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  • Batman - Strange Days : le chevalier noir a 75 ans !

    Un film d'animation de Bruce Timm

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    Batman a 75 ans ; le personnage, peut-être le plus côté des super-héros DC, valait bien un petit film en son hommage ! Comme pour Superman l'an dernier, la firme fait appel au talentueux Bruce Timm, le créateur de Batman, la série animée. Si le court-métrage sur Superman brossait en quelques instants les moments les plus mémorables de la carrière de l'Homme d'acier, l'optique de Batman : Strange Days est un peu différente.

    Durant un peu moins de trois minutes, le court-métrage nous plonge dans l'ambiance rétro des débuts du chevalier noir, qui voit ses premières aventures écrites par Bob Kane et dessinées par Bill Finger fin mars 1939, dans Detective Comics #27. Si le monstre des premières images, avec lequel Batman joue une partie de cache-cache mortel, invoque les monstres Universal, Frankenstein en tête -pas lourds, gros bras émergeant d'une veste étriquée- et tout un pan du cinéma fantastique avec la figure de la femme portée (une jeune femme en détresse, inconsciente, portée à bout de bras par une silhouette monstrueuse ou extra-terrestre), il est surtout un digest fort bien fichu des premières années du Batman : ses oreilles pointues sont encore des cornes et il utilise le bat-plane, le premier bat-gadget apparu dans Detective Comics #31, mais mis à jour : son design évoque davantage le Batplane II, dessiné dans le Batman #61 en octobre 1950, tandis que les mitraillettes sont présentées comme celle du nouveau design de la Batwing dans les New 52.

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    Batman et Hugo Strange dans leur première année d'existence

    Le méchant en titre n'est autre que Hugo Strange, un scientifique aux méthodes douteuses autant qu'extrêmes, qui reste le premier vilain régulier de Batman. Dans le même temps, la demoiselle en détresse est typique des pin-up dessinées par Bruce Timm, avec ses yeux en amandes et sa chevelure permanentée de star hollywoodienne. Sa robe semble tout droit sortir du dressing de Marilyn, tandis qu'elle évoque les grandes héroïnes du film noir des années 40 : un vrai voyage dans le temps. Alors, certes, c'est très court, mais ne nous permettons pas de bouder notre plaisir lorsqu'on nous offre ce petit bijou.

    Le court-métrage :

    Sources images : photogramme issu de Batman : Strange Days © Warner / DC Comics Entertainment ; détails extrait de Detective Comics #29 (Batman) et Detective Comics #36 (Hugo Strange) © DC Comics

  • Batman : le mystère de Batwoman (2003)

    Un film d'animation de Curt Geda et Tim Maltby

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    Si ce Mystery of the Batwoman n'est clairement pas le meilleur du cycle consacré au chevalier noir par l'équipe de Batman - La série animée (Bruce Timm & Paul Dini, 1992-1995), il mérite tout de même que l'on s'y attarde ; Curt Geda étant tout de même responsable de maints épisodes de la série, puis de l'excellent film Batman, la relève : le retour du Joker.

    Contrairement à Batman contre le fantôme masqué, qui était sorti durant le temps de diffusion de la série originale, ce Mystère de Batwoman, réalisé pour le marché de la vidéo, paraît en 2003 alors que l'univers qu'il dépeint date de 1997, pour la série The New Batman Adventures,  en fait la suite de Batman - La série animée (vous suivez ?). Dick Grayson, auparavant Robin, est devenu le héros Nightwing, et c'est Tim Drake, un jeune garçon qui a découvert l'identité secrète de Bruce Wayne, qui prend sa place. Le design général de la série est repris ici. Le costume du Batman est gris avec le symbole noir, pour être raccord avec sa représentation de l'époque dans les comics ; pour les imprimés, l'année 2003 correspond au run de Jim Lee sur le titre, avec notamment la parution de Batman : Hush (Silence), où Batman apparaît sous ces traits. Son apparence détone avec la cape bleue et le logo jaune et noir, révélé par le dessinateur Neal Adams dans les années 60. Personnages anguleux et presque schématiques, décor imposant dans un style Art-Déco du plus bel effet : c'est le style de la série, plus proche du style de Bruce Timm que les designs plus ronds (dans la tradition du dessin animé Superman des Frères Fleischer) de la première série. Comme dans The New Batman Adventures, les scènes de nuit prennent une teinte rouge, qui rappellent évidement le générique mythique de la série animée.

