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Critiques de films - Page 72

  • L'enfer du dimanche (2000)

    Un film de Oliver Stone

    Oliver Stone sait faire très fort. Il l’a prouvé par de véritables uppercuts cinématographiques dont j’estime l’apogée avec JFK (1991), magnifique film-enquête passionné et passionnant qui se débat avec l’Histoire, les complot et une vraie dimension paranoïaque. Avec L’enfer du dimanche, c'était loin d'être gagné, le football n’étant pas, pour le dire simplement, un très grand intérêt personnel.

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  • L'extravagant Mr Deeds (1936)

    Un film de Frank Capra

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    Mr Deeds goes to town sort sur les écrans en 1936, avec Gary Cooper et Jean Arthur. Le film est typique du cinéma de Capra, un chef-d’œuvre d’humanité. On cerne particulièrement trois dimensions intéressantes dans le film, que l’on retrouve dans d’autres films de Capra, comme Mr Smith au Sénat.

    Deeds est un homme de la campagne. Le titre original insiste bien sur cette opposition entre la ruralité qu’il quitte et la town qu’il va trouver. Pourquoi ? Car Deeds a hérité de 20 millions, d’un oncle qu’il ne connaissait que peu. Dès lors, Deeds doit aller à New-York. On y croise des laissés pour compte dont la pauvreté n’est que plus visible, eux qui font partie de la mégalopole américaine dont les richesses s’étalent à tous coins de rue. Le réalisateur érige son personnage principal en symbole d’une pureté, d’une naïveté et d’une invention que n’ont déjà plus les hommes de son temps, obsédés par la quête de la fortune. L’homme ordinaire et simple brille par une sagesse extra-ordinaire car il est hors du monde des suffisants qu’il doit côtoyer par obligation. Même au sein d’un univers autrement plus riche, il garde ses habitudes -voir comment il remet en place son majordome à chaque fois qu’il lui noue sa cravate ou lui met ses chaussures-, qui ne sont finalement qu’une façon de rester homme, responsable de ses actions.

    Le film est ensuite une critique sans détour du capitalisme forcené et de la culture matérialiste : a l’annonce de son héritage, Deeds va voir tourner autour de lui toute une collection d’escrocs ; L’homme, auparavant bienveillant envers les autres, se met progressivement à se méfier de tout le monde. Capra fustige L’accumulation des richesses de toutes parts , notamment  lorsque la colère des aristos gronde à l’annonce du don de l’héritage de Deeds à la population. Mieux vaudrait, à la limite, que cette fortune n’ait jamais existée ou qu’elle atterrisse dans les mains de ceux qui sont déjà riches. Deux choix qui, soyons clairs, sont très restreints...

    Enfin, la troisième dimension du film de Capra est la justice : occupant la dernière demi-heure, le procès de Deeds aboutira par un dénouement attendu, eût égards aux autres films du réalisateur ; en effet, même si on décèle sans mal, comme on l’a dit précédemment, une charge contre l’argent et le pouvoir, Capra aime inconditionnellement son pays et croit en sa justice, nous offrant un happy-end comme lui seul peut en réaliser. Une belle dose de bons sentiments très bien amenés ; l'Oscar du meilleur réalisateur gagné par Capra cette année-là ne fut pas volé, et éclate de toute sa force aujourd'hui encore !

    Source image : Wikipedia.fr

  • Ciné d'Asie : Martial Club (1981)

    Un film de Liu Chia-Liang

    3775650036_22680a0c90_m.jpgMartial Club est la deuxième participation de Liu Chia-Liang à l’édifice cinématographique créé pour le médecin expert en arts martiaux Wong Fei Hung, figure historique chinoise du 19e siècle. Il est incarné dans le film par le frère adoptif du réalisateur, Liu Chia-Hui, alias Gordon Liu déjà au même poste sur Le combat des maîtres (1976).

    Ce que j’adore chez Liu Chia-Liang, et qui me le fera toujours préférer à un Chang Cheh, c’est la totale beauté de ses images et la recherche souvent payante du meilleur angle, du meilleur cadre, pour filmer les arts martiaux. Auparavant chorégraphe des combats, on sent à chaque instant une recherche graphique de l’enchaînement le plus fluide possible, tout en étant visuellement très stimulant. De plus, les qualités martiales de Liu Chia-Hui ainsi qu’un charisme à toute épreuve ne sont plus à démontrer.

    Martial Club n’est malheureusement pas le meilleur film de Liu Chia-Liang, et semble d’abord se mélanger les pinceaux ; débutant par un mode d’emploi de la danse du Lion par Liu Chia-Liang himself, on assiste ensuite à une démonstration brillante de l’exercice (mais qui traîne en longueur). S’en suit des passages comiques qui rappellent le penchant du réalisateur pour la kung-fu comedy, mais ces passages sont loin de l’efficacité d’un Lady Kung-fu, réalisé la même année. Bruitages de dessins animés, expressions forcées du visage... Tout ceci se calme heureusement très rapidement.

