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Le film était presque parfait - Page 43

  • La malédiction de la panthère rose (1978)

    Un film de Blake Edwards

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    Bien des années ont passé depuis La Panthère Rose inaugurale et son deuxième opus paradoxalement fondateur, Quand l'inspecteur s'emmêle (A shot in the dark, Blake Edwards, 1964). Menant topujours la bataille du gag burlesque qui n'en finit pas, le tandem Edwards / Sellers aura passé presque deux décennies à imaginer de nouvelles cascades humoristiques, tours de passe-passe comiques, à l'inusable et impassible inspecteur Clouseau. Revenge of the Pink Panther (titre original du film) constitue le sixième épisode de la saga -en comptant l'Infaillible inspecteur Clouseau, réalisé par Bud Yorkin en 1968 avec Alan Arkin dans le rôle-titre, et l'on arrive ici au point de rupture d'un concept basé avant tout sur le comique de répétition. 

    Point de rupture d'abord, par l'effet d'éternel recommencement dont nous gratifie Blake Edwards, avec des scènes répétées de film en film : la convalescence de ce pauvre inspecteur Dreyfus tyrannisé par la maladresse -presque géniale- de Clouseau, les attaques répétées de Kato, les inévitables chutes aquatiques ou encore les déguisements improbables de Clouseau -mention spéciale au marin affublé d'une perruque rousse type balai-brosse et d'un perroquet gonflable ! Il ira même, le temps d'une courte séquence, jusqu'à prendre l'identité de Dreyfus... le déguisement ultime, en quelque sorte !

    Point de rupture ensuite, car le film s'engage enfin dans un style purement 70's, délaissant les cadrages posés et débordant de vie, colorés, des 60's. S'en dégage alors un feeling bien moins festif, la fantaisie devenant un n'importe quoi généralisé (avec dans le lot un passage avec uin travesti un peu glauque).

    Passé un générique animé, excellent comme à l'habitude, les gags s'enchaînent moins systématiquement, faute à la trop grande place laissée à une intrigue mafieuse à l'intérêt très discutable. Un des parrain de la French Connection, Philippe Douvier, doit montrer aux autres clans qu'il est toujours le maître à bord : il promet de (faire) tuer Clouseau, l'homme à la stature internationale qui leur à donner tant de fil à retordre ces dernières années. Exploit qu'il croira accompli, une cérémonie ô combien poignante à la clé (discours funèbre d'un colonel Dreyfus limite extatique inclus). Son tueur fou sera néanmoins maîtrisé très facilement par Clouseau, croyant à une attaque surprise de son majordome.

    La seule originalité valable de cet épisode fatigué est la transformation de la "résidence Clouseau" en maison des plaisirs par Kato. D'un coup d'un seul, on rentre dans un film d'exploitation asiatique, les costumes mordorés et les tentures rouges envahissent le cadre, d'accortes demoiselles se pressant autour d'un Clouseau perdu. 

    La girl du jour n'est pas des plus intéressante (Dyan Cannon, habituée des séries TV), sa voix haut-perchée et son débit-mitraillette en faisant un personnage énervant, presque antipathique. Le délire va peut-être loin, finissant dans une apothéose  colorée, un entrepôt de feux d'artifices faisant office de dernier arrêt avant le tour de cirque. Malgré la teneur objectivement correcte de gags sensés provoquer le rire, c'est un air assez languissant et triste que nous joue cette Malédiction... Dernier épisode avant la mort de Peter Sellers, il aurait été pluis que temps de tirer le rideau sur cette idée d'abord géniale de Blake Edwards. Il y en aura pourtant quelques autres, dont le reboot des années 2000 n'est pas le pire représentant (cette place étant tenue sans conteste par A la recherche de la panthère rose, Blake Edwards, 1982). 

  • Star Wars : The Clone Wars (2008)

    Un film de Dave Filoni

    images?q=tbn:ANd9GcTF52IDUqGqRMESyFQTt8J6GWaEYmWlsjigbS9-S664nwUoDZTPXjZyJaMOAprès avoir revu il y a peu la prélogie Star Wars, je me suis intéressé à la série d'animation proposée par George Lucas, décidément très occupé à faire fructifier son coup de génie de 1977 (la ressortie prochaine de l'Episode I en 3D allant dans le même sens). Force est de constater qu'au début, ce n'est pas si simple.

