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royaume-uni - Page 5

  • Danger, planète inconnue (1969)

    Un film de Robert Parrish

    6410775827_62bdc68cb5_m.jpgQuelques mois après les premiers pas de l'homme sur la Lune, les spectateurs découvrent sur leurs écrans  ce film de science-fiction au postulat original : des scientifiques (américains) découvrent, de l'autre côté du soleil, une planète jumelle à la Terre, qui suit un orbite inversé. Une expédition est mise sur pied pour découvrir ce monde inexploré qui a l'air si semblable à notre planète.

    La proximité entre les premiers pas de l'homme sur un astre du système solaire et une démarche similaire dans le film est intéressante à étudier, tant pour ses points d'achoppement que ses différences. On y retrouve la notion de course à l'espace, où il s'agit de faire tout plus vite de le "voisin", dans la crainte de fuites. La séquence inaugurale, qui voit le personnage de Herbert Lom -Comissaire Dreyfus dans les Panthères Roses de Blake Edwards-, espionner les recherches des scientifiques à l'aide d'un oeil-appareil-photo, en est la preuve. Sa mise à mort, aussi implacable que secrète, reflète bien la grande valeur de ses informations et le danger qu'elles recèlent. Deuxième rapprochement avec l'actualité d'alors, la technicité et la longue préparation nécessaire à cette aventure spatiale. Parrish ne lésine pas sur les plans répétitifs sur les tableaux de commandes, les nombreux opérateurs et les étapes visiblement complexes pour mener à bien cette mission. La conquête spatiale est bien montrée comme étant le fruit d'une technologie très avancée. Les tests de résistance à la vitesse sont d'ailleurs vraisemblablement des stock-shot de la NASA, comme pour attester de la rigueur scientifique de l'entreprise, pour donner une matière un tant soit peu tangible à cette aventure spatiale.

    Dans le même temps, le spectacle décrit relève bien de la science-fiction, et ne se prive pas de montrer des artefacts au look futuriste tel qu'on l'imaginait à l'époque (voiture à la coupe profilée prônant fièrement les tons métalliques, grandes pièces art-déco dans le plus pur style 60's. Le rôle principal est tenu par Roy Thinnes, célèbre pour la série Les envahisseurs (The Invaders, Larry Cohen, 1967), qui apporte avec lui un peu de ce show qui aura passionné les foules. 

    Le concept, original, n'est malheureusement pas transcendé par le traitement qu'en fait Parrish et les scénaristes Gerry et Sylvai Anderson (Cosmos 1999, les Thunderbirds). Tout paraît ampoulé et d'une extrême lenteur, avant que l'on arrive sur la planète. Une fois sur place, après un intermède psychédélique en diable où le vaisseau avance dans des nappes d'éther multicolores, les éléments choisis pour nous montrer le miroir inversé que produit l'environnement sur le personnage de Roy Thinnes sont peu inspirés (on y roule à droite - c'est un film britannique-, les écritures sont inversées et visibles correctement dans un miroir, les droitiers sont gauchers, ainsi de suite). Cependant, les tempéraments ne changent pas, tant et si bien que les personnes se reconnaissent : elles ont chacun un double sur l'autre planète. Le seul motif vraiement intéressant (mais qu'un format de 20 minutes comme celui de La quatrième dimension aurait suffit à exploiter) est celui du miroir, dans lequel les personnages ne se voient pas eux-même tels qu'il sont, mais leur image inversée, comme si un autre existait par-delà le miroir. On retrouve ici l'idée exploitée de façon plus fantaisiste et surréaliste dans De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll, la suite d'Alice au pays des Merveilles, par ailleurs bien illustré dans un cartoon de Mickey Mouse. Plus axé sur l'aspect strictement philosophique du double inversé (doppleganger, son titre original en Grande-Bretagne) que sur l'action, il n'en reste pas moins décevant.

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    Pas inintéressant mais maladroit à bien des égards, ce Danger, planète inconnue bénéficie encore d'un vision bienveillante. Et, au-delà du charme désuet inhérent à cette production qui a l'air de dater de la fin des années 50 ou du début 60's, (un an a passé depuis la sortie de 2001, l'odyssée de l'espace !), on se demande bien pourquoi.

