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états-unis - Page 29

  • La blonde explosive (1957)

    Un film de Frank Tashlin

    208_194106.jpgRéalisé dans la foulée du très drôle La blonde et moi (The Girl Can't Help It) déjà avec Jayne Mansfield, La blonde explosive alias Will Success Spoil Rock Hunter met la barre plus haut. Livrant une critique acerbe de la télévision et de la publicité, Tashlin aligne dès son excellent générique des vignettes qui font mouche : la démonstratrice s'arrache des touffes de cheveux en peignant sa chevelure traité au shampoing corrosif, la ménagère lave sa vaisselle avec un produit radioactif (!), ...  Si le ton est donné, il ne sera pas si déjanté que celui de La blonde et moi ; les gags visuels sont présents mais ne constituent qu'une partie congrue du métrage. Tourné dans un beau Cinémascope, mettant en valeur chaque décor, chaque texture dans un ensemble stylisé -nous sommes dans le milieu des publicistes, dont le look a du servir de référence dans la série Mad Men- le film rapelle le chef d'oeuvre Sept ans de réflexion (Billy Wilder, 1955), tiré du même auteur.

    La composition de Jayne Mansfield, tout en cris et soupirs de jeune starlette, est difficilement supportable sans un second degré constant. Il n'est pas pour autant unidimensionnel : elle maîtrise finalement tout le jeu médiatique créé autour d'elle, jouant de son attractivité sexuelle (même le héros, qui ne cessera d'aimer sa promise, est sous le charme - voir la courte séquence après son baiser, où tel un somnabule, il manque de se faire renverser). Saisissant à bras le corps les idéaux de beautés féminines et de réussite sociale, Tashlin réussit, dans un film volontairement too much porté par des caricatures, à dessiner des trajectoire intéressantes pour les personnages, dont chacun sort grandis. Oui, l'on aura droit au bon vieux happy end, mais pas forcément celui que l'on pourrait d'abord imaginer. La critique sociale pointe son nez dès qu'elle le peut (aliénation de l'individu par le travail, prépondérance de l'acomplissement personnel par le matériel, obsession de la réussite sous toutes ses formes), l'humour qui s'en dégage n'étant que plus percutant. Les visages sont radieux, les décors saturés de couleurs, (presque) tout paraît... conforme. Si ce n'est ces trouvailles visuelles qui doivent beaucoup au passé d'animateur pour la Warner. Pop corn qui explose sous l'effet du désir, un ersatz de Tarzan qui perd ses poils, ... Les idées fusent, jusqu'à inclure un nombre impressionnant de références cinématographique sur le panorama d'alors (dont sur La blonde et moi, plusieurs fois cité !). Lorsqu'un réalisateur en arrive à faire des auto-citations, c'est qu'il a tout de même un univers bien ancré, identifiable. et dans cet univers, on y retournerais bien... pour se replonger dans la sophistication jubilatoire de l'ensemble, un cocktail bien frappé digne des meilleures comédies de situation !

  • L'étoffe des héros (1983)

    Un film de Philip Kaufman

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    Philip Kaufman, réalisateur plutôt rare (12 films en 40 ans), aura sûrement atteint son meilleur avec L'étoffe des héros, récit au long cours suivant les quelques pilotes américains qui permirent les débuts couronnés de succès de la conquête spatiale. Ainsi Chuck Yeager (premier homme à franchir le "mur du son" dans un bruit assourdissant qui a étonné les gens d'alors), John Glenn, Alan Shepard, Gordon Cooper, Virgil Greesom et Walter Schirra furent recrutés pour participer au programme Mercury, dont le but était d'envoyer des hommes dans l'espace.

    Adaptant lui-même un livre de Tom Wolfe, Kaufman a la bonne idée de ne pas entrer tout de suite dans le vif du sujet, mais plutôt de développer les personnages au travers de leur carrière d'origine, des pilotes de vitesse. Risquant leur vie pour le dépassement de soi, ils poursuivent tous la performance ultime, celle qui restera dans les mémoires. Ainsi, Yeager (Sam Shepard) se livrera à une course à la performance pour conserver son titre d'"homme le plus vite du monde" ; elle fera écho à la course à l'espace, puis course à la Lune que se livreront les Etats-Unis et la Russie. De même l'esprit de compétition sous-tend tout le film et s'illustre à de nombreuses reprises ; les éprouvants tests d'entrée dans la NASA en font évidemment partie, entre une Durant ses séquences de vol, l'impression de vitesse, comme celle du danger, est particulièrement palpable : utilisation des sons off, cadrages serrés des pilots dans leur cockpits, premier plan défilant sur fond statique -les nuages-, plans brefs et survoltés d'une caméra comme en roue libre -lors des pertes de contrôles des appareils. Dans ces moments, on comprend bien la dose d'inconscience qu'il est nécessaire d'avoir pour dépasser certaines limites ; car, pour faire ce qu'aucun homme auparavant n'a tenté, il faut qu'ils aient un petit grain de folie.

