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fantastique - Page 12

  • La Gorgone (1964)

    Cliquer sur l'image pour consulter la chronique du film de Terence Fisher, La Gorgone (1964) :

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  • Tron : l'héritage (2010)

    Un film de Joseph Kosinski

    5676263868_7778300042_m.jpgIl est intéressant de constater le revirement de Disney par rapport à un film émanant de ses Studios. En 1982, Steven Lisberger réalise Tron, premier du nom, et donne un équivalent visuel jamais vu au monde balbutiant des ordinateurs ;  il se prend une grosse claque et le film devient, pour un temps, la honte de Disney. Le Studio nage alors en plein dans cette époque d'incertitude où il ne sait plus trop quoi faire, et semble préférer les films en prise de vue réelles pour un public plutôt mature (Le trou noir, 1979, Les yeux de la forêt, 1980 et pour finir un Taram et le chaudron magique glauque à souhait sorti en 1985) à ses traditionnels films d'animation pour enfants. Le changement d'équipe et de direction artistique mettra un temps à retrouver sa voie, comme nous le montre avec force images d'époque le documentaire Waking Sleeping Beauty.

    Tron donnait à voir l'envers du décor d'un ordinateur dans lequel les puces etautres composants sont remplacés par des humains. Expliquer les concepts abstraits du fonctionneemnt d'un ordinatuer à un public totalement novice était en soi complexe, mais des images inédites venaient soutenir le discours qui, au fil des ans et de la domestication des écrans, fascinèrent de plus en plus de jeunes, plongés eux aussi dans cet univers. 

    Avec les années, Disney veut lui aussi jouer la carte du geek-friendly et mise beaucoup sur une suite lancée à gros coups de billets. Aux 33 millions de budget du premier, Disney allonge 170 millions pour la suite, non sans avoir pris soin de tester le prodige de la 3D Joseph Kosinski et de débaucher Daft Punk, dont le style musical et le public semble avoir été fait pour le film. Le studio souhaite également rentabiliser l'investissement en lançant une série d'animation au casting vocal impressionnant.

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    Visuellement et musicalement, le résultat final est juste splendide : tableaux bichromes aux noirs profonds, dans lesquels des lignes fluorescentes semblent glisser jusqu'à l'infini, des machines volantes au design à la fois arrondi et anguleux filant dans un labyrinthe technoïde. Des motos qui laissent derrière elles des traînées colorées, des arènes changeant de formes dans des mouvements fluides, des combattants qui meurent dans une pluie de pixels. Restant en cela très fidèle au Tron original, Joseph Kosinski s'évertue néanmoins à placer la barre plus haut, le plaisir des yeux restant constant. L'image atteint la perfection idéalisée d'un monde numérique où ni le désordre ni l'usure n'ont leur place. Chaque objet, chaque personnage sont fétichisés à l'extrême, les beautés numériques tout droit sorties de la bande dessinée Skydolls. Il est plutôt logique que Tron : l'héritage gagne cette manche par rapport à son prédecesseur, l'expérience visuelle proposé par Tron ayant pris avec les années un bon coup dans l'aile. Plans statiques, découpage des personnages parfois approximatif, teintes un peu tristes... Musicalement parlant, le premier Tron faisait la part belle aux mélodies synthétiques de Wendy Carlos, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles sont terriblement datées. Si elles font corps avec le film qu'elles accompagnent, une écoute à part est vite lassante. celle des Daft punk pour la suite, ont l'effet contraire : elles emmènent le film à un tout autre niveau, tandis que l'écoute seule est tout simplement électrisante. Tant et si bien que le film paraît par moment n'être qu'un long clip dont tout son pourrait être coupé si ce n'est sa musique. En ce sens, Tron : L'héritage fait irrémédiablement penser à Interstella 5555, le film d'animation de Leiji Matsumoto sur le fond sonore de l'album Discovery des Daft. Une très belle expérience audio-visuelle.

