Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

animation - Page 7

  • Annecy 2009 : Mary and Max

    Un film de Adam Elliot

    mary-and-max.jpg

    J’assiste à la projection de ce long métrage avec une attente palpable, les antécédents du Monsieur ayant été unanimement salués (Harvie Krumpet, Oscar 2003 du meilleur court d’animation).

    Débute alors un film en demi-teintes, narrant la relation épistolaire de deux individus atteints de diverses névroses (comme tout un chacun, en fait). Une jeune fille complexée et aux repères mouvants donnés par son alcoolique de mère ; puis un vieil autiste obèse. Une série d’animation, Les Noblets, les relient indéfectiblement, tous deux étant animés par une même passion pour le show. Petit à petit se développe donc ce lien spécial, à distance, accompagnant chacun dans leur vie de tous les jours. Sur ce canevas pour le moins intéressant, vient malheureusement se greffer une esthétique morne, monochromatique, soutenu par le commentaire atonal d’un narrateur bavard (le casting vocal est d’ailleurs impressionnant, mais seulement sur le papier : Philip Seymour Hoffman, Toni Colette, Eric Bana). L’environnement sonore, clairement opposé entre les deux partis (enjoué pour Mary, désespéré pour Max) est soigné, et certains passages musicaux sont de vraies réussites.

    Déroulant certes une histoire touchante, pleine de bizarreries étonnantes -les hot dogs au chocolat du vieux Max, les déambulations et le look de mort-vivant de la mère imbibée de Mary-, le film reste cependant replié sur lui-même, à l’image de l’affection qui touche Max. L’émotion peine à poindre devant tant de morosité. Il est donc permis de s’y ennuyer, voire même d’éprouver une malaise correspondant à l’état d’esprit des deux personnages. Le réalisateur a-t-il réussi son coup ? Etait-ce la réaction escomptée ? Quoi qu’il en soit, ces impressions façonnent la déception qui nous étreint au sortir de la salle.

  • Annecy 2009 : courts métrages en compétition

    annecy09.jpgA quoi bon résider sur Annecy et ne pas assister à leur Festival du film d’animation de dimension internationale ? Cette année encore, le programme est plutôt alléchant : Coraline (Henry Selick, présent sur place) en compétition, Mary et Max (Adam Elliot), Ghost in the Shell 2.0, le film séminal de Mamoru Oshii, agrémenté de nouveaux effets spéciaux, ou Sword of the Stranger, prometteur film de sabre, bref, pour les longs, il y a de quoi faire.

    Les courts-métrages représentent cependant toujours le cœur de la manifestation, nous allons donc en rapporter quelques uns ici, vu dans le très bon programme Courts Métrages en Compétition n°3 :
    D’abord, impossible de faire l’impasse sur le magnifique Cat Piano. La rencontre d’Edgar Poe et du film noir, saupoudrée de l’esthétique de Guarnido pour la bédé Blacksad. Tourné en Cinémascope, la signature visuelle est très séduisante, misant beaucoup sur le clair obscur. Ambiance jazzy, quartiers chauds, le film déroule un feeling oscillant entre le cool et le macabre ; des chats se font enlever pour, peut-être finir dans le fameux Cat Piano, soit une machine infernale qui fait correspondre à chaque touche de l’instrument la queue d’un chat ; cette dernière est alors comme poinçonnée, et le chat de faire sortir toute sa gamme dans un miaulement qui glace le sang. Même si l’histoire aurait pu être plus complexe (l’affaire est close trop rapidement), on est vraiment devant un bon morceau de mise en scène ; de la belle ouvrage, sur la voix rauque de Nick Cave. En voici la belle bande annonce...

    Autre très bon cru de ce programme, le farouchement anti-capitaliste Train en folie, de Cordell Barker (Canada). Le train ne doit jamais manquer de charbon pour avancer, au mépris de toutes les morales, et au bénéfice unique des riches. Mais, alors que dans la vie, ces derniers en sortent toujours gagnants, remerciés en prime avec un sacré paquet d'oseille en poche, la justice divine du film d’animation leur rend ici la monnaie de leur pièce. Détonnant.

    Pour finir, The Tale of little Pupettboy, alias Sagan om den lille dockpojken, de Johannes Nyholm, pour la Suède. Ces aventures rocambolesques d’un jeune garcon solitaire sont désopilantes, trash, désolantes, bref. Et la version télé d’Ivanhoé, avec James Mason, a été partiellement recréée en images par images ! Il y a fort à parier qu’on retrouve l’un de ses trois films dans le palmarès, à voir...

  • Watchmen - Tales of the Black Freighter (2009)

    Un film de Daniel DelPurgatorio & Mike Smith

    3532303249_2d519d03b7_m.jpgBizarre, cette vision de ce qui devait être, à l’origine, inclus dans la version ciné du Watchmen de Zack Snyder. Rappelons que ledit-film, adaptation du comics de Alan Moore et Dave Gibbons, devait faire état d’un passage assez magistral dans la BD, à savoir un jeune noir lisant un bande d’aventures plutôt gore, celle-ci ayant des correspondances avec l’histoire principale du film ; d’où une mise en abîme originale et particulièrement réussie.

