Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

super-héros - Page 5

  • The Dark Knight (2008)

    Un film de Christopher Nolan

    5217564914_646861c940.jpg

    "Soit on meurt en héros, soit l'on vit assez longtemps pour s'avilir"

    A la fin de Batman Begins, le spectateur quittait un Gotham City sans dessus-dessous : l'asile d'Arkham, ouvert aux quatre vents, laissait en liberté les plus dangereux criminels, mauvais augure d'un chaos à venir, et le manoir Wayne complètement détruit. Pour l'un, Bruce Wayne se promet de le reconstruire "brique par brique", et pour les autres, un génie du crime s'élevait déjà plus haut que tous, signant ses méfaits d'une mystérieuse carte Joker... La suite aurait d'ores et déjà fort à faire pour poursuivre sur la voie tracée par ce reboot, nécessaire et fondamentalement réussi.

    Avec le début de The Dark Knight, la nouvelle saga semble plonger encore plus dans les ténèbres : aux teintes orangées de la précédente séquence-titre, s'oppose désormais un voile bleuté masquant une explosion gigantesque, sur laquelle se superpose un emblème fissuré à peine discernable. Alors que le film n'est pas encore commencé, la guerre fait déjà rage contre ce justicier masqué traité de vigilante. Comme d'autres avant lui, The Dark Knight va explorer les thèmes de la dualité sur plusieurs niveaux. La face publique du personnage principal, le play-boy Bruce Wayne, est mis à mal (on le voit endormi à une réunion, tantôt arrivant au bras de deux top-models, ou encore sirotant un cocktail sur un voilier) ; son nouveau repaire, toujours au sous-sol, mais d'une zone industrielle désafectée cette fois, est désormais nimbé d'une lumière presque aveuglante, contrastant avec les profondes ténèbres qui noyaient la Batcave.

    Bruce Wayne, évidemment, est deux. Mais ce n'est pas tout : Harvey Dent, procureur qui a le vent en poupe (et sort, de plus, avec l'amour de Bruce Wayne, Rachel Dawes), est aussi sous le signe de la dualité paradoxale ; il vit sa part de lumière dans l'exercice de ses fonctions, les médias le surnommant d'ailleurs The White Knight, le chevalier blanc de Gotham. Ce n'est qu'en regard de cette appelation que Wayne recevra le nom de Dark Knight, se battant dans l'ombre avec des méthodes expéditives, tandis que Dent est exposé au grand jour et utilise les méthodes légales pour coffrer les gansters (la trouvaille de la loi Rico lui permet de mettre au trou plus de 200 criminels d'un coup). Dent et Wayne sont de plus tour à tour adversaires et un : Dent ne fait-il pas semblant d'être Batman ? Puis, Dent vivra aussi sa part d'ombre, la moitié du visage défiguré, jouant le sort de ses victimes à pile ou face. L'aspect intéressant de cette dualité réside dans le fait qu'elle apparaît même au sein de la face lumineuse des personnages (le surnom de Dent est aussi Double-face, par rapport à son comportement colérique, bien avant qu'il ne devienne un monstre ; à l'aise dans son monde, Dent est terrifié lors du dîner de soutien organisé en son honneur ; Rachel Dawes est mise au pied du mur et doit faire un choix entre Wayne et Dent). Nolan fait tout pour complexifier sa narration, et tricote une intrigue à la hauteur. Mention spéciale à l'arrestation musclée de Lau au Japon, très complexe et pourtant lisible.

    Comme d'autres films de super-héros avant lui, The Dark Knight reprend plusieurs moments-clés à son compte : le choix impossible (la séquence du bateau, l'un rempli de gens "normaux", l'autre de prisonniers), la manipulation psychologique du méchant -le Joker essayant de convaincre Batman qu'il est comme lui, une bête de foire (freak), dont les autorités veulent se débarasser au plus vite- ; on pense dans les deux cas au premier Spider-Man et au Bouffon Vert, dont la dynamique est pareillement gérée. Plus encore, ici, le Joker lance à Batman "Tu me complètes", tirade qui va loin dans les implications des rôles de chacun dans la vie des autres ; les deux personnages se font renvoi perpétuellement, leur seule différence étant finalement, le camp qu'ils défendent. Les alias se démultiplient (voir la séquence des Batmen) pour jeter, effectivement, un grand chaos sur le monde de Gotham.

