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L'homme qui faisait des miracles (1959)

Un film de Terence Fisher

5993329107_3ec1aa0d92_m.jpgEntrer dans un film Hammer, une fois que l'on en a vu un certain nombre, est comparable au fait de retourner dans un bar que l'on aprécie, dans lequel on retrouve les mêmes têtes, la même ambiance. C'est un petit bonheur, surtout quand le tavernier s'appelle Terence Fisher. Après un coup d'éclat l'année précédente nommé Le cauchemar de Dracula, il reprend pour ce méconnu L'homme qui faisait des miracles (ou L'homme qui trompait la mort, titre alternatif qui reprend fidèlement le titre original, The man who could cheat death) son fameux Dracula, alias Christopher Lee, dans un rôle plutôt solaire, opposé à la nature du ténébreux comte.

Adapté d'une pièce de théâtre de Barré Lyndon déjà adapté au cinéma (Le sérum de longue vie, réalisé par Ralph Murphy en 1945), le film suit les pérégrinations d'un homme entouré de mystère, médecin de son état, s'adonnant à la sculpture avec un rare talent. L'on pourrait d'ailleurs étudier le thème de l'art dans les films Hammer, qui est souvent mis en valeur. Une scène de ce film en annonce une similaire dans La Gorgone, tourné 5 ans plus tard par le même Fisher, cadrant tous deux le modèle posant au premier plan, et l'artiste reproduisant la pose, tantôt en sculpture (L'homme ...), tantôt en peinture (La Gorgone). L'époque change, le mobilier se fait moins foisonnant, l'éclat de la lumière fait place à une scène ténébreuse -annonçant la mort certaine-, mais les personnages sont toujours là, identiques. Deux plans qui montrent bien le talent de Fisher pour la composition de ses propres créations. La lumière du film, si particulière, est due au grand Jack Asher, qui fit les beaux jours du studio, dessinant adroitement un "noir et blanc coloré", comme le qualifiait Fisher. Une tonalité colorée très particulière, comme si l'on avait peint un film noir et blanc, les couleurs de visages notamment devenant pastels. L'année suivante, Fisher et Asher récidiveront avec le magnifique Les maîtresses de Dracula.

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Anton Diffring et Hazel Court dans L'homme qui faisait des miracles

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Jeremy Longhurst et Toni Gilpin dans La Gorgone

La volonté de triompher de ce phénomène biologique qu'est la mort, commune à toute forme de vie, est bien illustrée dans l'attitude froide et calculatrice du docteur, essayant de laisser ses sentiments lui dicter une quelconque remise en question (au lieu de voir mourir les gens qu'il aime et d'en souffrir, le plus simple est effectivement de s'interdire d'aimer). Alors que le bon docteur -Anton Diffring, un peu transparent- est en pleine sculpture avec sa chère et tendre à demi-nue, il lui fausse compagnie sans ménagement, un de ses collègues lui rendant visite. On ne recroisera la jeune femme dans le champs que plusieurs minutes plus tard, partant devant une absence moins temporaire qu'elle en avait l'air. La froideur et le caractère commun de la réaction du sculpteur (ne s'excusant nullement) laisse entendre qu'il se conduit d'ordinaire de cette façon, négligeant ses relations sauf lorsqu'elle lui apporte un bénéfice personnel. Chrisropher Lee, personnage antagoniste, éclabousse de sa classe naturelle ce docteur, en même temps qu'il protègera le rôle féminin -Hazel Court, vu précédemment dans Frankenstein s'est échappé ! (Terence Fisher, 1957) de ses désirs vampiriques -transformer l'altérité en similarité.

Relativement prévisible, la narration reste néanmoins solide et sa progression nuancée, les dialogues servant la psychologie des personnages comme les actions qui parsèment l'intrigue. Académique, certes, mais d'un classicisme puissant et posé que Fisher maîtrise totalement. Lové dans une certaine perfection esthétique, chaque cadre s'imposant comme un tableau vivant, le film se déguste comme un bon vin, à qui il manque néanmoins un peu de vigueur. Après les mythes des monstres, Fisher réussit son illustration du mythe des dieux : l'immortalité, dans un bel écrin. Mais, même si maître Fisher est aux commandes, ce film ne fait pas partie de ces meilleures livraisons, pêchant par une intrigue trop statique. Les images sont tout de même magnifiques... mais difficiles à voir sur notre territoire, le film n'étant pas sorti en DVD en France et très peu diffusé en télévision. Pour les complétistes de la Hammer, la seule voie reste l'import...

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