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  • Metropolis - version intégrale (1927)

    Un film de Fritz Lang

    4352728133_754ec54db4_m.jpgCe vendredi 12 février 2010, aux alentours de 23h20, la projection exceptionnelle de la version la plus complète de Metropolis à la 60ème édition de la Berlinale touchait à sa fin. Fruit d'un parcours épique, dont l'histoire des déboires est aussi dense que celle d'un (bon) film, Metropolis tient donc debout pour la première fois depuis sa première projection.

    Production pharaonique de la UFA, qui accompagnait Fritz Lang depuis quelques années, et avait déjà permis à son réailsateur de créer sa vision démesurée du mythe des Nibelungen (1924), Metropolis est le film de tous les superlatifs : figuration dantesque (35000 personnes, chômeurs pour le plus grand nombre, permis par les salaires très bas pratiqués à l'époque), décors gigantesques, expérimentations graphiques de tous les instants au service d'une réflexion sur les rapports de force entre les classes sociales, et c'est loi de faire le compte. Face à son budget incontrôlable, le film est un échec cinglant et le film est rapidemment coupé, découpé dans les grandes largeurs. Si l'on se retrouve aujourd'hui avec une version quasi-complète de 2h30 (de rares cartons nous décrivent encore une ou deux scènes manquantes), l'on ne pouvait voir à la fin des années 20 qu'un film d'une durée de 1h30 ! Le film met ainsi longtemps, très longtemps avant d'acquérir le statut de classique mondial (premier film enregistré à la Mémoire du monde de l'Unesco), et ce n'est quà partir des années 70 que le film, sous le coup d'une première restauration, va inspirer les metteurs en scène, mais aussi le monde de la mode, ....

    La copie retrouvée au musée de Buenos Aires remet donc les pendules à l'heure, car elle permet de voir près de 25 minutes inédites par rapport à la dernière restauration de 2004, celle présentée sur le DVD MK2 en France, qui comportait encore nombre de cartons descriptifs rendant l'intrigue encore confuse. Ici, le challenge était de produire une copie exploitable en HD, pour de futures éditions Blu-ray. La version diffusée sur Arte est celle-ci, en plus d'être un ciné-concert, l'orchestre symphonique de Berlin jouant pendant que le film était projeté. La partition originale est très importante, entre nous soit dit, car elle a permis de se rendre compte que la copie argentine était bien la plus complète  : la partition comporte en fait plus de mille points de synchronisation musique / images, qui permettent de faire vivre le film beaucoup plus qu'une musique générique comme c'était souvent le cas pour sonoriser des films muets.

    On peut facilement différencier les passages déjà connus, retranscrits avec une pureté jamais atteinte (la HD pour les films de patrimoine, fussent-ils si anciens, est vraiment visible!) des scènes inédites, la copie argentine, en 16 millimètres, faisant preuve d'un état lamentable, restaurée au mieux mais aux dégâts irréversibles. D'innombrables stries barrent l'immage verticalement, le spectateur pouvant discerner derrière ces véritables barreaux ce à quoi ressemblait ce rêve de Metropolis, ce mythe du film génial mutilé et retrouvé. Dans ces scènes inédites, qui ne s'en tiennent parfois qu'à des plans de coupes, on découvrent de nouveaux personnages, tel le sbire du chef de l'usine, un gars à la mine patibulaire, mâchoire carrée, chapeau noir à longs bords et oreilles naturellement pointues : mandaté pour tuer Freder Fredersen, il va poursuivre l'ouvrier à qui ce dernier a fait don de son costume. 11811, car il est ainsi nommé, a droit a plus de scènes, et notamment une dambulation en voiture durant laquelle il veut se rendre au quartier des plaisirs (nommé Yoshiwara, du même nom que le quartier bien connu, pour les mêmes raisons, dans le Japon de l'ère Edo). La fin du film est la plus dense en scène nouvelles, principalement axée autour de l'inondation du monde souterrain ; l'eau monte, jaillit de toute part, à l'instar de la peur de tout un peuple.

