Un film de Wolfgang Petersen
La redécouverte de certains films ayant bercé notre enfance nous réserve souvent de fort agréables surprises. Cette histoire sans fin, dont j’avais oublié la plupart des passages, m’a replongé dans un univers fantastique tout bonnement exceptionnel, et pour ainsi dire aujourd’hui disparu ; la grâce des effets spéciaux "en dur" rend vraiment attachant un personnage comme le géant de pierre, doté d’un chara design imparable. Plusieurs aspects rendent ce film tout simplement beau : d’abord la force évocatrice rendue à l’acte de lecture. Les expressions de Bastien, qui sort épisodiquement les yeux de son livre, ou qui fait le geste de fermer l’ouvrage pour regarder la couverture, sont vrais. De même, l’immersion dans le récit reste un modèle quasi parfait, par le biais d’un visuel onirique, fait d’un bestiaire imaginaire vraiment réussi -le dragon, le loup, l’escargot de course, et la tortue géante, extraordinaire- et de décors désolés ou foisonnants assez impressionnants. Filmé avec tout ce qu’il faut pour rendre ces décors majestueux, le métrage nous offre une ballade dans le souffle brumeux d’un rêve éveillé. Des moments durs, comme tout bon conte initiatique (la mort du cheval, cruelle) ou d’autres qui s’inscrivent directement dans une dimension mystique (le passage des Sphynx). Bien que tourné la langue de Shakespeare, le film est presque entièrement allemand, et constitue à ce jour l’un des plus gros budgets du pays ; peuplé d’un casting dont on n’avait jamais croisé les têtes ailleurs, le monde du film s’ouvre et se referme en même temps que la séquence-titre et le mot fin, telle une parenthèse magique.
La deuxième dimension remarquable que l’on retrouve dans l’histoire sans fin est une mise en abîme particulièrement soignée, que l’on doit d’ailleurs au livre de Michael Ende dont est tiré le film. Cette mise en abîme marchait sûrement encore mieux avec le livre, car le lecteur se trouvait, de fait, dans la même posture que Bastien, qui lit lui aussi un livre nommé L’histoire sans fin. La possibilité entrevue d’interagir avec les personnage du roman est un rêve d’enfant, qu’on tenté de reproduire de façon bancale ces ouvrages "dont vous êtes le héros". Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
L’histoire est aussi un pur Creature Movie dont chaque nouvelle scène comprend une ou plusieurs créatures fantasmagorique, et dont le récent Hellboy II est un avatar (assez réussi). D’où une multitude de bonnes raisons de toujours apprécier ce film une fois adulte ; et aussi parce que le film s’ouvre sur une chanson typique des eighties (donc à l’orchestration dépassée mais à la mélodie terriblement entraînante), une NeverEnding Story bien-nommée... J’ai hésité à vous proposer le clip de la chanson sur Youtube qui est assez autre... Mais non. L’histoire sans fin de Wolfgang Petersen doit garder son intégrité artistique. A l’heure où un remake de ce chef d’œuvre est en discussion à Hollywood, proclamons notre attachement à l’original !
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L'histoire sans fin (1984)
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L'étrange histoire de Benjamin Button (2009)
Un film de David Fincher
The curious case of Benjamin Button. Titre qui convoque l’imaginaire littéraire d’un R.L. Stevenson (The strange case of Dr. Jeckyll and Mr. Hyde), d’un Conan Doyle, d’un Poe ou d’un Lovecraft. Raté, c’est d’une nouvelle de Scott Fitzgerald qu’est tirée la substance du film. D’où une relative mésentente sur le parfum de mystère et d’irrésolu (qui appelle donc une résolution) qui se dégage de ce titre. En effet, la première chose qui saute aux yeux à la sortie de salle du nouveau Fincher (Se7en, The Game, Fight Club, Zodiac), c’est que la dimension fantastique proclamée n’est pas traitée : ce personnage qui naît vieux pour ensuite rajeunir, allant à contre-courant du sens de la vie, offrait des potentialités intéressantes au niveau du développement scénaristique -développement encouragé par la faible durée de la nouvelle, pour arriver à un film qui approche les 3h. Que signifie d’être le seul à parcourir le temps à l’envers ? Comment le personnage s’en sort avec cela ? Des questions qui, pareillement, ne seront pas traitées.
