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animation - Page 3

  • Batman : le mystère de Batwoman (2003)

    Un film d'animation de Curt Geda et Tim Maltby

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    Si ce Mystery of the Batwoman n'est clairement pas le meilleur du cycle consacré au chevalier noir par l'équipe de Batman - La série animée (Bruce Timm & Paul Dini, 1992-1995), il mérite tout de même que l'on s'y attarde ; Curt Geda étant tout de même responsable de maints épisodes de la série, puis de l'excellent film Batman, la relève : le retour du Joker.

    Contrairement à Batman contre le fantôme masqué, qui était sorti durant le temps de diffusion de la série originale, ce Mystère de Batwoman, réalisé pour le marché de la vidéo, paraît en 2003 alors que l'univers qu'il dépeint date de 1997, pour la série The New Batman Adventures,  en fait la suite de Batman - La série animée (vous suivez ?). Dick Grayson, auparavant Robin, est devenu le héros Nightwing, et c'est Tim Drake, un jeune garçon qui a découvert l'identité secrète de Bruce Wayne, qui prend sa place. Le design général de la série est repris ici. Le costume du Batman est gris avec le symbole noir, pour être raccord avec sa représentation de l'époque dans les comics ; pour les imprimés, l'année 2003 correspond au run de Jim Lee sur le titre, avec notamment la parution de Batman : Hush (Silence), où Batman apparaît sous ces traits. Son apparence détone avec la cape bleue et le logo jaune et noir, révélé par le dessinateur Neal Adams dans les années 60. Personnages anguleux et presque schématiques, décor imposant dans un style Art-Déco du plus bel effet : c'est le style de la série, plus proche du style de Bruce Timm que les designs plus ronds (dans la tradition du dessin animé Superman des Frères Fleischer) de la première série. Comme dans The New Batman Adventures, les scènes de nuit prennent une teinte rouge, qui rappellent évidement le générique mythique de la série animée.

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    Si le film reprend quelques personnages emblématiques de la série (le mafieux Rupert Thorne, Oswald Cobbelpot alias Le pingouin), il fait surtout la part belle à Batwoman, une nouvelle justicière qui s'inspire manifestement de Batman. Le personnage est apparu en 1956 dans le mensuel Detective Comics. Il s'agit alors de Kathy Kane, une cousine de Bruce Wayne qui veut lutter aux côtés de Batman. Après quelques années où elle n’intervient guère dans les aventure du Chevalier Noir, son personnage est abandonné en 1964. Ce n'est qu'en 2006 qu'une autre figure féminine réapparaît sous les traits de Batwoman. Il s'agit d'un personnage entièrement nouveau : elle est juive et lesbienne (et a notamment une aventure avec l'agent Renee Montoya, créée pour la série animée et reprise dans la série régulière des comics). Pour autant, est-ce que le film, antérieur à la nouvelle incarnation de Batwoman, entretient en rapport avec celle-ci ? Pas du tout, malgré le nom d'un personnage féminin similaire qui n'est juste là pour jeter le trouble. Ainsi, Kathy Duquesnes est l'une des jeunes femmes qui tourne autour du playboy Bruce Wayne au cours de cette aventure.

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    Le ton du film est léger, à l'image de ses héroïnes. Le thème musical de Batwoman se voulait être, à mon avis, suave et envoûtant comme pour une femme fatale de film noir (une des influences revendiquées de Buce Timm & Co pour la série), mais il fait plus penser aux enquêtes feutrées d'un Hercule Poirot plutôt qu'à celles d'une femme d'action. Ce manque de pep's et un défaut flagrant d'ambition dans l'intrigue proposée (Bruce Wayne tombe sous le charme de la fille d'un truand, sur fond de mafia et de trafic d'armes) plombe un peu le film, alors même qu'il devait voir émerger une nouvelle figure héroïque dans la bat-family. Les scènes du dance-club du pingouin (L'Iceberg Lounge) sont tout de même bien réalisées, les personnages offrant des mouvement dansés dynampiques et très fluides. Ah, puis si, un brin d'humour assez bienvenu dans la bouche de l'irascible Bullock : voyant une nouvelle bat-justicière hanter les cieux rougeoyants de Gotham, il s'exclame : "Batman, Batgirl, maintenant Batwoman... Et pourquoi pas un Bat-chien, pendant qu'on y est ?" Les lecteurs assidus du comic savent que Bruce Wayne a Ace, son bat-chien, qui l'accompagne dans ses aventures des années 50... Comme quoi, même cette mystérieuse Batwoman, somme toute assez plaisante mais plutôt quelconque, peut nous aider à mieux cerner l'univers du Batman...