    L'intrigue ne fait pas vraiment dans l'original, représentant tout de même l'antithèse du premier Tron à l'époque. Ne se reposant sur aucune bande connue, il inventait sa propre mythologie. Dans Tron l'héritage, afin de projeter le plus vite possible le spectateur dans le monde fantastique de Tron, le personnage principal (Garrett Hedlund, bien dans le ton d'un Jeff Bridges jeune) plonge rapidement dans le vortex numérique sans que le scénario se soucie de crédibiliser son entrée. Il se retrouve ainsi dans l'arène à manier son disque comme un pro, pour être ensuite, tout aussi rapidement, récupéré par Quorra (Olivia Wilde, au charisme aveuglant) pour être présenté à son père. On retrouve alors un Jeff Bridges qui aurait tout de même du boire un petit café avant de tourner, son regard apathique et son air totalement absent jurant un peu avec l'importance séminale de son rôle. Et la trame scénaristique générale de reprendre des éléments connus de tous les récits mythologiques classiques, à base d'élu ("il est différent", dit un des premiers programmes du jeu), de figure du mal absolu et de sage omnipotent. Il ouvre ainsi la porte à une foultitude de références geek -Star Wars, Matrix, et même Charlie et la chocolaterie !- et au Graal de la SF, 2001, l'odyssée de l'espace. Comme si le film n'avait pas en lui de potentiel mythologique propre. C'est bien dommage, car malgré cela, le résultat final exerce une fascination indéniable. La preuve : après sa vision, je n'ai qu'une envie, le revoir (et le ré-écouter !).

  • Ciné d'Asie : The Heroic Trio (1993)

    Un film de Johnnie To

    5580019857_b022b5a11e_m.jpgAvant d'être le cinéaste de polars reconnu en France qu'il est devenu (The Mission, Fulltime Killer, Breaking News, Election 1 & 2, Exilé), Johnnie To a commencé par divers films de genre, et The Heroic Trio est celui qui a mis en lumière son talent naissant.

    Cocktail réjouissant s'il en est, The Heroic Trio convoque trois branches typiques du cinéma made in Hong Kong, via chacune de ses héroïnes, découvertes ici par le grand public. Michelle Yeoh incarne une femme aux pouvoirs apparemment magiques (ses déambulations sont camouflées par une cape d'invisibilité) chargée de rapporter des nouveaux-nés à un démon qui veut s'incarner dans l'un d'eux. Avec elle, débarque tout le folklores des films fantastiques, et notamment les standards vus dans Zu les guerriers de la montagne magique (Tsui Hark, 1984) et les Histoires de fantômes chinois troussées par Ching Siu-Tung à la fin des années 80. Des mondes souterrains nimbés de fumée, peuplés de vieux barbus aux ongles crochus, drapés dans des voiles interminables et coiffés de galurins improbables, aux couleurs surréalistes et décorés par des cadrages typiques (travelling au ras du sol shooté au grand angle), l'univers est solidement planté.

    Maggie Cheung (vue la même année dans l'excellent Green Snake de Tsui Hark) prend pour sa part l'allure des porte-flingues des films de John Woo ; carabine à portée de la main, chevauchant une moto, arnachée de lunettes d'aviateur, c'est la flingueuse, travaillant contre rémunération. Le personnage évoque un univers plus réaliste, toutes proportions gardées, que ses deux (futures) comparses.

    Quant à Anita Mui (qu'on verra ensuite dans l'immense Drunken Master 2, commencé par Liu Chia-Liang et terminé par Jackie Chan), c'est la Justicière, munie d'une cape et d'un loup, rappelant la kyrielle de héros masqués à la zorro, combattant le crime, protégeant les faibles et les opprimés. Les trois genres, policier, fantastique et aventures, se marient plutôt bien, faisant exploser par un décloisonnement brutal un univers réaliste et l'autre issu des cauchemars où le mal règne en maître absolu. Jonnhie To n'hésite pas, d'ailleurs, à s'aventurer loin dans la tragédie, deux nouveaux-nés trouvant la mort (dont un violemment en plein cadre) au cours du métrage. Un onirisme flottant baigne notre Heroic Trio, où le monde d'en bas et le monde d'en haut semblent inversé -on ne peut distinguer le plafond du repaire, pourtant souterrain, du grand méchant, tandis que la ville est plongée constamment dans une ténèbre d'ébène). Dans tous les extrêmes, la dynamique cinématographique du film est une réussite, un bon produit de la Film Workshop de Tsui Hark.

