La case Trash reprend du service dans la grille de programmation d’Arte, et ça envoie du lourd pour commencer : vendredi 12 mars dernier vers minuit, le premier épisode de la saga barbare et sanguinaire Baby Cart a été diffusé, suivi les semaines prochaines de l’intégrale des épisodes (six au total).
Adapté du manga Lone Wolf and Cub, de Kazuo Koike, qui scénarise d’ailleurs les cinq premiers films, les épisodes nous montre Ogami Itto, l’exécuteur du Shogun, évincé par un sombre complot. Au lieu de se suicider, comme le voudrait le code de conduite des samouraïs, il s’enfuit en emmenant son fils avec lui.Il est désormais ronin, un samouraï sans maître, et offre ses services de tueur, tout au long de sa route, dans les villages qu’il traverse. Cette expédition étrange, s’abîmant dans des abysses de cruauté, n’en est pas moins très graphique, conservant l’impact des mangas. Kenji Misumi, artisan principal de la saga (quatre films réalisés sur les six), est un conteur visuel, maître dans la composition de tableaux vivants. De même, cette route sinueuse que prend Ogami Itto dans le Japon médiéval, représente son chemin mental pour redonner du sens à sa vie, perdu par son éviction. Il continue donc à tuer, n’ayant jamais fait que ça, avec néanmoins une justice personnelle et évolutive. La présence de l’enfant n’est pas pour rien dans la bizarrerie des films, spectateur insensible des tueries, ou participant dans le cadre de ses moyens. Au fil des épisodes, les nombreux opposants rivalisent d’ingéniosité pour prendre le samouraï en traître, spectacle aussi gore que jouissif dans la résolution fatale mais astucieuse. Presque invincible, la fin de Baby Cart s’orientera de plus en plus vers un James Bond gadgetisant (numéro trois, Dans la terre de l’ombre), ou des influences westerniennes (numéro six, Le paradis blanc de l’enfer).
Saga vengeresse à contempler sur Arte, froide de préférence, évidemment.