    La tenuer christique du récit, voyant un homme du peuple d'en haut aller dans les souterrains, prendre la place d'un ouvrier, pour finalement symboliser le coeur entre "le cerveau et la main", leitmotiv martelé tout au long du film, est claire et finalement très naïve (le jeu de Gustav Frohlich, tout en yeux écarquillés et poses théâtrales, n'élévant certes pas le propos). L'acteur a d'ailleurs une particularité amusante : il est atteint d'un mal plus tard connu sous le nom de syndrome Forrest Gump, à savoir qu'il ne se déplace qu'en courant comme un dératé, même sur des courtes distances, ce qui est est très drôle -malgré lui.

    Le film, opposant le monde d'en haut, terre des artistes, de la beauté et de la richesse, aux tons blancs éclatants, à celui du bas, noir de charbon pour les ouvriers qui semblent nourrir les machines d'eux-mêmes pour assurer le bon fonctionnement d'en haut, est ainsi construit en miroir constant. Marie, jeune fille pure qui exhale la foi des opprimés, et son double robotique, pervertie; Freder le bourgeois et 11811 l'ouvrier , dont il prend la place et qui, une fois maquillé en rupin, lui ressemble beaucoup ; A ses oppositions symétriques s'ajoutent les effet de miroir dans le cadre, qui démultiplient les visages, ou les regards (le visage de Maria répété à l'infini). L'opposition cerveau / main s'offre une résolution, un lien possible entre les deux en la personne de Freder, défini comme l'élu, le médiateur rêvé. Dans un autre axe de lecture, on peut néanmoins penser que le véritable lien, le médiatuer véritable n'est autre que la femme robotique, croisement entre l'homme et la machine, et ainsi trait d'union entre le cerveau (l'homme) et la machine (la main). Le centre de gravité de metropolis est donc mouvant entre ces deux potentialités.

    On retrouve aussi dans Metropolis des moments qui préfigurent Les Temps Modernes de Chaplin ; avec le thème des masses épuisées par l'industrialisation galopante, transformés en zombies (la relève dans l'usine de Metropolis / les tour de clés mécaniques de Chaplin dans Modern Times), Metropolis offre une lecture sociale et avant-gardiste. La relation entre le patron de l'usine et le chef machinot, par écrans interposés, est illustré par des procédés très similaires.

    Une nouvelle vision salutaire, qui témoigne de la richesse d'une oeuvre-monstre. Vivement le Blu-ray, pour le courant de l'année 2010 !

  • Superman and the Mole-Men (1951)

    Un film de Lee Sholem

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    Tout entier dédié à la série B, Lee Sholem était le réalisateur idéal pour cette première incarnation du super-héros kryptonien au cinéma, ce qui n’empêche pas le résultat final d’être un brin soporifique et mal foutu, mais bon... A part Superman, Sholem s’était auparavant attaqué à Tarzan, au Captain Midnight (connais pas, mais le nom sonne bien), et clôturera sa carrière par un épisode de Star Trek, la série originale : beau générique, en tous les cas !

    Superman and the Mole-Men a derrière lui une mythologie déjà bien établie via le comic, et par d’autres interprétations, notamment la série d’animation des frères Fleischer. Celle de George Reeves, qui deviendra après cette sorte de test le héros de la série TV The Superman Adventures, est dans la continuité du personnage dépeint jusqu’alors : il ne fait pas de vague, engoncé dans son costume de Clark Kent (introduit, au passage, par la présentation popularisée dans le cartoon, qui voit se superposer sur le personnage de Superman le costume urbain de Kent ; ce dernier est désigné comme son déguisement, alors que la vision humaine du concept identifiera le costume bleu et rouge de Superman comme étant le déguisement), puis distribue les mauvais points aux méchants. Ceux de l'histoire n,e sont d'ailleurs pas qui l'on pourrait croire... On ne verra Superman pour la première fois qu’au bout d’une bonne vingtaine de minutes (alors que le film dure en tout et pour tout 58 minutes), le réalisateur préférant d’abord laisser la paire de journalistes commencer leur reportage sur le puits de pétrole le plus profond au monde, si bien qu’il atteindrait le centre de la Terre. De là, arrive un petit homme à la physionomie pour le moins étrange : de la taille d’un enfant, mais doté d’une tête énorme et d’une pilosité généreuse (si Grosse Tête, méchant anthologique de la quatrième saison de Loïs et Clark vous revient en mémoire, c’est tout à fait ça). Notre Mole Men a la particularité de laisser une trace luminescente sur tout ce qu’il touche, interprétée par les personnages de l’histoire comme radioactive (aucun d’entre eux n’est, pour autant, un véritable scientifique). Sans avoir dit un mot, l’étranger est donc pourchassé par les habitants, obnubilés par un danger latent. Tous ? Non, car Superman veille au grain et, en bon défenseur de "la vie à l’américaine", défend l’altérité et l’ouverture d’esprit (c'est une fiction).