    Possédant plus de points communs que d'antagonismes, Batman / Bruce Wayne, Harvez Dent / Double Face et le Joker font un trio percutant, dynamitant les règles. Le Joker occupe cependant une place centrale dans ces rapports, de même de Rachel Dawes (évacuée un peu rapidemment) entre Wayne et Dent, et vampirise le récit par une présence et une folie qui n'a pas de but, sinon semer la discorde et le chaos partout ; la destruction totale de tout lien. C'est assurément avec l'interpétation du Joker que Heath Ledger réussit ce retournement, de faire de ce Dark Knight non plus un film sur Batman... mais sur le Joker. Car, tout comme Batman mais peut-être encore plus, le Joker n'est pas un personnage à proprement parler, mais bien un concept, une idée d'anarchie balancée dans l'atmosphère comme un virus, qui n'a rien à perdre. D'où la profonde noirceur malsaine du film dans son entier, où tous les moyens sont bons pour faire triompher sa suprématie. Complexe, Dark Knight est un film noir comme l'ébène, fascinant jeu de pouvoir, de politique, dont l'arène est une cour des miracles complètement démente. Radicalisant encore le propos du premier film et se clôturant par une ultime retournement de situation, The Dark Knight est tétanisant. La suite ? Un Dark Knight Rises qui s'annonce infernal...

  • Batman contre le fantôme masqué (1993)

    Cliquez sur l'image pour accéder à la chronique du film :

    5107278159_31e6c01f5a.jpg

     

  • Batman et Red Hood : sous le masque rouge (2010)

    Un film de Brandon Vietti

    5097819918_7a82db07fb_m.jpgLes inédits dvd de chez DC témoignent d'un niveau tel qu'on est presque surpris de les découvrir directement chez soi, dans la quiétude (rapidement chamboulée) de notre salon, ou bien devant son ordinateur, la tête surmontée d'un casque audio (pour la VO, c'est bien mieux, je vous le conseille !). Superman Doomsday (Laurent Montgomery, 2007) était d'une redoutable efficacité ; Justice League : New Frontier (Dave Bullock, 2008) faisait preuve d'une belle recherche esthétique et constituait une adaptation honnête de la BD de Darwyn Cooke ; Batman et Red Hood vient aujourd'hui jouer sur les terres du superbe Batman contre le fantôme masqué (Batman: Mask of the fantasm, seul long métrage animé issu de la mythologie Batman à avoir franchi les portes de salles de cinéma américaines). Une fois n'est pas coutume : alors que même ce dernier film a mis de longues années à être disponible en vidéo en France, Warner a décidé de sortir Batman et Red Hood quelques mois seulement après les Etats-Unis. Preuve de leur confiance dans la qualité de ce long-métrage?

    Le scénariste (Judd Winick, qui adapte sa propre BD) a une parfaite connaissance de la continuité malmenée de l'univers, comme les créateurs nous l'avaient démontré dans l'excellente série animée Batman des années 90, de Paul Dini et Bruce Timm (qui officie ici en tant que producteur). Ils nous emmènent ainsi à la fois dans la filiation des différents Robin, éternelle figure d'allié de Batman qui a pris bien des visages depuis sa première apparition en 1940. Piochant dans le récit célèbre de A death in the Family où l'on voit Le second Robin périr sous les coups du Joker (aussi repris dans le très bon Batman, la relève : Le retour du Joker), jusqu'aux derniers épisodes dessinées des aventures du chevalier Noir (la mini-série Battle for the cowl) pour la réapparition d'un ancien souvenir de Bruce Wayne, Red Hood navigue entre les époques, les personnages, pour fonder la brutalité et la radicalité d'un propos que la violence graphique n'effraie pas. On perçoit à chaque plan une profondeur digne d'un Dark Knight (Christopher Nolan, 2008), entre un Joker psychopathe, un Batman torturé, solitaire et peu amène, et la ville de Gotham comme un personnage en tant que tel, un niveau de l'enfer que sillonnent jours et nuits pillards, bandits et justiciers.

    L'identité de Red Hood découverte, c'est la tragédie et la mélancolie qui se fraie un chemin dans les rues sombres et puantes de Gotham : oui, Batman et Red Hood est un véritable film noir en puissance, qui tiendrait tête à plus d'un, par le biais d'une caméra mobile faisant la part belle aux plan-séquences survitaminés, l'action dosée avec un soin rare, motivée par un storytelling d'une folle cohérence où tout découle de ce qui vient de se produire à l'écran, flash-backs à l'appui. La musique, digne d'un grand film live, accompagne la noirceur de l"oeuvre avec brio.

