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Actus ciné/DVD - Page 25
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The Offence (1972)
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Tim Burton au Pays des merveilles
Ces derniers jours, on a vu apparaître sur la toile la première bande annonce d'Alice au pays des merveilles revue et corrigée par Tim Burton. Outre la présence de Johnny Depp, devenue presque obligatoire dans un film du cinéaste californien, on notera le mimétisme parfait qui semble s'opérer entre ces premières images et le film d'animation réalisé par le pool Disney en 1951.
Le look d'Alice, La chute dans le trou, le voyage à la verticale dans un tourbillon d'ojets hétéroclites, la salle en damier, la potion qui fait rapetisser, tous ces moments sont ancrés dans la mémoire cinématographiqe d'un bon nombre de spectateurs. Ceci dit, pendant que ces images familières défilent à l'écran, une différence notable se fait entendre : la partition musicale tourmentée qui semble créer un suspense, une attente, en apparente contradiction avec des images connues. Musique signée Danny Elfman, comme à l'accoutumée ; elle fait partie intégrante de la patte Burton, qui imprime à la bande annonce sa marque évidente, et indique une première réappropriation du récit. Après cette introduction posant bien les choses (situer un univers connu et indiquer la particularité du style Burton), on a droit des images plus inhabituelles qui viennent prouver qu'il ne s'agit pas là d'un simple remake, ou de régurgiter une forme universellement connue.
On aperçoit certains personnages absents de la précédente version de Disney (le premier logo nous dévoile, si l'on ne le savait pas déjà, qu'il s'agit toujours d'une production de la firme aux grandes oreiles), telle la reine blanche, et le look de certains personnages (la reine de coeur) est tout à fait nouveau. Autre nouveauté, et non des moindres, le personnage central, narrateur de la bande annonce, comme certainement du film à venir, n'est autre que le chapelier fou alias Johnny Depp. Il est d'ailleurs le premier au générique et le seul dont le nom est présenté dans les images de la bande annonce, le reste du casting restant isolé dans les crédits finaux. Ainsi, alors que Johnny Depp squatte l'espace et le son de son drôle d'air, Alice n'a pas même une ligne de dialogue. Version Burton oblige, l'acent sera indubitablement mis sur la folie de Johnny (et de son costume). Les autres éléments restent plus communs mais attestent du sens hybride du film, mélangeant vrais acteurs et personnages en images de synthèse dans le même cadre, pourrait-on ajouter, avec une réelle réussite. Le lapin blanc, Twiddle Dee et Twiddle Dum, ainsi que la chat de Chester sont ainsi virtuels. Ce dernier ne fait-il pas un peu penser au chat Potté de Shrek dans une version -un peu- démoniaque ? On a hâte, en tous les cas, que l'univers d'Alice atterrisse dans nos salles. Ceci dit, mars 2010 est encore loin ! Patience... Et ceux qui ont la chance d'avoir une salle projetant en 3D près de chez eux risquent d'en avoir pour leur argent (malgré qu'il leur faudra débourser quelques euros supplémentaires...)
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Timecrimes (2007)
Un film de Nacho Vigalondo
Profitons de la sortie en DVD il y quelques semaines de Los Cronocrimenes (Timecrimes par chez nous) pour en dire quelques mots. Commençons par avancer qu’il est scandaleux que ce film tout à fait honnête, projeté avec succès de festivals en festivals, n’ait eu finalement droit qu’à une sortie direct en DVD, à l’instar des pires navetons d’un Steven Seagal. Bref, passons.