Fincher est un réalisateur de l’image -il a notamment réalisé des clips pour Michael Jackson, Madonna ou les Rolling Stones-, il s’attache donc à démontrer visuellement le passage du temps : le personnage grandit, a de plus en plus de cheveux, de muscles ; moins de rides. Les coupes de cheveux changent, ainsi que les vêtements, les modes. Qu’y a-t-il au-delà de ces images ? Hé bien, pas grand-chose. Je ne peux pas dire que je m’y suis ennuyé, mais pas non plus que j’y ai vu tout ce que j’espérais. Il manque clairement une profondeur psychologique et philosophique qui était permise par le matériau de base. En fait, le postulat fantastique apparaît juste comme un prétexte à raconter une histoire d’amour finalement assez simple. Button traverse les époques, approche certains événements historiques, ce qui fait que certains ont rapproché ce film de Forrest Gump (Robert Zemeckis, 1994). Rapprochement pas franchement pertinent, tant la ligne directrice du film est différente. Sauf qu’effectivement, le film aurait pu être signé par Zemeckis. L’émotion n’est pas très présente non plus, car motivée par l’image, encore et toujours. Les stades du rajeunissement de Brad Pitt semblent être l’unique objet d’un métrage qui échoue à montrer autre chose qu’un sage album d’images. De plus, la narration en flash-back dans l’hôpital me semble une option tout à fait inutile pour ce genre de film, si ce n’est pour rajouter artificiellement une ligne temporelle. Le simple récit de l’histoire principale m’aurait d’ailleurs mieux convenu, tant les passages dans l’hôpital me sortait de la trame narrative principale.
La somme des péripéties se réduit en fait à peau de chagrin, et on se surprend à guetter le running-gag du vieux sur qui tombe la foudre un certain nombre de fois. L’accueil de Benjamin dans une sorte d’hospice, qui lui fait côtoyer les personnes âgées, et donc la mort, cette "invitée particulière", aurait pu être plus forte si l’on sentait ce que cela faisait à Benjamin Button. Le fait que tout le film soit narré par la voix du Button adulte en fait un conte très américain qui se voudrait philosophique mais n’arrive pas à l’être. Le titre français, en modifiatn légèrement le vocabulaire du titre original, s'en fait d'ailleurs l'écho. On est donc en droit d’être déçu par une affiche aussi intéressante et des performances d’acteurs qui ne le sont pas moins. Au final, Fincher n’était peut-être pas le réalisateur qu’il fallait à Button. On restera donc sur notre faim pour cette fois-ci, en attendant cependant avec toujours autant d’impatience le prochain projet d’un homme qui constitue un excellent technicien de l’image. -
Batman Begins (2005)
Un film de Christopher Nolan
En des temps très Batman-esque, il est de bon conseil de regarder dans le rétroviseur pour apprécier, une nouvelle fois s’il ne vous a pas convaincu la première, combien le Batman Begins de Nolan, remise à zéro de toute la franchise cinématographique, est toujours, à ce jour, le meilleur film de toute la série, n’en déplaise à tous les fans de Burton -dont je fais partie- et du Joker made in Heath Ledger.
Nous devons d’abord entrevoir la lourde tâche qui attendais Nolan quand il décide de réaliser le nouveau Batman pour la Warner : la franchise, commencée dans l’euphorie du succès planétaire du Batman de Burton (1989), semblait très bien partie. Contre toute attente, Burton accepte de tourner la suite, un projet qui paraît très... personnalisé, sombre et bizarre (les scènes Pinguin - Catwoman, la folie de Catwoman, le personnage de Max Schreck), et qui déplu fortement aux exécutifs de la Warner. S’en suit la lente mais implacable déchéance de la série avec deux opus signés Joel Schumacher (Batman Forever -1995, Batman & Robin -1997) pataugeant dans un visuel kitsch et flashy digne des boîtes de nuit les plus "in", ainsi que dans des dialogues semblant avoir été rédigés par un enfant de 5 ans. Batman devient un automate dans une fête foraine géante dopée aux néons fluo, et par la même occasion l'espoir d’une reprise de qualité s'envole après ces échecs consternants.
