Un film de Robert Parrish
Quelques mois après les premiers pas de l'homme sur la Lune, les spectateurs découvrent sur leurs écrans ce film de science-fiction au postulat original : des scientifiques (américains) découvrent, de l'autre côté du soleil, une planète jumelle à la Terre, qui suit un orbite inversé. Une expédition est mise sur pied pour découvrir ce monde inexploré qui a l'air si semblable à notre planète.
La proximité entre les premiers pas de l'homme sur un astre du système solaire et une démarche similaire dans le film est intéressante à étudier, tant pour ses points d'achoppement que ses différences. On y retrouve la notion de course à l'espace, où il s'agit de faire tout plus vite de le "voisin", dans la crainte de fuites. La séquence inaugurale, qui voit le personnage de Herbert Lom -Comissaire Dreyfus dans les Panthères Roses de Blake Edwards-, espionner les recherches des scientifiques à l'aide d'un oeil-appareil-photo, en est la preuve. Sa mise à mort, aussi implacable que secrète, reflète bien la grande valeur de ses informations et le danger qu'elles recèlent. Deuxième rapprochement avec l'actualité d'alors, la technicité et la longue préparation nécessaire à cette aventure spatiale. Parrish ne lésine pas sur les plans répétitifs sur les tableaux de commandes, les nombreux opérateurs et les étapes visiblement complexes pour mener à bien cette mission. La conquête spatiale est bien montrée comme étant le fruit d'une technologie très avancée. Les tests de résistance à la vitesse sont d'ailleurs vraisemblablement des stock-shot de la NASA, comme pour attester de la rigueur scientifique de l'entreprise, pour donner une matière un tant soit peu tangible à cette aventure spatiale.
Dans le même temps, le spectacle décrit relève bien de la science-fiction, et ne se prive pas de montrer des artefacts au look futuriste tel qu'on l'imaginait à l'époque (voiture à la coupe profilée prônant fièrement les tons métalliques, grandes pièces art-déco dans le plus pur style 60's. Le rôle principal est tenu par Roy Thinnes, célèbre pour la série Les envahisseurs (The Invaders, Larry Cohen, 1967), qui apporte avec lui un peu de ce show qui aura passionné les foules.
Le concept, original, n'est malheureusement pas transcendé par le traitement qu'en fait Parrish et les scénaristes Gerry et Sylvai Anderson (Cosmos 1999, les Thunderbirds). Tout paraît ampoulé et d'une extrême lenteur, avant que l'on arrive sur la planète. Une fois sur place, après un intermède psychédélique en diable où le vaisseau avance dans des nappes d'éther multicolores, les éléments choisis pour nous montrer le miroir inversé que produit l'environnement sur le personnage de Roy Thinnes sont peu inspirés (on y roule à droite - c'est un film britannique-, les écritures sont inversées et visibles correctement dans un miroir, les droitiers sont gauchers, ainsi de suite). Cependant, les tempéraments ne changent pas, tant et si bien que les personnes se reconnaissent : elles ont chacun un double sur l'autre planète. Le seul motif vraiement intéressant (mais qu'un format de 20 minutes comme celui de La quatrième dimension aurait suffit à exploiter) est celui du miroir, dans lequel les personnages ne se voient pas eux-même tels qu'il sont, mais leur image inversée, comme si un autre existait par-delà le miroir. On retrouve ici l'idée exploitée de façon plus fantaisiste et surréaliste dans De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll, la suite d'Alice au pays des Merveilles, par ailleurs bien illustré dans un cartoon de Mickey Mouse. Plus axé sur l'aspect strictement philosophique du double inversé (doppleganger, son titre original en Grande-Bretagne) que sur l'action, il n'en reste pas moins décevant.
Pas inintéressant mais maladroit à bien des égards, ce Danger, planète inconnue bénéficie encore d'un vision bienveillante. Et, au-delà du charme désuet inhérent à cette production qui a l'air de dater de la fin des années 50 ou du début 60's, (un an a passé depuis la sortie de 2001, l'odyssée de l'espace !), on se demande bien pourquoi.
Commentaires
J'ai une tendresse particulière pour ce film aux faux airs de "twilight zone" allongé. Réalisé par un non-spécialiste formé par le grand John Ford, il pâtit de quelques effets désuets qui, avec le recul, ne manquent assurément pas de charme.