  • Hôtel Transylvanie (2013)

    Un film de Genndy Tartakovsky

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    Premier long d'un génie du (très) court -Samourai Jack ou la première série Clone Wars-, Hôtel Transylvanie suscitait une certaine attente ; cette aventure fantastique, revisitant les monstres mythique du cycle Universal des années 30-40, déçoit pourtant de bout en bout.

    La technique d'animation sans conteste le point fort du film ; en image de synthèse 3D, elle permet à Tartakowsky de tester un rendu cartoonesque, dont l'aspect le plus flagrant est la déformation / déstructuration de l'anatomie des personnages, qui leur donnent des expressions exagérées. Pour autant, le character design est très sage et ressemble beaucoup à celui de Moi, moche et méchant ou Le Lorax. Mention spéciale tout de même à la cape de Dracula, à la texture soyeuse palpable, et bien animée. Ce parti-pris graphique va de pair avec un rythme mené au pas de charge, enchaînant les mini-gags, plus visuels que de situation. Et ce qui fonctionne très bien dans un format court montre ici ses limites tant le long-métrage demande un minimum de construction narrative. 

    Les monstres sont hébergés chez l'ami Dracula et sa fille Mavis, dans un château qui fait office de rempart contre les humains, dépeints par le maître des lieux comme intolérants. Pour le prouver à sa fille, il n'hésite pas à créer un village de toute pièce, peuplés par ses amies zombies qui portent des masques d'humains dégénérés... Là dessus, un jeune homme va réussir à s'introduire dans l'Hôtel Transylvanie, et devoir se faire passer pour l'un d'entre eux. Le semblant d'histoire ne va pas plus loin, et la sous-intrigue en forme de love-story n'arrange rien : tout y est extrêmement convenu. Le décalage voulu sur la notion de normalité n'est pas vraiment exploité ; quant à la drôlerie de l'ensemble, on restera circonspect : les crises de fureur de Dracula, maintes fois répétées, laissent froids. L'histoire se veut fantastique, mais n'émerveille pas. alors oui, le réalisateur s'amuse avec son univers modélisé en 3D, certaines séquences sont dynamisantes (les tables volantes dans la salle de banquet), mais rien fait : on s'ennuie ferme devant ce défilé stromboscopique de gags en kit, d'histoire à monter soi-même. Et ce n'est pas le final, d'une facilité et d'un conformisme exaspérant, qui nous fera revoir notre copie. 

  • Batman : Year One (2011)

    Un film de Sam Liu & Lauren Montgomery

    8192088883_7a375a2082_m.jpgLes films animés de DC Comics n'étaient pas, avant le milieu des années 2000, adaptés littéralement de récits pré-existants. Ainsi, les excellents Batman contre le fantôme masqué ou encore Batman beyond : le retour du Joker sont des créations originales piochant dans la mythologie du justicier masqué. Avec la naissance de la collection DC Universe Animated Original Movies en juillet 2006, l'objectif est de transposer, sous formes de films d'animation destinés au marché de la vidéo, les comics qui ont fait l'histoire de la maison d'édition. Il s'agit d'une initiative conjointe de DC, Warner Bros. et Bruce Timm entre autres, à qui l'on doit l'inestimable Batman : la série animée. Sont ainsi portés à l'écran Superman : Doomsday d'après l'arc La mort de Superman, Justice League : New Frontier d'après la BD de Darwyn Cooke, deux titres qui remportent un vif succès. Les films s'enchaînent rapidement, montrant souvent une adaptation fidèle du matériau d'origine, notamment le très bon Batman et Red Hood : sous le masque rouge (Brandon Vietti, 2010). Batman : Year One calque donc sa trame sur le récit de Frank Miller (au scénario) et David Mazzucchelli (au dessin). Un retour aux origines permettant de voir les débuts d'un fringant Bruce Wayne de 25 ans, combattant le crime dans une Gotham City dominée par la mafia et les flics ripoux. Son apprentissage se déroule en parallèle de la trajectoire du lieutenant James Gordon, débarquant aussi fraîchement à Gotham. La BD fut créé après le coup d'éclat de Frank Miller en 1985, The Dark Knight Returns (ressorti ces jours-ci chez Urban Comics avec le film d'animation adaptant la première partir de l'histoire, chronique à venir sur le blog). 