    Pour illustrer la guerre des clones, qui se déroule principalement entre les épisode II (L'attaque des Clones) et III (La revanche des Sith), Lucas offre en 2003 au réalisateur Genndy Tartakovsky (Samurai Jack) la possibilité de donner vie à ces affrontements pour une série en 2D de trois saisons au format très court (un épisode dure trois minutes !). Son nom : Clone Wars. Le style graphique est particulier, on devine un budget a minima, mais la mise en scène est dynamique et donne dans le Star Wars pur jus pour les fans en attente de l'Episode III. Ils y découvrent pour la première fois à l'écran le général Grievous, figure maléfique de La revanche des Sith, ou Ventress, apprentie du comte Dooku, qui donne à Anakin sa cicatrice au visage. La série s'arrête à l'exact moment où commence l'Episode III, quand Obi-Wan et Anakin Skywalker viennent secourir Palpatine, prisonnier du comte Dooku (Christopher Lee).

    Plusieurs années plus tard, Lucas, pas si fier de la série de Tartakovsky (peut-être estime-t-il ne pas y avoir laissé suffisamment sa griffe), relance la machine pour une nouvelle série, Star Wars : The Clone Wars (notez la légère différence d'appellation), au but similaire. Le scénario est par contre entièrement inédit, et l'aspect viseul sera assez différent, proposant un rendu 3D en images de synthèse. Lucas  encadre totalement le projet avec Lucasfilms, crédité comme créateur et producteur. Et, pour lancer en fanfare cette nouvelle franchise estampillée Star Wars, les premiers épisodes s'offrent une sortie cinéma à l'été 2008, sous la forme d'un film de 1h40.

    Alors que la guerre des clones fait rage, Anakin Skywalker se voit assigner une apprentie en la jeune personne de Ahsoka Tano. D'abord encombré par sa novice, il va apprendre à l'accepter. Devant cet arrière-plan psychologique, le film nous emmène sur les terres désolées et familières de Tatooine, et plus précisément dans le palais de Jabba le Hutt. Bien embêtée, la grosse larve verte a perdu... son bébé ! qui l'a kidnappé ? En mission diplomatique, Anakin et Obi-Wan vont s'évertuer à démêler les fils d'une affaire moins claire qu'il n'y paraît...

    Deux choses sont évidentes à la lecture de ce résumé : 1/ l'intrigue est absolument ridicule et 2/ on comprend pourquoi Lucas a voulu tenter une sortie cinéma pour ces épisodes pilotes. En effet, ils sont centrés sur des éléments très familiers du fan de Star Wars, et même de tous ceux qui ont déjà vu un épisode de la saga. Tatooine, ses étendues désertiques et ses deux soleils, l'immonde Jabba, C-3PO et R2-D2 sont des repères que le spectateur a plaisir à retrouver. Ils constituent néanmoins des éléments relativement inédits du fait de leur traitement graphique (une 3D rudimentaire pour les personnages aux têtes cartoony malheureusement peu expressives) et de leur traitement narratif : on en apprend plus sur l'antre de Jabba - un ancien monastère piraté -, les stratégies militaires et les négociations politiques sont au centre des enjeux.

    Devant une tenue visuelle toute relative (les personnages sont sommairement animés, seuls les décors et le design sonore, en grande partie hérités de la saga, sont valables sur grand écran, on serait tenté de dire que ces épisodes auraient du rester l'apanage de la télévision où ils seraient passés sans trop de problèmes. La relative vacuité de l'intrigue, en plus de son non-sens (un bandit comme Jabba aidé par deux des meilleurs Jedis de la République ? Pour retrouver son bébé ? Hmm...) fout tout par terre. Dès lors, même si les séquences d'action sont réussies, le "film" ne peut pas emporter la pleine adhésion de son public. Ce qui est bien dommage, tant les épisodes suivants de la première saison sont bien mieux lotis en terme de scénario. Le visuel, lui, reste du même acabit ; il a ses détracteurs, je trouve personnellement que l'esprit Star Wars est bien présent ici. Voir briller un sabre laser, un vaisseau silloner l'espace vers des planètes multiples et variées, entendre la déclamation caractéristique de Yoda ou C-3PO, dans le cadre d'une série télé où la trame narrative s'étend sur plusieurs épisodes, ça me va tout à fait. Le "film", beaucoup moins. Mais ne vous y trompez pas : il s'agit là du pilote de la série... qui n'est pas présent dans le coffret de la saison 1 !

