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70's - Page 13

  • Capitaine Kronos, tueur de vampires (1974)

    Un film de Brian Clemens

    4248532425_05565f4010_m.jpgProduit par une Hammer Film sur le déclin, Capitaine Kronos fait glorieusement partie des nanards de la firme anglaise. C’est à un scénariste télé reconnu -Brian Clemens, créateur de la série Chapeau Melon et Bottes de cuir, dont ce sera le seul film cinéma-, qu’échut cette réalisation, après avoir convaincu le patron du studio en écrivant le scénario de Docteur Jekyll & Sister Hyde (Roy Ward Baker, 1971). Clemens assure donc tout à la fois le poste de scénariste et de réalisateur sur Kronos.

    Côté scénario, se sent le besoin d’originalité à tous prix, dans lequel un capitaine parcourt la lande désertique et vient en aide à quelques villageois paniqués par la mort subite de plusieurs de leurs voisins. Une mort bien étrange : il deviennent instantanément vieux, carcasses d’os dont la vie semble avoir été comme aspirée. Kronos chasse ainsi plus sur les terres du film d’aventures que du strict vampire flick, les principales figures imposées y étant absentes, ou si peu évoquées. La première chauve-souris apparaît à la 47ème minute, les crocs d’un vampire encore plus loin. Il est clair que le vampire du titre doit plus sa présence à un opportunisme commercial qu’à une volonté d’ancrage dans la mythologie vampirique.

    Melting-pot improbable, le film aligne d’abord des références westerniennes -toutes les scènes de la taverne, incluant le coup classique de la pièce jetée dans le crachoir, vu dans Rio Bravo (Howard Hawks, 1959), ainsi que la bourse d’or qui glisse sur le comptoir comme la bonne bière mousseuse qu’attend le cow-boy éreinté. On y colle des éléments japonisants : Kronos manie le katana, qui lui permet des percées typiques, mais pas vraiment sanglantes... L’hémoglobine, de même que tout le production design (décors, costumes, véhicules, ...), a souffert d’un budget qu’on devine anémique. On découvrira d'ailleurs dans le cours sinueux du récit un personnage affilié aux Karnstein, famille vampirique ayant déjà été porté à l'écran par la Hammer, notamment dans The Vampire Lovers (Roy Ward Baker, 1970). A cette tambouille de genres s’ajoute le film de cape et d’épée, qui occasionne des joutes d’une maîtrise pitoyable -il faut avouer que Horst Janson, acteur télé germanique incarnant le rôle-titre, manque cruellement de crédibilité et de charisme, ce qui rend encore plus risibles ses phrases choc assénées à tout va comme s’il était un dur, un vrai. Lui qui se trimballe toujours torse nu à coup de "il est l’heure de livrer bataille !" nous gratifie ainsi de la désormais scène culte dite "des sangsues", dans laquelle sa seule expression faciale ne bouge pas d’un poil ! Le reste du casting est aussi peu inspiré (Shane Briant, croisé dans le morbide Frankenstein et le monstre de l’enfer), à l’exception notable de Caroline Munro, l’une des plus belle Hammer girl, dont la carrière au sein de la firme est assez limitée, vu qu’on ne l’apercevra que dans Dracula 73 (Alan Gibson) sorti l’année précédente en France. On a néanmoins pu apprécier ses formes généreuses dans le baroque et grand-guignolesque L’abominable docteur Phibes (Robert Fuest, 1971) ou encore le Bondesque L’espion qui m’aimait (Lewis Gilbert, 1977). Son rôle dans Kronos, dans lequel elle ne dit pas grand-chose, se rapproche d’une Nova dans La planète des singes, brune qui fait la moue et qui, ici, est juste bonne à s’accoupler avec le héros, ou encore servir d’appât à ce mystérieux vampire...