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    Si le film reprend quelques personnages emblématiques de la série (le mafieux Rupert Thorne, Oswald Cobbelpot alias Le pingouin), il fait surtout la part belle à Batwoman, une nouvelle justicière qui s'inspire manifestement de Batman. Le personnage est apparu en 1956 dans le mensuel Detective Comics. Il s'agit alors de Kathy Kane, une cousine de Bruce Wayne qui veut lutter aux côtés de Batman. Après quelques années où elle n’intervient guère dans les aventure du Chevalier Noir, son personnage est abandonné en 1964. Ce n'est qu'en 2006 qu'une autre figure féminine réapparaît sous les traits de Batwoman. Il s'agit d'un personnage entièrement nouveau : elle est juive et lesbienne (et a notamment une aventure avec l'agent Renee Montoya, créée pour la série animée et reprise dans la série régulière des comics). Pour autant, est-ce que le film, antérieur à la nouvelle incarnation de Batwoman, entretient en rapport avec celle-ci ? Pas du tout, malgré le nom d'un personnage féminin similaire qui n'est juste là pour jeter le trouble. Ainsi, Kathy Duquesnes est l'une des jeunes femmes qui tourne autour du playboy Bruce Wayne au cours de cette aventure.

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    Le ton du film est léger, à l'image de ses héroïnes. Le thème musical de Batwoman se voulait être, à mon avis, suave et envoûtant comme pour une femme fatale de film noir (une des influences revendiquées de Buce Timm & Co pour la série), mais il fait plus penser aux enquêtes feutrées d'un Hercule Poirot plutôt qu'à celles d'une femme d'action. Ce manque de pep's et un défaut flagrant d'ambition dans l'intrigue proposée (Bruce Wayne tombe sous le charme de la fille d'un truand, sur fond de mafia et de trafic d'armes) plombe un peu le film, alors même qu'il devait voir émerger une nouvelle figure héroïque dans la bat-family. Les scènes du dance-club du pingouin (L'Iceberg Lounge) sont tout de même bien réalisées, les personnages offrant des mouvement dansés dynampiques et très fluides. Ah, puis si, un brin d'humour assez bienvenu dans la bouche de l'irascible Bullock : voyant une nouvelle bat-justicière hanter les cieux rougeoyants de Gotham, il s'exclame : "Batman, Batgirl, maintenant Batwoman... Et pourquoi pas un Bat-chien, pendant qu'on y est ?" Les lecteurs assidus du comic savent que Bruce Wayne a Ace, son bat-chien, qui l'accompagne dans ses aventures des années 50... Comme quoi, même cette mystérieuse Batwoman, somme toute assez plaisante mais plutôt quelconque, peut nous aider à mieux cerner l'univers du Batman...

  • Batman : Year One (2011)

    Un film de Sam Liu & Lauren Montgomery

    8192088883_7a375a2082_m.jpgLes films animés de DC Comics n'étaient pas, avant le milieu des années 2000, adaptés littéralement de récits pré-existants. Ainsi, les excellents Batman contre le fantôme masqué ou encore Batman beyond : le retour du Joker sont des créations originales piochant dans la mythologie du justicier masqué. Avec la naissance de la collection DC Universe Animated Original Movies en juillet 2006, l'objectif est de transposer, sous formes de films d'animation destinés au marché de la vidéo, les comics qui ont fait l'histoire de la maison d'édition. Il s'agit d'une initiative conjointe de DC, Warner Bros. et Bruce Timm entre autres, à qui l'on doit l'inestimable Batman : la série animée. Sont ainsi portés à l'écran Superman : Doomsday d'après l'arc La mort de Superman, Justice League : New Frontier d'après la BD de Darwyn Cooke, deux titres qui remportent un vif succès. Les films s'enchaînent rapidement, montrant souvent une adaptation fidèle du matériau d'origine, notamment le très bon Batman et Red Hood : sous le masque rouge (Brandon Vietti, 2010). Batman : Year One calque donc sa trame sur le récit de Frank Miller (au scénario) et David Mazzucchelli (au dessin). Un retour aux origines permettant de voir les débuts d'un fringant Bruce Wayne de 25 ans, combattant le crime dans une Gotham City dominée par la mafia et les flics ripoux. Son apprentissage se déroule en parallèle de la trajectoire du lieutenant James Gordon, débarquant aussi fraîchement à Gotham. La BD fut créé après le coup d'éclat de Frank Miller en 1985, The Dark Knight Returns (ressorti ces jours-ci chez Urban Comics avec le film d'animation adaptant la première partir de l'histoire, chronique à venir sur le blog). 