    Le film d'animation réalisé par Lauren Montgomery et Sam Liu (habitués de l'univers DC, ils ont aussi réalisé conjointement Justice League : Crisis on Two Earths) suit très, très fidèlement le cours du comic, au point que l'on peut pratiquement isoler chaque cadrage pour retrouver son équivalent dans la BD. La plupart des répliques sont également reprises à l'identique ; les connaisseurs retrouveront très exactement les scènes qu'ils ont observées dans les pages du comics, que ce soit l'arrivée de Bruce Wayne et Gordon à Gotham, la rencontre entre Gordon et Flass à la gare, la première sortie du justicier, ou encore la très belle scène fondatrice de "la clochette", qui détermine la future apparence du héros. Sur une durée ramassée de 65 minutes (assez standard pou les animés DC), quelques rares scènes sautent, comme celle où Wayne se repose en Suisse ; seule une photo examinée par Gordon dévoile ce détail.

    Rappelons ici que le film, comme la BD, commencent en janvier et se terminent en janvier, décrivant une année entière dans la vie des protagonistes, comme le promet le titre. La ponctuation narrative de la BD, incluant au fil des pages les "cartons" des dates, se retrouvent dans le film ; et, si elles étaient pertinentes dans le comic, offrant une scansion intéressante, impulsant un rythme et une justification aux ellipses, elles bousculent un peu le récit dans le film, apparaissant parfois à des intervalles très rapprochées. Le décalque du comic trouve ici ses limites.

    Mazzucchelli avait pris le jeune Gregory Peck comme modèle pour Bruce Wayne ; on ne le retrouve que peu dans l'apparence du millionnaire justicier du film. Ceci étant dit, la réalisation, si elle est classique, affiche un character design très élégant, dans la lignée de la série de Bruce Timm et Paul Dini. Les quelques éléments créés en images de synthèse -les véhicules la plupart du temps- s'intègrent assez bien à l'ensemble. Si les plans sont la plupart du temps statiques, ils savent se démener lors des quelques séquences d'action (Batman au rez de chaussée d'un immeuble en flammes, aux prises avec un groupe d'intervention armé), épaulée par la musique de Christopher Drake, toujours très inspirée par celle de Hans Zimmer sur la trilogie Nolan. Les similitudes sont de même évidentes avec Batman Begins, qui est inspiré en grande partie de Batman : Year One.

    Bien que les connaisseurs n'auront pas une once de surprise, par rapport à certains films de la collection (on pense à Justice League : Echec), Batman : Year One "fait le job", et s'en acquitte de belle manière, surtout pour sa fabuleuse esthétique ; le film respecte aussi la charge violence, assez intense pour un animé, de la BD. Cependant, pour conserver toute la force du récit, (re)lisez plutôt l'excellent comic.

    Pour plus d'infos, n'hésitez pas à vous rendre sur le bon site La tour des héros !

  • Basil, détective privé (1986)

    Un film d'animation de Ron Clements & John Musker

    6686212303_4abe85787e_m.jpgPlusieurs années avant la renaissance du studio par les mêmes artisans (Ron Clements et John Musker réalisèrent à partir de la fin des années 80 deux des Disney les plus réussis : La petite sirène (1989) et Aladdin en 1992), sortait sur les écrans Basil, détective privé, adaptation d'une série de livre pour enfants, Basil of Baker Street, de Eve Titus et Paul Galdone. Il avait la lourde têche de succéder à un cinglant échec commercial, Taram et le Chaudron magique (Ted Berman, Richard Rich, 1985). C'est l'époque des remises en questions chez Disney, et clairement Taram tentait de viser un nouveau public, en proposant une histoire bien plus sombre qu'à l'ordinaire -fable initiatique inspirée du Seigneur des anneaux, où se succèdent ambiances délétères, têtes de mort et infâmes maléfices. 

