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états-unis - Page 28

  • Mars Attacks ! (1996)

    Un film de Tim Burton

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    "Désintégrer des célébrités à l'aide de pistolets à rayon laser me semblait juste une idée judicieuse"

    Tim Burton par Tim Burton, de Mark Salisbury, 1999

    Quand le scénariste Jonathan Gems lui présente les cartes à jouer Mars Attacks pour en tirer un film, Tim Burton, alors mal à l'aise après le bide de Ed Wood (1994), entrevoit la possibilité de tout faire sauter, en même temps qu'adjoindre à son prochain film un humour caustique qui n'épargne pas grand monde. 

    Devant la menace d'une invasion extra-terrestre, un groupe de personnes va devoir réagir. Reporters, scientifique, promoteur immobilier, américains moyens, et bien sûr le président des États-Unis. Et ce qui saute aux yeux... est que la plupart ne sont pas à la hauteur de l'enjeu. Pire, il sont tous d'une crétinerie finie. Enfermés dans des archétypes (le guérillero ultra patriote, le chef des armées qui veut dynamiter tout ce qui bouge, le présentateur télé surtout soucieux de son lustre capillaire, la futile femme du président, le conseiller libidineux, etc.), ils ne sont présents que pour être atomisés en règle par une bande de martiens belliqueux. Un jeu de massacre anar à l'humour féroce. 

    Mars Attacks !, c'est aussi un casting cinq étoiles qui peut vraisemblablement concourir pour le plus prestigieux jamais vu dans un film (Sin City, de Robert Rodriguez et Frank Miller, pourrait y participer aussi). Ce défilé de stars rappelle évidemment les films-catastrophes du producteur Irwin Allen, où se côtoyaient quelques stars du moment et -surtout- d'anciennes gloires d'Hollywood. Le parallèle est amené jusque sur l'affiche du film, où les têtes s'affichent sur une bande sur la partie basse du visuel, comme c'était le cas pour L'aventure du Poséidon (Ronald Neame, 1972), La tour infernale (John Guillermin, 1974) ou encore Tremblement de terre (Mark Robson, 1974).

    De la même façon qu'on pourrait scinder la distribution entre les nouveaux (Pierce Brosnan, Natalie Portman, Jack Black) et les anciens (Nicholson, Glenn Close, Pam Grier, Jim Brown, Rod Steiger), On peut également les diviser entre les ridicules (la plupart) et ceux qui ont les égards du réalisateur -les mis à l'écart, grand cheval de bataille de Tim Burton. Ainsi, la jeune fille du président subit les événements et regarde, du lointain, la guerre que met en marche son père. On rapprochera volontiers son personnage de celui de Lydia, la jeune gothique de Beetlejuice (1988), interprétée par Winona Ryder. Son détachement des choses de la vie normale, et son contact surréaliste avec la société - sentiment partagé par Burton - est patent, comme en témoignent ses déambulations dans la Maison Blanche, interrompues par un agent de sécurité car "une visite est en cours". Elles vivent toutes deux au beau milieu d'un carnaval permanent, plus témoins qu'actrices, composant avec ce monde imposé. 

    Les vignettes s'égrennent, laissant à voir des humains pathétiques, mais avec un humour évident et communicatif. Les séquences de destruction sont jubilatoires, offrant un contrepoint parfait au patriotique Independence Day (Roland Emmerich, 1996) sorti quelques mois plus tôt -qui n'a cependant pas influé sur le film, Tim Burton confessant ne pas l'avoir vu avant. Et, si l'on peut déceler, de ci de là, un certain manque de rythme, c'est que la vocation chorale du film semble échapper à la maîtrise de Burton, signant quelques transitions d'une rare lourdeur (telles ces limousines qui passent dans les quartiers pauvres, avec à leur bord des personnages hétéroclites), il se rattrape bien dans les scènes guerrières, où chaque mouvement de foule (soucoupes volantes, militaires, aliens s'armant), chorégraphié, anime le cadre avec élan. La musique de Danny Elfman (réconcilié avec Burton depuis leur brouille sur L'étrange Noël de Monsieur Jack), martelant des airs martiaux à l'aide d'un thérémine sorti des années 50 (familier de Burton depuis Ed Wood), accompagne ces plans avec puissance et ironie contenue.