    Entre Blackmask, superméchant effrayant et mortel, et Ra's Al Ghul, maître en arts martiaux et occultes, immortel se baignant dans le puits de Lazarus, un Joker taré et le mystérieux Red Hood, aux méthodes punitives extrêmes, la galerie des monstres est bien remplie, mais ne fait pas que du passage, du temps de présence à l'écran pour faire plaisir aux fans : ils sont le coeur d'une dramaturgie poussée où tout fait sens. Les bons films sont où on ne les attend pas, et Batman et Red Hood se hisse dans la liste des meilleures surprises de l'année !

  • Kick-Ass (2010)

    Un film de Matthew Vaughn

    5011734509_d2dee316f1_m.jpgLa note d'intention de Kick-Ass, le film (adapté du comic book de Mark Millar et John Romita Jr.) le rend instantanément sympathique ; un mélange d'action, de super-héros et de comédie, qu'on peut prendre dans l'ordre que l'on veut selon sa sensibilité. Les geeks verront plus le côté déconstruction du super-héros, d'autres beaucoup plus les passages ouvertement comiques, et les fans d'action seront comblés. Le film est, à ce titre, assez complet, tant  l'alchimie de ces dimensions dépasse leur simple somme mathématique. De ce type de film, Il y en a finalement assez peu, qui savent s'attirer cette forme de sympathie naturelle à un large panel de public ; cela tient, à mon avis, au très bon timing de la bande originale et au choix des morceaux qui la compose, qui collent aux baskets des images et leur impulsent un rythme syncopé, frénétique, tantôt plus calme pour appuyer l'iconisation du personnage principal. Le pool de compositeur (rien moins que quatre) signent chacun une partition exemplaire, entre électro, rock, pop et musique symphonique, John Murphy n'étant présent que pour -légèrement- remanier ses thèmes de 28 semaines plus tard et Sunshine.

    Le côté équilibriste du film est de se vouloir une déconstruction du mythe des super-héros, c'est-à-dire montrer que des personnages en collants incarnant des idéaux vivants, ne peuvent exister au premier degré. Car, dans le même temps, le film est totalement un film de super-héros au premier degré, au sens le plus noble du terme. Ainsi, lorsque l'on voit le premier plan du film, cet iconique homme-oiseau déployant ses ailes de métal au-dessus de New-York, accompagné du thème musical ouvertement John-Williamsien, on est dans le super-héros. La continuité de la scène, dans laquelle on découvre ce faux super-héros écrasé sur une voiture cinquante étages plus bas, on a la déconstruction : tout cela n'est que poudre aux yeux. Et surtout, ce n'est pas un américain comme le voudrait la tradition, mais un arménien un peu fou... Il me faisait surtout penser à Condorman, vous vous rappelez, cette production Disney du début des années 80 ? Ah oui, c'était sans parler de Hit Girl, gamine qui jure comme un charretier et bastonne mieux que dans Matrix. Elle bouffe l'écran à chacune de ses apparitions ; les studios, démarchés pour financer le film, se sont tous défilés à cause de ce personnage, définitivement trop politiquement incorrect. Ceux-là même qui, plus tard, voyant le fil terminé, ont dit : il faudrait plus de Hit Girl ! Et c'est vrai qu'on en redemande. Voir déambuler cette contradiction par essence, un soldat surentraîné dans un corps d'enfant qui demande des couteaux papillons pour son anniversaire, on appelle ça un coup de génie ou je ne m'y connais pas. 

    Mais, dans la scène qui clôture le film, on a bien deux super-héros contemplant le ciel sans nuages de New-York, musique compris, et l'on en restera là : ou comment commencer et finir par deux tableaux graphiquement similaires mais totalement opposés dans leur sens. C'est toute l'intelligence de Matthew Vaughn, réalisateur impliqué, que de faire passer ce grand écart... comme une lettre.