  • La malédiction de la panthère rose (1978)

    Un film de Blake Edwards

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    Bien des années ont passé depuis La Panthère Rose inaugurale et son deuxième opus paradoxalement fondateur, Quand l'inspecteur s'emmêle (A shot in the dark, Blake Edwards, 1964). Menant topujours la bataille du gag burlesque qui n'en finit pas, le tandem Edwards / Sellers aura passé presque deux décennies à imaginer de nouvelles cascades humoristiques, tours de passe-passe comiques, à l'inusable et impassible inspecteur Clouseau. Revenge of the Pink Panther (titre original du film) constitue le sixième épisode de la saga -en comptant l'Infaillible inspecteur Clouseau, réalisé par Bud Yorkin en 1968 avec Alan Arkin dans le rôle-titre, et l'on arrive ici au point de rupture d'un concept basé avant tout sur le comique de répétition. 

    Point de rupture d'abord, par l'effet d'éternel recommencement dont nous gratifie Blake Edwards, avec des scènes répétées de film en film : la convalescence de ce pauvre inspecteur Dreyfus tyrannisé par la maladresse -presque géniale- de Clouseau, les attaques répétées de Kato, les inévitables chutes aquatiques ou encore les déguisements improbables de Clouseau -mention spéciale au marin affublé d'une perruque rousse type balai-brosse et d'un perroquet gonflable ! Il ira même, le temps d'une courte séquence, jusqu'à prendre l'identité de Dreyfus... le déguisement ultime, en quelque sorte !

    Point de rupture ensuite, car le film s'engage enfin dans un style purement 70's, délaissant les cadrages posés et débordant de vie, colorés, des 60's. S'en dégage alors un feeling bien moins festif, la fantaisie devenant un n'importe quoi généralisé (avec dans le lot un passage avec uin travesti un peu glauque).

    Passé un générique animé, excellent comme à l'habitude, les gags s'enchaînent moins systématiquement, faute à la trop grande place laissée à une intrigue mafieuse à l'intérêt très discutable. Un des parrain de la French Connection, Philippe Douvier, doit montrer aux autres clans qu'il est toujours le maître à bord : il promet de (faire) tuer Clouseau, l'homme à la stature internationale qui leur à donner tant de fil à retordre ces dernières années. Exploit qu'il croira accompli, une cérémonie ô combien poignante à la clé (discours funèbre d'un colonel Dreyfus limite extatique inclus). Son tueur fou sera néanmoins maîtrisé très facilement par Clouseau, croyant à une attaque surprise de son majordome.

    La seule originalité valable de cet épisode fatigué est la transformation de la "résidence Clouseau" en maison des plaisirs par Kato. D'un coup d'un seul, on rentre dans un film d'exploitation asiatique, les costumes mordorés et les tentures rouges envahissent le cadre, d'accortes demoiselles se pressant autour d'un Clouseau perdu. 

    La girl du jour n'est pas des plus intéressante (Dyan Cannon, habituée des séries TV), sa voix haut-perchée et son débit-mitraillette en faisant un personnage énervant, presque antipathique. Le délire va peut-être loin, finissant dans une apothéose  colorée, un entrepôt de feux d'artifices faisant office de dernier arrêt avant le tour de cirque. Malgré la teneur objectivement correcte de gags sensés provoquer le rire, c'est un air assez languissant et triste que nous joue cette Malédiction... Dernier épisode avant la mort de Peter Sellers, il aurait été pluis que temps de tirer le rideau sur cette idée d'abord géniale de Blake Edwards. Il y en aura pourtant quelques autres, dont le reboot des années 2000 n'est pas le pire représentant (cette place étant tenue sans conteste par A la recherche de la panthère rose, Blake Edwards, 1982). 