  • Ciné d'Asie : Battle Royale (2001)

    Un film de Kinji Fukasaku

    6271929926_d71ae46b87_m.jpgDans un futur proche, suite à la constatation d’une trop grande délinquance chez les jeunes, une classe de troisième, sélectionnée au hasard, va se retrouver sur une île déserte afin de participer à Battle Royale, un jeu où out le monde doit s’entre-tuer. Le seul moyen d'y réchapper est d’être le seul survivant au bout de trois jours. Dans ce contexte, que deviennent les amitiés, et encore plus les haines, les jalousies ?

    Avançons d'abord que le concept, d'une force peu commune, n’est malheureusement pas utilisé jusqu’au bout ; cependant, si on a voulu du choc, on est servi. Les élèves ont leurs armes, donnés par les autorités en présence. Ils sont très (trop?) rapidement prêts à se tuer les uns les autres. Ils captent vite le but du jeu, paniquent aussitôt ; Kitano, en prof implacable, mais aussi désabusé, est magistral.

    Ce qui marque, c’est la force du message, mis en images très brutalement.  Le pays, marqué depuis ses origines par le culte de l’excellence, est le seul où le suicide représente le plus fort taux de mortalité chez les jeunes.  Une fois ces données en tête, le film n’apparaît plus alors que comme une extension de la réalité. L’île représente le Japon à échelle réduite, et les étudiants sa population. Au centre du microcosme, les passions, les haines, les rancœurs se transforment en un double monstrueux, la pulsion de mort.  

    La violence crue est aussitôt désamorcé par toutes sortes d’artifices : l’introduction d’une possible histoire d’amour et la fameuse superposition de la musique classique sur des scènes d’horreur. 

    La charge subversive de ce film (Fukasaku filme l’échec de son pays) est incomparable. Le décompte des décès est imparable, précis et cruel. Cela accentue la banalité de la mise à mort dans le contexte créé par le scénario.  

    Quelques scènes sont réellement inoubliables, et pour longtemps : l’exposé de Kitano dans la salle de classe, le gunfight dans le phare, une déclaration d’amour dramatique, … Présidé par une air lancinant de révolte qui gronde, le film reste aujourd'hui aussi fort qu'à sa sortie, brutal et désespéré. 

  • Les enchaînés (1946)

    Un film de Alfred Hitchcock

    6206878894_0f85524862_m.jpgHitchcock ne disait-il pas, à propos du meilleur thème du cinéma, "Boy meets girl" ?

    Il applique ici sa formule maîtresse à la lettre, Ingrid Bergman tombant instantanément amoureuse d'un Cary Grant apparemment imperturbable. Ah, Bergman qui vous dit en face, ne vous connaissant alors même pas, "You know what ? I like you." Ça aurait de quoi faire réagir n'importe quel homme (être humain?) d'une façon électrique. Cary, lui, est sous les ordres. FBI, ça ne rigole pas. Il n'est pas payé pour tomber amoureux fou d'une fille d'espion nazi, que le Bureau veut recruter par son entremise.

    La belle histoire est ainsi contrariée par une mission, dont sera chargée l’héroïne : découvrir le fin mot dans une affaire de trafic de minerais… Pour cela, elle devra faire tous les sacrifices : renouer avec un ancien ami, se marier avec lui ( ! ), avec le consentement expéditif mais étrange de son amoureux, qui au fond de lui, n’aime pas du tout cette affaire. Son problème ? Il n’ose jamais s’avouer la vérité : oui, il est dingue de cette fille. Mais s'en apercevra-t-il assez tôt ?

    Comme souvent chez Hitch, la caméra est la véritable star du film. Contre-plongées, déformations optiques, caméra subjective, … Hitchcock sort toute sa panoplie pour nous servir un bon suspense, raffiné et cruel. Voir la séquence des bouteilles de champagnes, où un même plan incessant vient compter les bouteilles restantes lors d'une soirée chez le nouveau mari de Ingrid Bergman -l'infâme mais si courtois Claude Rains. Ou encore, ce plan où tout change pour l'héroïne, lorsqu'elle découvre la vérité de sa condition : pas de musique, juste un zoom rapide sur son visage décomposé, contrastant avec le contre-champs de ces bourreaux insouciants. La mécanique du suspense est déjà totalement acquise, comme Hitchcock le démontrera à de nombreuses reprises ; on se rappelle de la partie de tennis dans L'inconnu du Nord-Express (Strangers on a train, 1951), où les coups sont montés en parallèle avec la tentative désespérée de Bruno pour récupérer une montre bien compromettante. Hitchcock, ou la solution (une des …) à la question cruciale : comment passer un bonne soirée ?