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états-unis - Page 48

  • La baronne de minuit (1939)

    Cliquer sur l'image pour consulter la chronique du film de Mitchell Leisen :

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  • District 9 (2009)

    Un film de Neill Blomkamp

    3977437346_17f0f18f57_m.jpgSorti de nulle part, Neill Blomkamp voit son premier long-métrage produit par Peter Jackson, Monsieur Entertainment des années 2000. Le réalisateur néo-Zélandais voulait en effet produire un premier film et, ayant repéré les travaux de Blomkanp, spécialisé en effets spéciaux (séries télé, pubs), il lui a dans un premier temps proposer de réaliser l’adaptation convoitée du jeu vidéo Halo. Alors que la pré-production était bien engagée (essais de costumes compris), Universal et Fox, qui ont promis 120 millions de dollars de budget, font machine arrière. Le projet ne verra jamais le jour. Mais Peter Jackson, conscient du talent de son protégé, lui assure 30 millions pour réaliser le film qu’il veut. Ce sera District 9, inspiré du court métrage Alive in Joburg, que Blomkamp réalisa quelques années auparavant. Fruit d’une liberté artistique totale, film de science fiction à tendance politique (ou l’inverse), District 9 transforme-t-il l’essai ?

    Un vaisseau alien flotte au dessous de Johannesburg. Les extra-terrestres sont parqués dans des bidonvilles attenants, jusqu’à ce que les autorités décident, pour le confort de leurs administrés de délocaliser les intrus dans une zone... plus lointaine. En réalité, derrière tout ça se cache, entre autre, une société spécialisée dans l’armement, et les armes alien, logiquement surpuissantes comparé aux technologies terrestres, doivent être confisquées et étudiées.

    Le film se caractérise par son appartenance à la science-fiction : le vaisseau alien, les créatures, les technologies sont de tous les plans. Mais le film n’est pas que ça, et, dira-ton, pourrait faire l’impasse sur la science-fiction. En effet, la forme du métrage, sous forme de reportage, réellement filmé à Johannesburg, dans ce qui ressemble à de vrais bidonvilles, brouille les pistes entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est, malgré les extra-terrestres et leur caution de fiction. De mêmes, le film se veut une parabole non dissimulée sur le racisme, l’apartheid et les dérives du capitalisme. Un discours solide sur la relation humain / alien positionnent les hommes dans un rôle loin d’être engageant, tellement sûrs d’eux et de leur supériorité qu’ils ne voient pas venir l’inéluctable, et font l’impasse sur la nature de leurs invités. La logique narrative qui veut que le spectateur se place immanquablement du côté de l’opprimé, opère ici, ainsi se verra-t-on compatissants vers ces créatures qui ont pourtant tous les atours de la monstruosité.

    Au centre de l’histoire, un homme, Wikus, va subir une mutation extra-ordinaire, faisant lorgner le film vers le séminal La Mouche (1986) de David Cronenberg. L’accent est plus appuyé sur la relation d’amitié entre Wikus et un alien que sur les effets psychologiques sûrement dévastateur d’une telle mutation. Il serait long de faire la liste de tous les genres que brasse le film, qui, visuellement, demeure un vrai film de genre, entre science-fiction, fantastique et action. Les fusillades, combats, cavalcades, sont ici la norme, et nous font entrer de plain pied dans une zone de guerre. C’est sûrement là où le film manque d’équilibre, trop axé dans sa deuxième partie sur un enchaînement d’action non-stop, qui finit par tuer l’enthousiasme de la découverte d’un mélange nouveau, et sincère. Le réalisateur met en effet beaucoup de lui-même, et reflète la vie et le futur tel qu’il les voit, de façon plutôt sombre. Il met également ses connaissances en avant, à commencer par Shalto Copley, qui tient le rôle de Wikus. Personnel, District 9 révèle la patte d’un auteur, qui fait aussi état d’une trop grande dispersion dans la deuxième partie du film. Comme beaucoup de premiers films, il a voulu caser tout ce qu’il a toujours voulu  voir dans un film ; à l’image de Peter Jackson et de son King Kong (2005), Blomkamp est peut-être trop "généreux" dans ses effets, sans connaître de mesure. Qualité qui peut, comme ici, se transformer en défaut, tant on sortira du film en ayant l’impression d’avoir trop manger. Certains plats du menu, par contre, étaient exquis.

