de Bergman, Amadeus (1984) de Milos Forman, La Traviata de Zeffirelli, Don Giovanni de Joseph Losey (1979) ; mais aussi des films moins connus, tels Moïse et Aaron de Jean-Maire Straub et Danièle Huillet (1974) ou Madame Butterfly de Frédéric Mitterand. Jérémie Rousseau interroge dans le premier article les relations entre opéras et cinéma (opéras au cinéma ou films-opéras), et la nécessaire adaptation / trahison que les cinéastes opèrent sur l'oeuvre originale.

    L'article suivant est tout à fait surprenant et riche en anecdotes ; Didier de Cottignies, actuel directeur artistique de l'Orchestre de Paris, nous raconte Stanley Kubrick et l'importance de la musique dans ses films, tout en n'omettant pas ses rencontres et son amitié avec le maître. L'on apprend alors, qu'avec Anya Kubrick en 1977, il avait monté une représentation de Bastien et Bastienne de Mozart, dans le manoir des Kubrick. Les représentations auraient été filmé par Stanley Kubrick lui-même, ce dernier prêtant également pour l'occasion... les costumes utilisés sur Barry Lyndon ! Il serait tout à fait intéressant de jeter un oeil à ses bandes, mais elles ne feront sûrement jamais surface. Un entretien exceptionnel qui fait un peu la mumière sur la façon dont Kubrick appréhendait la musique -et comment il compartimentait ses échanges avec ses amis, échangeant rarement sur ses films à proprement parler. 

    Ensuite est évoquée l'inévitable collaboration entre Hitchcock et Bernard Herrmann, qui participait activement à l'efficacité redoutable du cinéma d'Hitchcock, notamment sur les séquences de "terreur" : contre l'avis d'Hitchcock, qui préférait d'abord un silence, il imposa les violons stridents lors de la scène de la douche dans Psychose (1960).

    Michael Nyman, puis une évocation des grands compositeurs qui ont inspirés le cinéma clôt ce dossier très travaillé, et recelant de confessions éclairantes sur les rapports entre la dialectique cinématographique et le langage musical.

  • Black Swan (2011)

    Un film de Darren Aronofsky

    5468339335_b8e695a4dd_m.jpgLe film était attendu, la fièvre entretenue par une bande-annonce promettant beaucoup. Et l’on sait bien que les attentes, les promesses, si elles sont parfois récompensées (Inception, The Fountain) sont souvent déçues.

    Mettons nous bien d’accord, Black Swan est loin d’être un mauvais film. Les thèmes du double négatif, de la passion dévorante pour un art qui finit par nous consumer, de l’aliénation, tressés par le motif du ballet, sont présents, traités et parfois même nous transportent (la courte scène de danse entre le chorégraphe et sa danseuse, celle de la boîte de nuit et de la scène d’amour qui s’en suit). Mais ces rares îlots de pure puissance cinématographique sont noyés dans une représentation très, trop, contrôlée, des tourments de l’héroïne. Le film, à l’image de Natalie Portman, apparaît crispé, et ne libère pas les promesses d’un spectacle potentiellement extrême, esthétiquement et thématiquement. Cadrant Natalie toujours en gros plan, la sensation d’asphyxie se fait rapidement sentir, mais ne joue pas en la faveur du film. On pourrait dire aussi que le film n’arrive jamais à la hauteur de la musique de Tchaïkovski, puissante jusqu’à l’hystérie. Peu de mystère est fait autour de la folie du personnage principal, cadres et musique insistant sur des éléments par trop révélateurs. La danseuse est ainsi littéralement hantée par le Lac des Cygnes, en rêve, et dans la réalité : sonnerie de portable et boîte à musique constituant la part la plus maladroite du lot.

    A trop fonctionner par oppositions claires (blanc/noir, homme/femme, crispée/détendue, frigide/nymphomane, pur/impur), le propos du film se simplifie à outrance, laissant trop bien voir là où il veut nous amener ; alors que dans le même temps, le spectateur est sensé épouser le point de vue désorienté de Natalie Portman. La mise en abîme, reproduisant la trame du Lac des Cygnes dans la vie de la danseuse, ne brille pas par sa nouveauté, ni son pouvoir de fascination, conséquence directe du point précédent. L’ensemble sonne malheureusement comme du déjà-vu, ses inspirations évidentes (Cronenberg, Powell-Pressburger) ayant en plus fait mieux par le passé.

    Le vrai souci du film repose sûrement dans sa bande-annonce, tant la version en salle n’apporte pas beaucoup plus d’éléments. Tout est déjà condensé dans ces quelques secondes mises bout à bout. Le manque de surprises, de folie et donc d’ampleur est forcément décevant. Reste alors la performance évidente de l’actrice principale, un Vincent Cassel également très bien dans le rôle, et la musique. Ce qui n’est pas si mal, mais l’on attendait tellement plus…