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états-unis - Page 15

  • Hommage à Ray Harryhausen (1920-2013)

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    Le voyage fantastique de Sinbad

    Un des grands maîtres de l'animation en stop-motion s'est éteint, le 7 mai 2013 à l'âge de 92 ans. Ray Harryhausen était un grand illustrateur de l'imaginaire au cinéma : il a fait vivre, sous les yeux grands ouverts de spectateurs éberlués, un cyclope (dans Le septième voyage de Sinbad, Nathan Juran 1958), des dinosaures (dans La vallée de Gwangi, Jim O'Connolly, 1969), la déesse Kali (dans Le voyage fantastique de Sinbad, avec John Philip Law dans le rôle-titre), les puissantes divinités oeuvrant autour des humains dans Le choc des Titans, sans oublier le fameux combat de squelettes dans Jason et les argonautes. Sam Raimi saura s'en souvenir dans Evil Dead III : l'armée des ténèbres. Elargir l'éventail des possible dans la représentation des légendes fantastiques à l'écran : cela semblait une devise pour cet amoureux de l'animation.

    Disciple de Willis O'Brien (pionnier des trucages en stop-motion avec Le monde perdu sorti en 1925), Harryhausen découvre sa vocation dans ce cinéma de l'impossible, des mythes et légendes. Son apport technique significatif à l'industrie des effets spéciaux fut la généralisation de la double-exposition pour combiner figurines animées images par images et prises de vues réelles : auparavant, la technique la plus souvent utilisée était la rétroprojection ! A travers cette myriade de personnages exotiques, lointains dans le temps et dans l'espace, son oeuvre a marqué des générations de cinéphiles.

    Rappelons-nous de ses exploits avec sa scène la plus célèbre dans Jason et les Argonautes (Don Chaffey, 1963) :

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  • Tueur d'élite (1975)

    Un film de Sam Peckinpah

    8659088372_6b2a827d59_n.jpgIl faut bien se dire la vérité : de tous les Peckinpah déjà visionnés par votre serviteur, Tueur d'élite (The Killer Elite) est bien le moins bon. Le documentaire sur le film, en bonus de l'édition DVD et blu-ray sorti chez Wild Side, est assez éloquent à ce sujet : personne ne parle du film, mais plutôt de la déchéance de Peckinpah à l'époque (cocaïne & co), de la détestable ambiance de tournage -la jeune Tiana Alexandra est imposée par son mari, le scénariste Sterling Silliphant (Nightfall) méprise toute l'équipe-, ou de la (réelle) difficulté de Peckinpah à faire financer ses projets, alors que sa filmographie est émaillée de chef-d’œuvres définitifs (La horde sauvage, 1969 ; Les chiens de paille, 1971 ; Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia, 1974). Pour autant, ils n'ont jamais rapporté beaucoup d'argent aux studios.

    Ça ne commençait pourtant pas si mal : une première mission réussie par un duo d'agents de la CIA, James Caan (Mike Locken) et Robert Duvall (George Hansen). La complicité est évidente entre les deux frères du Parrain (Francis Ford Coppola, 1972) ; la meilleure séquence du film est là, dans le fou rire qu'ils entretiennent lors d'une virée en voiture : on y voit à la fois les liens forts qui les unissent, mais aussi les prémisses d'un désespoir commun qui semble les condamner... Puis Hansen trahit son camp et passe à l'ennemi, en blessant notamment Locken au genou et au coude.

    La suite, si elle n'est pas inintéressante, montre la reconstruction physique de Locken, et sa reprise de service pour contrer son ancien pote. L'enjeu ? Protéger un activiste politique jusqu'à son départ pour le Japon. Les pions mis en place, de façon efficaces, laissent présager un pétaradant face à face (Peckinpah style) entre Mike et Hansen. Mais... ce n'est pas l'option retenue. Rappelons ici que Peckinpah a eu des déboires avec le scénario, qu'il a rafistolé au jour le jour sur le tournage... et c'est très visible. Un exemple : la scène, mélangeant comédie, suspense et action (fantôme), de la découverte d'une bombe dissimulée sous la voiture qu'empruntent Locken et sa bande. Le danger de la bombe est évacué en quelques secondes par un officier de police benêt, et la grande explosion est entendue hors-champ, d'une façon étonnement anti-dramatique. Et ça, lorsqu'on est  en face d'un Peckinpah, ça embête aux entournures.