  • The Offence (1972)

    Pour accéder à la chronique, cliquez sur l'image ci-dessous :

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  • Les Indestructibles (2004)

    Un film de Brad Bird

    3951988907_ccaa1b2245_m.jpgNotamment assistant animateur pour Les Simpsons, Brad Bird, déjà réalisateur du Géant de fer (1999), ni plus ni moins qu'un des meilleurs films d'animation américain des années 90, se retrouve aux commandes des Indestructibles chez Pixar ; ce dernier étant à nos yeux le plus à même de représenter la versatilité géniale du talent de ce studio.

    Les Indestructibles n’est pas forcément le film préféré du jeune public, un peu long pour maintenir son attention, utilisant parfois des techniques inhabituelles (le simili-documentaire du début).  Il se veut l'alchimie de trois dimensions bien distinctes, tout à la fois film de super héros, film d'espionnage à la James Bond, et finalement irrésistible comédie.

    L'action et l'expression paroxystique des supers-pouvoirs forme le premier axe, pierre angulaire des autres dimensions. L'élasticité de la mère, que ce soit dans le cercle familial (la bataille des deux enfants autour de la table) ou professionnelle -elle se coince dans trois portes automatique d'un coup, l'action et le comique de répétition se rejoignant- y est pour beaucoup. De même, la super-vitesse de Dash, le fiston, est exploitée à plein potentiel lors de la course sur l'île -rappelant d'ailleurs la poursuite des droïdes à la fin du Retour du jedi. Sa folle fuite l'amènera à marcher sur l'eau ; son grand étonnement l'égard de cette prouesse allant de pair avec la nôtre. On repousse les limites, dans tous les domaines. La vitesse est figurée par un procédé de mise en scène classique, mais diablement efficace : la caméra qui suit le mouvement du jeune garçon allant toujours moins vite que lui, tout reste ainsi en mouvement l'intérieur du cadre, le garçon comme l'arrière-plan ; l'immersion dans l'action marche alors à plein régime. Le volet action s'enrichit d'ailleurs d'un véritable côté vidéo-ludique à la première personne, lors de cette course et des affrontements entre M. Indestructible et les machines infernales, créées par un mystérieux adversaire, ou encore pour cette course sur l'eau ayant des airs de Mario Kart. Ces actes surhumains sont orchestrés de bien belle façon en opérant un décalage entre la vie normale des héros - une loi les a obligés à arrêter leur activité de justicier, évidente influence Watchmenienne - et leurs exploits homériques. Dans la vie quotidienne, ils peuvent utiliser leur pouvoir sans le faire exprès, sans forcer, ce qui provoque déjà des différences flagrantes avec l'humain ordinaire, tel Robert Parr alias Mr. Indestructible, qui, dans un geste de colère, soulève sa voiture à mains nues, en référence à la première apparition de Superman de la revue Action Comics. Le décalage est exactement le même lorsque Dash veut faire du sport : avec sa vitesse, il peut battre n'importe qui, mais il doit maintenir des performances humaines faisables ; ce qui occasionne une séquence justement très décalée, dans laquelle le garçon varie sa vitesse selon les indications de ses parents, dans les tribunes. Lors de leurs vrais exploits là ils sont réellement surhumains, exploitant la pleine puissance de leur pouvoir. La marche sur l'eau justement, ou bien M. indestructible qui arrête un train. Ce décalage permet un vrai discours sur l'altérité et sur l'identité : on est qui on est, on est ce qu'on fait.

    2ème dimension, l’aspect espionnage, influence James Bond, est clairement mis en avant : le repaire secret, digne d’un Dr No, la sophistication des gadgets (mention spéciale à la porte sécurisée d’Edna), les paysages paradisiaques et, bien sûr, la musique ad hoc, inspirée en droite ligne des symphonies de John Barry. Mr Indestructible devient donc un agent en couverture, devant cacher à sa femme ses activités, roulant sur l’or et appréciant les excentricités que lui permet son nouveau train de vie. Le fil rouge du film  reste la mission secrète qui sort M. Indestructible de sa retraite forcée. Les exploits de M. indestructible dans la base sont spectaculaires, mais finalement logiques vu ses capacités. James Bond, lui, est tout autant un super héros indestructible (voir ses incroyables  prouesses dans toute la franchise), mais sa condition d'humain lui donne une connotation too much, qui se transforme dans Les indestructibles en comédie.

