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super-héros - Page 6

  • Iron Man 2 (2010)

    Un film de Jon Favreau

    4631155297_ea9da6ae94_m.jpgA la vision de la suite d’Iron Man, une évidence s’impose : Jon Favreau, nous t’avons démasqué ! Tu es le frère jumeau caché de Michael Bay ! Devant la succession de gags pas drôles, de séquences inutiles juste bonnes à satisfaire la fan base, nous ne voyons pas d’autres explications. Qui est Jon Favreau ? Acteur (dans la série Friends), scénariste, réalisateur, on n’a jamais réussi à situer ce drôle de gars. Son Zathura n’a pas une réputation terrible, et personne n’attendait le premier Iron Man, qui a bénéficié d’un effet de surprise favorable ; la participation à l’écriture de Downey Jr. avait également su changer la donne dans le style maintenant bien établi des films de super-héros.

    Iron Man 2 fleure le film torché à la va-vite, même si un budget beaucoup plus confortable lui permet d’en mettre artificiellement plein la vue (la Stark Expo, la course F1 de Monaco, le combat des robots guerriers de la fin). Le scénario est totalement décousu, incapable de nous intéresser à l’histoire qu’il semble vouloir raconter (quelle histoire ?), certes pas aidé par des personnages caricaturaux au possible. Sam Rockwell, dans la peau d’un industriel ridicule, Scarlett Johansson dans son traditionnel emploi de fantasme vivant mais un peu vain, et pour finir Robert Downey Jr. dont le narcissisme assumé perd d'emblée lempathie du public. C’est là, à n’en point douter, que le film se plante dans les grandes largeurs. Perdant un point d’ancrage primordial, Tony Stark n’étant plus qu’une marionnette détestable (bourré lors de sa fête, où marquant des point comme au basket en jetant des éléments dans sa poubelle virtuelle). Justin Theroux, scénariste (et acteur), avait auparavant commis le tout aussi bancal Tonnerre sous les tropiques -mais quand même marrant par moments, ce qui n'est jamais, jamais le cas ici-, ce qui donne une idée du fourre-tout de séquences pas drôles, de scènes semblant interrompues et jamais terminées, qui minent Iron Man 2. Le seul personnage qui s’en sort, car sa démesure fait partie de son rôle de bad guy, est certainement Ivan Vanko / Mickey Rourke ; son entrée au grand prix de Monaco reste le meilleur moment du film, même si le personnage ne peut éviter d’être plombé par les mêmes dialogues indigents.

    Le ridicule assumé des répliques, encore une fois, ne laisse aucune chance quant à la destinée du film, devenant un des pires comic book movies de ces dernières années. Franchement, Nick Fury, le borgne magnifique, qui sort "Descend de ton donut", ou encore "Je t’ai à l’œil", c’est juste des plaisanteries à deux sous dans la bouche d'un des grandes figures du Marvelverse. Débarrassé de toute prétention scénaristique, le film aligne les discussions semblant improvisées directement devant la caméra, ponctuées de private jokes hors-sujet, où la cool attitude naturelle de Downey Jr. n’est aucunement freinée par un nombrilisme assumé, qui rend la tambouille finale indigeste au possible.

    Voulant relier en filigrane le film aux autres productions Marvel à venir (Les Vengeurs, Captain America et Thor), Iron Man 2 se paye le luxe de les évoquer à travers des séquences abscondes pour quiconque ne connaît pas un temps soit peu le monde des comics. Soit une soupe servie toute chaude aux geeks, ceux-là mêmes qui trouveront dans le même temps toute cette mise en scène à côté de la plaque. Et ce n’est pas en goupillant une dernière scène où des robots se battent contre des gars en armure (qui ont tout l’air de robots aussi, super) dans un feux d’artifice pyrotechnique, amené dans un timing foireux, que Jon Favreau se rachètera de cette faute de goût monumentale nommée Iron Man 2. Dommage...