    La vision indépendante de ce récit est troublante car on sent clairement qu’il manque quelque chose, sur le strict plan narratif. En l’état, le film prend le format d’un épisode de série animée de 20 minutes, d’habitude utilisé pour de nombreuses séries pour enfants. Ici, point de tout cela ; on est dans le gore et l’horrible, la trame pouvant ressembler à un Conte de la Crypte sous acide (quel épisode de cette série ne l’est pas, d’ailleurs ?). Un marin est le seul survivant d’une attaque de pirates sanguinaires ; il se retrouve seul sur un petit bout d’île, avec comme seuls compagnons les corps sans vie de ses camarades d’infortune, une nuée de charognards aux aguets. La suite ne sera que plongée dans une folie dure, hallucinations comprises. Le bougre arrivera à s’extirper de l’île dans le seul moment d’anthologie gore assez peu vu ailleurs, en animation comme en prises de vues réelles.

    L’argument est un peu mince, mais de plus il n’est pas aidé par une animation approximative (mis à part les éléments en numérique, tels les sombres flots d’une mer déchaînée), les personnages n’ayant tous qu’une seule et même expression. Si cela ne suffisait pas, le design général marque par sa grande laideur esthétique (Mon dieu, ça, c’était des requins ?!, ne pourra-t-on s’empêcher de se demander à l'occasion).

    On en retiendra tout juste un enchaînement non-stop de morts en décomposition et de meurtres, ce qui n’est pas donné à tout film d’animation qui se respecte. Mais cette oeuvre, qui n’en est pas vraiment une, faisant partie d’un tout beaucoup plus grand qu’elle, peut-elle être considérée comme telle ? La question mérite d’être posée, et nous répondrons non,  tant la sensation d’avoir assisté à un fragment d’histoire reste ancré après le visionnage.

  • Spriggan (1998)

    Un film de Hirotsugu Kawasaki

    3238661172_defc0a6db4_m.jpgSpriggan fait partie de ces films d’animation japonais qui, bien que (ou à cause de) leur absence sur les écrans français, ont bénéficié d’un buzz important et ont vu leur réputation être surévaluée. Ici, cette surévaluation est également due à Katsuhiro Otomo, mangaka reconnu (Domû, rêves d’enfants et le scénario de Mother Sarah) et surtout créateur d’Akira ; il occupe sur Spriggan le poste de superviseur.

    Résumer le propos de Spriggan est assez difficile, mais allons-y en deux mots : Une agence secrète travaille à la découverte et la préservation du savoir d’une société très ancienne. Leurs agents sont les Spriggan. Lors de la mise au jour de l’Arche de Noé sur le mont Ararat, le meilleur de ces agents, un lycéen du nom de Yu, est appelé sur les lieux pour empêcher la CIA de s’approprier la découverte.

    On voit, après ces quelques lignes, la dimension casse-gueule que prend cette histoire assez complexe : entre anticipation, espionnage et fable fantastique, le film ne fait aucun choix et décide de traiter tout cela en même temps, sur une durée d’1h30. On a donc un premier problème avec le résultat final qui nous est présenté : il ne sait pas trop sur quel pied danser. Dernier point important sur la tonalité du film, il est conçu avant tout comme un film d’action tout juste bon à accumuler des séquences de courses-poursuites et d'explosions en tous genres. Le fil rouge du récit, cette mystérieuse Arche de Noé aux références bibliques, n’est d’ailleurs pas suffisante pour justifier tous ces éléments périphériques, étant elle aussi sacrifiée par le traitement narratif de l’ensemble.

    Les scènes d’action sont certes bluffantes. La course-poursuite au début du film rivalise de nervosité et d’ampleur avec certains des meilleurs films live dans le genre. L’animation du métrage est d’ailleurs son vrai point fort : soignée, alternant les plans et les mouvements de caméra comme un film de prises de vues réelles, elle rappelle un petit chef d’œuvre sorti la même année, Jin-Roh, la brigade des loups (réalisé par Hiroyuki Okiura), qui produit le même effet tout à fait étrange : à partir d’un moment, on ne sait plus qu’on regarde un film d’animation. Cette sensation est toujours extrêmement rare car le principe même de l’animation en fait une œuvre réflexive. On est toujours devant une traduction / appropriation / recréation du réel. Ici, cette recréation calque tellement l’impression de réel que c’en est confondant. Découle de là un autre problème majeur, c’est qu’en étant si réaliste dans les mouvements des personnage et le rendu des décors, les scènes typiquement fantastiques semblent arriver comme un cheveu sur la soupe, à l’image de ces dinosaures (?!) à la poursuite de Yu, à l’intérieur de l’Arche de Noé. Le propos qui en découle, pseudo-écolo, ne trouve pas sa place dans le film, et n’est en tous cas amené avec aucun tact ; on ne peut échapper au ridicule lors de cette séquence.

