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Quatre étranges cavaliers (1954)

Un film d'Allan Dwan

8616132963_7e696bce80_m.jpgCe western d'un réalisateur encore méconnu aujourd'hui est une superbe porte d'entrée dans le cinéma d'Allan Dwan. Réalisateur prolifique (il dirigea près de 400 films), il connu sa première période faste durant le temps du muet, dont il regretta la disparition. Puis, vint une seconde époque charnière : sa collaboration fructueuse avec le producteur Benedict Borgeaus, celle-là même que nous propose de découvrir l'éditeur Carlotta dans un formidable coffret, Allan Dwan : une légende d'Hollywood.

Quatre étranges cavaliers exerce une véritable fascination, à partir de sa séquence d'ouverture : une banderole annonce la fête du 4 juillet de la petite ville de Silver Lode, et apparaît en même temps comme l'écran-titre du film (Silver Lode est le titre originale de l'oeuvre). Un groupe d'enfants s’amuse en lançant des pétards, lorsqu'ils sont dérangés par l'arrivée silencieuse mais menaçante de quatre cow-boys. La séquence, muette, met en place en un temps record les rapports de force qui vont sous-tendre tout le film. Ces cavaliers patibulaires apparaissent en fait comme un marshall, McCarthy, et ses adjoints, alors même que ces derniers traquent Dan Ballard, un homme respecté de tous. Les positions contradictoires des personnages vont aboutir à une confusion des statuts, Ballard se retrouvant suspecté de meurtre ; dès lors que les soupçons sont émis par des représentants de justice, ils deviennent vérité ou, tout du moins, vont rapidement faire basculer la réputation sans tâche de Ballard. L'expédition des quatre cavaliers, empreintes de gravité, offre un paradoxe saisissant avec les préparatifs de la fête du 4 juillet, et le mariage de Ballard, que l'équipée interrompt sans sourciller. La force des antagonismes est éclatante et vaut mille mots, alors même que la séquence est très peu bavarde. Tout au plus, ce sont quelques mots, toujours les mêmes, qui sont martelés par McCarthy : Où est Ballard ? On soulèvera ici un point d'intérêt dans ce cycle Allan Dwan / Borgeaus : la même équipe et certains acteurs se retrouvent d'un film ; notamment John Payne (Ballard), en héros taciturne.

L'autre très bon point de ce western est le rôle réservé aux femmes : elles sont deux, Rose Evans et Dolly, à défendre Ballard contre ses accusateurs, de plus en plus nombreux. L'originalité étant la tension sexuelle qui règne dans ce trio amoureux improvisé : en effet, Rose Evans est la future femme de Ballard, la fille d'un des hommes les plus puissants de la ville. De l'autre côté, Dolly est l'ancien amour de Ballard, tout en étant clairement présentée comme une prostituée. La femme légitime et l'illégitime, l'honneur et le déshonneur social, s'allient par delà leurs différends. Les postures de chaque personnage s'imbriquent ainsi dans un tout étonnamment varié et mouvant, les plus fidèles n'étant pas, comme à l'accoutumée, ceux que l'on pense.

La narration est menée tambour battant durant les 1h17 du métrage ; pas de fioritures, c'est du carré et de l'efficace. On notera la très belle gestion de l'espace par la caméra de Dwan, notamment dans la maison de Rose Evans (l'entrée, le séjour et la cuisine à l'arrière, tout en maintenant un lien constant avec l'extérieur. Le message sur les apparences, et et la facilité avec lesquelles la population se laisse manipuler, se clôt sur un constat plutôt amer et assez osé. Le cinéaste, enfin, nomme McCarthy le personnage négatif qui cherche à sonder, à la façon de son détesté homonyme, les mœurs d'une population dans ses dimensions les plus intimes. Un film assez fabuleux, pour une chronique à suivre du coffret paru chez Carlotta, qui comprend pas moins de sept opus.

A lire aussi : la chronique d'Eric Maurel sur DVDClassik

Commentaires

  • Houla ! J'ai honte. Je ne connais ni ce western, ni ce réalisateur. Merci d'avoir sorti ce coffret de l'oubli Raphael ! Je vais me précipiter pour l'acheter ça a l'air très alléchant tout ça.

    Amicalement.
    Stéphane. (Hollywood Classic).

  • Hello Stéphane,

    ce cinéaste est clairement méconnu ; à ce jour il n'existe que très peu de ses films en dvd zone 2, même si j'ai pu repérer, outre ce coffret, un Heidi avec Shirley Temple, le Iwo Jima avec John Wayne, ou encore quelques Douglas Fairbanks... J'avais acheté le coffret Carlotta à l'aveugle il y a quelques mois (les bonnes critiques avaient tout de même fusé à sa sortie), bien m'en a pris ! Je vais normalement chroniquer le coffret au fur et à mesure de mes visionnages.

    A bientôt,

    Raphaël

  • Ce coffret est un grand plaisir. Dwan est un metteur en scène de grand style. On trouve certains films en éditions anglaise ou américaine. Je m'étais procuré "The River's Edge" qui est superbe et "La femme aux révolvers" a été édité, c'est pas mal du tout avec une sensuelle Jane Russel. "Iwo Jima" est un des meilleurs films de guerre de l'époque. Il y a aussi "La femme qui faillit âtre lynchée", western avec de beaux personnages féminins. On doit aussi trouver pas mal de choses sur Youtube, des films tombés plus ou moins dans le domaine public.
    Celui-ci est une splendeur de mise en scène, tendu comme un arc, ce fameux travelling dans la rue qui suit John Payne. Fabuleux, oui !

  • Bonjour Vincent,

    merci pour ton commentaire. La femme aux revolvers a l'air excellent, je vais tâcher de me le procurer au plus vite ! Le coffret Carlotta est en tous les cas une petite merveille, avec des bonus concis mais éclairants. Je l'avais découvert grâce aux chroniques que tu avais publiées sur Inisfree, si ma mémoire est bonne... La suite sera pour bientôt sur Le film était presque parfait !

  • Bonsoir Raphael. Je viens de faire une recherche sur Amazon ou même sur le site de l'éditeur est le coffret est épuisé !!! Tu sais où on peut se le procurer ??
    Amicalement. Stéphane (Hollywood Classic).

  • Hello Stéphane,

    désolé pour le délai de réponse (une semaine de vacances sans internet). Effectivement, j'ai remarqué que ce beau coffret n'était plus en vente en neuf sur les sites de e-commerce. La solution ? faire un tour dans les Gibert et autres magasins d'occas'. Bizarrement, il est commandable sur le site de Carlotta, son éditeur. Mais ça revient tout de même à 60 euros... Ceci dit, je penche plutôt pour une réédition prochaine à moindre coût (le coffret était moitié moins cher il y a 6 mois), pour les fêtes.

    A bientôt,

    Raphaël

  • Ils abusent avec les prix : / J'ai vu le coffret Fritz Lang à 57 € à la FNAC. C'est complétement dingue ces prix pour deux films, en plus en DVD.

    Quoiqu'il en soit. Merci pour tes renseignements Raphael.

    Amicalement.
    Stéphane.

  • Bonsoir Raphaël, c'est grâce au coffret Allan Dwan paru en 2010 que j'ai eu l'occasion de voir 7 films du réalisateur dont celui -ci. Une bonne surprise. http://dasola.canalblog.com/archives/2010/01/05/16360173.html Bonne soirée.

  • Salut Dasola,

    même chose ! je vais chroniquer tous les films du coffret au fil de l'eau... Ce premier film était très bon, même pour moi qui ne vais pas naturellement vers la western.

    A bientôt,

    Raphaël

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