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Le film était presque parfait - Page 76

  • Dossier (1/2) : Entretien avec un vampire (1994)

    Un film de Neil Jordan

    4221832432_879d40940f_m.jpgLe réalisateur a eu le nez fin, au milieu de cette décennie 90, d'accepter de porter à l'écran le roman éponyme d'Anne Rice, qui adapte ici son propre récit ; Entretien avec un vampire reste aujourd'hui dans le cercle fermé des très belles fictions vampiriques du cinéma. Partisan d'une image léchée, Neil Jordan a notamment réalisé la marquante Compagnie des Loups (1984), conte macabre et gothique qui offre certains points d'achoppement avec cet Entretien ; malgré l'évidente réussite d'autres éléments de sa filmographie, on peut avancer sans peine que ce film de vampires reste aujourd'hui le sommet de sa carrière.

    Un fantastique littéraire

    Ainsi, alors que Dracula (F.F. Coppola, 1992) a remporté un franc succès, et que, dans le même temps, Kenneth Brannagh réalise sa version d'un autre grand mythe fantastique, Frankenstein (1994), Jordan se lance, tout autant que Anne Rice, dans l'adaptation du roman culte de l'américaine, qu'elle écrivit en 1976. On remarquera que, de la même manière que les deux films fantastiques pré-cités, Entretien avec un vampire entérine une fidélité à l'oeuvre littéraire jusque dans son titre ; si Coppola met en avant Bram Stoker et Brannagh Mary Shelley -les deux titres originaux se lisant bien Bram Stoker's Dracula et Mary Shelley's Frankenstein, les réalisateurs s'effaçant devant la paternité originelle de chaque récit, Jordan appose un plus discret mais très clair sous-titre à son Interview with a vampire : The vampire chronicles. Cet ajout, reprenant le titre intégral de l'oeuvre d'Anne Rice, induit le récit comme étant la première pierre à l’édifice d'une oeuvre plus grande, appelée à accueillir une suite, ce qui n’est toujours pas le cas jusqu’à présent.

    Mises en abîmes

    Armé de la plume érudite et assurée de la romancière, le film franchit un cap qualitatif et devient par là une adaptation très fidèle au texte d'origine. Utilisant le même procédé de mise en abîme, Louis le vampire narrant, à notre époque, ses aventures au micro d'un journaliste, le film y revient cependant moins que dans le livre. La relation journaliste (Christian Slater) / vampire (Brad Pitt) est cependant extrêmement intéressante en nous amenant sur les terres de la confrontation réalité / fiction, et de son impossible différenciation. A ce titre, une des séquences les plus réussies du film est consacrée à cette dichotomie, à savoir le théâtre grand-guignolesque des vampires parisiens, présidé par Armand (Antonio Banderas).

    Des amateurs assistent à un spectacle très macabre dont tous les acteurs sont des vampires qui jouent ... des vampires -les différentes strates de la mise en abîme deviennent vertigineuses ! Le clou du show est le sacrifice d'une jeune femme, bien réel, appelée à être dévorée par la horde de vampires. La fiction se confond ici avec la réalité, les spectateurs, dégoûtés, hésitant eux aussi quant à la teneur réelle des événements dont ils sont témoins. Les vampires jouent également au magicien, leurs pouvoirs leur permettant d’incarner cette magie (par la lévitation notamment), là où la frontière entre le fantastique et le réel indiscernable. Cette séquence, hautement traumatisante par sa mise en scène macabre, les vampires se jetant littéralement sur la victime innocente en une nuée noire d'insectes assoiffés, illustre le côté sombre et malsain que se permet le film, la fidélité à l’œuvre, là encore, primant sur le véhicule à stars. On y comprend toute l'emprise, la transe, ici plus démoniaque que réellement séductrice, dans laquelle les vampires tiennent leurs victimes. On découvre aussi les vampires en tant que groupe social constitué (le monde des vampires, dans le livre comme dans le film jusque-là, étant réduit aux personnages de Louis -Brad Pitt, Lestat -Tom Cruise et Claudia -Kirsten Dunst), une confrérie hiérarchisée, organisée pour survivre -la tenue même du spectacle garantissant chaque soir leur ration aux suceurs de sang.

