Un film de Guy Ritchie
Dire qu’on n’a jamais vu Sherlock Holmes comme ça relève d’un understatement tout british, ce qui est plutôt de circonstance. Revu et corrigé par Guy Ritchie, le réalisateur d’Arnaques, crimes et botanique (1998) et Snatch (2000), le plus fin des détective devient une action star à part entière, secondée par le bon docteur Watson, lui aussi plus hot que sa traditionnelle version vue jusqu’alors.
Sherlock Holmes millésime 2010 est un buddy movie on ne peut plus classique, saupoudrée du style Ritchie : dialogues en forme de partie de ping-pong continue, rythme d’enfer -ici soutenu par une musique gitane au tambour battant signée Hans Zimmer-, mouvement d’appareils amples et rapides. Les déductions vitesse grand V du grand Holmes participent d’ailleurs à cette course contre la montre que semble s’être lancé le réalisateur. Le spectateur n’a alors pour lui que de suivre le tortueux chemin dans l’esprit de Holmes, restant pendu aux lèvres du détective qui lui dévoile ce qui s’est vraiment passé. Cela va tellement vite que, parfois, Ritchie doit revenir à deux fois sur la même séquence pour le spectateur accepte (Holmes en champion de boxe) ou comprenne (Irène sort de l’appartement de Holmes et Watson) la situation. Le film opère alors comme le révélateur des tours de magie de Holmes, ici vénéré comme un prestidigitateur. Héros moderne, invincible, Holmes devient dans le corps de Downey Jr. un vrai Iron Man in London, avec les mêmes particularités anti-héroïque (alcoolique, maladif, ...). Les traits de la personnalité de Holmes semblent ainsi disparaître derrière tout un attirail de bons mots, de vitesse à grands renforts d’action (par ailleurs tout à fait distrayant).
Bon film comme pourrait l’être un Arme Fatale 5, Sherlock Holmes aurait pu prendre un autre héros pour personnage principal que cela n’aurait pas changé grand-chose. Inutile pour autant de bouder notre plaisir, le film se tient et est magnifié par la photo de Philippe Rousselot -La forêt d’Émeraude (John Boorman, 1985), Et au milieu coule une rivière (Robert Redford, 1992), Entretien avec un Vampire (Neil Jordan, 1994), Big Fish (Tim Burton, 2003). Avec une affiche prometteuse et un duo d’acteur qui s’en renvoient de belle (n’omettant pas, au passage, l’inévitable sous-texte homosexuel), le Sherlock Holmes de Ritchie, s’il n’est pas fidèle à son modèle, est un divertissement tout ce qu’il y a de plus plaisant.
Le film était presque parfait - Page 71
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Sherlock Holmes (2010)
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The Lovely Bones (2010)
Un film de Peter Jackson
Le réalisateur du Seigneur des Anneaux nous revient avec une oeuvre qui, si elle n’est pas un retour aux sources à proprement parler (pour cela, il lui faudrait revenir à des délires grand guignolesques comme Braindead ou Bad Taste), a tout d’un interlude récréatif, entre un monstrueux King Kong (2005), les prochaines aventures numériques de Tintin, ou encore l’adaptation de Bilbo Le Hobbit qu’il produit.
L’histoire de Susie Salmon est dramatiquement simple : assassinée, elle va essayer de guider son entourage depuis l’au-delà pour démasquer son meurtrier. Enfin, l’au-là, pas tout à fait : une zone d’entre-deux, car elle peut entretenir un lien ténu avec les vivants (rappelez-vous de Ghost, avec Patrick Swayze). Elle évolue donc dans des décors colorés et naïfs comme des dessins d’enfants : elle façonne elle-même son univers. De l’autre côté, se joue un drame familial (les effets de la perte d’un enfant), doublé d’une intrigue policière à la Desperate Housewives -la crainte constante du voisinage, le poids des rumeurs. Le tout est saupoudré d’une bonne dose d’humour un peu fou, délivré par la grand-mère de Susie (Susan Sarandon).
Chacune de ces orientations pourrait constituer un film à elle seule. Or, Peter Jackson nous sert un mélange où le mot-clé est rupture. Rupture sur le fond et sur la forme.