    Le film d'animation réalisé par Lauren Montgomery et Sam Liu (habitués de l'univers DC, ils ont aussi réalisé conjointement Justice League : Crisis on Two Earths) suit très, très fidèlement le cours du comic, au point que l'on peut pratiquement isoler chaque cadrage pour retrouver son équivalent dans la BD. La plupart des répliques sont également reprises à l'identique ; les connaisseurs retrouveront très exactement les scènes qu'ils ont observées dans les pages du comics, que ce soit l'arrivée de Bruce Wayne et Gordon à Gotham, la rencontre entre Gordon et Flass à la gare, la première sortie du justicier, ou encore la très belle scène fondatrice de "la clochette", qui détermine la future apparence du héros. Sur une durée ramassée de 65 minutes (assez standard pou les animés DC), quelques rares scènes sautent, comme celle où Wayne se repose en Suisse ; seule une photo examinée par Gordon dévoile ce détail.

    Rappelons ici que le film, comme la BD, commencent en janvier et se terminent en janvier, décrivant une année entière dans la vie des protagonistes, comme le promet le titre. La ponctuation narrative de la BD, incluant au fil des pages les "cartons" des dates, se retrouvent dans le film ; et, si elles étaient pertinentes dans le comic, offrant une scansion intéressante, impulsant un rythme et une justification aux ellipses, elles bousculent un peu le récit dans le film, apparaissant parfois à des intervalles très rapprochées. Le décalque du comic trouve ici ses limites.

    Mazzucchelli avait pris le jeune Gregory Peck comme modèle pour Bruce Wayne ; on ne le retrouve que peu dans l'apparence du millionnaire justicier du film. Ceci étant dit, la réalisation, si elle est classique, affiche un character design très élégant, dans la lignée de la série de Bruce Timm et Paul Dini. Les quelques éléments créés en images de synthèse -les véhicules la plupart du temps- s'intègrent assez bien à l'ensemble. Si les plans sont la plupart du temps statiques, ils savent se démener lors des quelques séquences d'action (Batman au rez de chaussée d'un immeuble en flammes, aux prises avec un groupe d'intervention armé), épaulée par la musique de Christopher Drake, toujours très inspirée par celle de Hans Zimmer sur la trilogie Nolan. Les similitudes sont de même évidentes avec Batman Begins, qui est inspiré en grande partie de Batman : Year One.

    Bien que les connaisseurs n'auront pas une once de surprise, par rapport à certains films de la collection (on pense à Justice League : Echec), Batman : Year One "fait le job", et s'en acquitte de belle manière, surtout pour sa fabuleuse esthétique ; le film respecte aussi la charge violence, assez intense pour un animé, de la BD. Cependant, pour conserver toute la force du récit, (re)lisez plutôt l'excellent comic.

    Pour plus d'infos, n'hésitez pas à vous rendre sur le bon site La tour des héros !

  • Batman & Robin (1997)

    Un film de Joel Schumacher

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    Le premier Batman, à grand renfort de publicité et de merchandising, avait donné au studio un été 1989 enchanteur ; il fallait que cela continue. Après que le pourtant sublime Batman Returns de Tim Burton a fortement déplu au studio Warner, les producteurs ne veulent ni continuer dans la voie sombre, poétique et ambiguë tracée par le réalisateur californien, ni renoncer à leur juteuse franchise. Joel Schumacher entre alors en scène pour réaliser l'exact opposé de la version burtonnienne du chevalier noir. A l'atmosphère sombre et aux intrigues glauques, issues d'abord du film noir (Batman, 1989) puis du fantastique gothique (Batman, le défi, 1992), Schumacher répond par un cadre constamment éclairé et coloré de la plus outrancière des façons : Gotham n'est que néons, les personnages se font plus caricaturaux et les ressorts comiques reviennent en force, voulant rappeler la série loufoque des 60's. Ce qui commence avec Batman Forever évolue jusqu'à l'extrême dans le quatrième volet, Batman et Robin, qui s'enterre dans une dégénérescence de la punchline.

