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Le film était presque parfait - Page 25

  • Fenêtre sur cour (1954)

    Un film de Alfred Hitchcock

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    Il est toujours agréable de revoir un très bon film. Fenêtre sur cour fait partie de ceux-là, et sa récente édition Blu-ray (un des titres les plus techniquement corrects de la salve Unversal dédiée au réalisateur) était une invitation trop belle à laisser passer.

    L'image que l'on garde en tête, visionnage après visionnage, est celle de James Stewart alité, ou bien cloué à sa chaise, qui regarde à la jumelle ses voisins d'en face ; enfin, surtout Miss Torso au début, sculpturale gymnaste pas avare de ses charmes. Tranquillement, alors que la caméra ne quittera pas un seul instant l'appartement de Stewart, des scénettes prennent vie, alors même que très peu de dialogue ne viennent les accompagner.
    Un couple de jeunes mariés, un autre plus âgé qui dort sur le balcon en cette période caniculaire, une dame seule qui se laisse aborder par le premier venu, un musicien qui vit de fête et de son art, etc. La richesse de ces micro-récits est admirable, et établie avec une telle économie que seul, le langage cinématographique suffit à leur donner du sens. Les champs / contre-champs, cadres dans le cadre, sont si précis et intelligemment agencés, que l'on est scotché du début à la fin. Évidemment, une intrigue prendra le pas sur toutes les autres : un meurtre potentiel, couvert par la banalité de l'existence d'un monsieur apparemment sans histoire. C'était sans compter l'obsession de James Stewart à son égard. Son état le conduit à développer une fascination maladive pour son proche voisinage : du voyeurisme pur et simple. Et, alors que Grace Kelly (Grace Kelly !) se pâme d'amour pour lui, lui n'en a que faire, ou si peu.

    Aujourd'hui, en revoyant ce grand film, ce qui frappe encore plus c'est la frontière tout à fait floue entre l'histoire fictive, celle qu'on s'imagine, que l'on construit dans notre tête en se basant sur quelques indices épars, et la réalité, qui prend soudainement forme sous nos yeux. Elle est là, tangible, alors que pendant la majeure partie du métrage, elle n'est que le fruit de suppositions. L'éventail de tous les possibles, au regard d'une situation donnée, s'amenuise ou sélargit, jouant au yoyo pendant tout le film, puis explose dans un final au suspense terrible, comme à l'accoutumée dans les meilleur films d'Hitch ; et puis, au fond, tout cela n'est... que du cinéma. Une redécouverte primordiale.

    Source image : James Stewart dans Fenêtre sur cour © Universal Pictures

    Disponibilité vidéo : Blu-ray zone B et DVD zone 2 - éditeur : Universal Pictures.

  • Kick-Ass 2 (2013)

    Un film de Jeff Wadlow

    9710464564_77330c68a1_m.jpgAprès la réussite incontestable du premier film réalisé par Matthew Vaughn et sa fin très ouverte, tout était en place pour une suite attendue. Vaughn n'étant pas fan de la répétition, il laisse la place à Jeff Wadlow, ici réalisateur et scénariste. Avec la quasi-totalité du casting d'origine, nous voici de retour dans le monde barré de Kick-Ass, qui, s'il n'est pas un super-héros à proprement parler (pas de super pouvoirs à l'horizon, ni d'artefacts proprement liés au fantastique), il y ressemble diablement... sauf que, la plupart du temps, ce sont les méchant qui lui "bottent le cul".

    La suite... devenue pratiquement un genre à part entière, que l'exercice est périlleux ! On compte bien plus de plantages désastreux que de réussites, dans un temps où la pratique se multiplie plus vite que les Gremlins après un bain de minuit. Rien que ces dernières années, Iron Man 2 et Sherlock Holmes : Jeux d'ombres étaient venus confirmer le statut accidentel de la réussite de ces deux franchises. A ce stade, disons-le tout net : Kick-Ass 2 s'en sort franchement mieux, en gardant des éléments primordiaux de la réussite du premier opus, en faisant évoluer les personnages (et surtout celui de Mindy / Hit Girl) de façon convaincante. 