    Série B tout à fait classique, Superman and the Mole-Men est malheureusement très molle, et ne tire pas parti de la rivalité Lane / Kent, comme saura le mettre en avant sporadiquement la série animée des années 40. Lane fait toujours les articles, car Kent / Superman est occupé à sauver le monde... Du coup, on se demande pourquoi le duo de reporters est si célèbre et reconnu, comme l’annonce un personnage au début du film. La dimension fantastique est réduite à la portion congrue, faute de moyens, mais la vision inexistante de Sholem n’arrivera jamais à transcender ces contraintes. Un film définitivement anodin, alors qu’il reste une date par le seul fait de constituer la première apparition de l’homme en cape rouge. Avec ses muscles en mousse et ses prise de lutte qui envoient valdinguer du méchant, George Reeves ne donne pas vraiment corps à un Superman spectaculaire, peut-être uniquement par défaut de mise en scène... Je pense par ailleurs qu’un tel personnage ne peut se passer d’un budget confortable, car le film ne peut faire l’impasse sur la démonstration explicite, plein cadre, de ses exploits surhumains. Curiosité oui, à voir je dis... pas sûr... non, non. Autant revoir le Superman de Donner.

  • Le Trou noir (1979)

    Un film de Gary Nelson

    4339694513_59ebf9ebd5_m.jpgProduction Disney atypique, née de la vague de science-fiction déferlant sur le monde à l’époque, Le trou noir est assez méconnu, malgré un casting bien pourvu, jugez plutôt : Anthony Perkins, Robert Forster (Jackie Brown) et  Ernest Borgnine (La horde sauvage, L’aventure du Poséidon).

    Le vaisseau spatial Palomino passe à quelques encablures d’un trou noir, phénomène physique mystérieux qui attire tout ce qui passe à proximité, et fait disparaître tout ce qu’il absorbe. Non loin de là, l’équipage aperçoit un vaisseau porté disparu depuis longtemps, le Cygnus. Une fois à bord, ils découvrent un vieil homme reclus, le professeur Reinhart, qui règne en despote sur une armée de robots qu’il a lui-même construit. Tout l’équipage du vaisseau a visiblement péri...

    Le trou noir est tributaire de nombreux récits de science-fiction, de façon on ne peut plus flagrante : beaucoup de Planète interdite pour la structure générale, Star Wars pour le décorum et les pistolets laser, et un brin de 20 000 lieues sous les mers... En secouant bien, vous obtenez le cocktail du Trou noir, auquel il faudra ajouter le côté mystique de 2001, l’odyssée de l’espace.  Malgré ce mélange de classiques tout à fait visible, Le trou noir est un moment de cinéma appréciable, notamment par des personnages bien campés, caractérisés avec attention. Le réalisateur Gary Nelson, habitué des séries TV Disney, sait laisser du temps à certaines séquences, pour laisser distiller une ambiance étrange, par ailleurs pas vraiment destinée aux enfants. Les matte paintings de Peter Ellenshaw jouent beaucoup dans le caractère immersif du vaisseau, poussant au maximum la profondeur de champs dans des perspectives infinies. Design industriel, échafaudages métalliques et tubes en tous genres conduisent les personnages vers des salles majestueuses, comme la salle de contrôle de Reinhart. Le passage qui les amène dans la serre est très beau, ouvrant sur un autre monde de cinéma en passant des claustrophobiques couloirs jusqu’à une nature (apparemment) sauvage et foisonnante.

