Un film de Sam Peckinpah
Il faut bien se dire la vérité : de tous les Peckinpah déjà visionnés par votre serviteur, Tueur d'élite (The Killer Elite) est bien le moins bon. Le documentaire sur le film, en bonus de l'édition DVD et blu-ray sorti chez Wild Side, est assez éloquent à ce sujet : personne ne parle du film, mais plutôt de la déchéance de Peckinpah à l'époque (cocaïne & co), de la détestable ambiance de tournage -la jeune Tiana Alexandra est imposée par son mari, le scénariste Sterling Silliphant (Nightfall) méprise toute l'équipe-, ou de la (réelle) difficulté de Peckinpah à faire financer ses projets, alors que sa filmographie est émaillée de chef-d’œuvres définitifs (La horde sauvage, 1969 ; Les chiens de paille, 1971 ; Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia, 1974). Pour autant, ils n'ont jamais rapporté beaucoup d'argent aux studios.
Ça ne commençait pourtant pas si mal : une première mission réussie par un duo d'agents de la CIA, James Caan (Mike Locken) et Robert Duvall (George Hansen). La complicité est évidente entre les deux frères du Parrain (Francis Ford Coppola, 1972) ; la meilleure séquence du film est là, dans le fou rire qu'ils entretiennent lors d'une virée en voiture : on y voit à la fois les liens forts qui les unissent, mais aussi les prémisses d'un désespoir commun qui semble les condamner... Puis Hansen trahit son camp et passe à l'ennemi, en blessant notamment Locken au genou et au coude.
La suite, si elle n'est pas inintéressante, montre la reconstruction physique de Locken, et sa reprise de service pour contrer son ancien pote. L'enjeu ? Protéger un activiste politique jusqu'à son départ pour le Japon. Les pions mis en place, de façon efficaces, laissent présager un pétaradant face à face (Peckinpah style) entre Mike et Hansen. Mais... ce n'est pas l'option retenue. Rappelons ici que Peckinpah a eu des déboires avec le scénario, qu'il a rafistolé au jour le jour sur le tournage... et c'est très visible. Un exemple : la scène, mélangeant comédie, suspense et action (fantôme), de la découverte d'une bombe dissimulée sous la voiture qu'empruntent Locken et sa bande. Le danger de la bombe est évacué en quelques secondes par un officier de police benêt, et la grande explosion est entendue hors-champ, d'une façon étonnement anti-dramatique. Et ça, lorsqu'on est en face d'un Peckinpah, ça embête aux entournures.
Une fois le film pris dans un épilogue (plus qu'un dernier acte) un brin longuet, mais plutôt joli (le port de San Francisco et tous les navires de guerre sont bien exploités), arrivent les ninjas. Et là, même si on pouvait se douter que de toutes façons, ça allait nous tomber dessus, ça ne casse pas des briques ; et, alors que Peckinpah voulait le meilleur résultat possible, ce n'est pas à la hauteur des espérances. En termes d'enjeux, la scène a peu d'intérêt ; alors, même si les ralentis à la Peckinpah sont de rigueur, on n'a qu'un échantillon de sa maestria, pas le plat complet. Si la grammaire visuelle du film est restée très classe, la débandade a lieu sur la partie scénaristique, et malheureusement pour Peckinpah c'est à mon sens le plus important. Sur le papier, le casting est bon (avec notamment Mako, et la bonne trogne de Burt Young qu'on a vu à peu près partout), mais la sauce ne prend pas : quand ça veut pas...
Source image : affiche du film © Exeter Associates
Disponibilité vidéo : en Blu-ray et DVD zone 2 - éditeur : Wild Side Video.
Kenneth Anger est plutôt connu pour son œuvre cinématographique, underground et ésotérique. Il réalisa de nombreux films, son dernier à ce jour, Ich Will !, datant de 2008. Cependant, à la fin des années 50, il écrit un livre rassemblant un certain nombre de scandales en tous genres sur le Hollywood interdit, mêlant principalement drogues, sexe et meurtres. A l'énoncé, on saisit clairement l'orientation très tabloïd du contenu : tout ce qui compte de faits divers sordide et croustillant fera le corps du livre ; Hollywood était une nouvelle Babylone dès ses débuts. Ainsi, chapitre après chapitre, année après année (des années 20 jusqu'à la fin de l'Hollywood classique, fin 60's), Anger égrène les potins, de ce qui faisait les choux gras de journaux à sensation de l'époque, tel le GraphiC. Il tient alors une posture contradictoire, vilipendant ces journaux et leurs gossip girls (Louella Parsons et Hedda Hopper), tout en jouant de sa dimension racoleuse pour vendre son bouquin (certaines photos des scènes de crime, et Jayne Mansfield en couverture, en témoignent). Le comble étant atteint lorsqu'il insère une page du Daily Examiner de William Randolph Hearst crachant sur "Le ragot" et louant la vérité des informations vérifiées. Mais ce n'est pas la seule chose qui gêne ici, à commencer par les informations non sourcées que l'auteur couche sur le papier.



Ce western d'un réalisateur encore méconnu aujourd'hui est une superbe porte d'entrée dans le cinéma d'Allan Dwan. Réalisateur prolifique (il dirigea près de 400 films), il connu sa première période faste durant le temps du muet, dont il regretta la disparition. Puis, vint une seconde époque charnière : sa collaboration fructueuse avec le producteur Benedict Borgeaus, celle-là même que nous propose de découvrir l'éditeur Carlotta dans un formidable coffret, Allan Dwan : une légende d'Hollywood.