Planète interdite, chef d'œuvre SF jusque là inédit en DVD zone 2, était sorti dans une relative indifférence promotionnelle en août dernier, perdu au sein d'une nouvelle collection proposée par la FNAC. Malgré tout, les cinéphiles, attendant la parution du film de Fred McLeod Wilcox depuis des lustres, avaient provoqué la rupture de stock du produit dans la semaine suivante. Réassorti ces derniers jours, la perle rare est à nouveau disponible, uniquement à la FNAC.
Comment ce film des années 50 est devenu un classique révéré du 7ème art ? Ce qui le différencie du tout venant de la production science-fictionnelle de l'époque se trouve d’abord dans l’originalité de sa trame narrative, inspirée de La Tempête, une des dernières pièces de Shakespeare ; ou comment associer un idéal d'art littéraire avec un genre considéré comme une sous-culture, de plus à l'intérieur d’un médium (le cinéma) qui commençait à peine à avoir la reconnaissance d’une forme d’art. D'autres aspects contribuent à élever le film, décidément pas banal : un beau Scope couleur, qui contraste avec le noir et blanc plein cadre généralement utilisé pour ce type de série B ou encore les décors de studio dont l’artificialité assumée apporte une forme de poésie visuelle à l’ensemble, notamment avec ses ciels turquoises et ses paysages désertiques dans le lointain. Les effets spéciaux sont convaincants, notamment lors d'une saisissante apparition monstrueuse filmée en animation image par image ; enfin des artefacts qui permettent d'ancrer l’imaginaire du spectateur dans une autre dimension : l'intérieur d’une soucoupe volante, des objets produisant des sonorités étranges et Robby le robot, devenu une mascotte, une icône pour les enfants des foyers américains, réapparaissant périodiquement dans divers programmes familiaux.
La philosophie du film est fortement influencée par la psychanalyse, notamment via le personnage de Morbius, scientifique solitaire sur une planète désertée ayant pour seule compagnie sa fille, qu’une mission de sauvetage vient ramener sur Terre. Ses expériences sur le cerveau humain, les manifestations de l’inconscient, et des dialogues au sens ambigu finissent de faire de Planète interdite un film rare, étonnant et très étrange.
De l'autre côté de l’Atlantique, les américains bénéficient d’un coffret DVD métal somptueux, qui illustre bien la place du film au sein de la culture populaire américaine, au même rang que La vie est belle (de Capra) ou qu'un Magicien d'Oz, dont les références parsèment tout un pan de leur patrimoine culturel.
Commentaires
Aaah une chronique sur mon film fétiche :D (comment ça, c'était facile à deviner ?)
Je lui ai récemment consacré un billet à sa mesure pour fêter la 50eme chronique de mon propre blog et publié également sur CultCrusher : http://www.robbymovies.com/2009/06/planete-interdite.html
A bientôt
Robby