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  • Avatar (2009)

    Un film de James Cameron

    4199963533_e3fc98999e_m.jpgA peine revenu de la séance 3D de ce film événement, il faut (oui, décidément, il le faut) vous faire part de nos impressions sur cet Avatar, sûrement le film le plus attendu de l’année.

    Avatar fait définitivement partie de ces films qu’on attend, qu’on a rêvé, alléchés que nous étions par une campagne marketing certes peu discrète, à l’image du mastodonte de Cameron. Dans la chronique de cette séance un peu particulière (trop de gens,  trop de pubs, trop long, trop... de lunettes ?) il faut dire dès le début que la projection est bien plus, et devient une "expérience" à part entière, dont on va essayer de distinguer les différents niveaux.

    L’expérience d’une image aux textures différentes d’abord : précisions des détails (pas de flou comme on a pu lire ailleurs, cela doit dépendre du projecteur : on espère que votre cinéma est bien équipé !), couleurs virant toutes les teintes vers une intensité presque fluo, et enfin l’ajout de cette profondeur inédite (on a pu vivre des expériences similaires au Futuroscope ou à La Villette, mais sur des durées bien moins importantes) qui rend le film bien plus immersif. Comprendre par là une plus grande proximité avec la scène, l’image des acteurs, l’action enfin. Le film se veut la symbiose de tous ces éléments, ce qui pousse à se demander ce qu’il en restera une fois privé d’une de ses composantes matricielles : sans la 3D, Avatar restera-t-il Avatar ? Pour ma part, rien n’est moins sûr. Pour l’exemple, lorsque Jack devient familier avec l’univers de son avatar, sa voix off nous interpelle : « Tout s’est inversé : c’est comme si la réalité était là-bas [sur Pandora], et le rêve ici [dans le vaisseau, d’où il pilote son avatar]. » Cette différence, cette confusion, c’est celle que vise l’effet de la 3D, pour que l’univers fictionnel ainsi visualisé devienne plus réel que le réel.

    On retrouvait un pareil paradoxe dans le très bon eXistenZ (1999) de David Cronenberg, où Ted Pikul (Jude Law) avait l’impression de vivre plus, mieux,  à l’intérieur, qu’une fois revenu à la réalité. Le film représente en fait le paradigme du virtuel. Ceci dit, pas plus que dans Tron (Steven Lisberger, 1982), dont le texte intrductif réume aussi la posture implicite du film. Rappelons-nous ce texte : "Voici l’histoire de deux mondes et des êtres qui le peuplent. L’un de ces mondes est le nôtre, celui que nous pouvons voir et toucher, le monde des concepteurs qui créent pour notre usage les programmes informatiques. Il se trouve de ce côté de l’écran vidéo. L’autre, à l’intérieur de l’ordinateur, est un univers électronique qui vit et respire au-delà de notre réalité. C’est le monde des programmes, et parce que nous, les concepteurs, l’avons créé, nous faisons aussi un peu partie de ce monde… De l’autre côté de l’écran. "

    Une référence qui sous-tend toutes les créations fictionnelles à base de virtuel aujourd'hui. De jeu, il en est aussi question dans Avatar, tant l’immersion, citée plus haut, rapproche l’expérience d’un jeu vidéo dont on serait, si ce n’est le héros, en tous cas un proche observateur ; et ce, dans deux caractéristiques fondamentales des jeux, premièrement, l’observation d’un monde inconnu. Ici, la planète Pandora, que viennent coloniser les hommes, environnement foisonnant de vie extra-terrestre, créatures fantastiques, végétations colorées, nature inviolée, sans compter les Na’vis, géants longilignes à la peau bleue. Une grande partie du métrage se destine à cette exploration d’un monde à découvrir, la caméra scrutant en travellings chaque recoin de cet espace. L’autre dimension du jeu, c’est l’action, ici aussi bien présente, notamment par la division armée de la flotte, qui va, le moment venu, jouer son rôle et transformer le beau terrain de jeu de Cameron en champ de bataille. Ainsi, la 3D est intrinsèquement liée au sens même du film.