Film modeste par les moyens, il n’en développe pas moins, après une introduction qui pourrait faire pencher la balance vers le slasher, une trame typiquement science-fictionnelle sur le voyage dans le temps. Cependant, avec son personnage entouré de bandages, semblant sorti d’une BD (et dont l’apparence ressemble à s’y méprendre au Darkman de Sam Raimi), on restera toujours raccroché à une dimension serial killer / thriller ; le film nous offre là une astucieuse déconstruction des codes du genre, où le mutisme habituel de ce type de personnage est remplacé par ses questionnements incessants ; l’identité du mystérieux individu, source de tant de conjectures et d’interrogations d’autres métrages, nous sera ici dévoilé très rapidement, jouant avec les attentes du spectateur, pour mieux bifurquer dans le sentier SF.
Le voyage dans le temps ne cesse de fasciner le cinéma, car lui seul peut le rendre tangible, existant ; Retour vers le futur donna le ton contemporain, alliant un immense aspect ludique tout en réussissant à faire éprouver le vertige des paradoxes temporels. Cependant, bien des fois, d’autres films se prennent à leur propre piège et se mordent la queue (Terminator, Minority Report). Ici, c’est la maîtrise et l’emboîtement sans faute qui surprend le plus ; chaque action prend sens une fois le film terminé. Loin de jouer la carte de la facilité, le cinéaste multiplie les strates temporelles, et malgré cela tout est compréhensible.
Une fois la première surprise passée, celle du changement de genre et du dévoilement de l’identité du personnage mystère, s’organise un jeu de rôles vertigineux dont le spectateur connaît les grandes lignes ; cependant, par petites touches apparemment anodines, l’enchaînement sait surprendre. Ce mélange de prévisible et d’imprévisible a garantit mon intérêt constant pour les personnages et leurs destinées, ainsi qu’une grande envie de le faire découvrir ; un moment de cinéma à la télévision ( ?!) tout à fait respectable. -
Michael Jackson n'est plus
Vous allez me dire, mais que vient faire Michael Jackson dans ces chroniques ? Plusieurs raisons me viennent à l'esprit, certaines plus personnelles que d'autres. Mais avant tout, on n'a rien compris si l'on pense que Michael Jackson n'était pas un homme d'images. L'inventivité de ses clips, à commencer par le mythique Thriller (qui a marqué la première incursion d'un artiste noir sur la chaîne américaine MTV). La variété de ceux-ci, brassant tous les genres (attrait marqué pour le fantastique, polar avec Smooth Criminal ou Bad, réalisé par Martin Scorsese, film d'animation avec Speed Demon, peplum pour l'égyptophile Remember the Time, sport avec Jam, et j'en oublie).
Le cinéma était très important dans la démarche artistique de Michael Jackson, lui qui a toujours voulu se frayer un chemin vers les salles obscures sans vraiment y parvenir (qui se souvient de The Wiz, version noire du Magicien d'Oz avec Diana Ross en Dorothy, et l'on pourra dire sans peine que Moonwalker, film dédié à la promotion de son album Bad, est bien bancal, malgré quelques fulgurances. Mais certains de ses clips font clairement référence au processus de création cinématographique, à commencer par Liberian Girl, qui voit un défilé impressionnant de stars eighties, qui attendent tous la venue de Michael Jackson pour tourner un clip... La fin nous montre que Michael Jackson lui-même était derrière la caméra pendant tout ce temps ! Richard Dreyfus, Steven Spielberg -et son fameux plan-signature travelling arrière-zoom avant, Whoopi Goldberg, Danny Glover, Dan Ayckroyd, bref la totale. Son exigence de l'image parfaite l'engage à aller voir des réalisateurs renommés pour réaliser ses clips, que ce soit John Landis (Le loup-garou de Londres) pour Thriller, Spike Lee (Do the right thing, Malcolm X, La 25e heure) pour They don't care about us et même David Fincher pour Who is it ?, avant son passage au long métrage.L'énorme clip Black or White, conçu pour lancer la promotion de l'album Dangerous, est un tour du monde qui devient par là un panorama du cinéma, du western à la comédie Bollywood.
