Un film de Martin Brest
Un ancien flic (Robert De Niro), désormais chasseur de primes, accepte un contrat facile : ramener à Los Angeles un comptable (Charles Grodin) qui a arnaqué la mafia... mais la route est semée d'embûches.
De Niro, Grodin et Yaphet Kotto nous embarque dans une comédie policière bien mouvementée du réalisateur du Flic de Berverly Hills : bienvenue dans les années 80 !
Le film
La surprise de ce film, sorti à l'été 1988, est la présence de Robert De Niro dans le rôle principal. Qui aurait parié sur lui dans une comédie ? A part une prestation dans le décalé Brazil de Terry Gilliam en 1985, difficile de faire plus sérieux que lui, révélé par Brian De Palma (Greetings, 1968, Hi Mom !, 1970) et consacré par Martin Scorsese (Mean Streets, 1973, Taxi Driver, 1976).
Le film trouve son origine avec le succès du Flic de Beverly Hills en 1984. Martin Brest, son réalisateur, cherche à retrouver la flamme du succès après des expériences malheureuses (dont Rain Man, repris par Barry Levinson avec le succès que l'on sait). D'abord imaginé pour Stallone et produit par la Paramount, le projet s'enlise lorsque la star de Rocky souhaite en faire un film sérieux, évacuant toute la légèreté propre au genre. Résultat, Sly repart avec le scénario remanié, qui deviendra Cobra (George Pan Cosmatos, 1986). Exit Paramount et bienvenue Universal Pictures, le scénario de base est repris, avec De Niro et Charles Grodin, -pas encore connu par la saga canino-familiale Beethoven. Le décalage entre les deux personnages fonctionne, De Niro pressé et filou, Grodin réfléchi et délicat : un nouveau Buddy Movie peut voir le jour. Le film s'insère en effet dans un sous-genre du film d'action (dont 48 heures et L'arme fatale) ; il consiste à faire se rencontrer deux personnages que tout oppose et qui vont devoir composer avec leurs caractères respectifs. Le clash entre ces deux caractère est le cœur du film, très réussi.
L'inspiration du Flic de Beverly Hills est patente ; les répliques en semblent inspirées (la plupart sont d'ailleurs brillantes), et même la graphie du titre (sur les affiches et dans le générique d'ouverture) ne représente que le partie visible de l'iceberg. Certaines réflexions semblent être faites pour Eddie Murphy. Le running gag sur les lunettes de soleil ou les cigarettes sont de petits exemples d'un comique parfaitement réglé.
Midnight Run est aussi un véritable Road-movie : de New-York à Los Angeles, en passant par Las Vegas ou le Colorado, Jack Walsh (De Niro) et Jonathan « The Duke » Mardukas (Grodin) vont inévitablement apprendre à se connaître, ne s’épargnant aucune vacherie.
Yaphet Kotto et son équipe du FBI
Autre élément digne d'intérêt, la logique démoniaque avec laquelle les différentes parties qui en veulent au duo s'auto-annulent : le FBI avec le magnifique Yaphet Kotto, la mafia qui veut faire disparaître Mardukas et les incapables qui ont missionnés De Niro, qui sont après l'argent. Il y a là-dedans une logique à la fois jouissive et implacable, relevant des tours de passe-passe du destin : c'est excellent.
Le film n'a pourtant pas eu le succès escompté, ce malgré des critiques globalement très positives. C'est un autre film qui rafle a mise cet été-là, Piège de cristal (John McTiernan, 1988). Comme Die Hard, Midnight Run est jalonné de scènes d'action assez impressionnantes (aux doublures bien visibles). Martin Brest a fait un coup de maître avec ce film, qui n'est pas reconnu aujourd'hui à sa juste valeur, un peu oublié à la faveur de films plus illustres mais pas meilleurs.
Le Blu-ray
Elephant Films ne nous déçoit pas : c'est une très belle livraison de l'éditeur, avec un master récent restauré à 2K, utilisé précédemment par Shout ! En 2016. Les couleurs sont très belles, et la copie ne présente que très peu d'accrocs, soutenue par un encodage robuste : ça change de certains titres Universal livrés avec des masters numériques datés. Le film est accompagné d'un making-of d'époque et d'un documentaire d'une vingtaine de minutes créé spécialement pour l'occasion par Erwan Le Gac et Julien Comelli, rempli d'infos. Viennent compléter l'ensemble une galerie de photos et des bandes-annonces d'autres sorties de l'éditeur. Ah oui, et la jaquette réversible avec l'affiche d'époque : on adore ! Une des plus belles éditions récentes de l'éditeur, qui nous régale régulièrement par l'éclectisme de ses choix... Un cadeau de noël à conseiller pour bien rigoler, c'est de circonstance !
Critique réalisée en partenariat avec Cinetrafic - découvrez-y le meilleur de l'humour.
Disponibilité vidéo : En DVD et combo DVD / Blu-Ray depuis le 17 octobre - éditeur : Elephant Films