  • Un film, une séquence : Batman, le défi (1992)

    L’éveil de Catwoman

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    Nous avions déjà, par le passé, étudié le cas de Batman, le défi. Sauf que ce n’est pas tout à fait cela qui nous préoccupe aujourd’hui. Le personnage le plus fascinant du film de Tim Burton est sans conteste Catwoman, qui passe de la timide et peu dégourdie secrétaire Selina Kyle -hem... assistante de direction- à la maîtresse SM bardée de noir et de griffes qui sait jouer du fouet pour se faire entendre. Cela valait bien qu’on s’y attarde, d’autant plus que les séquences de naissance des bad guys se sont toujours révélées comme des grands moments, même dans des films mineurs : voir à ce propos la magnifique naissance de l’homme-sable dans Spider-Man 3.

    La séquence qui nous intéresse dure environ dix minutes, et se positionne dans le premier quart du film. Elle offre une très nette construction en tryptique ; composée par trois scènes, trois temps. Une scène centrale entourée de deux scènes se répondant en miroir inversé. Les trois temps d’une transformation ; de la jeune femme infantilisée à la femme ; de la femme à l’animal.

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    Selina Kyle rentre dans son appartement, éreintée par sa journée de travail et l’agression d’un des membres de la bande du pingouin ; la rencontre avec Batman l’a aussi bouleversée. Arrivée dans la douce monotonie de son chez-elle, elle semble perpétrer un rituel immuable, qui se trouvera néanmoins chamboulée lors du troisième temps de la séquence. Allumant la lumière sur un intérieur rose pâle (on retrouve les teintes du quartier de Edward aux mains d’argent, le précédent film du cinéaste), comme légèrement passé, déteint., et décrépi. Un "Honey, I’m home" retentit, typique de la femme des années 50, (rappelez-vous de William H. Macy, qui reprend l’expression à l’identique, à maintes reprises, dans le très beau Pleasantville), suivi d’un désespéré "Oh, I forgot, I’m not married" ("Ah, j’oubliais, je ne suis pas mariée"). Durant cette scène, elle parlera toute seule, avec son chat, son répondeur, ou à elle-même comme ici ; le dialogue qu’elle a avec elle-même la dévalue systématiquement, se traitant à plusieurs reprises de corn dog (saucisse à hot-dog). Son manteau lourdement jeté sur le dossier de son fauteuil, elle orientera son regard et son attention sur sa chatte, unique compagnon de jeu qui semble avoir une vie beaucoup plus intéressante que celle de sa maîtresse, remplies d’escapades érotiques sur lesquelles la questionne Selina. Machinalement, elle allume la lumière, donne du lait à sa chatte, consulte les messages de son répondeur, (la symétrie avec la troisième scène de la séquence, dans laquelle Selina, née à nouveau, pénètre transformée dans son appartement, allant jusqu’à dupliquer quasi-exactement l’origine des messages : sa mère, puis les cosmétiques Schrek) et déplie son lit, dissimulé dans une armoire, indiquant la petitesse d’un appartement très "maison de poupée". La langueur et l’éternelle répétition de sa vie de tous les jours sautent aux yeux, accentués par un aspect un peu misérable (le bruit du métro qui passe, loin du confort rêvé de Selina).

    Son appartement, rempli à craquer d’objets aussi rassurants qu’infantiles (des montagnes de peluches ornent ses fauteuils) semble être le dernier rempart contre la folie du dehors, tout en la contenant aussi, traçant à grands traits une personnalité immature et mal dans sa peau. L’appartement la contient, la retient en fait, à la façon toujours d’une maison de poupées (Selina dénaturera son exemplaire à la bombe, faisant jaillir le chaos là où tout, avant, régnait sous le joug du "mignon"). Cette maison de poupée qui est tout à fait une réplique de son propre appartement rêvé, plus grand, mais toujours aussi... rose. L’ensemble, s’il se veut effectivement rassurant, n’est est pas moins extrêmement effrayant, à la façon de ces magasins de poupées vieillissants que l’on peut croiser dans certains centres-villes. En mettant côte à côte les représentations de l’éternelle jeunesse et de la dégradation due au temps, le cinéaste crée une atmosphère étrange, cette illusion de la vie dite normale qui lui a toujours parue artificielle et bizarre. Ainsi, Selina Kyle est habitée par deux pulsions : une appelant à une normalité inatteignable (une relation amoureuse stable, qui restera impossible même une fois transformée) et l’autre grondant, couvant sous le vernis de la civilisation, l’envie folle de tout envoyer paître. Selina ne rayonne pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Les cheveux tirés en arrière, le regard gommé par d’énormes lunettes qui lui donnent son air triste, vêtue d’un strict tailleur brun, digne d’une grand-mère, elle ne s’est pas trouvée son look de femme.