L’objectif de Warner et de Christopher Nolan est de remettre les choses à plat ; recommencer sur de nouvelles bases pour donner un nouvel élan à un personnage qui, dans l’univers des comics, est quand même foutrement intéressant : traumatisé, il a soif de vengeance et son côté vigilante ne fait aucun doute ; légèrement schizo, il est également clair que, sous son masque, il dévoile sa vraie personnalité ; l’apparence du playboy Bruce Wayne n’est qu’un leurre.
Pour un nouveau départ, il faut tout expliquer au spectateur, et c’est là la première force de BB : les premières 40 minutes du film vont condenser de façon virtuose tout ce qu’il y a à savoir sur Bruce Wayne pour rendre la suite logique, plausible et très divertissante.
Les premières secondes sont totalement muettes, et les logos des studios surgissent en noir et blanc sur l’écran ; Pour Casino Royale, lui aussi film du renouveau pour James Bond, Martin Campbell avait également opté pour du noir et blanc, montrant une genèse, un work-in-progress pas encore finalisé, en train de se réaliser (rappelant également les débuts du cinéma, passant du noir et blanc à la couleur sur une grande échelle au prix de nombreuses années d’efforts). Les deux films se rapprochent également par la volonté évidente de donner plus de réalisme à chacune des entreprises -si tant est qu’un agent secret indestructible aux pouvoirs quasi-magiques (les filles font presque litttéralement la queue pour coucher avec ce cher James) et un super-héros qui se ballade en justaucorps de latex puissent être considéré comme réaliste-.La première minute montre le trauma initial que subit Bruce Wayne envers les chauves-souris, à travers une chute incontrôlée dans un trou profond ; plongeon qu’il réitérera une fois adulte, de façon totalement maîtrisée, pour mettre au jour la bat-cave. Toujours dans cette même minute, se dessine les liens indéfectibles entre Bruce et Rachel avec leur jeu "trouver, c’est garder". Jeu que le film nous rappellera, une fois encore, plus tard dans le récit. Alfred nous est également rapidement montré comme un véritable père de substitution pour Bruce, et devient lui aussi un personnage beaucoup plus important et subtil que dans le comics ou les précédentes adaptations. En fait, c’est dans un rêve que Bruce se rappelle ce passage de son enfance ; outil narratif intéressant que le rêve, qui permet d’accoler deux séquences temporellement différentes sans lien apparent entre elles. Ainsi, les premières 40 minutes font s’exercer à faire le lien entre les deux périodes, celle du Bruce enfant et du Bruce adulte, qui se trouve dans une prison glauque au milieu de nulle part. Va alors apparaître Ducard, qui va enseigner à Bruce l’art ninja, ce qui cautionne pour plus tard ses habiletés au combat et ses disparitions à tous bouts de champ. La même dimension avait été exploitée dans la (fabuleuse) série animée de Bruce Timm au début des années 90 : les 7 ans d’absence de Wayne étaient comblés par un apprentissage d’un art martial en Asie.
