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Le film était presque parfait - Page 69

  • Indiana Jones et le Temple Maudit (1984)

    Un film de Steven Spielberg

    4453048583_93b44c122c_m.jpgAprès le succès populaire des Aventuriers de l’Arche perdue, Spielberg remet le couvert en mettant son héros en avant dès le titre, dans la pure tradition du serial, à la Flash Gordon ou Buck Rogers. Sur l’affiche française, un avant-titre précède son intronisation : Depuis Les aventuriers de l’Arche perdue, l’aventure a un nom : Indiana Jones ! Un serial qui n’en est pas vraiment un, ne serait-ce que par le budget pharaonique dont Spielberg a pu jouir pour l’occasion. Malgré tout, l’amour du genre est prégnant à chaque instant.

    La séquence d’introduction nous emmène dans un Shanghai rétro de 1935 au coeur d'un club sélect, où l’entrée d’Harrison Ford est très soignée : le personnage apparaît de trois quart dos, vêtu d’un costume blanc, sa main glissant sur la rambarde d’escalier alors qu’il le descend. On est loin du look d’aventurier du premier opus, avec chapeau, fouet et torse luisant découvert, Indiana Jones dévoilant ici le rêve inassouvi de Spielberg : faire un James Bond. Il le dira souvent lui-même en interviews, George Lucas l’a persuadé de faire Indiana Jones en lui promettant que c’était encore mieux qu’un James Bond, en créant son propre aventurier. L’élégance d’Harrison fera le reste dans cette séquence rappelant les scènes de casino, fréquentes dans les aventures de l’espion britannique. De même, la façon de retarder l’apparition de son visage plein cadre, asseyant son statut de star -acteur et personnage confondus-, est fidèle aux premières apparitions cinématographiques de James Bond. Il y a quelque chose de magique dans cette séquence d’introduction, comme l’impression de pénétrer, par une porte dérobée, dans un monde de cinéma total, classique et intemporel. George Lucas apportera l’idée de la séquence musicale, voyant Kate Capshaw danseuse vedette dans un show démesuré à la Busby Berkeley, toute de paillette couverte. Lucas, scénariste de la trilogie, apporte également à cette scène le clin d’œil starwarsien de circonstance, nommant le lieu de l’action Club Obi Wan. Ainsi plusieurs imaginaires s’entrechoquent dans cette seule introduction, entre l’espionnage, la comédie musicale, Star Wars et le décorum chinois, faste et coloré : le film commence très fort.

    De l’avis de tous les intervenants sur le film, Le temple maudit est plus sombre, beaucoup plus que Les aventuriers de l’Arche perdue ; D’une part, parce que Lucas sortait d’un divorce, et aussi car c’était la direction qu’il voulait prendre pour cette suite. Mais, pour autant, ils ne s’attendaient pas à un film si noir. La succession de scènes assez horribles, des multiples bestioles, insectes, serpents, le banquet spécial, et l’inénarrable sacrifice orchestré par les adorateurs de Kali, en fait vraiment un film particulier, paradoxal, pas vraiment pour les enfants (la classification PG-13, avis parental pour public de moins de treize ans, fut d’ailleurs créé pour l’occasion). Les enfants, justement, prisonniers de la secte Kali, seront sauvés mais dans un néant scénaristique final : on perçoit, là encore, un élément rajouté dont l’absence aurait sûrement aidé le film. Le tout est évidemment rempli d’humour, mais souvent mêlé à une impression de dégoût (le banquet, les cris ininterrompus de Kate Capshaw sur des images de têtes de mort, de piques acérées, ... Spielberg avoue d’ailleurs ouvertement que c’est l’épisode qu’il aime le moins.