    Issues d'horizons bien différents, les trois héroïnes vont être, finalement, rassemblées, pour faire face à une même menace. Schéma certes classique, mais qui révèle tout de même de multiples surprises mises en scène énergiquement, dans un festival d'images léchées tout à fait recommandable. Dès lors, quoi de plus compréhensible que Johnnie To et Ching Siu-Tung emballent une suite la même année, baptisée Executioners (les deux film étant disponibles dans un beau coffret chez HK Vidéo / Metropolitan) ? 

  • Les Vampires (1956)

    Un film de Riccardo Freda & Mario Bava

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    Commencé par Freda et terminé dans l'urgence par Mario Bava suite à la défection surprise du réalisateur en titre, Les Vampires marque sans conteste une date dans l'histoire du cinéma d'horreur et d'épouvante. Considéré comme le premier film d'horreur post-seconde guerre mondiale, son esthétique gothique, ses personnages et son scénario ont influencé de nombreux cinéastes.

    Alors directeur photo sur le film, Mario Bava aura l'opportunité de réaliser la moitié du métrage en deux jours et demi, Riccardo Freda parti avec un retard conséquent sur le planning de tournage. Avec peu de temps devant lui et un casting réduit, il réorganise le film, et rien n'y paraît à l'écran, tant l'intrigue est cohérente. Un tueur, surnommé le vampire, laisse ses victimes exsangues, le seul point commun  : leur groupe sanguin. La police d'un côté, et un journaliste à l'affût du sensationnel de l'autre, vont mener l'enquête. 

    Leur pérégrinations les mène dans un château sinistre, magnifiquement éclairé par Bava, dévoilant des ombres envahissantes, des toiles d'araignées dans tous les coins, et qui offre une ressemblance frappante avec celui d'Eward aux mains d'argent (Tim Burton, 1991), jusque dans l'oiseau aux ailes décharnées à la base de l'escalier. Avec son savant fou et ses personnages tourmentés, il préfigure aussi le film de Georges Franju, le très beau Les yeux sans visage (1960), et toute une panoplie de films italiens gothiques à l'image du Moulin des supplices (Giorgio Ferroni, 1960). 

    Une comtesse, jeune et à la beauté glacée imparable, règne sur le château et poursuit de ses assiduités le journaliste, ce dernier lui opposant indifférence, sinon dégoût. On retrouvera le même type de personnage dans The Vampire Lovers (1970), production Hammer de Roy Ward Baker, le lien avec les vrais vampires aux crocs proéminents n'étant pas si lointain. Car, si le film de Freda et Bava lorgne dès son titre sur un sentier fantastique, il déjoue les idées reçues en choisissant une résolution qui n'appartient pas au strict plan vampirique.

    Une intrigue solide, donc, soutenue par un visuel inventif et qui montre peu les limites de ses moyens, si ce n'est quelques stock-shots et autres plans des rues de Paris, intégrés à la va-vite alors que le tournage s'est déroulé en Italie. Avec ces plans d'extérieur extra lumineux, à la limite de la saturation des blancs, et d'autres, où le noir de la pénombre a tendance à envahir le champ, Les Vampires oppose un monde diurne et l'autre nocturne, un monde d'en haut puis souterrain, ce dernier étant le domaine où tout est caché, préparé en secret, pour permettre au mal d'exister en plein jour, de se montrer au vu et au sus de tous sans danger. La peur sourde surgit d'autant mieux lors des rares scènes d'épouvante explicites, d'ailleurs épaulées par des effets de maquillages bluffants.