    En effet, les indestructibles est une comédie de situation, également comédie de gestes, exploitant ses personnages dans une dynamique familiale, proche de nous. La palme revenant au personnage d'Edna, la styliste ; l'excellent doublage de Amanda Lear fait des merveilles, en injectant au personnage sa patte hautaine. Sa performance est d'ailleurs très second degré ; en en rajoutant des caisses, elle ne fait qu'amplifier sa force comique. En réalité, toutes les autres dimensions du film participent à l'élan comique de l'ensemble. La dynamique familiale, liée à la force des super-pouvoirs de chacun, et à la mission secrète de M. indestructible, construit une architecture du rire tout simplement remarquable.

    Disons enfin deux mots sur les prouesses visuelles du film. Les textures sont extrêmement détaillées, plus que dans aucun autre Pixar auparavant. Les cheveux, l'eau, la glace ont un rendu photo réaliste bluffant. La gamme colorimétrique utilisée est très variée, et sa précision en fait un spectacle total.

    Oscar du meilleur film d'animation, les indestructibles n'ont pas volé leur titre. On les attend de pied ferme en haute définition.

  • L'enquête (2009)

    Un film de Tom Tykwer

    3940468174_028f5b3897_m.jpgLe réalisateur de Cours, Lola cours (1999) fait son bout de chemin aux États-unis. Après Le parfum, adaptation assez réussie malgré des séquences casse-gueule, il nous revient avec un thriller tendance parano, héritier des films politiques des années 70, sous-genre qui semble, aujourd'hui plus que jamais, refléter une réalité déformée par la désinformation et le double langage. Le fantôme commun à tous ses films, l'assassinat de JFK, flotte sur plusieurs séquences du film et notamment sur celle, quasi identique au drame, du meurtre du nouveau directeur de la banque IBBC. On a droit à une analyse de trajectoire directement inspirée des exploits des Jim Garrison à la commission Waren, et à la certitude de la présence d'un deuxième tireur, éternelle question officiellement éludée par la théorie de la balle magique défendue par cette même commission. Conformément à la thèse du complot et au destin d’Oswald, le premier tireur est d'ailleurs lui-même piégé et tué pour la cause.

    Ici, un duo d'agents d'Interpol enquête sur la mystérieuse disparition d'un de leurs collègues, pour remonter vers la fameuse banque aux ramifications tentaculaires. Illustre aînée de cette Enquête, Les hommes du président (1976) est cité de façon plus imagée à travers l'impressionnante fusillade finale, à l'intérieur du musée Gugenheim. La structure ovale, donnée par la perspective des étages du musée, lui donne l'aspect d'un réseau labyrinthique suggéré dans le film Pakula par le fameux plan de la bibliothèque du congrès en plongée, immense réseau dont Woodward / Redford et Bernstein / Hoffman, souris cherchant la clé du mystère Watergate, veulent dénouer les fils. Les cadres, de la même façon, ne cesse judicieusement de positionner l'homme constamment seul, perdu au milieu d'un vaste ensemble aux limites indéfinissables (halls immenses, voies de circulation, mégapoles infinies). Il doit ainsi trouver les limites, aller jusqu'au bord et les dépasser, pénétrer la zone interdite, seule détentrice possible d'une vérité.

    L'héritage est visible, l'hommage appuyé, ce qui enlève quelque peu de sa valeur au film. Ces vieilles ficelles, créant un suspense prenant, n'en font pas moins un agréable moment de cinéma, loin des films palôts du type L'affaire Pélican, pourtant réalisé par Pakula lui-même, qui ont essayé de marcher sur les traces de ces mêmes inspirations dans les années 90. Clive Owen est un acteur magnétique, l'air toujours inquiet, à qui ce genre de rôle sied particulièrement. Les fils de l'homme d'Alfonso Cuaron (2006) lui avait déjà donné l'occasion de parcourir, regard hagard, les cadres aux tonalités pessimistes d’un monde trop contrôlé. Naomi Watts, elle, reste étrangement un cran en dessous, trop proprette pour convaincre.

    L'enquête s'inscrit dans le même temps en relecture de notre époque immédiate, s'auto-désignant comme film de la crise. Le milieu des banques, pointé du doigt, est aujourd'hui logiquement légal cinématographique des laboratoires pharmaceutiques (The Constant Gardener, 2005) ou des partis politiques (A cause d’un assassinat, 1975). Sans faire preuve d’originalité, bien conscient du modèle de films qu’il convoque, Tom Tykwer signe donc là un honnête suspense.

    Source image : affiche du film © Sony Pictures Releasing France