    Pour incarner ces véritables kamikazes, là encore Kaufman signe un grand casting : des tronches de cinéma et des tempéraments bien trempés, à commencer par Dennis Quaid avec son air un peu fou, Scott Glenn tout en colère rentrée, et Sam Shepard, la force tranquille. La sensation de groupe constitué et solidaire est prégnante, ainsi qu'une empathie généralisée. Ces critères fondent l'adhésion à l'élan patriotique des héros, qui est somme toute assez risqué en fiction. 

    Kaufman signe donc un récit au long cours (3h05 au compteur tout de même), qui passe comme un éclair, alternant entre les destinées personnelles et communes, l'Histoire en train de s'écrire en même temps que celle, pas moins importante, de ses fondateurs. L'autre bonne idée du réalisateur est d'immiscer de temps à autres des images d'archives sur les débuts de la conquête spatiale. Si la démarche n'est en rien nouvele, elle atteint ici une sorte de perfection dans la façon que ces images ont de coller parfaitement au reste de la fiction, comme si, par elles, le film entier prenait un air de documentaire, magnifié par la rhétorique cinématographique. Décors reconstruits à l'identique, intervention de personnages célèbres (JFK, Gagarine), L'étoffe des héros est ainsi deux films en un. Une réussite incontestable à tous les niveaux.

    Un sujet trouve un réalisateur, à un moment donné dans sa carrière. A ce moment-là, L'étoffe des héros est apparue, une étoffe que possède, à n'en point douter, Kaufman, qui n'a, de plus, pas que ce titre de gloire à son actif (L'invasion des profanateurs, L'insoutenable légèreté de l'être).

  • Tron : l'héritage (2010)

    Un film de Joseph Kosinski

    5676263868_7778300042_m.jpgIl est intéressant de constater le revirement de Disney par rapport à un film émanant de ses Studios. En 1982, Steven Lisberger réalise Tron, premier du nom, et donne un équivalent visuel jamais vu au monde balbutiant des ordinateurs ;  il se prend une grosse claque et le film devient, pour un temps, la honte de Disney. Le Studio nage alors en plein dans cette époque d'incertitude où il ne sait plus trop quoi faire, et semble préférer les films en prise de vue réelles pour un public plutôt mature (Le trou noir, 1979, Les yeux de la forêt, 1980 et pour finir un Taram et le chaudron magique glauque à souhait sorti en 1985) à ses traditionnels films d'animation pour enfants. Le changement d'équipe et de direction artistique mettra un temps à retrouver sa voie, comme nous le montre avec force images d'époque le documentaire Waking Sleeping Beauty.

    Tron donnait à voir l'envers du décor d'un ordinateur dans lequel les puces etautres composants sont remplacés par des humains. Expliquer les concepts abstraits du fonctionneemnt d'un ordinatuer à un public totalement novice était en soi complexe, mais des images inédites venaient soutenir le discours qui, au fil des ans et de la domestication des écrans, fascinèrent de plus en plus de jeunes, plongés eux aussi dans cet univers. 

    Avec les années, Disney veut lui aussi jouer la carte du geek-friendly et mise beaucoup sur une suite lancée à gros coups de billets. Aux 33 millions de budget du premier, Disney allonge 170 millions pour la suite, non sans avoir pris soin de tester le prodige de la 3D Joseph Kosinski et de débaucher Daft Punk, dont le style musical et le public semble avoir été fait pour le film. Le studio souhaite également rentabiliser l'investissement en lançant une série d'animation au casting vocal impressionnant.