    Cependant, Le trou noir pâtit de ses ambitions science-fictionnelles et de son public cible ; à des scènes assez sombres (l’enterrement d’un des robots, la découverte du stratagème), il superpose des scènes de comédie à l’aide de Vincent, le robot friendly qui parle. Rien que son apparence, avec ses gros yeux dignes de Donald ou Mickey, nous indique son rôle dès le début. Avec ces phrases-citations de proverbes, il constitue la fusion de R2D2 -pour la taille- et de C3PO -pour le discours. Les règlements de comptes sur fonds de jeu vidéo, où un robot noir (Dark Vador, es-tu là ?) manie ses flingues à la manière caricaturale des cow-boys de fiction, sont aussi là pour dédramatiser le reste du film. L’unité du film est alors à chercher, comme on l’a dit, dans les personnages, dans les décors, et la musique de John Barry, mondialement connu pour les musiques de James Bond (dont on reconnaîtra à l’occasion quelque montée de violon ou enchaînement mélodique caractéristique). Le final est assez étrange, et la morale pas si unilatérale que le laisserait penser la représentation archétypale de la fin du personnage de Reinhart. Étrange et bancal, pour sûr, le résultat est loin d’être inintéressant et mérite une (re)découverte pour certaines très belles séquences.

  • Darkness (2002)

    Un film de Jaume Balaguero

    4332475657_12a71ed87c_m.jpgShining reloaded

    Un couple et ses deux enfants, Paul et Regina, s’installent dans une vieille maison à la campagne. Le mari commence à avoir un comportement colérique, et c’est le début d’une longue descente aux enfers...

    Darkness a un scénario bien dégraissé ; son objet est, de même, aussi simple qu’insondable, la peur du noir. On se retrouve donc en quasi huis-clos dans cette maison à l’allure bien étrange, où les apparitions ne vont pas tarder à surgir. Car, à la différence de Shining (Stanley Kubrick, 1980), dont c’est le grand modèle, le film ne lésine pas sur la réalité du malaise procuré par la maison ; il se manifeste par des entités physiques dès le début du film. Le film joue donc sur l’explicite, mais avec un savoir-faire évident. De même, il investit le terrain ô combien classique des films de maison hantée, mais y apporte un tel soin que c'en est intimement flippant. Au rayon des ressemblances, autant hommage que pillage, voire remake, le mari a les mêmes expressions de folie que Jack Nicholson / Torrance, le petit garçon a une voix tout à fait similaire au Danny Lloyd de l’hôtel. La maison est évidemment une déclinaison de cet Overlook Hotel, partageant avec lui les mêmes teintes cendrées et les apparitions de sœurs jumelles en souffrance. Rien que le resserrement narratif à base de cartons indiquant les jours passant (Tuesday, premier choc temporel, dans Darkness comme dans Shining) en fait un véritable relecture contemporaine, avec en sus les tics de mise en scène de Balaguero. Un montage sensitif, la caméra bougeant au même rythme -infernal- que le cœur des personnages principaux, associé à des bruitages stridents dérangeants (comme des ongles qui grattent un tableau d’ardoise, ou bien encore des dents qui grincent, ça doit parler à tout le monde), une mise en scène qui se voit, à base de symétrie, de travellings proprets, de nombreux inserts, ... Puis, deuxième marque de fabrique de Balaguero, le caractère désespéré de ses scénarios, érigés en principe narratif. Aucune échappatoire n’est laissée, à personne. Que ce soit dans son premier La secte sans nom (1999), terrifiant, ce Darkness, à la fin tout aussi glaçante, bien que moins dérangeante, jusqu’à [Rec.] (2008), en passant par le téléfilm A louer (2006), le message est clair. Lorsque les portes du film se referment, elles retiennent en otage tous le monde, y compris les spectateurs, pris aux tripes par ces aventures qui voyagent jusqu’aux extrêmes de la peur. Il n’y a guère que dans Fragile, qui, malgré une fin triste, nous en laisse moins sur le cœur.

    L’autre versant vers lequel penche le film est l’horreur transalpine, tant l’intérieur de la maison, ainsi que l’appartement du grand-père, convoque le cinéma d’Argento et de Mario Bava. Des vitres aux couleurs franches et lumineuses, avec beaucoup de vert (couleur souvent associée à la peur et à la mort) et de rouge, mais aussi des jaunes et des bleus. On pourrait se croire dans le pensionnat de Suspiria (Dario Argento, 1977), ou dans Les trois visages de la peur (Mario Bava, 1966). Tous ces films ont aussi en commun la manipulation perverse du spectateur, qui s’embarque dans une histoire, prend quelques personnages pour repères, souvent ceux-là mêmes qui sont l’origine du mal. Là encore, on peut penser à Anthony Shaffer, un des premiers scénaristes à avoir essayer cela au cinéma, avec grande réussite (Le limier, de Mankiewicz, The Wicker Man de Robin Hardy ou Frenzy d’Alfred Hitchcock).