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    C'est une toute autre musique qui aura raison des envahisseurs, la country de Slim Withman répondant, encore une fois, à la flottante calypso entonnée par Harry Bellafonte dans Beetljuice. Dans chaque cas, la partition semblant émaner d'un autre monde, d'une voix dont l'origine humaine est difficilement décelable... Burton se moque de ces films de SF qui trouvaient une résolution risible, mais aimait dans le même temps leur imagerie fantastique, avec ces extra-terrestres au crâne sur-dimensionné comme dans Les survivants de l'infini (Joseph M. Newman, 1955), leur petite combinaison verte et leur pistolet laser semblables à des fusils à eau. Et nous rions avec lui devant ce spectacle déchaîné, d'un éclat parfois acide mais incontrôlable ; un film des plus satiriques, un sommet de politiquement incorrect sans pareille dans carrière du réalisateur.

  • Le chat noir (1934)

     

    Retrouvez la chronique du Chat noir en cliquant sur l'image ci-dessous :

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  • X-Men : le commencement (2011)

    Un film de Matthew Vaughn

    5909044021_c5998762c3_m.jpgQu'on se le dise : l'anglais Matthew Vaughn est le meilleurs réalisateur de film fantastique en activité ! Déjà derrière la réussite de Stardust, il nous livre avec ses X-Men des origines le plus jouissif film de super-héros depuis... Kick-Ass, qu'il avait réalisé en 2010. Pourtant, l'affaire était loin d'être entendue.

    Disposant de 13 mois pour boucler un film titanesque, du casting à la direction artistique jusqu'au tournage et à la post-production maousse (plus de mille plans à effets spéciaux), c'est à un véritable marathon que Vaughn s'est livré. Perfectionniste et attentif à mettre sa griffe sur le projet, il aura tourné et retouché le film jusqu'à la dernière minute. Et son travail passionné est diablement payant, son film s'inscrivant clairement comme le meilleur épisode de la saga... dont il était parti en claquant la porte quelques années plus tôt, lorsqu'il devait réaliser X-Men 3 (mis en boîte par Brett Ratner). Ironie, quand tu nous tiens, c'est Bryan Singer lui-même, réalisateur des deux permiers opus, qui est venu chercher Vaughn.

    Deux idées fortes hissent le film plus haut que le tout-venant des films de super-héros : premièrement, la volonté d'en faire un vrai film d'époque (la crise des missiles à Cuba fait office de toile fond, avec costumes, décors et accessoires ad hoc), et ensuite d'orienter le feeling du film vers le film d'espionnage à la James Bond ; la grande histoire croise les destinées particulières, dès la première séquence du camp de concentration. Décorum et péripéties ancrent le film dans des références qui, si elles ne sont pas nouvelles, clament leur originalité lorsque le sujet principal se cantonne aux  super-héros.

    Comme il l'avait précédemment prouvé avec Kick-Ass, Vaughn sait bien que plus un film se déroule dans un espace-temps fantastique, plus le film doit être à l'écoute de ses personnages. Ces derniers sont le coeur du film et ne sont nullement sacrifiés par l'action, tout de même bien présente. Eric et Xavier évoluent donc parallèment au fil des années, développant chacun une philosophie sur leur état de mutant. Il est clair que l'environnement familial (aisé pour Xavier, marqué par la violence et la mort pour Eric) joue un rôle prépondérant. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, les postures de chacun, bien qu'antagonistes, trouvent d'abord des points d'achoppement, pour ensuite lentement les éloigner. La progression de leur relation est extrêmement bien pensée, les séquences s'écoulant en désignant subtilement leur différence. La soif de vengeance d'Eric, on le sait bien, ne peut être étancher que par les extrêmes, tandis que Xavier, philosophe, prend du recul.