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    Visuellement et musicalement, le résultat final est juste splendide : tableaux bichromes aux noirs profonds, dans lesquels des lignes fluorescentes semblent glisser jusqu'à l'infini, des machines volantes au design à la fois arrondi et anguleux filant dans un labyrinthe technoïde. Des motos qui laissent derrière elles des traînées colorées, des arènes changeant de formes dans des mouvements fluides, des combattants qui meurent dans une pluie de pixels. Restant en cela très fidèle au Tron original, Joseph Kosinski s'évertue néanmoins à placer la barre plus haut, le plaisir des yeux restant constant. L'image atteint la perfection idéalisée d'un monde numérique où ni le désordre ni l'usure n'ont leur place. Chaque objet, chaque personnage sont fétichisés à l'extrême, les beautés numériques tout droit sorties de la bande dessinée Skydolls. Il est plutôt logique que Tron : l'héritage gagne cette manche par rapport à son prédecesseur, l'expérience visuelle proposé par Tron ayant pris avec les années un bon coup dans l'aile. Plans statiques, découpage des personnages parfois approximatif, teintes un peu tristes... Musicalement parlant, le premier Tron faisait la part belle aux mélodies synthétiques de Wendy Carlos, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles sont terriblement datées. Si elles font corps avec le film qu'elles accompagnent, une écoute à part est vite lassante. celle des Daft punk pour la suite, ont l'effet contraire : elles emmènent le film à un tout autre niveau, tandis que l'écoute seule est tout simplement électrisante. Tant et si bien que le film paraît par moment n'être qu'un long clip dont tout son pourrait être coupé si ce n'est sa musique. En ce sens, Tron : L'héritage fait irrémédiablement penser à Interstella 5555, le film d'animation de Leiji Matsumoto sur le fond sonore de l'album Discovery des Daft. Une très belle expérience audio-visuelle.

    L'intrigue ne fait pas vraiment dans l'original, représentant tout de même l'antithèse du premier Tron à l'époque. Ne se reposant sur aucune bande connue, il inventait sa propre mythologie. Dans Tron l'héritage, afin de projeter le plus vite possible le spectateur dans le monde fantastique de Tron, le personnage principal (Garrett Hedlund, bien dans le ton d'un Jeff Bridges jeune) plonge rapidement dans le vortex numérique sans que le scénario se soucie de crédibiliser son entrée. Il se retrouve ainsi dans l'arène à manier son disque comme un pro, pour être ensuite, tout aussi rapidement, récupéré par Quorra (Olivia Wilde, au charisme aveuglant) pour être présenté à son père. On retrouve alors un Jeff Bridges qui aurait tout de même du boire un petit café avant de tourner, son regard apathique et son air totalement absent jurant un peu avec l'importance séminale de son rôle. Et la trame scénaristique générale de reprendre des éléments connus de tous les récits mythologiques classiques, à base d'élu ("il est différent", dit un des premiers programmes du jeu), de figure du mal absolu et de sage omnipotent. Il ouvre ainsi la porte à une foultitude de références geek -Star Wars, Matrix, et même Charlie et la chocolaterie !- et au Graal de la SF, 2001, l'odyssée de l'espace. Comme si le film n'avait pas en lui de potentiel mythologique propre. C'est bien dommage, car malgré cela, le résultat final exerce une fascination indéniable. La preuve : après sa vision, je n'ai qu'une envie, le revoir (et le ré-écouter !).

  • Kaboom (2010)

    Un film de Gregg Araki

    8568289018_b20a3aa8a3_m.jpgSmith, sexuellement "undeclared" (comprendre : couche avec des filles comme des mecs), vivote sur le campus en compagnie de sa meilleure copine, une Daria en puissance. Le récit commence comme une comédie surréaliste, avec sa voix-off décalée et son esthétique acidulée. Mais sous cette surface vernie à l'artifice, se terre une chronique douce-amère des errements sentimentaux de ses protagonistes, qui rappelle un peu les BD indé américaines de Daniel Clowes (David Boring en tête). Comme chez Clowes, la tranche de vie vire rapidement à une enquête (qui sont les hommes-animaux qui apparaissent à Smith ?) flirtant avec le film de complot globalisé. Percutant les genres, Araki nous emmène à une terre d'entre-deux jamais évidente, difficile à prendre au sérieux ; comment être fun et étrange, dramatique et onirique ?

    Ainsi, Kaboom se pose un peu comme un gigantesque point d'interrogation narratif, qu'arriverait-il si... ma copine était une adapte de la magie noire, si mon père était membre d'un ordre secret, … Tellement déconnectée de la réalité qu'Araki semble malgré tout vouloir dépeindre, beaucoup de ces propositions bouchonnent l'empathie et l'intérêt du spectateur. 

    A un moment, on pressent que Araki a voulu réaliser un film d'envergure, avec sa galerie de personnages tous trempés dans une intrigue mondiale, une prophétie millénariste et ses grandes questions (jamais résolues). Puis, le film reste coincé par ses limites (budgétaires entre autres) et ses parti-pris (indépendant versus commercial). Il ne ressemble finalement à rien d'autre qu'à un film de Gregg Araki, avec ses obsessions et ses thématiques maîtresses. Un peu comme pour Wes Anderson et La vie aquatique, qui visait le film d'aventures et arrive à ... un film de Wes Anderson, atypique, dépressif et joyeux, dramatique et comique. 