    Introvertie et vraiment idiote, Selina doit à son ultime oubli sa transformation qui, comme tous les grandes figures de Batman, est subie. Se rendant de nuit dans les locaux de Max Schreck (le film est quasi uniquement nocturne), elle se fait surprendre par le chef qui découvre une employée beaucoup trop zélée pour lui...

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    Dans cette seconde phase de la séquence, Selina vit alors dans un monde en total décalage avec ce qu’elle pense comme étant en droit de donner et de recevoir. Ainsi, lorsque Max Schrek la traitera de secrétaire zélée (elle a pu accéder à des fichiers cachés en décodant le mot de passe de son chef), elle en sourira d’abord de fierté lors d’un bref contre-champ, qui laissera rapidement la place à sa mine déconfite, comprenant trop tard que ce qu’elle prenait comme un compliment est, en réalité, un défaut. Schrek lui lancera alors ce magnifique "You know what curiosity do the cat ?" auquel répondra dans une symétrie troublante le docteur Finklestein dans L’étrange noël de monsieur Jack : "Curiosity kills the cat, you know ?", à l’encontre de Jack cherchant à percer le secret de Noël. Et, effectivement, l’objectif de Schreck sera de la tuer, ce qu’il réussit à cacher temporairement en feignant l’étonnement avec panache. Et déjà, dans cette scène, l’éclairage sur les lunettes de Selina Kyle dessine le futur masque de Catwoman...

    La chute de Selina, d’une extrême violence -amplifiée par le montage et la bande son-, doit l’achever. Et pourtant, la caméra, haut placée dans une perspective plongeante, se rapproche peu à peu d’elle, comme si son âme la rattrapait pour une nouvelle chance, une nouvelle vie. Les chats, dont elle était proche en tant qu’humaine, se rassemblent pour lui raviver les sangs sur une musique crescendo, percussions cinglantes et envolées de violons stridents se disputant le devant de la scène sonore. Là, au milieu des ordures et sur un tapis de neige, Selina revit dans un clignement d’œil. Mais est-ce la même ? La suite nous prouvera que non.

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    De retour dans son appartement, elle agit comme une marionnette sans marionnettiste, essayant de reproduire ses mouvements habituels, sans en avoir jamais la maîtrise complète. Dans une sorte de veille éveillée, comme somnambule, elle offre un décalque mécanique mais malade de la première scène. Faisant tomber la lampe, elle verse du lait sur son vieux plancher, puis en boit à pleine gorgée. Sa demi-conscience va s’éveiller dans un torrent de violence avec l’ultime message de son répondeur, laissé encore une fois par les cosmétiques Schreck. Déchaînée par son nom, qu’elle associe de plus à la figure masculine qu’elle a sûrement cessé de chercher, elle explose.

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    Tous les aspects de sa vie passée à la moulinette, littéralement. Une explosion de violence, soutenue par une orgie de violons -merci Danny Elfman, pour la plus belle de vos partitions- qui réduit au néant son petit intérieur de la Selina Kyle d’avant. Elle rentre dans un état de transe créatrice : de sens, (le néon Hello There, "Bonjour, toi", qui devient Hell here, "ici l’enfer"), traduisant avec une acuité inédite son état mental), d’objets physiques (la tenue en simili-plastique et griffes), prenant soin de signer son passage et son œuvre (la bombe de graffitis noirs, dont elle appose la marque sur ses objets roses : murs, tenues, meubles) ; Tim Burton tisse là un parallèle entre Selina Kyle / Catwoman et Jack Napier / Joker, qui dans le premier opus passait un musée du centre de Gotham à la bombe verte et rouge, transfigurant plutôt que défigurant les œuvres d’art droitement installées. Mettant à sac son appartement, remplaçant le rose flétri par un noir électrique, elle se découvre en chatte, comme un animal qui a soif d’action, de violence et de sexe. A ce sujet, l’accoutrement qu’elle se crée, recyclant une veste qu’elle ne mettait sûrement jamais, moulante et dévoilant ses charmes de bien belle façon, est équivoque.

