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Le film était presque parfait - Page 24

  • Carrie au bal du diable (1976)

    Cliquez sur l'image pour accéder à la chronique du film de Brian De Palma :

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  • Saturn 3 (1980)

    Un film de Stanley Donen

    10924760404_34ab0e51cc_m.jpgOFNI doit devant : ce film de science-fiction réunit Kirk Douglas, la drôle de dame Farrah Fawcett (première créditée au générique !) et Harvey Keitel ; le casting impose déjà une minute de silence pour son audace... Le film devait être réalisé par John Barry, chef-décorateur sur Star Wars IV, mais, à la suite des éternelles "divergences artistiques", celui-ci fut aussitôt remplacé par Stanley Donen ; Monsieur Chantons sous la pluie (1952) ou encore Charade (1962), excusez du peu ! L'assemblage de ces talents n'ayant cependant rien à voir avec la science-fiction, on commence à avoir des doutes sur la qualité du résultat... malheureusement rapidement confirmé au visionnage. Les trois vedettes sont bien seules dans cette station spatiale perdue aux confins de la galaxie, où Kirk Douglas se fait plaisir avec Farrah, de trente ans sa cadette.

    La trame mélange allègrement un peu de 2001, l'odyssée de l'espace (Stanley Kubrick, 1968) pour son robot sujet aux troubles du comportement, et Soleil Vert (Richard Fleischer, 1973), pour son portrait peu reluisant de la femme et la réflexion sur la vieillesse. Ses modèles sont évidemment à mille lieues de Saturn 3, qualitativement parlant ! les vues de maquettes ne font pas mystère de leur caractère artificiel et horriblement mal fini ; la profusion de plans filmés au grand-angle, pour agrandir l'espace, est assez pénible. Pour le coup, on regrette que le film n'ait pas été tourné sur l'île volcanique de Lanzarotte, comme prévu à l'origine, mais entièrement en studio.

    Un trou noir semble avoir englouti le scénario (aucune explication sur le geste de Benson (Harvey Keitel, doublé par Roy Dotrice car Donen n'aimait pas son accent !) au début du film, où tout finalement se réduit à la tension sexuelle suscitée par Farrah Dawcett ; et si, dit comme cela, cela peut donner envie, gardez-vous bien de le regarder ! Tout au plus remarquera-t-on le traitement intéressant donné au rapport entre le robot Hector et Benson, avec la connexion synaptique qui les relie (le robot apprend tout de Benson et finira par en devenir une copie).

    Saturn 3 n'a donc pas volé ses nominations comme pire film, pire acteur (Kirk Douglas, bon là, c'est un peu méchant, tout de même), et pire actrice pour Farrah Facett en 1981.

  • Gravity (2013)

    Un film d'Alfonso Cuarón

    10590136436_5e85dfd133_m.jpgCuarón est un cinéaste au parcours décidément étonnant : débutant la mise en scène par des contes pour enfants et une comédie remarquée (Y tu mam tambien, 2001), il enchaîne par un Harry Potter (le prisonnier d'Azkaban, parmi les meilleurs de la saga), un film d'anticipation qui accède instantanément au statut de grand classique (Les fils de l'homme, 2006). 7 ans après son dernier film, il débarque avec une aventure spatiale ébouriffante.

    Véritable défi aux effets spéciaux d'aujourd'hui, Gravity se présente d'abord comme le film high-tech par excellence. Simulation d'apesanteur, plan-séquences à répétition, c'est une prouesse technique. Mais pourquoi est-ce aussi une petite révolution, comme on a pu le lire ici ou là ? Car, à proprement parler, Gravity n'est vraiment un film, en tout cas pas dans l'acception la plus couramment usitée. Il s'agit en fait d'une sorte d'attraction, de "film dont vous êtes le héros", de "film pour Futuroscope" extraordinairement réussi. Expliquons-nous : la quasi-totalité du métrage se situe dans l'espace, avec deux personnages (interprétés par Sandra Bullock et George Clooney). Suivant un canevas aussi simple qu'efficace qu'une suite ininterrompue de catastrophes, le spectateur est littéralement au milieu du champ de bataille spatial, avec les acteurs. Les sensations, dès lors, sont viscérales, et dépassent souvent le regard légèrement distancié avec lequel on regarde habituellement un film. L'expression "être dedans" prend ici tout son sens.

    La performance de Sandra Bullock ensuite, assez inédite, est remarquable ; et, malgré le sentiment que l’amoncellement de péripéties en rajoute un peu trop (qui rappelle d'ailleurs la progression des jeux-vidéos), on ne peut qu'être happé par les événements qui semblent "nous arriver". C'est là, à mon sens, que la réussite du film est la plus évidente. Et c'est le premier film que je recommande à tous de visionner en 3D, la 2D risquant de faire perdre une bonne partie de cette immersion inédite. Je me demande d'ailleurs comment le film va s'en sortir sur nos écrans domestiques, aussi grands soient-ils... Non, on ne nous a pas menti. Gravity est une véritable aventure à la première personne, à ne pas rater au cinéma !

  • Cinéma en tout genre(s) : le cinéma se déchaîne à Annecy !

    10423334215_3946dfb772_m.jpgUne fois n'est pas coutume, je me fais aujourd'hui l'écho d'une initiative que j'ai portée (avec d'autres !) à la bibliothèque de Bonlieu : un cycle de rendez-vous ludique autour du cinéma de genre. Science-fiction, arts martiaux, fantastique, nanars, animation... Il s'agit d'une présentation du genre à la bibliothèque, puis une projection au cinéma MJC Novel (chez qui j'adore le CinéZik ou les projections spéciales comme celle de Forbidden Zone, que je n'aurais pas imaginé une seule seconde voir au cinéma). On vous attend nombreux !