Le film fonctionne ainsi sur d’innombrables ruptures de tons, passant sans ambages du thriller à suspense, au drame psychologique, au conte fantastique, jusqu’à la comédie déjantée. Le passage de l’un à l’autre n’est jamais progressif, mais dur comme un couperet, une cassure manifeste. Cette accumulation ne produit cependant pas la synergie espérée, le spectateur ayant à chaque fois l’impression de voir un autre film, déconnecté du reste. Le film peine ainsi à avancer en dépit de très belles séquences prises indépendamment, et l’on se demande souvent quel est l’objectif de telle ou telle scène. De même, les ruptures sont aussi pensées au niveau de l’articulation du scénario, qui bifurque constamment vers une direction inattendue : décisions des personnages, réalité aménagée (le retour chez elle de Susie saine et sauve alors qu’elle a bien été tuée : Ghost, on vous dit !)...
A ces ruptures de tons s’adjoint un procédé qui court sur tout le film : on nous montre tel personnage, puis tel autre à un autre endroit, sous-tendant que les deux actions ont lieu en même temps, rapprochées par ce montage dit parallèle. Si proches et si éloignés, Susie et sa famille tente conjointement de dire adieu à leur présence respective. Pour Susie, l’enjeu est aussi de faire le deuil d’une vie à peine commencée, pas réalisée. La réalisation de certains caps sera aussi abordée dans le mælstrom du film, sorte de tourbillon où tout se mélange.
Pour les décors et la lumière, on est évidemment bien loin du faste des épopées de Tolkien, mais la multiplicité des ambiances et des réalités (réel ancré dans les années 70, reconstitution discrète et efficace, fantastiques espaces de l’entre-deux mondes) permet un voyage varié. Le fil rouge, la traque du meurtrier, est assorti de tensions très bien gérées, tout en ayant dévoilé très tôt au regard du spectateur le visage du criminel.
La naïveté de certains dialogues a beaucoup de mal à passer (la dernière phrase déclamée par l’héroïne, sortie d’un album de Martine : Vivez heureux et passez une longue vie, ou un truc du genre...), et la symbolique trop forcée (la fin du criminel) rate vraiment son coup. Constamment inégal, pour un résultat tout aussi difficile à situer, The Lovely Bones ne constitue pas la réussite qu’on était endroit d’attendre de Peter Jackson. -
Festival International du Film d'Animation d'Annecy 2010 : interviews
Le compte à rebours est lancé : dans quelques mois, le Festival International du film d’animation d’Annecy fêtera sa cinquantième année, rien que ça ! L’aventure animée a effectivement commencé en 1960 à Annecy, après une première édition des Journées Internationales du Cinéma d’Animation au Festival de Cannes. Plus d’infos sur le site du Festival. Pour fêter dignement cet anniversaire qui célèbre un demi-siècle de festival, nous avons souhaité interviewer quelques membres du staff du Festival, ceux qui -parmi beaucoup d'autres-, années après années, rendent la manifestation possible, afin qu’ils nous parlent de leur cinéma.
Aujourd’hui, faisons connaissance avec Corinne Denis, traductrice au Festival depuis 1998. Elle enseigne aussi l’anglais à des élèves d’enseignement supérieur.
Corinne est passionnée de cinéma, ça se voit tout de suite. Renouvelant constamment son envie de voir, de comprendre, de connaître des films par l’intermédiaire de son activité professorale, elle reste toujours curieuse d’une découverte.
Plus jeune, en Angleterre, elle est très sensible aux performances d’acteurs ; depuis son arrivée en France, elle offre sa préférence au réalisateur pour motiver ses découvertes cinéma.
Elle nous parle d’un cinéma pointu, expressif, très soigné visuellement, notamment de Ken Russell, et d’un acteur en particulier, le britannique Alan Bates (Women in Love, Ken Russell, 1969), ou d’un de ses films de chevet, Loin de la foule déchaînée (Far from the Madding crowd, John Schlessinger, 1967). Très attentive à la qualité de l’image, elle nous confie sur ce dernier : "C’est merveilleusement filmé, ça me rappelle David Lean. Je sais que le DVD est sorti, j’adorerais le revoir, mais je crois que la copie utilisée est très mauvaise ; je n’ose pas le redécouvrir dans ces conditions." Perfectionniste, Corinne Denis ? Non, juste cinéphile.