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    Un personnage complexe, révélée à elle-même par une séquence cataclysmique, que Burton tourne en plan-séquence, laissant libre cours au délire de Michelle Pfeiffer, qui signe là une des meilleures scènes de toute sa carrière d’actrice.

    Sources images : captures DVD Warner Bros. Entertainment

  • Superman and the Mole-Men (1951)

    Un film de Lee Sholem

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    Tout entier dédié à la série B, Lee Sholem était le réalisateur idéal pour cette première incarnation du super-héros kryptonien au cinéma, ce qui n’empêche pas le résultat final d’être un brin soporifique et mal foutu, mais bon... A part Superman, Sholem s’était auparavant attaqué à Tarzan, au Captain Midnight (connais pas, mais le nom sonne bien), et clôturera sa carrière par un épisode de Star Trek, la série originale : beau générique, en tous les cas !

    Superman and the Mole-Men a derrière lui une mythologie déjà bien établie via le comic, et par d’autres interprétations, notamment la série d’animation des frères Fleischer. Celle de George Reeves, qui deviendra après cette sorte de test le héros de la série TV The Superman Adventures, est dans la continuité du personnage dépeint jusqu’alors : il ne fait pas de vague, engoncé dans son costume de Clark Kent (introduit, au passage, par la présentation popularisée dans le cartoon, qui voit se superposer sur le personnage de Superman le costume urbain de Kent ; ce dernier est désigné comme son déguisement, alors que la vision humaine du concept identifiera le costume bleu et rouge de Superman comme étant le déguisement), puis distribue les mauvais points aux méchants. Ceux de l'histoire n,e sont d'ailleurs pas qui l'on pourrait croire... On ne verra Superman pour la première fois qu’au bout d’une bonne vingtaine de minutes (alors que le film dure en tout et pour tout 58 minutes), le réalisateur préférant d’abord laisser la paire de journalistes commencer leur reportage sur le puits de pétrole le plus profond au monde, si bien qu’il atteindrait le centre de la Terre. De là, arrive un petit homme à la physionomie pour le moins étrange : de la taille d’un enfant, mais doté d’une tête énorme et d’une pilosité généreuse (si Grosse Tête, méchant anthologique de la quatrième saison de Loïs et Clark vous revient en mémoire, c’est tout à fait ça). Notre Mole Men a la particularité de laisser une trace luminescente sur tout ce qu’il touche, interprétée par les personnages de l’histoire comme radioactive (aucun d’entre eux n’est, pour autant, un véritable scientifique). Sans avoir dit un mot, l’étranger est donc pourchassé par les habitants, obnubilés par un danger latent. Tous ? Non, car Superman veille au grain et, en bon défenseur de "la vie à l’américaine", défend l’altérité et l’ouverture d’esprit (c'est une fiction).

    Série B tout à fait classique, Superman and the Mole-Men est malheureusement très molle, et ne tire pas parti de la rivalité Lane / Kent, comme saura le mettre en avant sporadiquement la série animée des années 40. Lane fait toujours les articles, car Kent / Superman est occupé à sauver le monde... Du coup, on se demande pourquoi le duo de reporters est si célèbre et reconnu, comme l’annonce un personnage au début du film. La dimension fantastique est réduite à la portion congrue, faute de moyens, mais la vision inexistante de Sholem n’arrivera jamais à transcender ces contraintes. Un film définitivement anodin, alors qu’il reste une date par le seul fait de constituer la première apparition de l’homme en cape rouge. Avec ses muscles en mousse et ses prise de lutte qui envoient valdinguer du méchant, George Reeves ne donne pas vraiment corps à un Superman spectaculaire, peut-être uniquement par défaut de mise en scène... Je pense par ailleurs qu’un tel personnage ne peut se passer d’un budget confortable, car le film ne peut faire l’impasse sur la démonstration explicite, plein cadre, de ses exploits surhumains. Curiosité oui, à voir je dis... pas sûr... non, non. Autant revoir le Superman de Donner.