    L’intrigue est ainsi construite sous une forme de whodunnit, l’idée étant de laisser planer le suspense sur l’identité de ce vampire. Suspense fort mal géré dans ce film sans rythme, que les frêles épaules de Clemens ont bien du mal a mener à son terme. Cadrages inexistants n’exploitant pas le pourtant beau décor (vide), montage mou, bref rien de très alléchant. On pourra apprécier, au mode second degré enclenché, ce syncrétisme mythologique dont Le pacte des loups (Christophe Gans, 2001) ou Van Helsing (Stephen Sommers, 2004) sont les représentants contemporains. Le film de Clemens est d’ailleurs sûrement le modèle caché de Van Helsing, Kronos ayant été envisagé au tout début comme le premier épisode d’une franchise, qui verrait ensuite notre héros affronter Dracula et Frankenstein. Ramener tout le bestiaire qui a fait la notoriété de la firme, en quelque sorte... Faut-il préciser que cette possibilité fut rapidement abandonnée ?

  • The Vampire Lovers (1970)

    Un film de Roy Ward Baker

    8102279038_6667acfcc4_m.jpgCe Vampire Lovers est un Hammer film singulier à bien des égards ; premièrement, il s’agit d’un film de vampires sans Dracula, chose assez rare pour la firme qui lui doit son succès (plus tard, la Hammer produira aussi Capitaine Kronos, tueur de vampires, Brian Clemens, 1974, sans rapports avec Dracula & Co). Le ton du film est donc bien différent, loin du statisme glacial de Christopher Lee, et, de façon relativement inédite va donner le rôle de prédateurs aux femmes, précédemment soumises au comte, corps et bien.

    Autre singularité, le film traite de manière frontale du thème du lesbianisme, d’abord choisi à des fins purement commerciales, mais dont le réalisateur s’empare de façon assez fine. Même si l’ensemble ne vise pas franchement à la suggestion (la plastique d’Ingrid Pitt n’aura plus de secrets pour vous), il ne s’agit ici que d’une facette du scénario, assez bien ficelé, de Harry Fine, Tudor Gates et Michael Style, qui ont tous trois lutté pour l’existence du film. Adapté de l’histoire "Carmilla" de Joseph Sheridan Le Fanu, ils tirent un hypnotisant récit en miroir (le même arc scénaristique va se répéter, autour de deux personnes, Carmilla et Marcilla, qui sont en réalité la seule Mircalla Karnstein). Les Karnstein, famille de la fameuse amante vampire, se retrouveront sur les écrans de cinéma à deux autres occasions, toujours dans des films produits par la Hammer : ce sera Lust for a Vampire (Jimmy Sangster, 1971) et Twins of Evil (John Hough, 1972) pour constituer ce qu’on peut appeler la trilogie Karstein.

    Il est intéressant de noter que, quelques années plus tard, la Shaw Brothers fera elle aussi son entrée dans les récits ayant pour thème le lesbianisme, avec Intimate Confessions of a Chinese Courtesan (1972), grande réussite formelle de la firme de Hong-Kong, qui connaîtra, elle aussi, une suite, intitulée Lust for Love of a Chinese Courtesan (1984)... Le rapprochement avec leurs ambitions artistiques respectives n’est plus à faire. Les similitudes entre les deux studios sont telles qu’un projet mêlant Van Helsing, personnage-star de la Hammer, et David Chiang, acteur fétiche des studios de Hong Kong, verra le jour en 1974, toujours sous la houlette toute britannique de Roy Ward Baker : Les 7 vampires d’or. La patine des deux firmes est caractéristique, comme les thèmes qu’ils ne cesseront de brasser durant toute leur période d’activité. Cependant, c’est plus dans une logique de la dernière chance que ce projet va aboutir, la Hammer voyant son règne dangereusement décliner au cours de la décennie 70.

    La première scène de Vampire Lovers est très inhabituelle -et, de plus, n’est pas présente dans le récit original- ouvrant le métrage avec une aura clairement fantastique. Un homme, seul dans son château, observe ce qu’il pense être un vampire, évoluant sous un voile, lui donnant l’aspect d’un spectre ; les vampires n’ayant à notre connaissance jamais revêtu cet apparat fantomatique particulièrement poétique. A n’en point douter, cette séquence est l’une des plus belles mises en boîte par Roy Ward Baker, loin de ses calamiteux derniers films, et notamment du film à sketches The Monster Club (1980).

    Peter Cushing, le Van Helsing de la série des Dracula, trouve ici un rôle légèrement décale, celui du Général, le premier à faire le choix d’abriter la famille maudite. La taille de son rôle, bien réduit par rapport aux films de l’âge d’or du studio, ne doit pas cacher l’intérêt de celui-ci dans le développement de l’intrigue, ni le talent toujours présent de cet acteur vénérable.