    La conception du film témoigne elle-même de ce côté équilibriste bancal, le duo Spielberg-Lucas reprenant des scènes qu’ils n’avaient pas pu inclure dans le premier film, pour les coller dans celui-ci. Si la scène du bateau pneumatique (qu’ils ne se priveront pas de reprendre pour un résultat bien moins probant dans Indiana Jones et le royaume du Crâne de Cristal) est tout à fait bien intégrée, on ne saurait en dire autant de celle dite des montagnes russe vers la fin, brillante mais interminable, révélant sans même qu’on le sache a priori son caractère rajouté : le film n’avait pas besoin de ça, et l’on peut dire qu’à partir de la séquence -ô combien traumatique !- du sacrifice humain, les péripéties s’enchaînent mécaniquement. Tout juste pourra-t-on sauver la scène du pont suspendue, bien gérée, amenant jusqu’au point de rupture dans une beauté cinématographique implacable. Pas aidant, la musique de Williams bat et rebat le thème du héros dans un trop plein dont on a du mal à se dépêtrer. Et si, à la fin, Harrison embrasse bien l’héroïne, le happy-end ne sonne que telle une façade, un vernis sur un cœur moins reluisant.

  • Le BD-Live pour les Nuls

    4446847053_3282e2c632_m.jpgAvec les films en HD visibles sur disques Blu-ray, est arrivé une "nouveauté" dans l’interactivité proposée, appelée par ce curieux raccourci de BD-Live. BD, pour la contraction officielle de Blu-ray, Live pour indiquer l’accès à des suppléments constamment remise à jour... Théoriquement, tout cela. En effet, via une connexion internet, le lecteur Blu-ray reçoit des bonus supplémentaires (pléonasme) stockés dans une clé USB ou la mémoire interne du lecteur. La question est... Que sont ces fameux bonus, comment y accède-t-on et finalement, est-ce que l’idée dépasse le simple argument marketing ? Plusieurs années après la sortie de cette plus-value, uniquement dédiée au nouveau format, on a voulu voir ce que ça valait vraiment... en vrai !

    Dans notre collection de Blu-ray, faut-il encore piocher le titre qui possède un de ces fameux accès BD-Live. Quelques Sony dans le lot (Terminator Renaissance, Michael Jackson’s This is it, Dark Crystal, Casino Royale), c’est logique car créateur du standard Blu-Ray, et du BD Live par extension, mais aussi un Studio Canal (Terminator 2) et un Disney (Blanche Neige et les sept nains).

    Comme vous le savez peut-être, le Blu-ray a déjà le désavantage de la durée de chargement par rapport à un DVD : certains titres peuvent vous laisser 5 minutes devant un écran noir avant de lancer l’animation du menu ; c’est le cas avec le Terminator 2 de Studio Canal, et ça mérite un vrai carton rouge ! Comment comprendre que l’évolution technologique s’accompagne d’un recul de performance ? Vraisemblablement, il s’agit de l’application Java qu’utilisent certains Blu-ray qui demande ce temps de chargement désagréablement long. Ce n’est pas le cas des disques Warner ; mais, avec eux, un autre pas en arrière est constaté par rapport au DVD : le film se lance directement, sans passer par un menu fixe, obligeant le téléspectateur à manœuvrer sa télécommande à la va-vite pour apposer les options de langues, de sons, de sous-titres qu’il désire.

    Bref, après une attente parfois longue, nous essayons d’accéder à ce menu BD-Live, après s’être assuré que le lecteur est bien connecté à Internet. Le bouton BD Live pressé, il nous faudra de la patience... beaucoup de patience ! Souvent après 5 bonnes minutes d’un écran noir au milieu duquel scintille une animation, on arrive enfin sur le menu de l’éditeur. Chez Sony, on a donc droit, selon le disque, à des bandes annonces (faut croire que nous n’avons pas eu de chances, les seules bandes annonces à visionner correspondaient à celles déjà présentes sur le blu-ray !). Si, toutefois, certaines vous intéressent, vous pouvez cliquer sur Télécharger en HD. Et là... c’est encore plus long ! Le téléchargement varie évidemment selon la connexion de l’utilisateur, mais pour notre part, c’était reparti pour dix bonnes minutes d’écran noir ! Si l’on pouvait penser qu’en 2010, la navigation serait plus facile, il n’en est rien.