  • X-Men Origins : Wolverine (2009)

    Un film de Gavin Hood

    4157595426_77ce94f6ed_m.jpgComme on a pu en discuter chez Robbie Movies (qui a récemment chroniqué ce Wolverine), on a du mal à s’empêcher de regarder certains films, malgré l’échec artistique cuisant dont semblait souffrir ce retour aux Origines. Dès qu’on a un tant soit peu de fantastique ou de science-fiction à se mettre sous la dent, nous répondrons quand même toujours présents !

     

    Que dire donc, sinon la confirmation d’un film qui semble avoir été mal fait de bout en bout. Premier blockbuster du Sud-Africain Gavin Hood (Mon nom est Tsotsi, 2006, Détention Secrète, 2008), on peut se laisser aller à penser qu’il n’a pas pu avoir les coudées franches sur ce film extrêmement attendu. En effet, on oscille entre des dialogues confondant de bêtises dignes d’une voix-off de bande-annonce (-Et tes plaques ? -J’en veux de nouvelles. -A quel nom ? -Wolverine !), loin d’un jeu assez fin comme a pu en insuffler Robert Downey Jr. dans Iron Man (Jon Favreau, 2008), et un scénario globalement inintéressant ; visiblement adapté de l’arc Arme X (de Barry Windsor-Smith), il est pourtant très côté chez les connaisseurs, et fait s’étaler péripéties convenues sur réactions ridicules (surtout lorsque le film essaye de jouer la carte de l’humour, lors de la découverte de ses nouvelles "griffes" par Logan / Wolverine, ou pendant un match de boxe complètement à côté de ses pompes). Wolverine n’est pas vraiment un personnage qu’on pourrait qualifier de drôle.

    Le savoir-faire technique est malgré tout présent, et on nous sert des images léchés d’un Hugh Jackman tout en muscles (le marcel revient à la mode !). Malgré la déferlante pléthorique de super-héros, le potentiel fantastique n’est que rarement exploité, et on a l’impression terrible que les personnages sont là pour remplir des cases de scénario à tour de rôle (tiens, on a besoin de liquider des gardes surarmés ? enlevons le bandeau des yeux de Cyclope, il va tous nous les dézinguer ! Un personnage en mauvaise posture ? Untel peut utiliser son pouvoir génial !).

    La préparation du final, qu’on pouvait attendre avec une certaine impatience (mais pas pour les mêmes raisons), est incroyablement bâclé : le combat entre l’arme X et l’arme XI se révèlera assez plat, malgré une bonne idée du lieu de la bastonnade. Ce n’est pas l’apparition clin d’œil du professeur Xavier, qui lie le tout avec la trilogie cinématographique des X-Men, qui nous en donnera pour notre argent.

    On ne pourra, à la rigueur, que retenir la séquence pré-générique, avec un Logan enfant, où la lumière est intéressante, assez inquiétante, et donne une ambiance particulièrement étouffante à la scène. La séquence générique se laisse aussi regarder, avec les aventures de Logan à la guerre. Pas besoin d’aller plus loin, vous pouvez appuyer sur Stop.

  • Les Indestructibles (2004)

    Un film de Brad Bird

    3951988907_ccaa1b2245_m.jpgNotamment assistant animateur pour Les Simpsons, Brad Bird, déjà réalisateur du Géant de fer (1999), ni plus ni moins qu'un des meilleurs films d'animation américain des années 90, se retrouve aux commandes des Indestructibles chez Pixar ; ce dernier étant à nos yeux le plus à même de représenter la versatilité géniale du talent de ce studio.

    Les Indestructibles n’est pas forcément le film préféré du jeune public, un peu long pour maintenir son attention, utilisant parfois des techniques inhabituelles (le simili-documentaire du début).  Il se veut l'alchimie de trois dimensions bien distinctes, tout à la fois film de super héros, film d'espionnage à la James Bond, et finalement irrésistible comédie.