    Une fois le film pris dans un épilogue (plus qu'un dernier acte) un brin longuet, mais plutôt joli (le port de San Francisco et tous les navires de guerre sont bien exploités), arrivent les ninjas. Et là, même si on pouvait se douter que de toutes façons, ça allait nous tomber dessus, ça ne casse pas des briques ; et, alors que Peckinpah voulait le meilleur résultat possible, ce n'est pas à la hauteur des espérances. En termes d'enjeux, la scène a peu d'intérêt ; alors, même si les ralentis à la Peckinpah sont de rigueur, on n'a qu'un échantillon de sa maestria, pas le plat complet. Si la grammaire visuelle du film est restée très classe, la débandade a lieu sur la partie scénaristique, et malheureusement pour Peckinpah c'est à mon sens le plus important. Sur le papier, le casting est bon (avec notamment Mako, et la bonne trogne de Burt Young qu'on a vu à peu près partout), mais la sauce ne prend pas : quand ça veut pas...

    Source image : affiche du film © Exeter Associates

    Disponibilité vidéo : en Blu-ray et DVD zone 2 - éditeur : Wild Side Video.

  • Hollywood Babylone, ou la face sombre de la Cité des Rêves

    Un livre de Kenneth Anger

    8650681721_bcd530273b_m.jpgKenneth Anger est plutôt connu pour son œuvre cinématographique, underground et ésotérique. Il réalisa de nombreux films, son dernier à ce jour, Ich Will !, datant de 2008. Cependant, à la fin des années 50, il écrit un livre rassemblant un certain nombre de scandales en tous genres sur le Hollywood interdit, mêlant principalement drogues, sexe et meurtres. A l'énoncé, on saisit clairement l'orientation très tabloïd du contenu : tout ce qui compte de faits divers sordide et croustillant fera le corps du livre ; Hollywood était une nouvelle Babylone dès ses débuts. Ainsi, chapitre après chapitre, année après année (des années 20 jusqu'à la fin de l'Hollywood classique, fin 60's), Anger égrène les potins, de ce qui faisait les choux gras de journaux à sensation de l'époque, tel le GraphiC. Il tient alors une posture contradictoire, vilipendant ces journaux et leurs gossip girls (Louella Parsons et Hedda Hopper), tout en jouant de sa dimension racoleuse pour vendre son bouquin (certaines photos des scènes de crime, et Jayne Mansfield en couverture, en témoignent). Le comble étant atteint lorsqu'il insère une page du Daily Examiner de William Randolph Hearst crachant sur "Le ragot" et louant la vérité des informations vérifiées. Mais ce n'est pas la seule chose qui gêne ici, à commencer par les informations non sourcées que l'auteur couche sur le papier.

    Une fois ces griefs posés, force est de reconnaître que le livre a des points positifs : ainsi, Anger trace en filigrane l'histoire de la naissance d'Hollywood et du star-system, de ces inconnu(e)s qui, par la lumière aveuglante des projecteurs, deviennent en un clin d’œil des célébrités. Ceux-là, pas encore saisis de la qualité d'un travail qui serait plus tard reconnu en tant qu'art, devaient consumer leur argent et leur renommée dans de fastes parties décadentes. De même, le passage de la fin des années 20 et son double krach (crise financière et arrivée brutal au parlant) laissa plus d'un acteur sur le carreau (cas extrême : la MGM, voulant se débarrasser d'un acteur, dérègle les instruments de prise de son pour lui donner la voix d'un castra : le public n'en voulu plus). Ce point de vue donne un autre angle à l'arrivée du Code de production cinématographique ou code Hays, en 1934, et le montage de projets bibliques (Le Roi des Rois) pour assainir l'image souillée qu'offrait alors Hollywood. Quand la frontière entre la vie privée et l'image publique s'efface, certains y laissent leurs plumes : Rudolph Valentino et son homosexualité supposée, Stroheim et ses orgies généreusement financées par Paramount, MGM ou Universal, la dépression de Frances Farmer qui la projeta dans l'abîme, etc. Une histoire parallèle de la grande cité du cinéma.

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    Mae West, la croqueuse d'hommes

    Rappelons ici que le livre est le fruit d'une collaboration étroite entre Kenneth Anger et l'éditeur Jean-Jacques Pauvert à sa sortie en 1959 ; Tristram, qui réédite aujourd'hui le livre, y apporte une nouvelle traduction (de Gwilym Tonnerre), qui préserve heureusement un langage désuet qui dépeint à merveille les affres d'une autre époque. C'est effectivement l'écriture elle-même qui est la plus grande valeur du livre : tout à la fois foisonnante, un peu trash et mouvementée, elle trace énergiquement la route chronologique mais alternative de son contenu. Alors, au-delà des réserves évoquées, si le voyage vous intéresse, faîtes-vous votre propre opinion sur cet Hollywood dépravé : le livre de chez Tristram, composé avec soin (on y retrouve pléthore de photos d'époque), est une bonne porte d'entrée... dérobée !