    Pour Balaguero, l’exploration de la peur sous toutes ses coutures, et l’obsession de remonter à la source de la peur, semble être la même fascination morbide qui animait Hitchcock et son éternel crime parfait. Et le cinéaste espagnol de répondre que c’est au sein du cercle où l’on est sensé être le plus en sécurité que peut jaillir le plus terrible des cauchemar. La peinture de ce cauchemar, dans le dernier quart du film, aura inspiré Christophe Gans pour son Silent Hill (2005), avec ses murs sanguinolents, représentation assez classique des feux éternels de l’enfer. Ceci dit, ici l’enfer est plus représenté par l’obscurité que par la chaleur rougeoyante des flammes. Sur ces impressions qui resteront encore longtemps après projection, je vous souhaite une bonne nuit ! (m’en vais me regarder un Tex Avery, moi... Brrrr !)

  • Classics Confidential : le DVD nouveau made in Wild Side Vidéo

    31156.jpgTout d’abord, une fois n’est pas coutume, permettez-moi de vous conter un midi peu ordinaire. Ce 25 janvier, je relève, comme d’habitude, ma boîte aux lettres, découvrant un colis m’étant adressé. Après une demi-seconde d'intense réflexion, je me rappelle avoir participé à un jeu sur CinéManiaC, fin décembre, pour gagner un coffret Fritz Lang que j’avais repéré sur les plannings de sortie et qui augurait d’une haute tenue : le premier Classics Confidential, comprenant deux films américains de Fritz Lang parmi les plus connus, ... et un livre étudiant le rapprochement des deux métrages. Ce qui m’a fait oublier ce concours, c’est que les gagnants devaient recevoir les DVD très vite, pour Noël. Ne voyant rien venir à l'époque, j’ai vite déchanté. Ce n’est en effet qu’un mois plus tard, dans une grande enveloppe aussi scellée qu’un coffre-fort d’une banque suisse, j’ai vu avec bonheur débarqué ce cadeau inattendu. Merci à Cinémaniac et à Wild Side Video, car c’est un beau cadeau pour ce début d’année.

    Si je reviendrais plus en détails sur le contenu du coffret et la chronique des deux films, que je n’ai pas vus ; évoquons par contre le packaging, tout à fait atypique. L’ensemble tient plus du livre que du DVD, avec une couverture mat et solide du plus bel effet, auxquels les films s’adjoindraient comme compléments, au vu du soin apporté à la maquette, constellée de photos d’exploitation ou de plateau voyant Lang au travail avec ses comédiens. La tenue du livre est vraiment une excellente surprise, rempli d’anecdotes mais aussi du contexte de production, précis et bien écrit, ainsi que des biographies succinctes des principaux membres de l’équipe. Un bémol : les DVD, enfichés directement dans le livre, risquent de s'abîmer rapidement à force de manipulation et donnent envie de les ranger à part.

    La thématique de cette collection me paraît extrêmement alléchante -des fleurons de l’âge d’or d’Hollywood, notamment des westerns-, et la plume érudite de Jean Ollé-Laprune, historien du cinéma et fondateur de Ciné premier et Ciné Classics, n’y est pas étrangère. On est immergé au cœur de ces œuvres qui ont façonné un pan du cinéma hollywodien, et l’alliance livre / DVD a rarement été poussée aussi loin. Quand le livre est pensé en même temps que le support film, il est on ne peut plus "raccord" avec son objet. A suivre, entre autres, Convoi sauvage et Le fantôme de Cat Dancing de Rochard Sarafian, puis un autre dyptique Langien, ou encore Le jugement des flèches, de Samuel Fuller. Ces Classics ne sont-ils pas l'occasion pour Wild Side de recréer leur propres Introuvables, dont la Fnac les a plus ou moins dépossédés ? (en tous les cas, il est certain que l’économie de packaging depuis la reprise, simple boîtiers plastique enfilés dans des foureaux cartonnés, ainsi qu’une charte graphique bien moins inspirée, ne soient pas du goût de tout le monde). Cette nouvelle collection remet en valeur toute la noblesse de l’objet DVD, petit à petit oubliée...Décidément, pour toutes leurs innovations et le soin constant qu’ils apportent à leurs éditions, Wild Side représente toujours aujourd’hui le fer de lance de l’édition DVD de patrimoine.