Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le film était presque parfait - Page 27

  • Crying Freeman (1995)

    Un film de Christophe Gans

    8787661545_62e98e5ff7.jpg

    Premier long de Christophe Gans, Crying Freeman est l'adaptation du manga éponyme, créé par Kazuo Koike, l'auteur de Lady Snowblood et du célèbre Lone Wolf and Cub (chacun de ces titres ayant également connu une adaptation cinéma dans les années 70).

    Passionné de tous les cinémas, mais peut-être par-dessus tout du cinéma asiatique, notamment du cinéma Hong-kongais qu'il a participé à faire connaître via HK Vidéo, Christophe Gans signe évidemment avec Crying Freeman un film référentiel. A travers l'aventure de son héros solitaire et mutique, Yo (Mark Dacascos), pris au piège par une secte d'assassins, les Fils du Dragon, c'est tout un pan du cinéma HK des années 80 et 90 qu'on revisite sur les 100 minutes bien remplies de Crying Freeman.

    En allant chercher David Wu, le montaeur de John Woo, Gans donne à son métrage une couleur résolument typée, à base de ralentis extrêmement travaillés, de clichés visuels typiquement HK (les colombes qui s'envolent au ralenti, des hommes de mains qui jouent simmultanément du pistolet tout en avançant), faisant même cohabiter plusieurs univers dans son film. En effet, aux triades qui se bagarrent la domination d'un territoire, tout droit sorti des polars made in HK, s'adjoint une sorcière échevelée aux ongles crochus qu'on croirait échappée du monde fantastique de Zu, les guerriers de la montagne magique (Tsui Hark, 1984). Au milieu de ce duel formidablement filmé, se trouvent deux personnages qui échappent un peu à ces règles : le Freeman, un homme sans identité à l'origine géographique sans importance : le Freeman peut insuffler sa vie dans n'importe quelle enveloppe corporelle, et l'inspecteur Netah (Tchéky Karyo), dont l'apparence et le caractère semblé hérité des policiers à la française de Jean-Pierre Melville (voir la séquence de l'enterrement du chef yakuza, à laquelle il se rend en imper et chapeau mou comme Alain Delon dans Le samouraï).

    8798243590_812e99ff67.jpg

    Les influences sont multiples mais très bien digérées, au service d'un scénario musclé. Les temps morts sont très rares (Nita et sa coéquipière qui bavassent à l'hôpital, un interrogatoire un peu mou), car à part ces quelques réserves, Gans s'est démené pour consteller son film de scènes d'anthologie. C'est simple, en le prenant de bout en bout, on savoure chaque séquence jusqu'à ce que le générique de fin apparaîsse : rien qu'une scène relativement anodine comme le assage de Yo par les douanes de l'aéroport est un grand moment de mise en scène, tout en travelling latéral, illuminé par le style racé de Mark Dacascos. La relation amour/haine entre Netah et Lady Hanada, somptueusement masochiste, atteint un sommet lors de la scène d'amour moite dans un placard à persiennes.  Crying Freeman est un film qui passe très vite, et qui a la bonne idée de garder son meilleur pour la fin. Le combat mené par Yo contre une horde de yakuzas, maniant consécutivement un arc, des katanas et des fusils d'assaut (oui, oui ! concession faite au producteur Samuel Hadida) est un enchaînement ininterrompu d'images immédiatement cultes. L'on se rappelera avoir bien usé la VHS à cet endroit précis, à causes de multiples visionnages. Il faut ici dire que la prestation martiale de Mark Dacascos est brillante, inondant de son charisme la scène forestière de cet affrontement final. Sa participation à Crying Freeman, même s'il s'agit là d'un de ses premiers films, reste aujourd'hui le point culminant d'une carrière ensuite enterrée par une foule de Direct to Video. Le couple qu'il forme avec sa protégée dans le film (le belle Julie Condra) est tout à fait crédible, d'autant plus que les deux acteurs seront dès lors inséparables à la ville.

    Habité par une caméra virtuose et un casting impeccable, Crying Freeman, dans toute son exubérance et sa violence froide, dépasse le simple hommage et ravit pour lui-même ; Gans signera plus tard un Pacte des loups bien plus contestable et Silent Hill, une réussite certaine dans le sous-genre très casse-gueule des adaptations de jeux vidéos.

    Source images : photos promotionnelles du film © Metropolitant Filmexport

    Disponibilité vidéo : en DVD zone 2 - éditeur : Metropolitan Filmexport

  • L'homme invisible (1933)

    Cliquez sur l'image pour accéder à la chronique du film de James Whale :

    L'Homme invisible (The Invisible Man, James Whale, 1933) lobby card du film

  • Hommage à Ray Harryhausen (1920-2013)

    8720250058_38e885af4e.jpg
    Le voyage fantastique de Sinbad

    Un des grands maîtres de l'animation en stop-motion s'est éteint, le 7 mai 2013 à l'âge de 92 ans. Ray Harryhausen était un grand illustrateur de l'imaginaire au cinéma : il a fait vivre, sous les yeux grands ouverts de spectateurs éberlués, un cyclope (dans Le septième voyage de Sinbad, Nathan Juran 1958), des dinosaures (dans La vallée de Gwangi, Jim O'Connolly, 1969), la déesse Kali (dans Le voyage fantastique de Sinbad, avec John Philip Law dans le rôle-titre), les puissantes divinités oeuvrant autour des humains dans Le choc des Titans, sans oublier le fameux combat de squelettes dans Jason et les argonautes. Sam Raimi saura s'en souvenir dans Evil Dead III : l'armée des ténèbres. Elargir l'éventail des possible dans la représentation des légendes fantastiques à l'écran : cela semblait une devise pour cet amoureux de l'animation.

    Disciple de Willis O'Brien (pionnier des trucages en stop-motion avec Le monde perdu sorti en 1925), Harryhausen découvre sa vocation dans ce cinéma de l'impossible, des mythes et légendes. Son apport technique significatif à l'industrie des effets spéciaux fut la généralisation de la double-exposition pour combiner figurines animées images par images et prises de vues réelles : auparavant, la technique la plus souvent utilisée était la rétroprojection ! A travers cette myriade de personnages exotiques, lointains dans le temps et dans l'espace, son oeuvre a marqué des générations de cinéphiles.

    Rappelons-nous de ses exploits avec sa scène la plus célèbre dans Jason et les Argonautes (Don Chaffey, 1963) :

    8720285606_93267ae4df.jpg

  • Expo à ne pas rater : Musique & cinéma, le mariage du siècle ?

    8710082574_0c38b0ab89_m.jpgLa vie culturelle parisienne offre une multitude de manifestations hautement intéressante, qu'en ma qualité d'annécien j'ai rarement l'occasion d'exploiter. Cette occasion-là, pour le coup, est à saisir pour tous les amoureux de la musique de films, et de la musique tout court, d'ailleurs. La Cité de la Musique et le commissaire de l'expo, N.T. Binh, permettent ainsi, jusqu'au 18 août 2013, de se plonger dans un univers où les images -souvent magnifiques- se marient à la musique la plus diverse possible.

    Dès l'entrée, le ton est donné : la pénombre ambiante rappelle l'atmosphère ouatée d'une salle de cinéma, et des sujets télévisés sont accessibles en solo (ou en duo) en s'installent confortablement sur des chaises de réalisateurs. Ces sujets télé, compilation d'émissions où s'expriment des réalisateurs et des compositeurs célèbres (Ennio Morricone, Michel Legrand, Alexandre Desplat, John Williams, en regard de Sergio Leone, Jacques Demy, Jacques Audiard et Steven Spielberg), s'adjoignent de panneaux retraçant l'histoire de la musique de films, de la sonorisation en direct par un pianiste au temps du muet, des premières musiques synchronisées, puis de l'usage de musiques pré-enregistrés et des compositions originales : musique symphonique, moderne... La Cité de la musique a profité de l'occasion pour exposer quelques partitions originales, de la main de ces compositeurs qui ont façonné, et qui font aujourd'hui, les grandes heures de la musique de film.

    Certains écrans proposent des choses assez sympathiques, comme pour 2001, l'odyssée de l'espace : les producteurs du film ont demandé au compositeur Alex North de créer une partition originale pour le film, alors que Kubrick, qui y était opposé, choisira de la musique classique, notamment des deux Strauss (Richard et Johann). Sur plusieurs séquences, le choix nous est proposé de choisir entre les deux partitions (celle de North fut finalement enregistrée en 1993, par le Royal Philarmonic Orchestra de Londres et dirigé par Jerry Goldsmith), le visiteur pouvant changer à la volée. Outre la (re)découverte du score, la confrontation entre l'atmosphère musicale de North -moins mélodique, plus moderne- et les images spatiales de 2001 fonde une expérience entièrement renouvelée.