    Revenant à un sens du spectacle Disney plus classique, Basil... est aujourd'hui un film d'animation méconnu (pas d'édition spéciale en DVD si ce n'est une version dépouillée de tout supplément en 2004), qui mérite bien plus. Basil combine d'ores et déjà deux aspects qui fonctionnent très bien chez Disney : d'abord, la réinvention d'un personnage littéraire classique, Sherlock Holmes (l'intérêt connu de Disney pour les oeuvres d'Agatha Christie montre aussi la volonté d'adapter un suspense policier). Ensuite, les personnages sont des animaux parlants, et qui plus est des souris, -l'origine de Disney avec Mickey-, qui avaient fait leurs preuves dans le très beau Les aventures de Bernard et Bianca (Wolfgang Reitherman, Art Stevens, John Lounbery, 1977). Coïncidence, à quelques mois d'écart sortait sur les écrans le très sympa Fievel et le nouveau monde (Don Bluth, 1986), faisant également la part belle à une souris.

    Débutant dans un foggy London où les souris habitent des maisons minuscules au pied des demeures des humains, Basil a en effet tout pour plaire : des personnages bien trempés souvent excentriques (en cela, Basil et le professeur Ratigan, rejouant l'éternel combat des chefs entre Sherlock Holmes et Moriarty, sont à armes égales : la première apparition de Basil le montre affublé d'un déguisement de pacotille, roulant des yeux globuleux dans un pose démoniaque ; tandis que Ratigan, ébouriffé et fou de haine, est impérial dans l'excellent passage musical "Le grand génie du Mal". Vincent Price, invité d'honneur du film pour interpréter ce vilain, confiera que ce fût son rôle favori.

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    La relecture de la mythologie holmésienne fonctionne à plein, entre un Dawson - Watson revenu d'Afghanistan, Basil héritant du prénom de son interprète le plus célèbre (Basil Rathbone dans la série Fox / Universal des années 40), ce dernier se permettant même un caméo sonore extrait de sa lecture de La ligue des rouquins, fameuse aventure du détective privé, enregistrée quelques temps avant sa disparition. Le traditionnel attrait d'Holmes pour le déguisement est bien présent, à l'occasion d'une scène dans un bar malfamé (le rat trap, ou "piège à rats") où Basil et Dawson prennent les traits de vieux loups de mer, empruntée à un des films de la série Universal, Sherlock Holmes et l'arme secrète (Roy William Neill, 1942). Le jeu des hommages ne s'arrête pas là, car Dawson se laisse embarquer dans une farandole avec les danseuses du bar, exactement comme Watson dans le film de Billy Wilder, La vie privée de Sherlock Holmes (1970). Le dernier affrontement Holmes / Moriarty , tiré du Dernier problème (The final problem, 1891) de Arthur Conan Doyle est aussi revisité lors d'une époustouflante séquence dans les rouages de Big Ben. Cette poursuite magistrale, en plus de constituer un défi technique réussi (il s'agit de la première utilisation d'images de synthèse dans un long métrage d'animation), aurait pu trouver sa place dans la filmographie d'un Miyazaki, passionné qu'il est des mécanismes d'horlogerie. Plus largement, l'importante place donnée à la mécanique (la salle de travail de l'inventeur, la petite ballerine, la salle des jouets) donne vraiment une couleur unique à ce long-métrage, qui se rapproche par moments de façon troublante de .. la série d'animation Sherlock Holmes, initiée quelques années auparavant par Hayao Miyazaki lui-même ! A ce titre, la séquence de poursuite en machine volante entre le Professeur Ratigan et Basil, semble en être directement tirée.

    La tenue visuelle est celle des Disney de la belle époque, aux décors soignés et remplis de détails (on peut apercevoir l'éléphant Dumbo lors de la déambulation de nos enquêteurs dans une salle des jouets), aux frimousses attachantes et très expressives des personnages, dans la joie, la tendresse, le drame, mais aussi dans l'horreur et la folie. 

    La tonalité de Basil..., si elle peut être par moments légère - notamment grâce à la partition magnifique composée par le grand Henry Mancini, qui retrouve son affinité avec l'animation 20 ans après La panthère rose- , n'en est pas moins constellée de moments de cruauté, suggérés certes, mais bien présents. L'on apprend donc que les méchants sont vraiment méchants, et n'hésite pas à (faire) tuer... souvent pour une broutille - "l'exécution" d'un rat par une chatte goulue et féroce, rendue terrifiante par le rituel de "la clochette"...