Sur Alan Bates : "Il a beaucoup joué, au théâtre comme à la télévision ; au cinéma, dans A day in the death of Joe Egg (Peter Medak, 1972). Avec lui, j’ai vécu un de mes derniers chocs cinématographiques : Le cri du sorcier (The Shout, Jerzi Skolimowski, 1978). Les éditeurs vidéo jouent surtout sur sa dimension fantastique, mais il s’agit plus, en fait, d’un film psychologique. L’ambiance sonore est exceptionnelle, remplie de sons étranges, synthétiques. John Hurt y joue le rôle d’un musicien, et le film est centré sur l’histoire d’un cri qui peut tuer. Le film impose que l’on n’arrête pas de réfléchir sur les personnalités de chacun, sur ce qui les pousse à agir. On voit également l’actrice britannique Susanna York, qui représente pour moi la Julianne Moore d’hier, ne reculant devant aucune difficultés, toujours forte et curieuse de nouvelles expériences. J’ai découvert le film il y a quelques années sur une chaîne du câble, par hasard, et je suis restée complètement hypnotisée. C’est un film unique, à nulle autre pareille. Surtout pour le jeu habité d’Alan Bates."
Le Cri du sorcier est un film atypique, où l’argument fantastique n’est effectivement qu’un prétexte à une étude psychologique fouillée ; il pose aussi la question de la croyance, que ce soit à un niveau métaphysique (est-ce que cet homme est réellement capable de tuer sous l’influence de son seul cri ?- ou au niveau relationnel ; met-il vraiment mon couple en danger ? Il est ainsi d’une richesse exemplaire, et semble constamment échapper à toute catégorisation définitive.
On sent que la passion de Corinne pour le cinéma est loin d’être sous le seul signe de la distraction. Elle étudie, décrypte, se passionne pour ces acteurs chez qui le moindre geste, tout en étant extrêmement travaillé, n’en reste pas moins très naturel.
"Tout tient sur la performance des acteurs. La fin d’une liaison (Neil Jordan, 2000) aurait pu être quelconque ; mais Julianne Moore y est exceptionnelle. Elle est tellement charismatique, et fait preuve d’une telle force qu’elle peut porter un film sur ses seules épaules. Elle est parfaite dans ces films qui traitent de l’époque charnière où les femmes commencent à s’émanciper, mais difficilement, comme des pionnières ; Dans ce film, elle donne une des meilleures performances que j’ai jamais vue. C’est quand un film arrive à être si juste qu’il te fait te poser des questions sur notre réalité, notre vie, qu’il devient primordial."
L’intérêt de Corinne va aussi à des films très construits, qui font montre de la maîtrise de leur metteur en scène ; le nom de Christopher Nolan arrive vite sur le tapis.
"J’aime ces films qui bifurquent, qui bousculent les codes de la narration traditionnelle, linéaire. Le premier film de Nolan, Following, est un modèle de cette déconstruction et du nouveau sens qu’on peut tirer d’une histoire racontée de cette façon. Peut importe au final si on sait dès le début tout ce qu’il se passe ; la manière de raconter est tellement originale qu’elle domine tout."
Son prochain film, Inception, saura sans nul doute se rallier à cette belle définition.
Merci Corinne, et bon(s) film(s) !Source image : affiche de l'édition 2010 du Festival, © Nathalie Pattier
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Metropolis - version intégrale (1927)
Un film de Fritz Lang
Ce vendredi 12 février 2010, aux alentours de 23h20, la projection exceptionnelle de la version la plus complète de Metropolis à la 60ème édition de la Berlinale touchait à sa fin. Fruit d'un parcours épique, dont l'histoire des déboires est aussi dense que celle d'un (bon) film, Metropolis tient donc debout pour la première fois depuis sa première projection.
Production pharaonique de la UFA, qui accompagnait Fritz Lang depuis quelques années, et avait déjà permis à son réailsateur de créer sa vision démesurée du mythe des Nibelungen (1924), Metropolis est le film de tous les superlatifs : figuration dantesque (35000 personnes, chômeurs pour le plus grand nombre, permis par les salaires très bas pratiqués à l'époque), décors gigantesques, expérimentations graphiques de tous les instants au service d'une réflexion sur les rapports de force entre les classes sociales, et c'est loi de faire le compte. Face à son budget incontrôlable, le film est un échec cinglant et le film est rapidemment coupé, découpé dans les grandes largeurs. Si l'on se retrouve aujourd'hui avec une version quasi-complète de 2h30 (de rares cartons nous décrivent encore une ou deux scènes manquantes), l'on ne pouvait voir à la fin des années 20 qu'un film d'une durée de 1h30 ! Le film met ainsi longtemps, très longtemps avant d'acquérir le statut de classique mondial (premier film enregistré à la Mémoire du monde de l'Unesco), et ce n'est quà partir des années 70 que le film, sous le coup d'une première restauration, va inspirer les metteurs en scène, mais aussi le monde de la mode, ....