    L’expérience Avatar, si elle cherche à impressionner, ne le fait malheureusement que techniquement, par ce qu’on a pu voir, et par la modélisation des Nav’is, extrêmement crédible, si bien qu’on ne fait pas la différence entre créatures 100% numérique et acteurs. C’est bien la première fois, car jusque dans les yeux des Na’vis, ce berceau de l’âme, on sent quelque chose se passer, une réelle intensité, qui restait jusque là le dernier rempart non traversé, non réussi, par la modélisation 3D.

    Le scénario derrière tout cela, sans dire qu’il est simpliste, ne relève pas les espérances, malgré une durée conséquente (2h40). La faute à qui ? Une corde peut-être trop usée par la science-fiction et d’autres genres, cette parabole sur la guerre, l’ingérence de nations dans les affaires des autres, l’invasion justifiée par les impératifs économiques et la domination du marché, bref tous les parallèles avec les affres de notre monde contemporain sont bien là et transmis, mais tout cela a déjà été fait. Le temps paraît parfois long, tout simplement certains personnages, par trop de manichéisme, semblent des robots sans cervelles, opposés à des écolos ayant une autre vision : personne n’entend personne. Alors, révolution technique oui, révolution visuelle d’accord, mais révolution cinématographique : résolument non. Voir ce film-là en version 2D, je m’y serais ennuyé... platement, si l'on peut dire !

    Après cette chronique ciné, je m'offre quelques vacances loin de tout ordinateur. Rendez-vous donc le lundi 28 décembre pour de nouvelles aventures cinéphiles !

  • Le baiser du vampire (1962)

    Un film de Don Sharp

    4192987059_4b8711f406_m.jpgChez la Hammer Film, il y a les cinéastes et les œuvres révérés, considérés comme majeurs, et les autres. Ainsi, Terence Fisher, Val Guest, John Gilling sont incontestablement les chefs de file. Don Sharp, lui, est défintivement un "autre", bien loin de cette sphère auréolée, malgré une indéfectible fidélité envers la firme, et de bons films à son actif. On lui doit ainsi Les pirates du diable (1964), les premiers Fu-Manchu (1965) et Raspoutine, le moine fou (1966), tous avec Christopher Lee dans le rôle-titre, LA star Hammer.

    Avant cela, on donne au Don l’occasion de réaliser ce Kiss of the Vampire, en plein dans la vague des Dracula de maître Fisher, alors que Christopher Lee rechigne déjà à chausser les crocs une nouvelle fois pour ses macabres aventures pelliculées.

    Et, hors continuité Dracula, on va alors assister à l’un des meilleurs crus vampirique de toute la filmo Hammer, pas moins !

    L’introduction est classique : un cortège funèbre, des gens éplorés, puis, au loin, une silhouette solitaire qui se détache. Un plan rapproché nous le rend plus détaillé : c’est un homme âgé, observant la procession d’un œil anxieux. Les croque-morts font descendre le cercueil vers l’endroit de son dernier refuge, et notre homme est tout près : alors qu’on lui tend une pelle pour verser la première fournée de terre, il la jette violemment vers le cercueil, lequel ne résiste pas à la force du coup : défoncé, le corps gisant en son sein forme une flaque de sang d’un rouge envahissant. Les villageois sont horrifiés : cette réaction est, encore une fois, assez typique. Puis vient un curieux plan, qui zoome sur le cercueil éventré, pour finir en flou et transiter sur un nouveau plan, le visage d’une jeune fille, à l’intérieur du cercueil. De l’extérieur vers l’intérieur, cette transition est très bien amenée est pas si fréquente chez les Dracula et consorts, qui se bornent en général à l’aspect, certes photogénique, de l’extérieur du cercueil comme plan d’introduction (voir celle des Cicatrices de Dracula, 1970, typique). La vue de ce plan dans Kiss of the Vampire nous révèle la nature vampirique de la jeune personne, crocs dehors.