    La punchline est une phrase utilisée pour son impact immédiat et mémorable. Elle dénote souvent une dose d'humour et synthétise en peu de mots une position bien tranchée. Elle se généralise dans les buddy-movies des années 80 (la décennie de L'Arme fatale), même si on peut noter plus tôt son explosion remarquée dans le Dirty Harry (1971) de Don Siegel, lorsque Harry nous balance un "Go ahead, make my day !", ou encore la tirade qui se conclue par un cinglant "Do you feel lucky, punk ?".

    Avec le Batman de Schumacher, la punchline se généralise, jusqu'à vampiriser la quasi-totalité des dialogues, aux doubles-sens parfois sympathiques. Batman Forever et ses face-à-face Batman / Chase Meridian sont éloquents : "Le Bat-signal n'est pas un beeper", "Essayez un pompier, ça se déshabille plus vite", voilà qui permet d'apprécier le niveau stratosphérique du troisième opus. Mais c'est sans compter la récidive du quatrième, où la systématisation du procédé aboutit à un anéantissement pur et simple de toute dramaturgie. Il ne s'agit plus de dialogues, mais de phrases quasiment dénuées de progression narrative, balancées au gré du vent. Schumacher est dès lors très fort : d'une richesse apparente (exploitation d'un des super-héros les plus cinégéniques, le plus important budget de la franchise jusqu'alors, 125 millions de dollars, plusieurs personnages au potentiel intéressant), le film est finalement d'une rare pauvreté. "Salut Freeze, je suis Batman", "Freezy, je suis en chaleur", bref, on assiste à une enfilade de jeux de mot ridicules (et parfois incompréhensibles) sans aucun impact. Pis, la mise en scène programmatique de Schumacher fait se répéter des séquences déjà pas folichonnes à leur première occurrence : l'habillage des héros (allusions gays appuyées qui ont valu au film sa réputation), les cadrages obliques zoomés option "migraine oblige", moult champs/contre-champs d'une platitude consternante, d'autres plans généraux virevoltant dans un océan fluorescent... Certes, tout cela est voulu ; mais il n'en ressort qu'une bêtise bien plus grande que le pastiche léger que semble vouloir mettre en place Schumacher.

    Le production design (décors et costumes) est totalement délirant, soit ; mais il est aussi d'un rare mauvais goût. Les costumes des héros ont des tétons moulés, Bane n'est qu'une marionnette déguisée en baudruche géante... Du coup, la demeure de Bruce Wayne / Batman, assez classique, ne paraît pas appartenir au même monde (de plus, le manoir est à chaque fois montré de jour, alors que le centre de Gotham est constamment plongé dans la nuit... dont les jeux de lumière font terriblement penser à un boîte de nuit). Les vêtements de Bruce Wayne sont hors-sujet, tellement il a l'air de se promener en peignoir pendant tout le film ; son masque de Batman n'est même pas taillé correctement ! La plus grosse erreur, cependant, est d'avoir confié le rôle-titre à un George Clooney qui s'en balance ostensiblement : tête basse, mains continuellement jointes dans le dos, on dirait un gardien de nuit qui fait sa tournée. La façon théâtrale avec laquelle il débite ses lignes se voudrait sans doute drôle ; les doubleurs français l'ont d'ailleurs compris, donnant au film entier des allures de parodie.

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    Bonjour, je m'appelle Batman, mais de toute évidence 
    ce masque a été fait pour quelqu'un d'autre !