La copie retrouvée au musée de Buenos Aires remet donc les pendules à l'heure, car elle permet de voir près de 25 minutes inédites par rapport à la dernière restauration de 2004, celle présentée sur le DVD MK2 en France, qui comportait encore nombre de cartons descriptifs rendant l'intrigue encore confuse. Ici, le challenge était de produire une copie exploitable en HD, pour de futures éditions Blu-ray. La version diffusée sur Arte est celle-ci, en plus d'être un ciné-concert, l'orchestre symphonique de Berlin jouant pendant que le film était projeté. La partition originale est très importante, entre nous soit dit, car elle a permis de se rendre compte que la copie argentine était bien la plus complète : la partition comporte en fait plus de mille points de synchronisation musique / images, qui permettent de faire vivre le film beaucoup plus qu'une musique générique comme c'était souvent le cas pour sonoriser des films muets.
On peut facilement différencier les passages déjà connus, retranscrits avec une pureté jamais atteinte (la HD pour les films de patrimoine, fussent-ils si anciens, est vraiment visible!) des scènes inédites, la copie argentine, en 16 millimètres, faisant preuve d'un état lamentable, restaurée au mieux mais aux dégâts irréversibles. D'innombrables stries barrent l'immage verticalement, le spectateur pouvant discerner derrière ces véritables barreaux ce à quoi ressemblait ce rêve de Metropolis, ce mythe du film génial mutilé et retrouvé. Dans ces scènes inédites, qui ne s'en tiennent parfois qu'à des plans de coupes, on découvrent de nouveaux personnages, tel le sbire du chef de l'usine, un gars à la mine patibulaire, mâchoire carrée, chapeau noir à longs bords et oreilles naturellement pointues : mandaté pour tuer Freder Fredersen, il va poursuivre l'ouvrier à qui ce dernier a fait don de son costume. 11811, car il est ainsi nommé, a droit a plus de scènes, et notamment une dambulation en voiture durant laquelle il veut se rendre au quartier des plaisirs (nommé Yoshiwara, du même nom que le quartier bien connu, pour les mêmes raisons, dans le Japon de l'ère Edo). La fin du film est la plus dense en scène nouvelles, principalement axée autour de l'inondation du monde souterrain ; l'eau monte, jaillit de toute part, à l'instar de la peur de tout un peuple.
La tenuer christique du récit, voyant un homme du peuple d'en haut aller dans les souterrains, prendre la place d'un ouvrier, pour finalement symboliser le coeur entre "le cerveau et la main", leitmotiv martelé tout au long du film, est claire et finalement très naïve (le jeu de Gustav Frohlich, tout en yeux écarquillés et poses théâtrales, n'élévant certes pas le propos). L'acteur a d'ailleurs une particularité amusante : il est atteint d'un mal plus tard connu sous le nom de syndrome Forrest Gump, à savoir qu'il ne se déplace qu'en courant comme un dératé, même sur des courtes distances, ce qui est est très drôle -malgré lui.
Le film, opposant le monde d'en haut, terre des artistes, de la beauté et de la richesse, aux tons blancs éclatants, à celui du bas, noir de charbon pour les ouvriers qui semblent nourrir les machines d'eux-mêmes pour assurer le bon fonctionnement d'en haut, est ainsi construit en miroir constant. Marie, jeune fille pure qui exhale la foi des opprimés, et son double robotique, pervertie; Freder le bourgeois et 11811 l'ouvrier , dont il prend la place et qui, une fois maquillé en rupin, lui ressemble beaucoup ; A ses oppositions symétriques s'ajoutent les effet de miroir dans le cadre, qui démultiplient les visages, ou les regards (le visage de Maria répété à l'infini). L'opposition cerveau / main s'offre une résolution, un lien possible entre les deux en la personne de Freder, défini comme l'élu, le médiateur rêvé. Dans un autre axe de lecture, on peut néanmoins penser que le véritable lien, le médiatuer véritable n'est autre que la femme robotique, croisement entre l'homme et la machine, et ainsi trait d'union entre le cerveau (l'homme) et la machine (la main). Le centre de gravité de metropolis est donc mouvant entre ces deux potentialités.