    Les bandes annonces servent le jeu commercial de l’éditeur, donc ça n’a de toutes façon pas grand intérêt. Qu’en est-il de véritables bonus supplémentaires dignes d’intérêt ? Sur This is it, on peut télécharger des démos de la troupe de Michael Jackson qui sont vraiment intéressantes, premier bon point. Vous avez peut-être également entendu parler ou vu ces « prisonniers » qui offraient une performance chorégraphique sur They don’t Care about Us ? Le résultat est, c’est vrai, assez réussi, même si l’on voit surtout les danseurs attitrés de Michael Jackson, et Travis Payne, son chorégraphe depuis de nombreuses années, qui occupent tout le devant de la troupe. A part cela, l’envoi d’une playlist du film sur votre e-mail est vraiment gadget voire honteux, prend énormément de temps (essayer de taper votre adresse mail via une télécommande !). Pour essayer de défricher ces fonctions et arriver à télécharger une seule vidéo en Haute Définition, il nous aura fallu une demi-heure !

    Autre supplément intéressant sur le Blu-ray de Terminator 2 : la bande annonce française d’époque ! Avec sa voix caractéristique (on croirait reconnaître l’excellent doubleur Richard Darbois, notamment voix du Génie dans Aladdin et Batman, dans la série animée de Bruce Timm), c’est un supplément qui fait plaisir à entendre, le BD Live étant souvent la vitrine de suppléments en version originale, voix d’une mondialisation sans limites, ici servie pour le particularisme français. De même, un petit reportage, absent des précédentes éditions du film, entre making-of et bêtisier, se trouve sous-titrée en français dans l’interactivité du BD Live. Un très bon point donc. Cependant, des options dans le menu restent grisées, avec la mention Prochainement disponible... le disque étant dans le commerce depuis fin mai 2009 ! Mais il y a mieux (ou pire, c'est selon) : le BD-Live de Disney qui annonce fièrement qu'il n'est "pas disponible pour notre territoire" !

    On pourrait donc conclure, sur ce BD-Live en 2010, que : le Blu-ray, pour voir les films en haute définition : oui, mais pour voir des rares suppléments en ligne, la plupart du temps inintéressants,  non !

  • Baby Cart diffusé en télé : le loup à l’enfant chasse sur Arte

    4434931086_ef2f46fcfd_m.jpgLa case Trash reprend du service dans la grille de programmation d’Arte, et ça envoie du lourd pour commencer : vendredi 12 mars dernier vers minuit, le premier épisode de la saga barbare et sanguinaire Baby Cart a été diffusé, suivi les semaines prochaines de l’intégrale des épisodes (six au total).

    Adapté du manga Lone Wolf and Cub, de Kazuo Koike, qui scénarise d’ailleurs les cinq premiers films, les épisodes nous montre Ogami Itto, l’exécuteur du Shogun, évincé par un sombre complot. Au lieu de se suicider, comme le voudrait le code de conduite des samouraïs, il s’enfuit en emmenant son fils avec lui.Il est désormais ronin, un samouraï sans maître, et offre ses services de tueur, tout au long de sa route, dans les villages qu’il traverse. Cette expédition étrange, s’abîmant dans des abysses de cruauté, n’en est pas moins très graphique, conservant l’impact des mangas. Kenji Misumi, artisan principal de la saga (quatre films réalisés sur les six), est un conteur visuel, maître dans la composition de tableaux vivants. De même, cette route sinueuse que prend Ogami Itto dans le Japon médiéval, représente son chemin mental pour redonner du sens à sa vie, perdu par son éviction. Il continue donc à tuer, n’ayant jamais fait que ça, avec néanmoins une justice personnelle et évolutive. La présence de l’enfant n’est pas pour rien dans la bizarrerie des films, spectateur insensible des tueries, ou participant dans le cadre de ses moyens. Au fil des épisodes, les nombreux opposants rivalisent d’ingéniosité pour prendre le samouraï en traître, spectacle aussi gore que jouissif dans la résolution fatale mais astucieuse. Presque invincible, la fin de Baby Cart s’orientera de plus en plus vers un James Bond gadgetisant (numéro trois, Dans la terre de l’ombre), ou des influences westerniennes (numéro six, Le paradis blanc de l’enfer).

    Saga vengeresse à contempler sur Arte, froide de préférence, évidemment.