    Film très original au sein des films à suites de la Hammer, il reste aujourd’hui d’une inquiétante étrangeté, saupoudré de séquences plus déshabillées qu’à l’accoutumée, tournées avec le soin qu’il se doit. Ceux pour qui Hammer est synonyme de scénarios à répétitions, jetez-vous sur ce film, fascinant à plus d’un titre !

    Voir aussi la critique très complète du film chez DeVilDead

  • La baie sanglante (1971)

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  • Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe... sans jamais oser le demander (1972)

    Un film de Woody Allen


    4086061963_4bc5962392_m.jpg"Can we please have an erection? What the hell is going on down there?"

    "Cette érection, ça vient ? Bon dieu, mais qu’est-ce que vous foutez, en bas ?!"

    Bien avant la consécration d’un Annie Hall (1977), Woody Allen s’amuse de blagues de potaches, comme redoubler un film japonais en entier pour en faire une toute autre histoire (Quoi de neuf, Pussycat ?, 1965), ou ce délirant film à sketch, dans la lignée des Monthy Python (pour le nonsense, et la structure en sketches justement, héritée de leur Flying Circus).

    Chacun des sketches donne l’occasion à Woody Allen d’endosser un rôle différent, dont il s’acquitte souvent avec brio (mention spéciale à l’italien aux grosses lunettes noires). Précédé de questionnements à haute teneur philosophique ("Qu’est-ce que la sodomie ?", "Que sont les pervers ?") les séquences détournent humoristiquement l’objectif ainsi posé. Gene Wilder est entre autres excellent dans le rôle du docteur, sensé venir en aide à un homme amoureux de sa brebis, qui devient à son tour énamouré de l’animal. Les sous-entendus extrêmes (zoophilie, pour le coup) transforment l’essai et illustrent l’adage : plus c’est gros, mieux ça passe. Le premier sketch, occasion pour Woody Allen de faire son "film en costumes", n’est qu’une mise en bouche pas vraiment réussie car trop répétitive (on est bien d’accord, pourtant un des principes des film comiques) ; ce bouffon qui tente de séduire la reine en passant par la case obligatoire de la ceinture de chasteté, n’est pas du meilleur cru humoristique. La séquence permet pourtant à Allen, comme on l’a dit, de s’essayer au film d’époque, et à toute la reconstitution qui s’en suit. Le sketch "Que sont les pervers ?" reproduit une atmosphère de reportage TV, alors que le dernier sketch (dont la citation en exergue est issue) lorgne vers la science-fiction, avec moult appareils incongrus. Est-ce que la série d’animation pour enfants Il était une fois... la vie a pu s’inspirer de cette séquence mémorable, tant certains dispositifs (salle de contrôle = cerveau, hommes = cellules) sont semblables ? Quoi qu’il en soit, en un film, Allen réunit plusieurs essais, plusieurs ambiances -le Woody aux grosses lunettes noires est intégralement parlé en italien, et a une touche incontestablement intello-Arts et Essais- et, malgré l’handicapant zapping que la structure narrative occasionne, on en s’y ennuie jamais vraiment. Dans le même style, il reste plus réussi qu’un Hamburger Film Sandwich (John Landis, 1977), dont la trop grande importance donnée à la parodie d’Opération Dragon (Robert Clouse, 1973) annihilait l’impact pour beaucoup.

    A l’encontre de son titre ouvertement provocateur et plein de promesses (issu d’un livre éponyme), le film donne au final dans la boutade inégale, constamment sur le fil de l’ennui. L’exercice est de toute façon périlleux, le spectateur sachant d’une part que des séquences disparates vont s’enchaîner, conscient de la rapide efficacité dont doit faire preuve la narration. Défi doublé pour un film comique, qui doit en plus susciter tout aussi rapidement le rire : sans conteste, la chose la plus difficile à réaliser. Mais la faible durée des sketches et l’esprit nonsensique de l’ensemble emporte l’adhésion, seuls les meilleurs moments restant en mémoire après visionnage.

  • Un film, une séquence (2/2) : Alien - le 8ème passager (1979)

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