On retrouve aussi dans Metropolis des moments qui préfigurent Les Temps Modernes de Chaplin ; avec le thème des masses épuisées par l'industrialisation galopante, transformés en zombies (la relève dans l'usine de Metropolis / les tour de clés mécaniques de Chaplin dans Modern Times), Metropolis offre une lecture sociale et avant-gardiste. La relation entre le patron de l'usine et le chef machinot, par écrans interposés, est illustré par des procédés très similaires.
Une nouvelle vision salutaire, qui témoigne de la richesse d'une oeuvre-monstre. Vivement le Blu-ray, pour le courant de l'année 2010 !
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Superman and the Mole-Men (1951)
Un film de Lee Sholem
Tout entier dédié à la série B, Lee Sholem était le réalisateur idéal pour cette première incarnation du super-héros kryptonien au cinéma, ce qui n’empêche pas le résultat final d’être un brin soporifique et mal foutu, mais bon... A part Superman, Sholem s’était auparavant attaqué à Tarzan, au Captain Midnight (connais pas, mais le nom sonne bien), et clôturera sa carrière par un épisode de Star Trek, la série originale : beau générique, en tous les cas !
Superman and the Mole-Men a derrière lui une mythologie déjà bien établie via le comic, et par d’autres interprétations, notamment la série d’animation des frères Fleischer. Celle de George Reeves, qui deviendra après cette sorte de test le héros de la série TV The Superman Adventures, est dans la continuité du personnage dépeint jusqu’alors : il ne fait pas de vague, engoncé dans son costume de Clark Kent (introduit, au passage, par la présentation popularisée dans le cartoon, qui voit se superposer sur le personnage de Superman le costume urbain de Kent ; ce dernier est désigné comme son déguisement, alors que la vision humaine du concept identifiera le costume bleu et rouge de Superman comme étant le déguisement), puis distribue les mauvais points aux méchants. Ceux de l'histoire n,e sont d'ailleurs pas qui l'on pourrait croire... On ne verra Superman pour la première fois qu’au bout d’une bonne vingtaine de minutes (alors que le film dure en tout et pour tout 58 minutes), le réalisateur préférant d’abord laisser la paire de journalistes commencer leur reportage sur le puits de pétrole le plus profond au monde, si bien qu’il atteindrait le centre de la Terre. De là, arrive un petit homme à la physionomie pour le moins étrange : de la taille d’un enfant, mais doté d’une tête énorme et d’une pilosité généreuse (si Grosse Tête, méchant anthologique de la quatrième saison de Loïs et Clark vous revient en mémoire, c’est tout à fait ça). Notre Mole Men a la particularité de laisser une trace luminescente sur tout ce qu’il touche, interprétée par les personnages de l’histoire comme radioactive (aucun d’entre eux n’est, pour autant, un véritable scientifique). Sans avoir dit un mot, l’étranger est donc pourchassé par les habitants, obnubilés par un danger latent. Tous ? Non, car Superman veille au grain et, en bon défenseur de "la vie à l’américaine", défend l’altérité et l’ouverture d’esprit (c'est une fiction).
Série B tout à fait classique, Superman and the Mole-Men est malheureusement très molle, et ne tire pas parti de la rivalité Lane / Kent, comme saura le mettre en avant sporadiquement la série animée des années 40. Lane fait toujours les articles, car Kent / Superman est occupé à sauver le monde... Du coup, on se demande pourquoi le duo de reporters est si célèbre et reconnu, comme l’annonce un personnage au début du film. La dimension fantastique est réduite à la portion congrue, faute de moyens, mais la vision inexistante de Sholem n’arrivera jamais à transcender ces contraintes. Un film définitivement anodin, alors qu’il reste une date par le seul fait de constituer la première apparition de l’homme en cape rouge. Avec ses muscles en mousse et ses prise de lutte qui envoient valdinguer du méchant, George Reeves ne donne pas vraiment corps à un Superman spectaculaire, peut-être uniquement par défaut de mise en scène... Je pense par ailleurs qu’un tel personnage ne peut se passer d’un budget confortable, car le film ne peut faire l’impasse sur la démonstration explicite, plein cadre, de ses exploits surhumains. Curiosité oui, à voir je dis... pas sûr... non, non. Autant revoir le Superman de Donner.