    Relecture colorée d'un point de vue graphique comme langagier, Kick-Ass (littéralement Botter des culs, faut-il le rappeler) dépeint le quotidien de Dave, un ado normal qui passe ses journées à se masturber, à aller au comic-shop et à être invisible à toute créature féminine. Son profil (comme son apparence) rappelle immanquablement Peter Parker, alias Spider-Man, alias Tobey Maguire. Le même Maguire qui, dans le très bon Pleasantville, était lui aussi invisible aux filles, passant la scène d'introduction à parler à une fille qui, elle, ne lui parle pas du tout... Point commun parmi d'autre entre Kick-Ass et Spider-Man, qui décale des scènes clés de l'emblématique film de super-héros, d'ailleurs une des seules réussite absolue sur le média : quitte à prendre un modèle, autant viser le haut du panier. Ainsi, on croisera une relecture du Un grand pouvoir nécessite de grandes responsabilités, le test du vol sur le toit ou encore les essais beaucoup plus comiques du costume. Tout le sel de Kick-Ass est qu'il passe plus de temps à voir son cul botté plutôt que l'inverse. D'autres super-héros passent à la moulinette des autres personnages comme Hit Girl, fillette de 10 ans qui manie les couteaux comme un marine, et qui nous gratifie d'une référence à Batman pas piquée des vers. Nicholas Cage est d'ailleurs très impressionnant dans son exercice de caricature de Batman, le film réunissant les icônes des deux firmes concurrentes, Marvel (pour Spider-Man) et DC pour Batman.  

    Selon la scène, le film oscille donc, dans une balance agile, entre les tons, les couleurs, les péripéties, dont l'énormité croissante offre un mix entre Tarantino et Sin City. Un vrai film comic book, sur les comics et pour les fans de comics. Le premier comic-book movie, serait-on tenté de dire, dans le top 3 des films de 2010. 

    Le blu-ray qui vient de sortir est très réussi, nous faisant entrer dans l'antichambre de la création, que ce soit du comics (très bon doc d'à peine 25 minutes qui arrive à être très pointu) que dans le film (un making-of monstrueux de 2h et une lecture du film commenté par Matthew Vaughn avec d'autres documentaires à la clé). On y découvre un réalisateur attentif aux moindres détails (le mixage son et la musique en premier lieu), perfectionniste au possible, et de fascinantes séquences notamment sur l'étalonnage numérique (cette scène est trop bleue, modifie les couleurs!) et sur les capacités de combat de la jeune Chloé Moretz, bluffants. En deux mots comme en cent, foncez!

  • Ultimate Avengers (2008)

    Un film de Curt Geda & Steven E. Gordon
     
    4982371174_3c47da9a43_m.jpgFilm d'animation sortant des jeunes Marvel Studios, Ultimate Avengers est l'adaptation de la BD du même nom créée par Mark Millar (Kick-Ass). Il voit l'assemblée de super-héros se constituer autour du Général Nick Fury ; ainsi, Iron Man, Thor, Giant-Man, la Guêpe, la Veuve Noire et le leader Captain America essayent de contrer une invasion extra-terrestre...

    Point de mire d'une série de films en prises de vues de vues réelles, on espère que les futurs Avengers de Joss Whedon ne lorgneront pas vers cette version qui, si elle n'est pas un ratage total, n'a cependant pas beaucoup d'atouts dans sa besace : entre un design laid et une animation grossière (pourtant Curt Geda, réalisateur sur pas mal d'épisodes de la magnifique série animée Batman, est à l'œuvre), deux dimensions clés de l'animation, on ne trouvera pas l'intrigue terrible, mais certains personnages intéressants, comme Bruce Banner / Hulk, ou le début du film, introduisant Captain America pendant la seconde guerre mondiale, aux prises avec les Nazis, rappelant la séquence d'ouverture de Hellboy, le film. A part cela, la chasse à l'ET est assez plate, empilant artificiellement les séquences d'action.

    Le degré de finition, bien approximatifs sur les personnages (mention spéciale à Iron Man, qui ressemble plus à Beta Ray Bill, l'adversaire / allié de Thor dans la sage dessinée par Walter Simonson, qu'à l'aspect métallique de son armure), contraste avec certains objets designés en 3D (les vaisseaux) et donnent une idée de ce à quoi le film aurait pu ressembler. Pour un long métrage, certes destinée à la vidéo, c'est tout de même carrément limite. Au niveau de l'animation, Marvel n'est pas encore prêt à rattraper DC, qui aligne régulièrement de véritables réussites dont le dernier en date (Batman : Under The Red Hood), tout juste sorti en France, devrait être une nouvelle preuve. Les super-héros, sortis de leurs pages de comics, ont bien du mal à faire valoir leur couleurs  côté film !