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L'étrange noël de Monsieur Jack (1994)

Un film de Henry Selick

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Quoi de plus raccord avec cette période de noël que de consacrer l’article d’aujourd’hui à L’étrange Noël de Monsieur Jack, un des meilleurs films sortis de l’imaginaire d’un cinéaste que j’adore définitivement (malgré ses faux-pas), Tim Burton ?

L'étrange noël de Monsieur Jack a tout d'un aboutissement dans le parcours créatif de Tim Burton : intéressé toujours par les possibilités et la poésie de l'animation image par image (Vincent, Pee-Wee big adventure, Beetlejuice) il livre avec Monsieur jack une porte donnant directement sur son imaginaire noir, satirique et... musical ! Le métrage est habité par les ombres de l'expressionnisme, des expérimentations de Frankenstein (hommage clair à la Hammer film après son court Frankenweenie et avant Sleepy Hollow), ainsi que par des signes récurrents : la figure de la spirale, omniprésente, les chauves-souris et autres têtes de mort, qui sont tout à fait à leur place dans le monde macabre d’Halloween Town. Burton réussit à rendre tous les personnages intéressants, des héros aux personnages secondaires (le maire, le chien, La musique et les chants créés par le comparse de toujours, Danny Elfman, sont une BO entraînante et presque parfaite pour décrire une étrangeté romantique.

Plus que le décorum, ce qui caractérise plus les films de Tim Burton est peut-être la place centrale accordée au marginal. A Halloween Town, quoi de plus marginal que d'aspirer au bonheur, aux joies simples plutôt que de participer à une célébration sombre, jusqu'à en être le symbole ? Il n'y a aucun doute, jack est l’anomalie au cœur d'un système trop bien réglé. Tous les personnages que l’on peut croiser dans la galaxie Burton (Edward, Ed Wood, Beetlejuice, Bruce Wayne, ...) sont des projections plus ou moins déguisées de Burton lui-même. Chez Disney, alors qu'il était consultant designer, Burton n'est jamais arrivé à faire accepter aucun de ces dessins. La tentative de Jack de "faire noël" peut trouver un parallèle intéressant dans la carrière de Burton : au milieu de tous ces films qui lui ressemblent tant, il a commis La Planète des singes, qui s'est soldé par un échec artistique et critique cuisant. Est-ce le même Tim Burton qui a pu réaliser Big Fish, film optimiste sur la mort, si coloré et plein d'une nostalgie enchanteresse ? Comme pour montrer que ce n'était qu'un passage (même si je trouve personnellement Big Fish excellent sans pour autant cadrer avec le style Burton), le voilà qu'on retrouve Les noces funèbres quelques années plus tard, et dernièrement Sweeney Todd, le film le plus macabre et extrême de son réalisateur (mais totalement creux, dommage). On voit ici que, alors que L'étrange Noël de Monsieur Jack dégage une pureté dans les intentions et une richesse thématique et visuelle sans pareille, les Noces funèbres autant que Sweeney Todd dévoilent désormais une coquille vide, un style sous lequel plus rien d'intéressant ne vient nous toucher. Comme si, Burton s'étant rendu compte de ce qui fait son style, il ne faisait que recycler une esthétique, une patte Burton (une marque ?) reconnaissable. Il ne reste qu’à espérer pour la suite ;  Alice au Pays des Merveilles s’annonce assez alléchant (mélange de prise de vues réelles, animation 3D et stop-motion).

Poussant l’horreur assez loin (la véritable apparence d’Oogie Boogie...), Burton nous invite à une symphonie macabre et réjouissante, pour un bijou de l’animation (grâce au réalisateur en titre du film, Henry  Selick) dont on ressort avec l’émerveillement d’un enfant.

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