    L'action et l'expression paroxystique des supers-pouvoirs forme le premier axe, pierre angulaire des autres dimensions. L'élasticité de la mère, que ce soit dans le cercle familial (la bataille des deux enfants autour de la table) ou professionnelle -elle se coince dans trois portes automatique d'un coup, l'action et le comique de répétition se rejoignant- y est pour beaucoup. De même, la super-vitesse de Dash, le fiston, est exploitée à plein potentiel lors de la course sur l'île -rappelant d'ailleurs la poursuite des droïdes à la fin du Retour du jedi. Sa folle fuite l'amènera à marcher sur l'eau ; son grand étonnement l'égard de cette prouesse allant de pair avec la nôtre. On repousse les limites, dans tous les domaines. La vitesse est figurée par un procédé de mise en scène classique, mais diablement efficace : la caméra qui suit le mouvement du jeune garçon allant toujours moins vite que lui, tout reste ainsi en mouvement l'intérieur du cadre, le garçon comme l'arrière-plan ; l'immersion dans l'action marche alors à plein régime. Le volet action s'enrichit d'ailleurs d'un véritable côté vidéo-ludique à la première personne, lors de cette course et des affrontements entre M. Indestructible et les machines infernales, créées par un mystérieux adversaire, ou encore pour cette course sur l'eau ayant des airs de Mario Kart. Ces actes surhumains sont orchestrés de bien belle façon en opérant un décalage entre la vie normale des héros - une loi les a obligés à arrêter leur activité de justicier, évidente influence Watchmenienne - et leurs exploits homériques. Dans la vie quotidienne, ils peuvent utiliser leur pouvoir sans le faire exprès, sans forcer, ce qui provoque déjà des différences flagrantes avec l'humain ordinaire, tel Robert Parr alias Mr. Indestructible, qui, dans un geste de colère, soulève sa voiture à mains nues, en référence à la première apparition de Superman de la revue Action Comics. Le décalage est exactement le même lorsque Dash veut faire du sport : avec sa vitesse, il peut battre n'importe qui, mais il doit maintenir des performances humaines faisables ; ce qui occasionne une séquence justement très décalée, dans laquelle le garçon varie sa vitesse selon les indications de ses parents, dans les tribunes. Lors de leurs vrais exploits là ils sont réellement surhumains, exploitant la pleine puissance de leur pouvoir. La marche sur l'eau justement, ou bien M. indestructible qui arrête un train. Ce décalage permet un vrai discours sur l'altérité et sur l'identité : on est qui on est, on est ce qu'on fait.

    2ème dimension, l’aspect espionnage, influence James Bond, est clairement mis en avant : le repaire secret, digne d’un Dr No, la sophistication des gadgets (mention spéciale à la porte sécurisée d’Edna), les paysages paradisiaques et, bien sûr, la musique ad hoc, inspirée en droite ligne des symphonies de John Barry. Mr Indestructible devient donc un agent en couverture, devant cacher à sa femme ses activités, roulant sur l’or et appréciant les excentricités que lui permet son nouveau train de vie. Le fil rouge du film  reste la mission secrète qui sort M. Indestructible de sa retraite forcée. Les exploits de M. indestructible dans la base sont spectaculaires, mais finalement logiques vu ses capacités. James Bond, lui, est tout autant un super héros indestructible (voir ses incroyables  prouesses dans toute la franchise), mais sa condition d'humain lui donne une connotation too much, qui se transforme dans Les indestructibles en comédie.

    En effet, les indestructibles est une comédie de situation, également comédie de gestes, exploitant ses personnages dans une dynamique familiale, proche de nous. La palme revenant au personnage d'Edna, la styliste ; l'excellent doublage de Amanda Lear fait des merveilles, en injectant au personnage sa patte hautaine. Sa performance est d'ailleurs très second degré ; en en rajoutant des caisses, elle ne fait qu'amplifier sa force comique. En réalité, toutes les autres dimensions du film participent à l'élan comique de l'ensemble. La dynamique familiale, liée à la force des super-pouvoirs de chacun, et à la mission secrète de M. indestructible, construit une architecture du rire tout simplement remarquable.

    Disons enfin deux mots sur les prouesses visuelles du film. Les textures sont extrêmement détaillées, plus que dans aucun autre Pixar auparavant. Les cheveux, l'eau, la glace ont un rendu photo réaliste bluffant. La gamme colorimétrique utilisée est très variée, et sa précision en fait un spectacle total.

    Oscar du meilleur film d'animation, les indestructibles n'ont pas volé leur titre. On les attend de pied ferme en haute définition.