  • Le Masque de Fu Manchu (1965)

    Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à la chronique :

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  • L'homme qui faisait des miracles (1959)

    Un film de Terence Fisher

    5993329107_3ec1aa0d92_m.jpgEntrer dans un film Hammer, une fois que l'on en a vu un certain nombre, est comparable au fait de retourner dans un bar que l'on aprécie, dans lequel on retrouve les mêmes têtes, la même ambiance. C'est un petit bonheur, surtout quand le tavernier s'appelle Terence Fisher. Après un coup d'éclat l'année précédente nommé Le cauchemar de Dracula, il reprend pour ce méconnu L'homme qui faisait des miracles (ou L'homme qui trompait la mort, titre alternatif qui reprend fidèlement le titre original, The man who could cheat death) son fameux Dracula, alias Christopher Lee, dans un rôle plutôt solaire, opposé à la nature du ténébreux comte.

    Adapté d'une pièce de théâtre de Barré Lyndon déjà adapté au cinéma (Le sérum de longue vie, réalisé par Ralph Murphy en 1945), le film suit les pérégrinations d'un homme entouré de mystère, médecin de son état, s'adonnant à la sculpture avec un rare talent. L'on pourrait d'ailleurs étudier le thème de l'art dans les films Hammer, qui est souvent mis en valeur. Une scène de ce film en annonce une similaire dans La Gorgone, tourné 5 ans plus tard par le même Fisher, cadrant tous deux le modèle posant au premier plan, et l'artiste reproduisant la pose, tantôt en sculpture (L'homme ...), tantôt en peinture (La Gorgone). L'époque change, le mobilier se fait moins foisonnant, l'éclat de la lumière fait place à une scène ténébreuse -annonçant la mort certaine-, mais les personnages sont toujours là, identiques. Deux plans qui montrent bien le talent de Fisher pour la composition de ses propres créations. La lumière du film, si particulière, est due au grand Jack Asher, qui fit les beaux jours du studio, dessinant adroitement un "noir et blanc coloré", comme le qualifiait Fisher. Une tonalité colorée très particulière, comme si l'on avait peint un film noir et blanc, les couleurs de visages notamment devenant pastels. L'année suivante, Fisher et Asher récidiveront avec le magnifique Les maîtresses de Dracula.

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    Anton Diffring et Hazel Court dans L'homme qui faisait des miracles

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    Jeremy Longhurst et Toni Gilpin dans La Gorgone

    La volonté de triompher de ce phénomène biologique qu'est la mort, commune à toute forme de vie, est bien illustrée dans l'attitude froide et calculatrice du docteur, essayant de laisser ses sentiments lui dicter une quelconque remise en question (au lieu de voir mourir les gens qu'il aime et d'en souffrir, le plus simple est effectivement de s'interdire d'aimer). Alors que le bon docteur -Anton Diffring, un peu transparent- est en pleine sculpture avec sa chère et tendre à demi-nue, il lui fausse compagnie sans ménagement, un de ses collègues lui rendant visite. On ne recroisera la jeune femme dans le champs que plusieurs minutes plus tard, partant devant une absence moins temporaire qu'elle en avait l'air. La froideur et le caractère commun de la réaction du sculpteur (ne s'excusant nullement) laisse entendre qu'il se conduit d'ordinaire de cette façon, négligeant ses relations sauf lorsqu'elle lui apporte un bénéfice personnel. Chrisropher Lee, personnage antagoniste, éclabousse de sa classe naturelle ce docteur, en même temps qu'il protègera le rôle féminin -Hazel Court, vu précédemment dans Frankenstein s'est échappé ! (Terence Fisher, 1957) de ses désirs vampiriques -transformer l'altérité en similarité.

    Relativement prévisible, la narration reste néanmoins solide et sa progression nuancée, les dialogues servant la psychologie des personnages comme les actions qui parsèment l'intrigue. Académique, certes, mais d'un classicisme puissant et posé que Fisher maîtrise totalement. Lové dans une certaine perfection esthétique, chaque cadre s'imposant comme un tableau vivant, le film se déguste comme un bon vin, à qui il manque néanmoins un peu de vigueur. Après les mythes des monstres, Fisher réussit son illustration du mythe des dieux : l'immortalité, dans un bel écrin. Mais, même si maître Fisher est aux commandes, ce film ne fait pas partie de ces meilleures livraisons, pêchant par une intrigue trop statique. Les images sont tout de même magnifiques... mais difficiles à voir sur notre territoire, le film n'étant pas sorti en DVD en France et très peu diffusé en télévision. Pour les complétistes de la Hammer, la seule voie reste l'import...