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Critiques de films - Page 70

  • L'enquête (2009)

    Un film de Tom Tykwer

    3940468174_028f5b3897_m.jpgLe réalisateur de Cours, Lola cours (1999) fait son bout de chemin aux États-unis. Après Le parfum, adaptation assez réussie malgré des séquences casse-gueule, il nous revient avec un thriller tendance parano, héritier des films politiques des années 70, sous-genre qui semble, aujourd'hui plus que jamais, refléter une réalité déformée par la désinformation et le double langage. Le fantôme commun à tous ses films, l'assassinat de JFK, flotte sur plusieurs séquences du film et notamment sur celle, quasi identique au drame, du meurtre du nouveau directeur de la banque IBBC. On a droit à une analyse de trajectoire directement inspirée des exploits des Jim Garrison à la commission Waren, et à la certitude de la présence d'un deuxième tireur, éternelle question officiellement éludée par la théorie de la balle magique défendue par cette même commission. Conformément à la thèse du complot et au destin d’Oswald, le premier tireur est d'ailleurs lui-même piégé et tué pour la cause.

    Ici, un duo d'agents d'Interpol enquête sur la mystérieuse disparition d'un de leurs collègues, pour remonter vers la fameuse banque aux ramifications tentaculaires. Illustre aînée de cette Enquête, Les hommes du président (1976) est cité de façon plus imagée à travers l'impressionnante fusillade finale, à l'intérieur du musée Gugenheim. La structure ovale, donnée par la perspective des étages du musée, lui donne l'aspect d'un réseau labyrinthique suggéré dans le film Pakula par le fameux plan de la bibliothèque du congrès en plongée, immense réseau dont Woodward / Redford et Bernstein / Hoffman, souris cherchant la clé du mystère Watergate, veulent dénouer les fils. Les cadres, de la même façon, ne cesse judicieusement de positionner l'homme constamment seul, perdu au milieu d'un vaste ensemble aux limites indéfinissables (halls immenses, voies de circulation, mégapoles infinies). Il doit ainsi trouver les limites, aller jusqu'au bord et les dépasser, pénétrer la zone interdite, seule détentrice possible d'une vérité.

    L'héritage est visible, l'hommage appuyé, ce qui enlève quelque peu de sa valeur au film. Ces vieilles ficelles, créant un suspense prenant, n'en font pas moins un agréable moment de cinéma, loin des films palôts du type L'affaire Pélican, pourtant réalisé par Pakula lui-même, qui ont essayé de marcher sur les traces de ces mêmes inspirations dans les années 90. Clive Owen est un acteur magnétique, l'air toujours inquiet, à qui ce genre de rôle sied particulièrement. Les fils de l'homme d'Alfonso Cuaron (2006) lui avait déjà donné l'occasion de parcourir, regard hagard, les cadres aux tonalités pessimistes d’un monde trop contrôlé. Naomi Watts, elle, reste étrangement un cran en dessous, trop proprette pour convaincre.

    L'enquête s'inscrit dans le même temps en relecture de notre époque immédiate, s'auto-désignant comme film de la crise. Le milieu des banques, pointé du doigt, est aujourd'hui logiquement légal cinématographique des laboratoires pharmaceutiques (The Constant Gardener, 2005) ou des partis politiques (A cause d’un assassinat, 1975). Sans faire preuve d’originalité, bien conscient du modèle de films qu’il convoque, Tom Tykwer signe donc là un honnête suspense.

    Source image : affiche du film © Sony Pictures Releasing France

  • Watchmen : le director's cut (2009)

    Un film de Zack Snyder

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    Dernière étape, qui vient après de premières impression sur le Watchmen cinématographique (ici et ), le director’s cut de cette adaptation discutée permet d’approfondir le sujet.

    Inédit (pour l’instant) en Europe, cette version longue du film -24 minutes d’images inédites- assied Watchmen au côtés des director’s cut qui y gagnent une valeur ajoutée indéniable en regard de leur version originellement projetée en salles. On y retrouve les scènes d’anthologie, à commencer par un générique stupéfiant sur fond de The Times are A- Changin' : soit l’introduction de cette fameuse uchronie dans laquelle se débattent les personnages de notre histoire. On y croise le Comédien, visiblement très impliqué dans l’assassinat de JFK en 1963, ce même JFK qui a salué quelques années auparavant l’impressionnant Dr Manhattan ; l’alunissage en 1969, ainsi que la guerre du Viêt-Nam (gagnée en 1 semaine grâce à l’intervention du même Manhattan, véritable arme humaine qui dans le même temps peut être considérée comme un dieu - un journaliste télé nous dira plus tard « Dieu existe, et il est américain ! ». On y croise brièvement Andy Warhol qui sérigraphie Le Hibou, et Ozymandias au portes du célèbre studio 54, où l’on peut distinguer en arrère-plan David Bowie période Ziggy Stardust... Ces références à des épisodes de l’histoire récente des États-unis, tous rentrés dans l’inconscient collectif national, puis mondial, projette directement le spectateur dans une myriade de repères et installe également le décalage propre à l’uchronie : par l’intermédiaire de ce seul générique musical, on pénètre de plain pied dans la matière première de Watchmen - la BD.

    Mais alors, qu’en est-il de ses ajouts par rapports à la version ciné ? La première chose que l’on peut avancer, c’est qu’on ne les remarque pas, à l’exception de la séquence de la mort d’Hollis Mason, le premier Hibou, qui occasionne une séquence de 4-5 minutes et des prolongements dans d’autres scènes connexes. Les autres ajouts sont donc prolongement de scènes existantes, qui fluidifient le récit, complexe, et apportent des précisions qui sont nécessaires à la vraie compréhension des enjeux du film. De nouvelles considérations du Dr Manhattan, au discours intérieur de Rorschach avec son journal, qui lient mieux les séquences entre elles. Même la scène d’amour, qui apparaissait trop superficielle dans sa version ciné, gagne ici quelques plans -le visage de Laurie, extatique, qui nous ancre dans une sensation plus réaliste. Les excès gore sont toujours aussi grand guignolesques, mais surprennent toujours autant par leur soudaine cruauté... Ce qui donne un cachet très particulier au film, surtout comparé au tout-venant des films de super-héros - avec ses ajouts, le film prouve d’ailleurs qu’il fait de moins en moins partie de cette catégorie, orientant l’ensemble vers une vision désenchantée où les personnages ne se battent pas du tout pour le bien de la communauté, mais pour leur seul plaisir personnel : une dérive très humaine, plutôt qu’un utopique combat désintéressé, d’où le leitmotiv qu’on retrouve dans la bd comme dans le film : Who Watches The Watchmen, ou : qui surveillent les gardiens ?

    Soutenue par une musique toujours juste, tant du côté de la musique originale créée par Tyler Bates, ou par ses emprunts à la culture populaire mondiale (Dylan, Hendrix, Simon & Garfunkel, la chevauchée des Walkyries de Wagner, un peu de Mozart), Watchmen se pose en relecture de la culture populaire, admirablement contée et mise en image avec une passion respectueuse pour la bd d’origine ; si vous avez tout suivi, il faut donc : ne pas acheter la version ciné disponible en Europe, mais préférer l’import américain; et LIRE LA BD !

    Au final, une version alternative nous attend encore au tournant avec l'Ultimate Cut qui ajoute à la version chroniquée ici le passage animé des Contes du vaisseau noir. La promesse de cette version "Ultime" sera-t-elle tenue, tant le Director's Cut paraît abouti ?

  • Ciné d'Asie : Intimate confessions of a Chinese courtesan (1972)

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