  • Les sévices de Dracula (1971)

    Un film de John Hough

    4428375527_ff88fe90a7_m.jpgSpécialiste des ambiances fantastiques, voire horrifiques (La maison des damnés, 1973, avec Roddy McDowall, ou Les yeux de la forêt, 1980, unique production Disney lorgnant vers l’épouvante), John Hough  réalise un de ses premiers films avec ces Sévices vampiriques. S’ils n’ont, contrairement à ce que le titre français promet fièrement, aucun rapport avec le célèbre comte Dracula, il a par contre tout à voir avec la famille Karnstein, qui s’est déjà vu transposée au cinéma à deux reprises par la Hammer Film (dans The Vampire Lovers et Lust for a Vampire) la même année. Les sévices de Dracula, alias Twins of Evil, clôt cette trilogie.

    Deux jumelles, Maria et Frieda, sont recueillies par leur oncle Gustave (Peter Cushing, sec comme une trique), un extrémiste religieux qui joue les grands inquisiteurs, comme Vincent Price dans le douloureux film du même nom, réalisé par Michael Reeves en 1968. Le village des jumelles est situé à proximité du château Karnstein, qu’occupe le dernier descendant de la famille, un séduisant jeune homme. Il n’en fallait pas plus à Frieda pour se sentir irrémédiablement attirée par le danger de se rendre au château, bravant du même coup l’interdiction de son oncle. Dans le même temps, on découvre que le comte, sous ces beaux atours, est un adorateur de Satan et qu’il organise des cérémonies païennes pour réveiller le mal véritable, dans une course aux sensations nouvelles et inédites, pour pallier à son ennui. C’est ni plus ni moins que la même thématique explorée au début du film de Peter Sasdy l’année précédente, Une messe pour Dracula. On y voyait de jeunes aristocrates tromper l’ennui en invoquant Dracula, qu’ils réveillent et provoquent leur mort.

    A la suite d’une des séances de satanisme du bon monsieur -qui la joue fine, en plus : il sauve une fille anonyme ramassée par ses sbires, pour ensuite mieux la sacrifier lors de ses rituels-, Mircalla Karnstein, son ancêtre, apparaît. Après une brève scène, on ne la verra plus, elle est donc un prétexte pour raccorder le film aux autres épisodes, Mircalla apparaissant dans chacun des deux premiers, dans un rôle consistant. Malgré ce subterfuge, et le fait de constamment rappeler au spectateur qu’il regarde un film sur les Karnstein (on entend son nom à tous bout de champ, le trio à l’origine des films, Gates, Fine et Styne oeuvrant toujours au scénario et désireux d’être raccord avec les deux précédents), réalisateur et scénaristes réussissent un bon film, bien plus abouti que le catastrophique deuxième épisode : fini, les pauvres prétextes à dévoiler les poitrines des jeunes actrices-pin ups, fini aussi, les acteurs au charisme frelaté : outre un Peter Cushing fidèle à lui-même, Damien Thomas en Comte Karnstein tire bien son épingle du jeu ; et, ô surprise, on retrouve Kathleen Byron, la folle Sœur Ruth du Narcisse Noir de Powell & Pressburger, qui incarne ici la femme soumise de l’oncle Gustave. Rayon casting, c’est du petit lait...

    L’intrigue est bien menée, tirant profit des personnages (les jumelles, qui seront le jouet d’une substitution l’une à l’autre) et des liens tissés entre eux -Gustave va être confronté à un choix bien difficile quand il se rendra compte que sa nièce est possédée, de même qu’un jeune homme, Anton, qui aime Frieda, et dans le même temps combat la folie de Gustave.  Viseullement, on remarque quelques belles idées, dont une, la transformation effective de la fille en vampire : son image disparaît peut à peu dans le reflet d’un miroir, et terrorise la jeune femme...

    Le vampirisme n’est pas non plus là pour faire joli, et l’on retrouve les procédés caractéristiques de sa mise en scène : regard hypnotisant qui fascine les victimes, dents longues, mais qui ne sortent qu’avec parcimonie et à-propos. Loin de démériter, Les sévices de Dracula finit la série en beauté, par un divertissement tout ce qu’il y a de plus honnête.