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    On dit souvent que "plus le méchant est réussi, meilleur est le film". C'est on ne peut plus vrai ici, et si Basil a vraiment toutes les qualités d'un excellent divertissement animé, c'est en grande partie grâce à son méchant d'anthologie. Ce film mésestime du studio aux grandes oreilles est à (re)découvrir de toute urgence !

  • Chico et Rita (2011)

    Un film de Fernando Trueba & Javier Mariscal

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    Flashback. Le 11 juin dernier se clôturait le 51ème Festival International du Film d'Animation d'Annecy. Et, si le Cristal du long-métrage officiel a été remporté par Joann Sfar et Antoine Delesvaux pour Le chat du rabbin, une poignée de cinéphiles (dont votre serviteur) ont honoré Chico et Rita comme le premier Prix Fnac pour un long-métrage. C'est que, comme nous allons le dessiner, le film a de très belles qualités...

    Novice en animation, Trueba est néanmoins un véritable routard du cinéma, lauréat de plusieurs Goyas (El sueño del mono loco, 1990, Belle Époque, 1993, et La niña de tus ojos, 1999) et même auteur d'un dictionnaire du cinéma. Il s'est associé à Javier Mariscal, graphiste et auteur de bande dessinées, pour conter une histoire d'amour passionnée sur fond de musique cubaine.

    La musique est la composante essentielle de ce film ; elle est composée par Bebo Valdès, qui avait déjà accompagné Trueba sur un de ses précédents long-métrage documentaires, Calle 54 (2000), son Buena Vista Social Club à lui (Club auquel il adressera un joli clin d'oeil dans la dernière partie du film). Et sa musique habite littéralement Chico et Rita. C'est elle qui nous emmène dans cette histoire d'amour au long cours, nous fair ressentir la chaleur, la sensualité des comportements, nous fait passer d'une époque à une autre, ... nous transporte.

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    Ce qui frappe dans Chico et Rita, hormis sa fabuleuse sensibilité musicale, c'est sa construction et ses personnages, tous droits issus d'une grammaire (parfois trop ?) classique de film de prises de vues réelles. On ne se refait pas, Trueba entend user des mêmes cordes -efficaces- pour nous immerger dans son récit. Histoire en flach-backs, où un Chico vieillard se remémore ses jeunes années de pianiste émérite au son grésillant d'une radio qui rediffuse ses vieux titres. Dès les premières minutes, l'on revit sa rencontre enfiévrée avec la chanteuse Rita, tout en affrontements. Ceux-là même qui deviendront plus tendres, le temps d'une séquence charnelle très réussie. La sensualité des corps, les lignes s'entremêlant, les tons chauds et la musique cool, transpirent du dessin, forcément animé. 

    Commence alors une véritable odyssée, peuplée de stars de cinéma (Rita croise la route de Bogart et Brando), de musiciens (Charlie Parker), de dealers, de règlements de compte, d'atermoiements amoureux, de déceptions, de succès. l'histoire fait constamment s'éloigner les deux personnages principaux, pourtant évidemment liés. Là où Trueba réussit son film, c'est lorsqu'il n'hésite pas faire de Chico et Rita des personnages prisonniers de leurs obsessions (la célébrité pour Rita, le contact charnel pour Chico), en même temps qu'il dessine des trajectoires totalement romantiques qui peuvent souffrir une certaine naïveté (prenons comme exemple le final, le seul moment vraiment mal amené, même si logique dans le progression narrative).

    Combinant les forces de l'animation et de la prise de vues réelles, le résultat pourra décevoir les partisans de l'animation, pour lesquels le film est certainement trop classique. Mais, vous savez quoi ? Ce qu'il y a de bien avec le classique, c'est que ça ne se démode pas. Et je vous fiche mon billet que celui-là, avec ces décors fins et colorés, et ses incrustations réussies de quelques images de synthèse, va bien supporter le poids des ans. Et l'on peut être satisfait, toute notre petite troupe, d'avoir donné à ce film le prix qu'il méritait.