    Sans temps mort, utilisant au mieux une structure classique linéaire, Les Vampires est aujourd'hui un film toujours agréable à suivre, au mystère omniprésent et lancinant, comme dans un cauchemar dont ne sait pas si on s'est sorti. Le studio Titanus, producteur du film, renouvellera l'effort pour le vrai premier film signé de la seule main de Mario Bava, Le masque du démon (1960). Dix ans plus tard, c'est encore sous son égide que sortira le premier long métrage d'un certain Dario Argento, intitulé L'Oiseau au plumage de cristal... 

  • La Forteresse noire (1983)

    Un film de Michael Mann

    5241807639_4659a14066_m.jpgUn autre monde ; une réalité alternative, à l'atmosphère étouffée par une brume omniprésente, d'où surgissent les parois irrégulières et menaçantes d'une forteresse, lieu quasi-unique de l'action. C'est la proposition audacieuse - le mot est faible - que nous fait Michael Mann, qui commence comme un film sur la guerre (en 1943, les nazis investissent un mystérieux domaine fortifié), se déroule comme un film fantastique et finit en tragédie aux résonances mythologiques, allégorie sur la lutte éternelle entre le bien et le mal. Ne sachant rien du film avant sa vision (si ce n'est son aura de film maudit, écourté de moitié par le studio, et invisible en DVD), ce dernier m'a retourné, estomaqué, captivé, du premier au dernier instant. La surprise y est pour beaucoup, mais pas que.

    La forteresse en elle-même est ahurissante, avalant la lumière du cadre, plongeant dans une pénombre d'ébène les protagonistes, les étouffant, les anéantissant. Le film aurait pu se dérouler au moyen-êge ou dans l'Antiquité, peu de choses en seraient sorties modifiée, tellement peu d'éléments de décors extérieurs entrant dans le cadre (l'hôtel où séjourne Eva). La place de la forteresse dans la construction cinématographique du film me rappelle celle du MacBeth de Welles, hantant les grottes antédiluviennes de son château. Hautement symbolique et aux propriétés étonnantes, la forteresse, qui donne son nom au titre en franças comme en version originale (The Keep), est bosselée sur le dehors, laissant voir des points d'appui, et entièrement lisse sur le dedans... Elle protège donc, contrairement à l'usage commun, l'extérieur contre une menace enfermée à l'intérieur. Avides de richesses, des militaires nazis entreprennent de voler une croix d'argent, mais libèrent par la même occasion une puissance maléfique sur les environs. Rien que pour la forteresse, le film vaut le coup d'oeil. Mais c'est sans compter le look de la fameuse puissance maléfique, dessinée par Enki Bilal et très influencé par le groupe formé dans Métal Hurlant : on retrouve dans l'allure de l'entité les yeux rouges typiques des dessins de Druillet, qui passe assez bien à l'écran. Sa première apparition, enveloppé de volutes de fumée, est saisissante.

    Le film n'a, malheureusement, pas que des côtés positifs : sa musique ne joue pas en sa faveur (c'est Tangerine Dreams aux claviers, pour une sauce "synthétiseurs tous azimuts" très en vogue à l'époque, remember Moroder ou Vangelis) ; les coupes dans la narration sont parfois cruellement visibles, comme la progression (quelle progression ?) de la romance entre Eva et Glaeken. La tenue visuelle du film, bien que soignée, renvoie à une esthétique tenant plus du clip tape-à-l'oeil, couleurs fluos et machines à fumée à tous les étages, qu'à d'autres choses plus cinématographiques. Mais c'était les années 80, et Mann a montré qu'avec une esthétique eighties et  de la maîtrise, il a pu façonner un très bon Sixième Sens.

    Grâce à une utilisation intelligente de son concept et de la toile de fond, le film fonctionne comme un conte, revendiquant à plein tube une certaine artificialité pour toucher à la nature des mythes, à une abstraction nécessaire imposée par le décor. Nous faire entrer dans un autre monde, un monde qui connaît, comme l'humanité a connu, des croque-mitaines de cauchemar bien réels. Note pour plus tard (mais pas trop quand même) : lire le roman à l'origine du film, Le dongeon, de Francis Paul Wilson.