    Après cette introduction marquante, se déroule une trame scénaristique pas si commune : un jeune couple en lune de miel tombe en panne au beau milieu des paysages sylvestres d’Europe centrale. Alors que l’on sent une présence scrutant leurs moindres déambulations, des aubergistes les accueillent dans leur maisonnée. Le jeune couple va alors être convié chez le renommé docteur Ravna. On note au passage le changement d’échelle sociale : de comte, le nouveau vampire (car oui, ce sera lui : Ravna, Dracula, la proximité sonore suffisant à tisser un lien entre les deux) passe à une autre étiquette. Après la première apparition d’un véhicule motorisé, le vampire nouveau est un docteur : un vent de modernité soufflerait-il sur le film ?

    Lors de la première soirée passée chez ce bon docteur, la scène de séduction vampirique (passage obligé, tout de même) est effectivement différente des habituels regards -écarquillés et fixes- du vampire en titre. Ici, c’est la musique, un air de piano sombre et envoûtant, qui sert de vecteur à la fascination qui va s’exercer sur la jeune mariée, son mari ne suspectant de son côté absolument rien.

    L’idéologie vampire défendue film est étonnante et originale, un esprit sectaire baignant le tout : habillés de blanc, de fiévreux adeptes attendent l’apparition toujours théâtrale d’un docteur Varna,  au brushing par ailleurs toujours impeccable.

    L’utilisation parcimonieuse des codes vampiriques (gros plans incessants sur les dents pointues, sous-texte sexuel évident), ainsi que l’arrivée tardive du tueur de vampires fait qu’on a plus l’impression de regarder un film qui utilise le thème du vampire comme rouage pour raconter son histoire, mais qui n’est pas centré dessus, ce qui donne une certaine fraîcheur pour les habitués des productions Hammer de l’époque. En 1962, rappelons que la firme n’a alors sorti que Le cauchemar de Dracula (1958) et Les maîtresses de Dracula (1960), réalisés tous deux par Terence Fisher -encore lui !

    Enfin, la soirée masquée, toujours tenue chez Ravna, installe un climat très fantastique et baroque, à l’aide de masques grimaçants très graphiques. Vraie réussite, sans fausse note dont un beau final, ce Baiser du vampire est à voir séance tenante ! Oui, mais... il reste désespérément inédit en DVD français, et n’est disponible uniquement en import américain, sans sous-titres... Amis anglophiles, foncez !

  • Du nouveau sur Le film était presque parfait

    Comme un beau cadeau de noël, la plateforme de Hautetfort (merci Osmany!) m'a offert -ainsi qu'à une quinzaine de blogueurs- un compte "pro" pendant un an. Depuis jeudi 17 octobre, vous voyez donc des petites changements sur la page d'accueil du blog : plus de bandeau de pub, et l'ajout d'une fonctionnalité que je voulais mettre en place depuis un moment, la possibilité de s'abonner à la Newsletter du blog (en haut, à gauche) : vous pourrez ainsi être informé de la publication des articles du blog en temps réel. Cette nouveauté arrive à point nommé, au moment où j'arrrive à prendre de l'avance sur les publications d'articles, et ainsi proposer des mises à jour plus régulières. 2010 sera donc l'année du Film était presque parfait, une année pleine de challenges rédactionnels pour moi ; j'espère vous retrouver nombreux à suivre les périgrinations cinéphiliques du blog, au hasard (parfois ordonné) de mes découvertes.

    Après un peu plus d'un an de publications, petit bilan : 135 articles publiés, dont 110 critiques de films. Beaucoup d'américains, beaucoup de science-fiction, de fantastique, d'animation, et aussi pas mal de la décennie 70's, que j'apprécie tout particulièrement. J'ai aujourd'hui, encore plus, l'envie d'écrire sur le cinéma, cet art qui me fascine... 15 500 visites (de novembre 2008 à fin novembre 2009), une petite centaine de commentaires et surtout, la joie de discuter le bout de gras sur une passion immense avec des internautes, qui ont parfois leur propre taverne ; je pense à Mariaque d'EightDayzaWeek, à Vincent d'Inisfree, Ed de Nightswimming, Robby de Robbymovies, ... Merci les gars, keep up the good work !

    A (très) bientôt pour de nouvelles chroniques, dossiers (Satoshi Kon ?), et autres réjouissances...