    Force est de constater ensuite que le scénario ne brille pas par sa complexité : deux écoles de kung-fu s’affrontent pour imposer leur suprématie, pendant que deux jeunes élèves (dont le jeune Wong Fei Hung) pensent ne plus rien avoir à apprendre. A l’image de la séquence d’introduction du film par le réalisateur, on sent bien que ce dernier s’attache plus à la pédagogie et à la restitution de la morale des arts martiaux qu’à un scénario correct. La leçon de savoir vivre et la maîtrise technique de l’art martial dominent le récit. Les affrontements s’enchaînent alors de façon ininterrompue, chaque action étant prétexte à un combat. On voit là la notion d’art martial comme intégrant la vie tout entière, une philosophie qui guide le chemin de vie. Ceci étant dit, on se rapproche ici plus de la comédie musicale où les chorégraphies et passages chantés sont remplacés par des combats soignés. Deux moments sont particulièrement marquants : la danse du Lion du début, très dense, alternant des plans aux cadrages souvent différents et exploitant l’énergie des personnages ; la caméra suit, accompagne le mouvement, l’anticipe parfois. La dernière séquence lui répond comme un écho inversé, là où deux personnages seulement (contre des dizaines lors de la première scène) s’affrontent dans un long couloir qui rétrécit au fur et à mesure ; chaque coup porté est minutieusement préparé, exécuté : c’est du grand art.
    Entre ces deux grands moments, nous n’assistons pas à un Liu Chia-Liang majeur, qui a néanmoins toutes les qualités formelles des meilleures réalisations du bonhomme (La 36ème chambre de Shaolin, Shaolin contre ninja).

  • La folle journée de Ferris Bueller (1986)

    Un film de John Hughes

    3732900292_7cec883f4f_m.jpgAprès des vacances bien méritées dans les paysages enchanteurs des côtes croates, il paraît opportun d’écrire quelques mots sur cette Folle journée d’école buissonnière vécue par Ferris Bueller ; au même titre que les îles dalmates aux couleurs pratiquement irréelles, qui incarnent une sorte d’idéal rêvé, le film déroule une trame qui relève d’un fantasme ancré à l’identique dans l’imaginaire collectif ; les idéaux défendus -ici liberté, jouissance de l’instant, résistance contre l’autorité parentale, et donc la toute puissance de la jeunesse- sont bien différents.

    Labellisé 80’s en diable, le film montre le côté frondeur et irrévérencieux du jeune Ferris (le jeune Mathew Broderick, investi d’une puissance quasi-cosmique pour enchaîner les péripéties les plus énormes) dans une entreprise du day off idéal. Débutant directement sur la scène classique du mensonge envers les parents, rite de passage obligatoire, le voyage de Ferris a tout du parfait petit manuel. S’adressant de temps en temps à la caméra, il explique au spectateur quelques trucs -comment faire semblant d’avoir de la fièvre- qui, malgré un aplomb imparable, ne cache cependant pas son caractère enfantin ; Voir la scène où Bueller, comme son ami, est persuadé qu’en faisant rouler une voiture en marche arrière, il fera ainsi diminuer les chiffres du compteur kilométrique. C’est ainsi qu’à la fois Ferris exécute un vrai tour de force ; rouler au volant d’une Ferrari, chanter telle une rock star à une parade, amène à un fantasme paroxistique, presque surhumain. Dans le même temps, il reste un enfant, doté d’une imagination géniale pour mettre sur pieds les tours pendables qu’il joue à son entourage. Là aussi, dans la dimension de ses actions, on trouve quelque chose qui dépasse les capacités humaines chez Ferris, où sa blague de potache va finalement atteindre un cercle de personnes beaucoup plus étendu. En témoigne la chaîne de solidarité qui se forme dans la région pour sauver Ferris d’une maladie grave -l’écriteau gigantesque Save Ferris, inscrit sur une tour ; le déploiement de moyens devient fantastique. Devant tant d’exploits, de péripéties, le spectateur se demande si tout cela était bien improvisé, comme est supposément l’école buissonnière ; la petite amie de Ferris n’oubliera pas mettre en doute cet aspect. En effet, rien que le mannequin qui est censé représenter Ferris malade dans son lit, ainsi que la bande sur laquelle le garçon a enregistré des ronflements, a nécessité du travail, rentabilisé ceci dit par les multiples "maladies" précédentes du gamin. Mais ce travail est invisible dans un film où tout est centré sur le loisir, où rien n’est difficile. Carpe Diem est bien la devise de notre héros.

    Il est amusant de constater que la folle journée de Ferris Bueller passe la plupart du temps par une célébration du matérialisme et du monde de consommation à l’américaine ; rappelons-nous, l’année précédente, que Marty McFly ferait tout pour avoir ce joli 4x4 noir qu’il admire dans Retour vers le futur ; ici, de longs travellings nous montre le clinquant des hauts gratte-ciels, les signes extérieurs de richesse ; le plaisir est indissociable de l’argent, voire le moyen le plus certain d’accéder au saint Graal du bonheur.

    Ferris Bueller, déballant sa science, tellement sûr de lui, empêche malheureusement toute identification pour le spectateur ; Son sans gêne électrise par sa réussite incontestable, autant qu’il irrite, testant à chaque minute notre propre sens des limites. Et, rien que pour cela, le film vaut largement d’être vu aujourd’hui encore, témoin d’une époque pas si lointaine et bien différente de nos préoccupations actuelles, entre sauvegarde planétaire et crise financière, ainsi que, espérons-le, une aspiration à un bonheur plus intérieur. Pour un peu de vacances...