    Les premières minutes offrent un rappel de certaines scènes cultes du premier (Mindy qui se fait tirer dessus par son père, l'arrivée à l'école) pour décoller au quart de tour tout de suite après. Si Mindy fait toujours usage d'un langage de charretier et Dave / Kick-Ass a toujours autant la loose -mais avec du courage !-, l'action se fait plus présente, notamment par l'intermédiaire des deux armées qui se font face : celle des héros de Justice Forever, groupe fondé par le Capitaine Stars and Stripes (Jim Carrey, méconnaissable et absolument excellent), et celle des grands méchants du Motherfucker, dominée par une bodybuildeuse russe tout simplement surhumaine ! La Mother Russia envoie par exemple une dizaine de flics au tapis en quelques minutes grâce à un attirail tout à fait improbable (dont une tondeuse à gazon), et donc jouissif.

    Kick-Ass 2, c'est dont Kick-Ass avec plus de tout : de personnages, de combats, de grossièreté, de musique. Mais la vraie bonne orientation -qu'il aurait été difficile de rater- est de faire de Mindy la véritable héroïne de l'affaire. Détonante dans le premier, Chloe Grace Moretz est ici attachante et très .. Hit Girl, avec le meilleur passage du film à son crédit : la révélation qu'une fille de 15 ans reste, malgré tout le conditionnement possible, une fille de 15 ans...

    Très bon divertissement qu'on attendait pas à ce niveau, Kick-Ass 2 reçoit haut-la-main la médaille de la meilleure suite de films de super-héros depuis The Dark Knight (Christopher Nolan, 2008)... C'est dire !

  • Niagara (1953)

    Un film de Henry Hathaway

    9682258817_67b4aa1ee9_m.jpgComme son titre le laisse supposer, le film de Henry Hathaway (connu pour ses westerns et ces films noirs, comme c'est le cas ici, il a aussi réalisé le superbe Peter Ibbetson) prend pour décor la rive canadienne des chutes du Niagara, destination privilégiée des jeunes mariés pour leur voyage de noce. C'est justement le cas des Cutler (Jean Peters et Casey Adams), qui découvrent en leur voisins des personnages bien étranges : la sublime Rose Loomis (Marilyn Monroe) et son mari George (Joseph Cotten). Ce couple n'est pas en très bon termes...

    Ce film en Technicolor utilise diablement bien les décors naturels des chutes, capturant toute leur beauté, mais aussi sa terrifiante violence. Le bruit des chutes s'écrasant sur les rochers emplir le film, de même que cette bruine subtile qui fait apparaître, comme un tour de magie, des arcs en ciel dans les coins du cadre. Dès la scène d'ouverture, ce mélange de beauté et d'étrangeté saisit le spectateur, quand George Loomis paraît s'extirper des chutes (en fait une balade matinale, arguant par une voix-off fatiguée :

    "Pourquoi les chutes m'attirent-elles ici à cinq heures du matin ? Pour me montre combien elles sont immenses et combien je suis minuscule ? Pour me rappeler qu'elles n'ont besoin de l'aide de personne ? Très bien, elles l'ont prouvé. Et puis après ? Il leur a fallu dix mille ans pour devenir indépendantes. Qu'y a-t-il d'extraordinaire à cela ? J'imagine que moi aussi, je pourrais le devenir, mais cela demanderait peut-être un peu plus de temps..."

    Une aura métaphysique plane déjà sur le film. On retrouve l'homme hanté par ses démons, déjà prisonnier d'un destin funeste. L'ombre du film noir obscurcit aussi ce film pourtant lumineux, qui s'attache constamment à montrer des extrêmes : des paysages magnifiques associé à une ambiance de dégoût, lassitude, de mort... Le film débute d'ailleurs par cette voix-off citée au-dessus, trait récurent de ce courant qui nous a donné de ce beaux moments de cinéma.