  • Le crime était presque parfait (1954)

    Un film de Alfred Hitchcock

    4186414157_6cd6e53d98.jpg

    Il fallait y passer tôt ou tard, à ce film qui donne son nom à ce blog. C’est, aussi bizarrement, le premier Hitchcock chroniqué en ces lignes. On ne l’avait pas revu depuis un bon moment, je dirais même que cela remonte à notre programmation de ce film au sein d’un ciné-club universitaire, en Avignon, aux alentour de la fin 2003. Notre souvenir en était un film plaisant, mais sans plus.

    Adapté d’une pièce de théâtre de Frederix Knott, auteur déjà utilisé par Hitchcock pour La Corde (1948), Le crime était presque parfait a des similitudes avec ce même film. Il s’agit d’abord de la perpétration d’un crime parfait, mûrement réfléchi ; Tony Wendice (Ray Milland) prépare depuis au moins un an le meurtre de sa femme, tandis que La Corde voit deux hommes tuer un total inconnu, raison même, pensent-ils, de leur innocence. Ressemblance assez frappante aussi, avec L’inconnu du Nord-Express (1951), dans lequel Guy Haines (Farley Granger), tennisman, comme Wendice, se voit proposer un échange de meurtres, poursuivant toujours l’idée de la stratégie soi-disant parfaite de ce crime.

    Histoire de meurtre donc, dont la présentation est un modèle d’économie narrative : un plan nous montre l’adorable couple Ray Milland - Grace Kelly s’embrasser, prendre le petit déjeuner, et le plan suivant nous montre le même baiser... sauf que le partenaire de Kelly a changé. Robert Cummings a pris la place de Ray Milland, et Grace Kelly est vêtue de rouge au lieu du blanc auparavant. L’image du couple idéal est démontée, et l’on sait désormais que sous les sourires de façade se cache un échec, celui du couple. Grace Kelly a l’air de s’ennuyer, tout comme Ray Milland, qui aura consacré un temps non négligeable aux préparatifs de son plan. On s’occupe comme on peut...

    La première demi-heure est extrêmement bavarde, Wendice expliquant à un pauvre gars comment il a réussi à la piéger pour l’obliger à commettre le meurtre de sa femme. On pourrait se croire dans un épisode de Columbo un peu fade, mais la précision de l’explication, les dialogues aux mots si bien choisis, repris de la pièce, garantissent que l’on soit toujours menés vers un objectif clair. Le spectateur découvre ici, au fur et à mesure du premier récit de Wendice, comment il a échafaudé tout son plan. Avec quelle soin il a paramétré chacune des éventualités de l’affaire. C’est là, dans la différence entre l’extrême préparation et l’échec progressif de chaque action, que le film est intéressant. Une montre arrêtée, un meurtrier bien lourdaud, une improvisation continue de Wendice / Milland pour pallier aux ratés du plan, ... Tout s’emboîte finalement avec tant d’intelligence que l’intérêt du spectateur est continuellement renouvelé. Alors, même si Hitchcock ne compte pas ce film parmi ces réussites (voir le livre Hitchcock / Truffaut, à ce propos très éloquent), le public l’aura consacré comme un succès. Premier Hitchcock de Grace Kelly (qui jouera aussi dans Fenêtre sur cour (1954) et La main au collet (1955), il est tout de même honorable.

    Si le film n’a pas la maestria visuelle de certaines réalisations du maître, certaines séquences sont très réussies, notamment celle du meurtre, commençant par cette montre arrêtée, et l’agression en direct au téléphone, un moment très bien géré. Entendre les cris étouffés de la victime, sans pouvoir rien y faire, n’est-ce pas le comble de l’horreur ? Ce ne l’est pas pour Wendice, qui, avec un accent bien sado-masochiste quand même, a attendu ce moment pendant des mois. C’est presque avec délectation qu’il reste pendu au téléphone, ne pipant mot, dans l’attente de la preuve sonore de la réussite du contrat.

    Un film qui assure le minimum syndical, mais un minimum syndical d’Hitchcock ; ce qui reste toujours le haut du panier, question suspense !

    Source image : affiche du film © Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr