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Avatar (2009)

Un film de James Cameron

4199963533_e3fc98999e_m.jpgA peine revenu de la séance 3D de ce film événement, il faut (oui, décidément, il le faut) vous faire part de nos impressions sur cet Avatar, sûrement le film le plus attendu de l’année.

Avatar fait définitivement partie de ces films qu’on attend, qu’on a rêvé, alléchés que nous étions par une campagne marketing certes peu discrète, à l’image du mastodonte de Cameron. Dans la chronique de cette séance un peu particulière (trop de gens,  trop de pubs, trop long, trop... de lunettes ?) il faut dire dès le début que la projection est bien plus, et devient une "expérience" à part entière, dont on va essayer de distinguer les différents niveaux.

L’expérience d’une image aux textures différentes d’abord : précisions des détails (pas de flou comme on a pu lire ailleurs, cela doit dépendre du projecteur : on espère que votre cinéma est bien équipé !), couleurs virant toutes les teintes vers une intensité presque fluo, et enfin l’ajout de cette profondeur inédite (on a pu vivre des expériences similaires au Futuroscope ou à La Villette, mais sur des durées bien moins importantes) qui rend le film bien plus immersif. Comprendre par là une plus grande proximité avec la scène, l’image des acteurs, l’action enfin. Le film se veut la symbiose de tous ces éléments, ce qui pousse à se demander ce qu’il en restera une fois privé d’une de ses composantes matricielles : sans la 3D, Avatar restera-t-il Avatar ? Pour ma part, rien n’est moins sûr. Pour l’exemple, lorsque Jack devient familier avec l’univers de son avatar, sa voix off nous interpelle : « Tout s’est inversé : c’est comme si la réalité était là-bas [sur Pandora], et le rêve ici [dans le vaisseau, d’où il pilote son avatar]. » Cette différence, cette confusion, c’est celle que vise l’effet de la 3D, pour que l’univers fictionnel ainsi visualisé devienne plus réel que le réel.

On retrouvait un pareil paradoxe dans le très bon eXistenZ (1999) de David Cronenberg, où Ted Pikul (Jude Law) avait l’impression de vivre plus, mieux,  à l’intérieur, qu’une fois revenu à la réalité. Le film représente en fait le paradigme du virtuel. Ceci dit, pas plus que dans Tron (Steven Lisberger, 1982), dont le texte intrductif réume aussi la posture implicite du film. Rappelons-nous ce texte : "Voici l’histoire de deux mondes et des êtres qui le peuplent. L’un de ces mondes est le nôtre, celui que nous pouvons voir et toucher, le monde des concepteurs qui créent pour notre usage les programmes informatiques. Il se trouve de ce côté de l’écran vidéo. L’autre, à l’intérieur de l’ordinateur, est un univers électronique qui vit et respire au-delà de notre réalité. C’est le monde des programmes, et parce que nous, les concepteurs, l’avons créé, nous faisons aussi un peu partie de ce monde… De l’autre côté de l’écran. "

Une référence qui sous-tend toutes les créations fictionnelles à base de virtuel aujourd'hui. De jeu, il en est aussi question dans Avatar, tant l’immersion, citée plus haut, rapproche l’expérience d’un jeu vidéo dont on serait, si ce n’est le héros, en tous cas un proche observateur ; et ce, dans deux caractéristiques fondamentales des jeux, premièrement, l’observation d’un monde inconnu. Ici, la planète Pandora, que viennent coloniser les hommes, environnement foisonnant de vie extra-terrestre, créatures fantastiques, végétations colorées, nature inviolée, sans compter les Na’vis, géants longilignes à la peau bleue. Une grande partie du métrage se destine à cette exploration d’un monde à découvrir, la caméra scrutant en travellings chaque recoin de cet espace. L’autre dimension du jeu, c’est l’action, ici aussi bien présente, notamment par la division armée de la flotte, qui va, le moment venu, jouer son rôle et transformer le beau terrain de jeu de Cameron en champ de bataille. Ainsi, la 3D est intrinsèquement liée au sens même du film.

L’expérience Avatar, si elle cherche à impressionner, ne le fait malheureusement que techniquement, par ce qu’on a pu voir, et par la modélisation des Nav’is, extrêmement crédible, si bien qu’on ne fait pas la différence entre créatures 100% numérique et acteurs. C’est bien la première fois, car jusque dans les yeux des Na’vis, ce berceau de l’âme, on sent quelque chose se passer, une réelle intensité, qui restait jusque là le dernier rempart non traversé, non réussi, par la modélisation 3D.

Le scénario derrière tout cela, sans dire qu’il est simpliste, ne relève pas les espérances, malgré une durée conséquente (2h40). La faute à qui ? Une corde peut-être trop usée par la science-fiction et d’autres genres, cette parabole sur la guerre, l’ingérence de nations dans les affaires des autres, l’invasion justifiée par les impératifs économiques et la domination du marché, bref tous les parallèles avec les affres de notre monde contemporain sont bien là et transmis, mais tout cela a déjà été fait. Le temps paraît parfois long, tout simplement certains personnages, par trop de manichéisme, semblent des robots sans cervelles, opposés à des écolos ayant une autre vision : personne n’entend personne. Alors, révolution technique oui, révolution visuelle d’accord, mais révolution cinématographique : résolument non. Voir ce film-là en version 2D, je m’y serais ennuyé... platement, si l'on peut dire !

Après cette chronique ciné, je m'offre quelques vacances loin de tout ordinateur. Rendez-vous donc le lundi 28 décembre pour de nouvelles aventures cinéphiles !

Commentaires

  • De mon côté, je n'ai pas été déçu par l'expérience globale proposée. De la technique au scénario, Avatar m'a semblé cohérent.
    Mais sa narration, comme tout thriller, Fantasy ou SF de cinéma, voir littéraire, ne sort pas de la préhistoire. Combattre, gagner, ignorer l'autre, voilà le programme.
    Développement ici : http://lorenjy.wordpress.com/2010/01/08/avatar-passage-au-noir/

  • La science-fiction, mon genre de prédilection, nous a donné des films à mon sens autrement plus puissants et profonds en terme de scénario et de mythologie, notamment le courant cyber-punk avec Ghost In The Shell, le premier Matrix ou encore Dark City. Même un "petit film" comme Planète Hurlante réussit cette gageure. Ici, tout semble être englouti par l'univers de Pandora, au demeurant extraordinaire, mais qui se limite à une succession de tableaux, une sorte de reportage Geo sur Pandora. Cependant, je découvre votre article et en apprécie la teneur analytique !

  • C'est peut-être parce que, comme expliqué plus haut, Avatar n'existe qu'à travers sa conception en 3D qu'il se démarque du tout venant la production dite "en relief" qui peut largement se satisfaire d'une vision en 2D. Avatar est fait pour la 3D comme "the searchers" est fait pour le technicolor et la vistavision. Le script paraît léger mais il n'en faut pas davantage pour créer du souffle. Il faut juste ne pas être allergique au bleu.

  • Le parallèle avec The Searchers est intéressant ; le film débroussaille un terrain encore inconnu, il est à l'avant-garde mais pas un chef d'œuvre.

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