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    Le film n'est pas avare de séquences drôles, comme les affectionne Matthew Vaughn, n'hésitant pas à montrer les jeunes mutants pour ce qu'ils sont : des enfants en construction, pour qui le plus important, pour un temps, est de s'amuser. La séquence de la recherche des mutants, notamment, est euphorisante, et l'apparition clin d'oeil de Hugh Jackman est un sommet dont on aime à se le rappeler, longtemps après la projection.

    Michael Fassbender, dans le rôle d'Eric / Magnéto, est tout simplement exceptionnel. Chacune de ces apparitions laissent exploser son charisme, animal mais fragile, épaulé par la musique efficace d'Henry Jackman. Pour lui tenir tête, James McAvoy est lui aussi un très bon choix, tant on entre en empathie avec tous ses profils. Ainsi, quasiment tous les personnages s'en sortent sans caricatures, même si l'on peut reprocher à Kevin Bacon / Sebastian Shaw d'en faire un peu trop, dans la veine des méchants extravagants des James Bond avec Sean Connery (et January Jones lui rend bien ça, en blonde volcanique bien éloignée de son rôle dans Man Men). 

    Si, dans l'ensemble, les effets spéciauix tiennent la route, c'est tout de même dans cette partie que le film paie le tribut de sa chaotique création. Effets numériques par trop voyants, ou maquillages inégaux (l'armure de Magnéto, qui, si elle respecte scrupuleusement le look du comics, donne dans le mauvais goût), c'est là et seulement là, à notre sens, que le bât blesse. 

    Le voyage est en tous les cas fort plaisant, et l'on ne serait pas contre (pour un fois), revoir ses personnages campés tous admirablement. Et l'on se dit que, tout de même, le "retour aux origines" sied bien à ses super-héros souvent en manque de racines (psychologiques, sociales, ...). 

  • Monster House (2006)

    Un film d'animation de Gil Kenan

    5750490478_b0951bc57a_m.jpgSéquence Je me souviens : Festival du film d'animation d'Annecy 2006, je fais partie des chanceux qui peuvent voir en avant-première le film de Gil Kenan, jeune réalisateur récemment remarqué pour son court-métrage The Lark. Salle bondée, lunettes 3D chaussées, l'unviers disparaît dans la pénombre et deux figures bien connues se fendent d'une introduction filmée : Steven Spielberg et Robert Zemeckis. Après un compliment élogieux pour le festival ("greatest animation film festival in the world", quand même !), ils disparaissent et le film commence, non sans être marqué d'un cartouche explicite (AFF pour Annecy Film Festival) au cas où un facétieux pirate se trouve dans la salle et filme ladite projection. 

    Spielberg et Zemeckis ne sont pas là par hasard, l'un par le biais d'Amblin, société de production cèlèbre pour ses films à succès typiquement 80's où une bande de gamins mis face à un événement ou un objet qui sort de l'ordinaire (Les Goonies, les Retour vers le futur, le Secret de la Pyramide, Bigfoot et les Henderson, Gremlins, ...), et l'autre par le biais de sa société d'effets spéciaux, Image Movers, qui expérimente depuis le Pôle express la symbiose entre animation et prise de vues réelles avec la Performance Capture.