    L'exposition donne à mon sens plus à voir de cinéma, qu'à entendre véritablement la musique : ce n'est pas pour me déplaire, tan la musique, dès lors que l'on parle de cinéma, fait corps avec l'image dans un ensemble que l'on nomme film. Deux autres éléments d’expositions m'ont franchement marqué : un panorama de génériques de début qui fonctionnent principalement grâce à leur bande-son : ainsi, de la partition effrayante de Bernard Herrmann pour Vertigo (Alfred Hitchcock, 1958) jusqu'à celle de Dans la maison (François Ozon, 2012) de Philippe Rombi, en passant par Rosemary's Baby, L'arnaque, Delivrance, Edward aux mains d'argent ou Drive, on embarque pour une petite heure de balade musicale franchement recommandable. Enfin, dans une véritable petite salle de cinéma, 3 grands écrans diffusent côte à côte une sélection de passages de films (souvent très connus) où la musique joue le grand rôle de narrateur. Le petit plus qui prouve le bon travail fourni ? Les images et le son diffusés sont repris des meilleures sources existantes, à savoir leur restauration pour les sorties et blu-ray et les reprises cinéma. Bref, une très belle exposition pour le plaisir des yeux et des oreilles. En plus, un beau livre retraçant l'histoire de la musique de films avec moults photos et documents d'archive est disponible (il sera bientôt chroniqué sur le blog). Pour tous les passionnés de cinéma, c'est l'expo immanquable du moment ! Au fait, aviez-vous reconnu le compositeur Jerry Goldsmith sous un masque de singe pour le visuel de l'affiche ?

    Source image : © Cité de la Musique

  • Tueur d'élite (1975)

    Un film de Sam Peckinpah

    8659088372_6b2a827d59_n.jpgIl faut bien se dire la vérité : de tous les Peckinpah déjà visionnés par votre serviteur, Tueur d'élite (The Killer Elite) est bien le moins bon. Le documentaire sur le film, en bonus de l'édition DVD et blu-ray sorti chez Wild Side, est assez éloquent à ce sujet : personne ne parle du film, mais plutôt de la déchéance de Peckinpah à l'époque (cocaïne & co), de la détestable ambiance de tournage -la jeune Tiana Alexandra est imposée par son mari, le scénariste Sterling Silliphant (Nightfall) méprise toute l'équipe-, ou de la (réelle) difficulté de Peckinpah à faire financer ses projets, alors que sa filmographie est émaillée de chef-d’œuvres définitifs (La horde sauvage, 1969 ; Les chiens de paille, 1971 ; Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia, 1974). Pour autant, ils n'ont jamais rapporté beaucoup d'argent aux studios.

    Ça ne commençait pourtant pas si mal : une première mission réussie par un duo d'agents de la CIA, James Caan (Mike Locken) et Robert Duvall (George Hansen). La complicité est évidente entre les deux frères du Parrain (Francis Ford Coppola, 1972) ; la meilleure séquence du film est là, dans le fou rire qu'ils entretiennent lors d'une virée en voiture : on y voit à la fois les liens forts qui les unissent, mais aussi les prémisses d'un désespoir commun qui semble les condamner... Puis Hansen trahit son camp et passe à l'ennemi, en blessant notamment Locken au genou et au coude.

    La suite, si elle n'est pas inintéressante, montre la reconstruction physique de Locken, et sa reprise de service pour contrer son ancien pote. L'enjeu ? Protéger un activiste politique jusqu'à son départ pour le Japon. Les pions mis en place, de façon efficaces, laissent présager un pétaradant face à face (Peckinpah style) entre Mike et Hansen. Mais... ce n'est pas l'option retenue. Rappelons ici que Peckinpah a eu des déboires avec le scénario, qu'il a rafistolé au jour le jour sur le tournage... et c'est très visible. Un exemple : la scène, mélangeant comédie, suspense et action (fantôme), de la découverte d'une bombe dissimulée sous la voiture qu'empruntent Locken et sa bande. Le danger de la bombe est évacué en quelques secondes par un officier de police benêt, et la grande explosion est entendue hors-champ, d'une façon étonnement anti-dramatique. Et ça, lorsqu'on est  en face d'un Peckinpah, ça embête aux entournures.

    Une fois le film pris dans un épilogue (plus qu'un dernier acte) un brin longuet, mais plutôt joli (le port de San Francisco et tous les navires de guerre sont bien exploités), arrivent les ninjas. Et là, même si on pouvait se douter que de toutes façons, ça allait nous tomber dessus, ça ne casse pas des briques ; et, alors que Peckinpah voulait le meilleur résultat possible, ce n'est pas à la hauteur des espérances. En termes d'enjeux, la scène a peu d'intérêt ; alors, même si les ralentis à la Peckinpah sont de rigueur, on n'a qu'un échantillon de sa maestria, pas le plat complet. Si la grammaire visuelle du film est restée très classe, la débandade a lieu sur la partie scénaristique, et malheureusement pour Peckinpah c'est à mon sens le plus important. Sur le papier, le casting est bon (avec notamment Mako, et la bonne trogne de Burt Young qu'on a vu à peu près partout), mais la sauce ne prend pas : quand ça veut pas...

    Source image : affiche du film © Exeter Associates

    Disponibilité vidéo : en Blu-ray et DVD zone 2 - éditeur : Wild Side Video.