    Hathaway voulait James Mason dans le rôle de George Loomis, mais Joseph Cotten parvient sans mal à incarner cette enveloppe fatiguée par la vie. Marilyn, au plus fort de sa beauté irrésistible, est incroyablement désirable, occupant la place de la femme fatale si caractéristique du noir. Lorsqu'elle débarque avec sa robe rouge/fushia dans une petite soirée de l'hôtel où elle séjourne, et fait tourner la tête de tous les hommes présents, le temps semble s'arrêter, elle devient alors l'unique centre d'intérêt ; concentrant toutes les obsessions, tel le soleil qui irradie tout.

    Ne parler que de Marilyn serait un tort, tant Jean Peters, femme très belle également, occupe son rôle avec une vraie prestance. Elle constitue une version de la femme plus réelle, plus consciente aussi, que Marilyn, qui incarne ici le fantasme absolu. Hathaway, ravi de sa collaboration avec Marilyn, lui donne ici l'occasion de briller, et de montrer une facette plus sombre, plus que dans n'importe quel autre film. Ce ne sera que le début, car avec Rivière sans retour (Otto Preminger, 1954), Sept ans de réflexion (Billy Wilder, 1955) ou évidement Certains l'aiment chaud (Billy Wilder, 1959), la carrière de l'actrice aura été à la hauteur du mythe.

     

    Source image : affiche du film © 20th Century Fox

  • Jack le chasseur de géants (2013)

    Un film de Bryan Singer

    9579317338_ff4e9a0ba0_m.jpgOyez, oyez, gentes dames et preux messieurs, je vous ai délaissé trop longtemps. Bien trop longtemps, quelques vacances bien méritées ayant été suivies par une période de travail comme rarement j'en ai connu. Ceci expliquant cela, si l'on veut... Mais cela ne pardonne pas l'absence de chroniques, car le feu cinéphile m'anime toujours, et toujours plus.

    Abordons aujourd'hui, si vous le voulez bien, le dernier "crime" de Bryan Singer, qui es loin d'être un manchot dans le genre (y compris son mal-aimé Walkyrie, qui est pour le coup très bon). Là, je l'avoue, je n'ai pas très bien compris ce qui avait amené le bonhomme à accepter pareille commande. Rien dans sa filmographie ne le destinait à aborder le monde du merveilleux et des contes de l'enfance, comme celui de Jack et le haricot magique. Le merveilleux est ce qui offre le plus de promesses de dépaysement, de voyage dans l'imaginaire, bref d'une vision inédite d'un monde inconnu. Paradoxalement, c'est ce même genre (incluons la fantasy dans le lot, même si le vocable là aussi est devenu furieusement contradictoire) qu'aujourd'hui nous sert et ressert, recyclant les mêmes artefacts, les mêmes personnages : bienvenue, trolls et sortilèges, princes et damoiselles souffrant mille périls. Ici, les géants sont d'une pauvreté visuelle juste révoltante, semblant surgir des premiers temps de l'infographie sur pellicule. La cité des nuages en rappelle bien d'autres (de Miyazaki à Avatar, mais ce dernier avait déjà copié sur l'autre, donc ça ne compte pas vraiment), bref c'est la bérézina la plus complète (et encore, je ne suis pas allé le voir en 3D...).

    L'histoire, elle est amené de façon encore plus indigente : la prise de la première graine est une scène ridicule, comme si l'on voyait les scénaristes bien embêtés par ce haricot qui doit tomber de façon non-intentionnelle juste sous la maison du pauvre Nicholas Hoult... Le degré de fantaisie est réduit à sa plus simpliste expression, certes malgré quelques touches d'humour bienvenues (le jeu de séduction Nicholas Hoult - Eleanor Tomlinson). Et lorsqu'on se prend sur le fait, à penser qu'une série comme Once Upon a Time, malgré sa qualité générale assez moyenne, fait mieux sur son épisode dédié au même conte, on se rend bien compte de l'échec quasi-complet de l'entreprise... Bryan, qu'es-tu allé faire dans cette galère ?  Le monde fantastique d'Oz, sorti quasiment en même temps, ne s'en ai presque pas mieux sorti, malgré -là encore- un réalisateur qui nous avait habitué à bien mieux : Sam Raimi...

  • Un baquet de sang (1959)

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