Dès ce début tonitruant de BB est posé la question de la différence entre justice et vengeance : Bruce ne semble pas la percevoir, si bien que son chemin de justicier se heurte à la vengeance aveugle dont il fait preuve dans un premier temps. Cette thématique sur le « vigilante occupe aussi bien le premier film (Bruce prend une arme pour tuer le meurtrier de ses parents) que The Dark Knight, avec ces citoyens ordinaires qui se fabriquent eux-mêmes un bat-costume pour faire justice. A la question : qu’est-ce qui te différencie de nous, Batman », la réponse de l’intéressé est éloquente : "je ne porte pas de jambières de hockey". Donc, pas grand-chose... La musique de Begins est aussi partie prenante dans la réussite du film : nerveuse, elle embrasse la montée en puissance du justicier, pour ne révéler son thème principal que tardivement (au passage, Hans Zimmer réutilise ici son propre thème composé pour Pirates des Caraïbes -Gore Verbinski, 2003- et certaines phrases musicales de Gladiator -Ridley Scott, 1999- : pas très sérieux, tout ça...). Tout comme le personnage de Batman, qui arrive au bout d’une heure de film seulement. On décèle là aussi une bonne option pour ce BB : la quête de Bruce est montrée longuement, ce qui permet au spectateur de se lier émotionnellement avec le personnage ; si bien que Bruce Wayne est aussi important, sinon plus que Batman, et en tous les cas très intéressant, ce qui était un peu le maillon faible des films précédents ; on attendait alors juste de voir le Batman, qui effectivement était dévoilé dès les premières minutes des films. BB est vraiment équilibré, et articulé autour de Bruce Wayne, alors que dans The Dark Knight, Christopher Nolan a choisi le Joker (et Harvey Dente / Double-Face) pour contrebalencer le héros : la performance d’Heath Ledger, exceptionnelle, a malheureusement tendance à vampiriser le film ; lorsque la fin arrive, on n’a pas tant l’impression d’avoir vu Batman (alors qu’il est beaucoup plus présent que dans BB) que cette trogne défigurée du Joker. C’est à mon sens son plus gros défaut par rapport à Batman Begins.
BB ne serait rien sans Gotham City, rendue poisseuse, sombre et glauque par une photo très travaillée, où le Batman se confond avec la nuit environnante. Le costume reste du coup assez mystérieux, ce qui n’est pas plus mal. Le film dessine un Bruce Wayne en rupture avec le système, avalisant son but : punir le crime sous un nouveau visage, un symbole. C’est également le premier film ouvertement réflexif sur le costume, où Bruce Wayne nomme cette démarche symbolique. Batman Begins reste donc très riche, et pour l’instant le mètre-étalon d’une série qui ne peut que continuer... -
Twilight - chapitre 1 : Fascination (2008)
Un film de catherine Hardwicke
Avec ce nouveau film, Catherine Hardwicke continue, après Thirteen (2003) et Les seigneurs de Dogtown (2005), son exploration de la psyché ado. Son optique pose quand même un certain nombre de problèmes dans le cadre de l’adaptation de Fascinaton, le livre à succès de Stephenie Meyer.
Primo, un axe entier du film est constitué par la supposée progressive découverte de Bella concernant les vampires : axe foiré dans les grandes largeurs car ces vampires nous sont présentés comme tels dès le début, avec force maquillage blafard et style incroyable, ce qui comme chacun sait, est caractéristique de l’imagerie vampirique. Comme on a deux wagons d’avance sur le scénario, sa révélation est complètement éventée et on peut commencer à trouver le temps long.
Secundo, se pose la question de l’imagerie, car Hardwicke se met en tête de faire un film de vampires sans visuel. On se rend bien compte que les vampires, Hardwicke s’en fout, si bien que son film n’est même pas à ranger dans la catégorie fantastique. Le mythe vampirique n’est exploité qu’uniquement au niveau allégorique : le vampire, c’est la différence, l’étranger qui exerce une "fascination" irrésistible sur le sexe opposé, et l’attraction à devenir soi-même un vampire peut être simplement remplacé, dans le contexte, par le fait de vouloir faire l’amour. Les vampires, en l’état, ne sont pas très intéressants, uni-dimensionnels et, il est vrai, pas aidés par des dialogues confondant de naïveté romantique et de pauvreté linguistique. Ce n’est pas le fait de shooter les personnages comme des stars de pub pour parfum, à base de poses tourmentées favorisant les froncements de sourcils, qui peut rattraper le coup. Avec les sourcils épilés et les coupes de cheveux au gel, j’ai aussi beaucoup pensé à la tecktonik, et aux séries télé qui se passent dans les collèges. La lumière est parfois jolie, quand même ; mais tout ça n’est pas très passionnant et un peu long.
Pour que le tableau soit complet, on ne sent pas Hardwicke très à l’aise dans les scènes à effets spéciaux, la plupart du temps ratées (les sauts dans les airs avec câbles et compagnie). Le faible budget du film ($ 40 millions) a certainement pesé dans la balance. Trêve de bastonnade, le film est simplement plus destiné à un public ado qui va faire son succès, et les invraisemblances croisées ici ou là (comment personne ne se rend compte que les Cullen sont des vampires ?!) ne semblent pas refroidir l’enthousiasme des foules.