    Kaboom est décevant malgré l'invention, le télescopage des genres et des personnages, car on se désintéresse petit à petit de ce qui se passe à l'écran, jusqu'à un final marquant un certain point de non-retour dans le n'importe quoi intersidéral. C'est dommage tant la première partie (la vie au lycée) est dépeinte avec verve et drôlerie.

  • Expo Sciences & Fiction - aventures croisées à Paris : un must !

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    Appelons cela une "rétro-news", l'info n'étant pas de première fraîcheur, tout en restant dans le thème de l'exposition : depuis le 21 octobre 2010 et jusqu'au 3 juillet 2011, la Cité des Science et de l'Industrie propose, sur le thème Science et Science-Fiction, une exposition littéralement démentielle. Pour ma part, étant de passage récemment dans la capitale, j'ai été interpellé par l'intitulé, tout ce qui comporte les mots "science-fiction" ou "fantastique" m'attirant irrémédiablement. M'attendant à voir tout au plus quelques affiches de films et quelques menus objets "ayant servis sur des films", comme sobrement vanté sur les prospectus, quelle ne fut pas ma surprise lorsque, me frottant les yeux pour en être sûr, je me retrouve nez-à-nez avec la combi de Keir Dullea dans 2001, l'odyssée de l'espace (1968) dans la première salle ! A côté du costume, trônait fièrement les maquettes de vaisseaux du film de Kubrick, ainsi que de sa suite, 2010, l'année du premier contact, réalisé par Peter Hyams en 1984. Encore sous le choc, je pensais avoir vécu le climax de mon voyage... J'étais loin du compte, tant la suite n'a cessé de me transporté loin, là-haut, dans les étoiles.

    Au détour d'objet bibliographiques rares (manuscrits corrigés, éditions originales, prêtés par la Bibliothèque Nationale de France) et d'une belle scénographie (parois illustrées de pages de bandes dessinées, portes en forme de losange comme celles de Planète Interdite), la plus belle accumulation de trésors cinéphiles s'offre à mes mirettes ébahies. Ici, les costumes de Star Trek ; là, un vaisseau grandeur nature (!) ou la tenue impossible de Numéro 6, tout deux sortis de Battlestar Galactica, la série des années 2000. Puis, alors que je ne percevais déjà plus le quand ou le comment, que toutes les dimensions de l'espace se mêlaient dans mon cerveau déboussolé, surgissent les reliques de Retour vers le Futur : l'Almanach des sport et le Hover-Board du 2, la tombe de Doc Brown dans le 3... Point de non-retour. May-Day, May-day, circuits en surchauffe !

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    Dès lors, la collection s'agrandissant au fil des salles (costumes de Blade RunnerMatrix, Men In Black, Dune, masque de Greedo et maquettes de vaisseaux dans Star Wars épisode IV, tête de l'alien de Rencontres du troisième type, scaphandre de Alien, le huitième passager, l'appareil photo numérique fonctionne en mode rafale, mais le corps ne suit plus, c'est trop. Une grande partie de ce qui a fait mon amour au cinéma est là, ou presque. Des heures de souvenirs étalés là, dans quelques mètres carrés. Il aurait juste fallu la DeLorean volante, et j'étais bon pour les urgences. Plusieurs surprises dans ce best-of science-fictionnel : les costumes de L'Âge de Cristal, la présence dans les chronologies des films marquants de Event Horizon ou de Sunshine (on trouve même Planète Rouge, qui, même sans l'avoir visionné, ne semble guère avoir de louanges par ailleurs).

    Hagard, les yeux rouges, la bave aux lèvres tendance épileptique, le nord et le sud semblant s'être déplacés d'eux-même, j'arrive à me frayer un passage jusqu'à la sortie sans défaillir, ce qui se vit comme un exploit. Dehors, le temps semble s'être écoulé normalement, alors que je ne saurais dire combien de temps j'ai passé dans la bulle temporelle de l'expo. Il n'y avait pas tant de monde que ça et tous ne sautaient pas comme des fous à la vue des trésors amassés dans ces salles. Dehors, tout est calme. Je me dis que j'ai peut-être rêvé... mais mon APN me fournit la preuve tangible : tout ça existe bel et bien !

    Si le texte ci-dessus ne vous semble pas très clair, je n'ai qu'un seul conseil à vous donner : courez voir cette expo, et vous comprendrez...

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