Continuons notre exploration de la cinéphilie et du DVD, commencée >>ici :
2. L’institutionnalisation française du cinéma
a. La Cinémathèque Française
Henri Langlois, avec l’aide de George Franju, crée la Cinémathèque Française en 1936. Il s’agit d’une association loi 1901, d’initiative privée mais soutenue par l’État, qui est son principal financeur (à hauteur de 80 %). Elle est le premier geste institutionnel de reconnaissance politique du cinéma en France. Elle a pour mission conservation et diffusion de films, qui représentent un ensemble de 40 000 métrages. La passion de Langlois et son initiative sont unanimement reconnues dans le monde cinématographique comme un immense pas en avant pour la reconnaissance de cette forme artistique.
La Cinémathèque Française est pour beaucoup dans la constitution du goût cinéphilique. La valorisation de ses collections par des rétrospectives, sa programmation et ses éditions sont sans égal. Sans la Cinémathèque, la génération des jeunes-turcs des Cahiers du Cinéma n’aurait certainement pas vu le jour…
b. Le Centre National de la Cinématographie
Le CNC est un organisme public créé dans l’immédiat après-guerre, en 1947. Il est censé encadrer la production cinématographique nationale et la recenser. Il n’institue cependant dans un premier temps que le dépôt volontaire des films par leurs ayant-droits -les producteurs le plus souvent-, dans le souci de les protéger juridiquement. Le recensement sera donc d’abord partiel car facultatif. Alors que le copyright sur les œuvres filmiques aux Etats-Unis existe depuis 1912 (pour des raisons économiques), le dépôt légal français date de 1977. Dès lors, tous les films sortis sur le territoire seront répertoriés et conservés.
D’autre part, le Service des Archives du film du CNC a été créé en 1969, après que Langlois ait été évincé de la Cinémathèque en février 1968. Ce pôle est un des hauts lieux de la restauration (environ 1000 œuvres par an), concernant les films bien sûr, mais aussi le non-film : affiches, scénarios, matériel publicitaire. Le cercle digne de restauration s’élargit. Le film, partie prenante dans ces autres dimensions, devient un véritable univers. Élément « solaire », il rayonne sur tous ses satellites qui forment finalement une galaxie-système indissociable.
Nous sommes au cœur de la cinéphilie, mise en perspective permanente, qui touche à tous les domaines du film. Ici, la cinéphilie se comprend comme besoin de savoir (et d’avoir) l’annexe pour mieux connaître le principal.
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