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L'étrange créature du lac noir (1954)
Un film de Jack Arnold
Profitons du revival du cinéma en 3D qui va sévir en 2009 (on aura notament droit à Destination finale 4 et Meurtres à la saint Valentin, donc a priori des chef-d’œuvres en puissance) pour renouer avec cette folle épopée qui vit son apogée dans les années 50, et dont le but était de contrer une télévision terriblement populaire. L’homme au masque de cire, Le crime était presque parfait, et L’étrange créature du lac noir sont parmi les plus connus aujourd’hui. Exploité en DVD, ce dernier se retrouve en deux dimensions et ne perd pas de son charme, bien au contraire. Le film avait d’ailleurs fait les beaux jours de la Dernière séance où il fut diffusé en 3D, le journal télé de l’époque (en 1982 si je ne m’abuse) proposant les lunettes adéquates. L’exercice ne fut pas, ou peu reconduit pour d’autres films.
L’étrange créature du lac noir est avant tout une série B, produite dans la continuité des films d’horreur made in Universal des années 30 : Le Dracula de Browning, le Frankenstein de Whale et leurs suites, le Loup-garou de George Waggner ou La momie (Karl Freund, 1932). A l’image ses illustres aînés, le film accède au rang des chef d’œuvres du cinéma fantastique / épouvante de l’époque ; le look de la créature, très en avance sur son temps et façonné des pieds à la tête, inaugure d’une certaine façon les maquillages d’Alien. Le lagon possède une force évocatrice rare, à la fois dangereuse (les forts contrastes rendent l’eau vraiment noire et des arbres morts parsèment son bord) et exotique, témoin d’un lointain passé qui attire l’homme, que ce soit à des fins scientifiques (une expédition part à la recherche de traces fossilisées d’une espèce inconnue) ou de loisirs (la baignade de Kay, empreinte d’une grâce divine). Les séquences sous-marines, remarquables, que l’on doit à James C. Havens, captent bien la poésie visuelle de cet univers angoissant et onirique.
La musique occupe une place importante dans le récit, soulignant l’horreur (les apparition du monstre, toutes ponctuées du même ta-ta-ta-TA envahissant) ou la découverte et le parfum d’aventure. Henry Mancini, compositeur génial plus tard souvent associé à Blake Edwards, écrit ici des mélodies enlevées très réussies (non créditées au générique).
Le récit, mettant en face-à-face des scientifiques et un chaînon manquant de l’évolution, est classique, et illustré la plupart du temps assez banalement, mais donne à voir des thèmes purement fantastiques (le monstre désirant l’humaine, rappelant King Kong) et terriblement révélateurs de la nature humaine -le monstre a beaucoup plus de raisons valables de se défendre que les humains qui viennent troubler son écosystème préhistorique. La fameuse séquence de baignade sus-citée, véritable danse de séduction malgré elle, est révélatrice de la poésie que peut déployer certains moments du film. Les mouvements de Kay, guidés par l’apesanteur étrange du milieu marin, sont peut-être les meilleurs moments du métrage.
Les hommes sont vénaux et agrippés à un rêve de gloire complètement déplacé devant le spectacle qui s’ouvre devant leurs yeux. Comme dans Tarantula, comme dans L’homme qui rétrécit, la dimension fantastique s’associe d’une critique sociale plus ou moins déguisée : même si l’imagerie déployée suffit à rendre le film pérenne, cette valeur ajoutée est certainement pour quelque chose dans la réputation toujours d’actualité de Creature from the black lagoon. Deux suites furent tournées, preuve du succès populaire de l’original, dont une réalisée par Jack Arnold, qui ne sont pas restées dans les annales (je ne les ai pas vues). L’étrange créature du lac noir, quoi qu’il en soit, diffuse encore aujourd’hui un délicieux parfum de nostalgie et de mystère. N’hésitez pas à y (re)plonger si le cœur vous en dit !