Au-delà des images, c'est évidemment par la musique qui les accompagne (mélange de la soul noire et de la pop américaine, avec un soupçon d'avant-garde dans les arrangements musicaux, toujours au cordeau), épaulé par une voix unique, que Michael Jackson s'est fait une place dans l'Histoire du 20e siècle. Sans conteste plus grand showman sur terre, ses trouvailles dansées remarquables (le moonwalk restera son mouvement le plus marquant, devenant la signature d'un style fin, et toujours dominé par une dimension magique - voir son lean-over dans Smooth Criminal) survivront à tous ses successeurs ; bref, en même temps qu'il disparaît, avec lui s'efface un pan de l'histoire. Homme de tous les superlatifs, de tous les records (Thriller est l'album le plus vendu de tous les temps et, vu les ventes du monde du disque, le record ne risque pas de tomber de sitôt), Michael Jackson semblait venu d'ailleurs. Un personnage de cinéma. So long, MJ ! -
Annecy 2009 : Coraline
Un film de Henry Selick
Ex-æquo avec Mary and Max (les jurys- et pas qu'eux- ne partageant pas notre réaction sur ce dernier film), est couronné cette année le magnifique Coraline, fable adaptée d’un récit de Neil Gaiman (décidément dans tous les bons coups : Stardust et Beowulf dernièrement).
Une petite fille atterrit avec ses parents dans un endroit paumé et bien grisâtre, alors qu’elle trouve dans leur maison un passage vers un autre monde, un dopplegänger opposé, où ses parents sont sympathiques, et où le jardin est le théâtre d’une symphonie de couleurs ininterrompue ; tout y est donc plus attirant, mais quelque chose cloche, et ce pourrait bien avoir à faire avec... le fait qu’ils ont des boutons à la place des yeux !
Rappelant à nos mémoires les terreurs enfantines, le film tire sa force d’une unité assez exceptionnelle, oscillant entre émerveillement -certaines séquences sont d’ores et déjà à classer dans les plus grands moments de l’histoire de l’animation, tel la danse du cirque des souris de M. Bobinski, la découverte du jardin féerique imaginé par l’Autre Mère- et frissons, lors des débordements finaux de cette fameuse Autre Mère. Il y a dans la façon d’explorer la typologie des décors une grâce évidente, à base de travellings survolants, et de cadres captant toujours au mieux les expressions des personnages, autant que les étrangetés topographiques des lieux. Centré sur un trip à la Alice aux pays des merveilles, le film a la bonne idée de nous intéresser aux deux mondes parallèles avec une même intensité, ce qu’avait échoué à mettre en place les Noce funèbres de Tim Burton, utilisant un dispositif similaire. La raison en est toute simple : durant le film, qui que nous soyons, nous sommes Coraline, nous vivons son aventure. Expliquer cela par A+B me paraît impossible, et pour le coup inutile. Tel est le film, naissant d’une alchimie entre divers éléments tels l’image, la musique, les voix, le fil des actions, les personnages...
Émerveillement versus (petite) frayeur, le cœur du film est dans l’opposition de deux mondes aussi fantastiques l’un que l’autre, et c’est sûrement là tout le sel de ce beau film. Le monde "ordinaire" de Coraline ne l’est pas le moins du monde. Entre un jeune garçon étrange (sa première apparition en fait un petit monstre), un puits -presque- sans fond, un domaine avec sa maison rosée absolument pas croyable, bref cette inquiétante étrangeté (qui habite assez souvent nos chroniques) est de mise dès le premier plan. Le générique de début est d’ailleurs un petit chef d’œuvre à lui tout seul, et qui, en alignant des images de jolies peluches puis d’une anonyme main crochue, fait déjà de la duplicité thématique sa profession de foi.
Aller voir Coraline, c’est donc embarquer pour un voyage trouble au pays des songes hantés, et qui, personnellement, constitue ni plus ni moins ma plus belle expérience ciné de l’année (n’oublions quand même pas les Watchmen qui m’ont carrément ensorcelés).