    Finalement, ce qui nuit peut-être le plus à Spriggan, c’est Katsuhiro Otomo. N’étant pas qu’une caution scénaristique ou visuelle, on retrouve dans Spriggan des éléments constitutifs d’Akira tellement similaires qu’on a l’impression de voir une histoire parallèle au chef d’œuvre post-apocalyptique du mangaka/cinéaste japonais. Entre les pouvoirs télékinésiques, les (faux) jeunes garçons qui dissimulent leur (vraie) vieillesse et une esthétique futuriste, le tout constitue un patchwork mal assemblé, qui aboutit à un fourre-tout scénaristique assez faible. Si sa qualité technique n’est pas à mettre en doute, on ne peut parler de réussite, et on conseillera plutôt aux amateurs de revoir le bon Jin-Roh.

  • Cowboy Bebop - le film (2003)

    Un film de Shinichiro Watanabe

    3193002723_d0b6f582d4_m.jpgCowboy bebop - le film fait suite au succès mondial de la série éponyme imaginée par Shinichiro Watanabe. Sortie en 2001, cette adaptation devrait ne pas être la dernière, car un projet de film live avec Keanu Reeves dans le rôle-titre semble être sur les rails.

    Se focalisant sur la destinée de chasseurs de primes dans un contexte futuriste, la série est un mélange d’influences tout à fait jouissif, passant du western au space-opera pur et dur, sans oublier le ciné kung-fu (le personnage principal est fan de Bruce Lee) et une note roots américaine apportée par une bande son remuante composée par la grande spécialiste des musiques d’anime, Yoko Kanno. De tous ces aspects il en ressort une parenté assez évidente avec une autre série d’anime absolument indispensable, Cobra.

    Le film part a priori sur ces bases pour communiquer toute l’ambiance de la série sur grand écran. Seulement voilà, ce n’est pas tout à fait ça. Si, au niveau purement technique de l’animation, le film arrive à surclasser une série déjà très fluide, l’intrigue paraît fumeuse et la musique, bien que sympathique, un peu hors-sujet par rapport à la série-mère.

    Nous suivons les pas de notre groupe de Cowboys aux prises avec un terroriste, Vincent, ayant mis la main sur une arme chimique redoutable, capable d’anéantir pas mal de monde. Le bad guy est assez réussi dans le refus de tout manichéisme, et dans sa folie jusqu’au-boutiste étrangement calme. Le film joue aussi sur le réalisme trop parfait des environnements synthétiques, notamment par l’intermédiaire d’un jeune gamer hacker surdoué qui ne distingue plus aucune différence entre les deux mondes ; le moment où il assiste au meurtre d’un agent de sécurité par Vincent ne lui laisse échapper qu’un "oh ? il est mort... " dénué de toute implication émotionnelle, naturelle face à un tel acte. Le rythme du métrage est très étonnant, alternant de grandes scènes d’action et des pauses philosophiques qui peuvent rappeler l’extraordinaire Ghost in the Shell de Mamoru Oshii d’après Masamune Shirow. L’impact de Cowboy Bebop est malheureusement beaucoup moins clair que son illustre prédécesseur. Ce rythme si spécial convient difficilement  à un trip comme Cowboy Bebop dont la force réside dans son enchaînement d’action non-stop, auquel on ne comprend parfois qu’après-coup les raisons d’être. De plus, le film se doit de traiter chacun des personnages principaux de l’anime là où les épisodes de la série pouvaient ne se focaliser que sur l’un d’entre eux, ou en tous les cas évitaient de s’éparpiller devant la courte durée qui leur était imparti. Ici, on ne peut pas dire que le format long-métrage apporte quoi que ce soit à la série existante.

    D’autre part, la musique utilisée pour le film diffère complètement de celle de la série, pourtant une des clés de son ambiance inimitable. On a droit ici à une bande son pop-rock un peu énervée parfois, mais très consensuelle par rapport au parti-pris radical de la série. Elle indiquerait donc que le rythme du film sera effréné, ce qui, on l’a vu, n’est que sporadiquement le cas. On ressort du film avec une impression étrange, celui d’être quand même passé à côté de quelque chose. Les séquences, prises séparément, sont impressionnantes, mais la sauce sensée lier tout cela ne prend pas. S’il est en effet difficile de ne pas jouer au jeu des comparaisons, on dira que les non-initiés savoureront quand même un beau morceau de ce que l’animation japonaise sait nous offrir en terme de savoir-faire, mais pour l’âme il faudra, évidemment, se diriger vers les 26 épisodes aux titres musicaux de la série-mère. Et puis, comment faire mieux que le générique original, franchement ? Allez, pour le plaisir...