Un film de Spike Jonze
Un film romantique de science-fiction par le cinéaste de Dans la peau de John Malkovitch, avec le rare Joaquin Phoenix et la voix de Scarlett Johansonn, ça interpelle ; tous les éléments sont là pour attiser la curiosité. Mais en vrai, c'était bien ?
Le film propose une toile de fond temporelle assez irrésistible : dans un futur proche, tout le monde vit rivé sur son portable, la moustache est à la mode (pour tout ça, c'est déjà le cas aujourd'hui), et l'hologramme a remplacé le tactile, so 2010's. Une firme informatique lance le système d'exploitation intelligent ; cet ensemble de programmes devient une personne, qui réagit, apprend, surprend, se comporte naturellement. C'est le coup de foudre entre Samantha, la voix dans la machine, et Theodore, qui vit une histoire compliquée, entre son ex et sa meilleure amie.
Il y a quelque chose d'assez exceptionnel dans le début de ce film, qui se trouve dans l'équilibre ténu entre ce qui nous est familier (en terme de technologie et de psychologie) et ce qui l'est moins ; le fait que cette science-fiction soit déjà là. Le film de croule pas sous les artefatcs futuristes, et pourtant les rares éléments que l'on aperçoit sont marquants : un jeu vidéo auquel on a tout de suite envie de jouer, des ordinateurs qui comprennent tout ce qu'on dit. Cet univers nous parle et donne envie d'en savoir plus.
La science-fiction est un peu plus qu'un prétexte, mais le cœur du film est ce besoin de rencontrer l'autre, d'être toujours à la recherche de celui ou celle qui partagera notre vie ; et l'histoire de donner une résolution très moderne (et pas du tout invraisemblable, compte-tenu de l'avancée des technologies et de l'addiction terrible que produisent les ordinateurs et internet) à cette quête universelle. Le film, qui baigne dans une une douce mélancolie, évoque le cinéma de Sofia Coppola et plus particulièrement Lost in Translation. Scarlett Johansson, qui joue aussi dans ce film, pourrait occuper le même appartement que Joaquin Phoenix, mais les ressemblances ne s'arrêtent pas là : les teintes légèrement passées de la photo du film, par ailleurs sublime, affichent une correspondance évidente avec le film de Coppola.
Le film coince tout de même sur la longueur ; deux heures, pour un film romantique, même un peu spécial, c'est long. Il a une différence entre prendre le temps et faire ressentir le temps long. Les péripéties de la dernière demi-heure sont poussives, alors même qu'elles sont attendues, le mérite du réalisateur étant au moins d'aller au bout de l'idée, et d'offrir un message clair sur l'évolution des relations humaines. Je vous le dis, on était à vingt minutes du chef-d’œuvre.

Le petit plus de l'exposition réside dans son contenu interactif, qui nous permet, à l'aide d'un bracelet, de devenir un personnage de l'univers Star Wars. En choisissant notre espèce, notre caractère, nos maîtres, notre métier, on accède au final à notre profil Star Wars. Pour ceux qui cherchent à tout prix à faire le plein de photos et d'approcher des pièces inédites, cela pourra paraître anecdotique. Pourtant, la réflexion est intéressante : elle permet de se replonger dans la richesse du bestiaire Star Wars, et l'on ressort évidemment avec une seule envie : revoir tous les films ! Alors, certes, des petites vidéos axées sur la psychologie et la construction de l'être humain paraissent un peu hors-sujet, voire faisant la promotion de certains modèles de pensées qui ont une fâcheuse tendance à donner des leçons, mais ne tournons pas l'aigre pour autant ; pour une plongée d'1h30-2h00 dans cet univers fantastique, cela vaut le coup. Un bien chouette moment en compagnie de personnages qui ont accompagnés l'éveil de plusieurs générations au cinéma d'aventure et de science-fiction : comment refuser l'invitation ?
La stratégie Ender, le roman d'Orson Scott Card, procure une lecture jouissive : l'apprentissage du jeune Ender Wiggin, dans sa future bataille contre les Doryphores, alterne scènes de combats galactiques proches du jeu vidéo, tactique, peinture du quotidien tendu de l'entraînement militaire, alliances, camaraderie, sans oublier un récit parallèle sur Terre incluant le frère et la sœur d'Ender, qui permet de relier les destinées individuelles des personnages à un ensemble universel. L'adaptation de ce monument de SF pouvait susciter autant d'attentes que de craintes.