  • Classics Confidential : Woman on the Run (1950)

    Accédez à la chronique du film de Norman Foster

  • Batman : le mystère de Batwoman (2003)

    Un film d'animation de Curt Geda et Tim Maltby

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    Si ce Mystery of the Batwoman n'est clairement pas le meilleur du cycle consacré au chevalier noir par l'équipe de Batman - La série animée (Bruce Timm & Paul Dini, 1992-1995), il mérite tout de même que l'on s'y attarde ; Curt Geda étant tout de même responsable de maints épisodes de la série, puis de l'excellent film Batman, la relève : le retour du Joker.

    Contrairement à Batman contre le fantôme masqué, qui était sorti durant le temps de diffusion de la série originale, ce Mystère de Batwoman, réalisé pour le marché de la vidéo, paraît en 2003 alors que l'univers qu'il dépeint date de 1997, pour la série The New Batman Adventures,  en fait la suite de Batman - La série animée (vous suivez ?). Dick Grayson, auparavant Robin, est devenu le héros Nightwing, et c'est Tim Drake, un jeune garçon qui a découvert l'identité secrète de Bruce Wayne, qui prend sa place. Le design général de la série est repris ici. Le costume du Batman est gris avec le symbole noir, pour être raccord avec sa représentation de l'époque dans les comics ; pour les imprimés, l'année 2003 correspond au run de Jim Lee sur le titre, avec notamment la parution de Batman : Hush (Silence), où Batman apparaît sous ces traits. Son apparence détone avec la cape bleue et le logo jaune et noir, révélé par le dessinateur Neal Adams dans les années 60. Personnages anguleux et presque schématiques, décor imposant dans un style Art-Déco du plus bel effet : c'est le style de la série, plus proche du style de Bruce Timm que les designs plus ronds (dans la tradition du dessin animé Superman des Frères Fleischer) de la première série. Comme dans The New Batman Adventures, les scènes de nuit prennent une teinte rouge, qui rappellent évidement le générique mythique de la série animée.

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    Si le film reprend quelques personnages emblématiques de la série (le mafieux Rupert Thorne, Oswald Cobbelpot alias Le pingouin), il fait surtout la part belle à Batwoman, une nouvelle justicière qui s'inspire manifestement de Batman. Le personnage est apparu en 1956 dans le mensuel Detective Comics. Il s'agit alors de Kathy Kane, une cousine de Bruce Wayne qui veut lutter aux côtés de Batman. Après quelques années où elle n’intervient guère dans les aventure du Chevalier Noir, son personnage est abandonné en 1964. Ce n'est qu'en 2006 qu'une autre figure féminine réapparaît sous les traits de Batwoman. Il s'agit d'un personnage entièrement nouveau : elle est juive et lesbienne (et a notamment une aventure avec l'agent Renee Montoya, créée pour la série animée et reprise dans la série régulière des comics). Pour autant, est-ce que le film, antérieur à la nouvelle incarnation de Batwoman, entretient en rapport avec celle-ci ? Pas du tout, malgré le nom d'un personnage féminin similaire qui n'est juste là pour jeter le trouble. Ainsi, Kathy Duquesnes est l'une des jeunes femmes qui tourne autour du playboy Bruce Wayne au cours de cette aventure.

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    Le ton du film est léger, à l'image de ses héroïnes. Le thème musical de Batwoman se voulait être, à mon avis, suave et envoûtant comme pour une femme fatale de film noir (une des influences revendiquées de Buce Timm & Co pour la série), mais il fait plus penser aux enquêtes feutrées d'un Hercule Poirot plutôt qu'à celles d'une femme d'action. Ce manque de pep's et un défaut flagrant d'ambition dans l'intrigue proposée (Bruce Wayne tombe sous le charme de la fille d'un truand, sur fond de mafia et de trafic d'armes) plombe un peu le film, alors même qu'il devait voir émerger une nouvelle figure héroïque dans la bat-family. Les scènes du dance-club du pingouin (L'Iceberg Lounge) sont tout de même bien réalisées, les personnages offrant des mouvement dansés dynampiques et très fluides. Ah, puis si, un brin d'humour assez bienvenu dans la bouche de l'irascible Bullock : voyant une nouvelle bat-justicière hanter les cieux rougeoyants de Gotham, il s'exclame : "Batman, Batgirl, maintenant Batwoman... Et pourquoi pas un Bat-chien, pendant qu'on y est ?" Les lecteurs assidus du comic savent que Bruce Wayne a Ace, son bat-chien, qui l'accompagne dans ses aventures des années 50... Comme quoi, même cette mystérieuse Batwoman, somme toute assez plaisante mais plutôt quelconque, peut nous aider à mieux cerner l'univers du Batman...