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Actus ciné/DVD - Page 26

  • Annecy 2009 : Mary and Max

    Un film de Adam Elliot

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    J’assiste à la projection de ce long métrage avec une attente palpable, les antécédents du Monsieur ayant été unanimement salués (Harvie Krumpet, Oscar 2003 du meilleur court d’animation).

    Débute alors un film en demi-teintes, narrant la relation épistolaire de deux individus atteints de diverses névroses (comme tout un chacun, en fait). Une jeune fille complexée et aux repères mouvants donnés par son alcoolique de mère ; puis un vieil autiste obèse. Une série d’animation, Les Noblets, les relient indéfectiblement, tous deux étant animés par une même passion pour le show. Petit à petit se développe donc ce lien spécial, à distance, accompagnant chacun dans leur vie de tous les jours. Sur ce canevas pour le moins intéressant, vient malheureusement se greffer une esthétique morne, monochromatique, soutenu par le commentaire atonal d’un narrateur bavard (le casting vocal est d’ailleurs impressionnant, mais seulement sur le papier : Philip Seymour Hoffman, Toni Colette, Eric Bana). L’environnement sonore, clairement opposé entre les deux partis (enjoué pour Mary, désespéré pour Max) est soigné, et certains passages musicaux sont de vraies réussites.

    Déroulant certes une histoire touchante, pleine de bizarreries étonnantes -les hot dogs au chocolat du vieux Max, les déambulations et le look de mort-vivant de la mère imbibée de Mary-, le film reste cependant replié sur lui-même, à l’image de l’affection qui touche Max. L’émotion peine à poindre devant tant de morosité. Il est donc permis de s’y ennuyer, voire même d’éprouver une malaise correspondant à l’état d’esprit des deux personnages. Le réalisateur a-t-il réussi son coup ? Etait-ce la réaction escomptée ? Quoi qu’il en soit, ces impressions façonnent la déception qui nous étreint au sortir de la salle.

  • Annecy 2009 : courts métrages en compétition

    annecy09.jpgA quoi bon résider sur Annecy et ne pas assister à leur Festival du film d’animation de dimension internationale ? Cette année encore, le programme est plutôt alléchant : Coraline (Henry Selick, présent sur place) en compétition, Mary et Max (Adam Elliot), Ghost in the Shell 2.0, le film séminal de Mamoru Oshii, agrémenté de nouveaux effets spéciaux, ou Sword of the Stranger, prometteur film de sabre, bref, pour les longs, il y a de quoi faire.

    Les courts-métrages représentent cependant toujours le cœur de la manifestation, nous allons donc en rapporter quelques uns ici, vu dans le très bon programme Courts Métrages en Compétition n°3 :
    D’abord, impossible de faire l’impasse sur le magnifique Cat Piano. La rencontre d’Edgar Poe et du film noir, saupoudrée de l’esthétique de Guarnido pour la bédé Blacksad. Tourné en Cinémascope, la signature visuelle est très séduisante, misant beaucoup sur le clair obscur. Ambiance jazzy, quartiers chauds, le film déroule un feeling oscillant entre le cool et le macabre ; des chats se font enlever pour, peut-être finir dans le fameux Cat Piano, soit une machine infernale qui fait correspondre à chaque touche de l’instrument la queue d’un chat ; cette dernière est alors comme poinçonnée, et le chat de faire sortir toute sa gamme dans un miaulement qui glace le sang. Même si l’histoire aurait pu être plus complexe (l’affaire est close trop rapidement), on est vraiment devant un bon morceau de mise en scène ; de la belle ouvrage, sur la voix rauque de Nick Cave. En voici la belle bande annonce...

    Autre très bon cru de ce programme, le farouchement anti-capitaliste Train en folie, de Cordell Barker (Canada). Le train ne doit jamais manquer de charbon pour avancer, au mépris de toutes les morales, et au bénéfice unique des riches. Mais, alors que dans la vie, ces derniers en sortent toujours gagnants, remerciés en prime avec un sacré paquet d'oseille en poche, la justice divine du film d’animation leur rend ici la monnaie de leur pièce. Détonnant.

    Pour finir, The Tale of little Pupettboy, alias Sagan om den lille dockpojken, de Johannes Nyholm, pour la Suède. Ces aventures rocambolesques d’un jeune garcon solitaire sont désopilantes, trash, désolantes, bref. Et la version télé d’Ivanhoé, avec James Mason, a été partiellement recréée en images par images ! Il y a fort à parier qu’on retrouve l’un de ses trois films dans le palmarès, à voir...

  • Le premier jour du reste de ta vie (2008)

    Un film de Rémi Bezançon

    3286762893_a7e8598ff8_m.jpgBeau succès en salles en 2008, la sortie en dvd du Premier jour du reste de ta vie permet de tester l’appréciation d’un second visionnage.

    Pour son deuxième film, on peut déjà dire que le réalisateur fait preuve d’une maîtrise étonnante. Il est aujourd’hui rare dans le cinéma français qu’on prenne autant soin de l’image : plans très composés, couleurs éclatantes, reste un montage classique mais qui sert bien le propos du film. Film très (bien) construit, il conte la vie d’une famille sur une durée de 25 ans en se concentrant sur cinq journées spéciales, cinq moments décisifs dans l’évolution du cercle familial. On capte dès lors ce qui fait d’abord la valeur du métrage, ainsi que son succès : sa dimension universelle. Dans cette famille, une chose, à un moment ou un autre va nous ramener à notre propre expérience de la vie, grâce à la justesse des situations, soutenues par des acteurs très convaincants. Cette famille semble exister, pour de bon. On pourrait même ajouter que, devant le talent déployé, ne pas trouver de points communs en nous-même n’est pas rédhibitoire ; les séquences s’enchaînent, nous amenant du rire aux larmes -la comédie du départ se teinte petit à petit de drame.

