Depuis quelques jours, l'éditeur Sidonis propose un financement participatif autour de plusieurs sorties consacrées à une figure unique du monde des effets spéciaux : Ray Harryhausen. Ses créations ont illuminé des films d'aventures, de science-fiction, des péplums mythologiques, des films de dinosaures, un panorama relativement complets du cinéma de l'imaginaire. Jason et les argonautes, Sinbad, Le monstre des temps perdus... Ces films aux budgets toujours limités sont les écrins de moments d'animation plus féériques les uns que les autres. Des créatures mythologiques prennent vie, la stop-motion se mêlant poétiquement aux prises de vues réelles.
Ray Harryhausen incarnait un cas unique dans l'histoire du cinéma : son poste de responsable des effets spéciaux le rapprochait en réalité souvent du réalisateur ou du producteur. En effet, il lui arrivait d'être à l'origine des scénarios, de choisir les réalisateurs, de créer des storyboards pour donner des indications de mise en scène... Les sont souvent bâtis autour de ses créatures, lui donnant de fait un rôle central sur tout le processus créatif, quitte à provoquer des frictions avec le réalisateur en titre.

Jason et les Argonautes, Don Chaffey, 1963
Après des parutions en Blu-ray en 2008 chez Sony et en 2018 chez Powerhouse / Indicator, Sidonis prend le relais en France, éditant certains des plus beaux films de la carrière de Ray Harryhausen : Jason et les Argonautes (Don Chaffey, 1963), déjà sorti courant février 2019, la trilogie Sinbad (Le septième voyage de Sinbad, Nathan Juran, 1958, Le voyage fantastique de Sinbad, Gordon Hessler, 1973, Sinbad et l’œil du tigre, Sam Wanamaker, 1977) prévu pour fin mars, en même temps que L'île mystérieuse (Cy Endfield, 1961).
L'éditeur Sidonis a concocté un financement participatif ajoutant quelques cadeaux supplémentaires pour accompagner ces sorties, notamment un livre photo dont la pagination a déjà été revue à la hausse, après que 200% du financement ait été atteint. La campagne est donc déjà un succès, mais d'autres paliers peuvent être débloqués si plus d'amateurs participent ; notamment, un poster de la belle Caroline Munro (James Bond girl également vue dans des productions Hammer et, pour le sujet qui nous intéresse, dans Le voyage fantastique de Sinbad).
Parmi les packs disponibles, l'éditeur a notamment dégoté des exemplaires du guerrier squelette articulé de Jason et les argonautes et de l'artbook édité chez Titan en 2018 sur les affiches des films de Ray Harryhausen. Une initiative à saluer, en espérant la sortie d'autres films si le succès est au rendez-vous.
Le projet Collection Ray Harryhausen sur KissKissBankBank ; vous avez jusqu'au 2 mars pour participer.
La vidéo de présentation de la campagne :
A l'origine idée du vétéran des effets spéciaux Willis O'Brien comme suite du King Kong de 1933, La vallée de Gwangi et sa découverte d'un espace où la vie préhistorique aurait survécu est repris par le grand Ray Harryhausen, en quelque sorte fils spirituel de O'Brien. Les prises de vues, incluant James Franciscus ou Freda Jackson (vue dans A Canterbury Tale de Powell & Pressburger, Les grandes espérances de David Lean ou encore Les maîtresses de Dracula de Terence Fisher, sont bouclées en Espagne. Elles ne sont guère enthousiasmantes, le film prenant toutes sa valeur avec les créatures fantastiques créées par Harryhausen ; un ptérodactyle, une sorte de tyrannosaure (le fameux Gwangi du titre), mais aussi un cheval miniature, et un éléphant sont les attraction de ce film à effets. La fluidité de l'image par image n'aura jamais été si parfaite à l'époque. Le cheval miniature notamment, outre son caractère fantaisiste très rigolo, est formidablement animé. De même, l'animation réaliste d'un éléphant à la fin du film est très réussie.