    Gil Kenan retrouve le feeling propre aux années 80 et à ses fameuses productions Spielberg en nous intéressant au parcours de 3 jeunes, D.J, Jenny et "Chewing Gum", confrontés à une maison vivante, sinon hantée. La dynamque de drague inhérente au trio est également typique des premiers émois amoureux, et bien croquée. Moins insouciants que les plus âgés (et moins débiles, répondant à l'image quasi-délinquante de la baby-sitter et de son copain Squelette), ils attachent de l'importance à des faits étranges que semblent perpétrer la maison d'en face de son propre chef. Leur secret ? leur propension à croire à l'impossible, du moment qu'ils en sont témoins. ici, les adultes mettent un moment avant de s'apercevoir que la maison bouge, alors même que des mouvements perceptibles ont lieu en plein jour. on retrouve la camaraderie des Goonies et le quartier résidentiel impersonnel, en apparence sans histoires, de tous ses films.

    La façon de filmer les abords du voisinage est tributaire du style Zemeckis, caméra flottant et virevoltant dans des mouvements impossibles. L'intro, suivant une feuille orangée d'automne juste tombée de l'arbre, rappelle un plan signature de Zemeckis notamment vu en intro de Forrest Gump, la feuille étant là remplacée par une plume, subissant pareillement le souffle du vent. La progression vers la maison, tout en caméra flottante au ras du sol, rappelle aussi les mouvements gracieux et néanmoins anxiogènes de Apparences, un Zemeckis mineur. Aux couleurs chaudes de l'automne, succèdent des teintes fluorescentes une fois franchi le seuil de la maison. Verts, rouges, tranchant dans un noir étouffant, installent une atmosphère réellement effrayante (le squelette de la grosse femme prisonnier d'une cage en sous-sol), comme dans certaines scènes des Goonies ou d'autres production Spielberg qui, malgré leur statut de divertissement tout public, se permettaient des incursion dans l'horreur (le coeur violemment extirpé à la main d'une pauvre victime dans Indiana Jones et le Temple Maudit, les squelettes et les liquides visqueux des Goonies et des Gremlins, ... 

    Le croquemitaine affiché disparaissant rapidement (le vieux Nebbercraker, propriétaire belliqueux de la maison, interprété par Steve Buscemi), la maison seule parvient à sinsinuer comme une personnage à part entière, mais dont l'humanisation va à contre-courant de la traditionnelle bonté disneyenne : montrant les crocs dès que l'occasion le permet, elle fume abondamment (par la cheminée, m'enfin...) et n'hésite pas à réquisitionner les deux arbres de son jardin pour les transformer en bras gigantesques. Pivot du film, son design, sa transformation et son animatio, sont exemplaires : l'effort des animateurs à l'air de s'être concentrer quasi-uniquement sur ce point, et leurs efforts se voient récompenser tant la vision paraît accomplie, à défaut d'êter réellement novatrice. On reconnaîtra en effet des empruns au Oogie Boogie de l'Etrange Noël de Mr Jack, ainsi qu'au Château ambulant de Miyazaki. Les personnages, à l'instar du Pôle Express, semblent un peu mécanique, sans âme, même si une marche semble avoir été dépassée. leur coupe Playmobil n'est pas non plus du plus bel effet, mais comme on l'a vu, l'essentiel est ailleurs. 

     Plus que la performance d'exploitation de l'outil Performance Capture, qui permet de transposer plutôt fidèlement la performance d'acteurs en chair et en os sur des modèle en image de synthèse, on retiendra ici une mise en scène qui, par sa maestria, abolit les frontières entre animation et prises de vues réelles. Monster House peut faire partie de ce cercle fermé de films d'animation qui pourrait convertir les réfractaires au cinéma d'animation en général tant le rythme, les cadrages, les mouvements d'appareils, sont semblables à ce qui pourrait se faire en live, tout en le dépassant (de nombreux déplacements, travellings rapides, ou points de vues, s'affranchissant de la densité des objets, étant irréalisables "en dur". Distillant une véritable ambiance, arrivant à s'approcher du spectateur par l'écriture fine des personnages, Monster House montre encore aujourd'hui qu'il tient la distance, et que, malgré un film live (la Cité de l'Ombre) aux échos peu élogieux, Gil Kenan est prometteur.