    Si les acteurs confirmés font des merveilles (Jacques Gamblin en tête, admirable), la nouvelle génération n’est pas en reste, avec le jeu de Marc-André Grondin (découvert dans C.R.A.Z.Y., avec lequel le film entretient des rapports étroits) et de Pio Marmaï, assez exceptionnel. Preuve d’une réussite dont on reconnaît instantanément le bien-fondé, Le premier jour du reste de ta vie contient déjà son lot de scènes cultes, du déjeuner chez le grand-père (le sablier !) à la performance de guitare invisible, ou encore la séquence du voyage dans le temps... Ce film en regorge. Sa réussite vient également de sa bande-son, énergique, mélodique et travaillée dans un rapport son/image souvent juste. Sinclair a composé, dans des styles différents mais avec une préférence pour l’électro, des morceaux qui font mouche -et que l’on retrouve avec bonheur sur cd dans l’édition prestige du film, exclu du dvd). Cependant, et c’est là, peut-être, le seul petit reproche que je formulerais, le film est tellement accroché à ces passages musicaux qu’on a un petit effet "clip" qui vient parasiter quelques scènes ; on peut parfois avoir l’impression que c’est trop, avec des moments qui pêchent par excès d’artifices alors que le film aspire à une certaine authenticité pour toucher. C’est aussi durant ces quelques scènes que le film apparaît comme moins original, plus calqué sur quelque chose de connu ; le montage musical sur la tentative du père d’arrêter de fumer en est un bon exemple. Des scènes comme celles-ci sonnent comme du déjà-vu au sein d’un ensemble beaucoup plus singulier et personnel.

    J’y vois malgré tout l’essence même d’un cinéma populaire qui aurait d’ailleurs pu, avec une campagne promo en bonne et due forme, remporter un succès encore plus grand en salles (1.2 millions de spectateurs avec un excellent bouche-à-oreille). Un film qui fait du bien au cinéma français.

  • Les aventures du prince Ahmed en DVD

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    Dans la jungle des sorties de DVD pour Noël, est paru le 19 novembre dernier un véritable bijou, un incunable du cinéma d'animation, j'ai nommé Les aventures du prince Ahmed, réalisé par Lotte Reiniger en 1926. Ce film rare, contant le périple d'un prince qui, à l'aide de son cheval volant, débarque au pays de Wak-Wak et y trouve l’amour, a le privilège de deux éditions, l’une simple l'autre dispo en coffret, chez l'excellent Carlotta. Les images magnifiques que l'on peut trouver sur la toile témoigne d’un raffinement incroyable, empreint de poésie et d’une vraie magie. Bien qu'exagérant un peu sa place dans l'histoire du cinéma d'animation (il n'est pas "le premier long-métrage d'animation de l'histoire", devancé par les films argentins de Quirino Cristiani), Carlotta tient bien sa place d’éditeur DVD cinéphile, choisissant comme à l'accoutumée de faire un véritable travail d'accompagnement sur ce pilier de l’histoire. Ainsi, Les aventures du prince Ahmed était sorti en salles en décembre 2007, et promet une belle carrière vidéo avec un produit aussi soigné. Le film, ayant inspiré certains cinéastes contemporains majeurs dans l’art des silhouettes animées (le plus redevable étant Michel Ocelot), devrait en effet attirer le public friand d'animation, toujours plus nombreux ; C’est en tous cas tout ce qu’on lui souhaite.

    >>Plus de détails sur l'édition DVD

  • Émile Cohl, l'inventeur du dessin animé : un livre incontournable

    3044913373_680d919e98.jpg?v=0Profitons de l'article du jour pour faire état d’une publication remarquable, celle du livre Émile Cohl, l'inventeur du dessin animé. Fruit de nombreuses années de travail, cet ouvrage paru chez Omniscience nous fait découvrir le visage de celui par qui le cinéma d'animation a débuté, et qui fut pendant la plus grande partie de sa vie un caricaturiste de talent. A 50 ans, il décide de remettre à plat tout son savoir afin de donner vie à des dessins. Travaillant seul, il est l’archétype de l’artisan génial, et ce qui peut être qualifié d'expérimentations représente déjà un accomplissement immense. Pour être tout à fait exact, on remarquera tout de même que l'animation de dessins a commencé plus tôt, avant même le cinéma, grâce au Théâtre optique d’Émile Reynaud. Ce qu'il reste aujourd’hui de la production de Colh est, miracle, inclus dans ce livre décidément incontournable via 2 DVD édités par Gaumont, qui constituent le complément de l’édition consacrée au Cinéma premier, sortie en avril 2008. Ces disques ne représentent qu’un cinquième de la production de Reynaud et sont à considérer comme un véritable trésor de patrimoine. Dans le livre, on a également droit à une très belle introduction du grand Isao Takahata (Le tombeau des Lucioles), pleine de finesse et d’un profond respect pour l’œuvre du précurseur. Richement illustré, ce livre est à ne rater sous aucun prétexte, bénéficiant de plus d’un rapport qualité/prix imbattable (vous le trouverez au-dessous des 40 €).