    Voici l'alléchant programme concocté par notre équipe et celle de la MJC Novel :

    Rendez-vous à la bibliothèque Bonlieu :
    23 novembre 2013 15h : Avoriaz, 20 ans de fantastique
    07 décembre 2013 15h : L'Asie, de Bruce Lee à Kurosawa
    18 janvier 2014 15h : Science-fiction et contestation
    22 février 2014 15h : Ciné US, 70's : la révolution par le genre
    22 mars 2014 15h : Nanars en barre
    26 avril 2014 15h : Anim'Story

    Les séances cinéma à la MJC Novel* :
    23 novembre 2013 18h30 : Carrie au bal du diable (Brian De Palma, 1976)
    07 décembre 2013 18h30 : La rage du tigre (Chang Cheh, 1971)
    17 janvier 2014 20h30 : Metropolis (Fritz Lang, 1927)
    21 février 2014 20h30 : Chinatown (Roman Polanski, 1974)
    21 mars 2014 20h30 : Plan 9 From Outer Space (Ed Wood, 1959)
    26 avril 2014 18h30 : Le voyage de Chihiro (Hayao Miyazaki, 2001)

    *Films présentés en VOST français

    Retrouvez toutes les infos sur BiblioFil, le site des bibliothèques du réseau de l'agglomération d'Annecy.

    Voici une petite vidéo, réalisée par votre serviteur, pour vous mettre en appétit :



    Source image : brochure de l'événement réalisée par Globule Verte

  • Room 237 (2012)

    Un documentaire de Rodney Ascher

    10125038886_d56b39b051_m.jpgLe cinéma de Stanley Kubrick n'en finit pas de fasciner ; la raison est simple : la propension du cinéaste au secret, à combiner à une somme ahurissante de documentation pour chacun de ses films, son perfectionnisme, en fait une personnalité idéale pour l'analyse et l'interprétation. Room 237 est, ainsi, un film sur Shining (1980) et ses théorie. Par l’interview de quelque fan(atique)s du film, Rodney Ascher ne cache cependant jamais le véritable sujet de Room 237 : rien moinns que la cinéphilie, dans ce qu'elle a de plus maladif. Des détails microscopiques, a priori intentionnels de la part de Kubrick (une marque de levure par ci, une affiche publicitaire par là) deviennent des instruments pour la démonstration d'une théorie sur l'holocauste, le massacre indien ou la création de l'alunissage de la mission Appolo 11 en 1969 ! Cette dernière théorie avait d'ailleurs fait l'objet d'un docu-menteur particulièrement réussi (William Karel, 2002).

    Shining est ainsi ausculté sous toutes les coutures pendant 1h40 de voix-off d'intervenants passionnés. Le doc est du coup bien plus centré sur eux (bien qu'on ne les voit jamais à l'image), plutôt que sur le film ; le film entend mettre sous l’œil d'un microscope la passion cinéphile dans ce qu'elle a de plus extrême. Le point commun des théories ici présentées étant qu'elles sont toutes indubitablement contestables, ou quand la persuasion de l'orateur (qui, lui, est formidablement convaincu), ne passe pas la barrière de l'écran. Les images essayent pourtant d'accompagner au mieux les discours des fans ; mais c'est souvent pour mieux apporter un contrepoint démontrant au contraire les limites de l'argumentaire. Les extraits présentés, en essayant de mettre en image les interviews, ne réussissent parfois qu'à complexifier encore plus la compréhension du film : on voit aussi bien des extraits du Shining version TV de Mick Garris, que des films d'horreur plus ou moins connus (dans le désordre, The Terror de Corman, La maison des damnés de John Hough, des montages dans l'image du film de Shining qui montrent les personnages regardant le film dans lequel ils sont en train de jouer... Des manipulations pas toutes de la meilleure eau pour servir le propos.

    Les enregistrements des interviewés, se lançant dans des digressions homériques, ou s'interrompant pour aller voir pourquoi son garçon crie (véridique !) apportent l'éclairage nécessaire sur le projet de distanciation de Room 237, en même temps qu'il plonge dans des arcanes nébuleuses, les plus capillotractées qui soient.

    Pour autant, il règne sur Shining une atmosphère pesante et mystérieuse qui est du même coup bien retranscrite dans le documentaire, et quelques trouvailles font mouche (l'impossible circuit de Danny dans son tricycle, ou l'impossible fenêtre du bureau du gérant Halloran, Jack qui lit un Playgirl en attendant son rendez-vous). A savoir aussi, Room 237 étant réalisé par un américain, la version de référence de Shining est la version longue, que nous ne connaissons en France que peu (rallongée d'une demi-heure, elle comprend des scènes qui changent quelque peu la perception du film dans son ensemble, comme la découverte par Wendy Torrance (Shelley Duvall) d'une salle remplie de squelettes à la fin du film - plus d'infos sur les éléments rajoutés). En réalité, le director's cut de Kubrick apparaît être la version que l'on connaît en Europe, pour laquelle il a coupé des scènes qu'il jugea par la suite inutiles ou trop explicites.

    Room 237 est ainsi un voyage un peu fou, un peu dérangé, un peu raté aussi (mais bel effort tout de même !), au pays d'une cinéphilie du détail, qui montre aussi ce que nous mettons en jeu dans la vision d'un film, ce que l'on y projette de nous-mêmes, et pourquoi, finalement, le rapport au film est à chaque fois éminemment personnel. Fou, Shining ne l'est pas moins. L'amateur saura y trouver quelques informations qu'il s'obstinera à vérifier par un nouveau visionnage...

    Disponibilité vidéo : en DVD zone 2 - éditeur : Wild Side Video, sortie nationale le 27 novembre 2013