    Pour peu qu'il soit question de scénario dans Batman et Robin, celui qui nous est servi est complètement étranger à la mythologie créée par Bob Kane, Bill Finger et DC Comics au fil des années : ainsi Bruce Wayne et Dick Grayson passent leur temps à se disputer les faveurs d'une Poison Ivy qui les a envoûtés. D'une, Batman, qu'on surnomme parfois le Détective, prend bien trop de temps à s'apercevoir de l'entourloupe ; ensuite, les origines de Bane sont totalement remaniées, anéantissant son danger potentiel ; et que dire de l'introduction de Barbara Wilson / Batgirl (qui n'est plus la nièce du Commissaire Gordon), nursant un Alfred aux portes du trépas ? Le film n'aura finalement servi qu'à Uma Thurman, qui recycle son personnage de Poison Ivy dans les publicités d'une marque de soda bien connue... 

    Atteignant dès son entrée les sommets du n'importe quoi (une sorte de gala Holiday on ice en plastoc), Batman et Robin est tombé au plus bas. Rater un personnage de façon aussi définitive restera, finalement, le grand exploit de Schumacher sur la franchise. C'est simple : personne n'y est arrivé mieux que lui, sur toutes les déclinaisons du super-héros, que ce soit à l'échelle cinématographique, télévisée, animée : une certaine forme d'achèvement, en fait.

    Source images : blu-ray Warner Bros.

  • The Dark Knight Rises (2012)

    Un film de Christopher Nolan

    7718046812_850705cbfe_m.jpgSept ans après Batman Begins, la trilogie de Christopher Nolan dévoile son final. C'est surtout le deuxième volet, envahi par le jeu démentiel du regretté Heath Ledger, qui avait marqué les esprits. Après le récit des origines (Begins), puis un tableau complexe mais très maîtrisé de la dualité qui habite Bruce Wayne et ses opposants (The Dark Knight), ce troisième volet nous propose une destruction et renaissance aussi foisonnantes que l'étaient les précédents opus ; l'affiche du film marque d'ailleurs un retour aux tons dorés de celle du premier film, mâtinés d'orangé : Gotham in on fire !

    Nolan profite du passif créé par les deux précédents films pour enrichir encore la mythologie du personnage. La ligue des ombres, emmenée autrefois par Ra's Al Ghul (Liam Neeson), refait surface par le biais d'un nouveau personnage, Bane, à la force de frappe inédite dans le parcours du chevalier noir. Débutant huit ans après The Dark Knight, la première séquence nous rappelle la mort d'Harvey Dent, et le mensonge sur lequel est bâti la paix à Gotham (Batman a endossé les crimes commis par Dent / Double-Face afin que celui-ci incarne l'idée du bien triomphant, celui qui se sera sacrifié pour la ville). Après Ra's Al Ghul, le Moriarty de Batman, et le Joker, nemesis historique, Bane est considéré comme l'ennemi le plus mortel du Détective, alliant puissance et intelligence.

    Les scénaristes David S. Goyer et Jonathan Nolan connaissent bien leur petit Batman illustré, et vont puiser dans plusieurs sagas-clés : la première d'entre elle est la première partie de l'arc Knightfall, publié entre 1993 et 1994, durant lequel Bane, obsédé par la prise de pouvoir de Gotham et donc, l'anéantissement de la chauve-souris, sème le chaos en utilisant, tel un marionnettiste virtuose, les criminels de Gotham. Bruce Wayne, épuisé, acculé jusque dans ses ultimes réserves, -et marqué par son sens extrême du sacrifice- aura finalement la colonne brisée par Bane. Les origines de Bane, remaniées dans le film, proviennent de numéros antérieurs, Vengeance of Bane et Bane of the Demon. Ces histoires concernant Bane (un surnom de circonstance signifiant fléau) ont été rééditées récemment en France par Urban Comics.

    Un autre arc narratif a été pris pour modèle dans ce film, dont on parle moins : il s'agit de No man's land, qui date de 1999, a priori inédit en VF. A la suite d'un tremblement de terre, les esprits malades de Gotham s'échappent ; la gouvernement américain fait alors sauter les ponts et points de jonction qui relient Gotham au reste du monde, le déclarant no man's land, l'excluant même des Etats-Unis ; les hors-la-loi ont alors tout loisir de faire régner leur loi dans une zone de non-droit. Petit à petit, les zones libérées par Batman sont marquées d'un petit logo, dont on retrouve la trace dans le film. Engendrée dans une optique résolument réaliste, la trilogie se termine donc par un film dur aux accents de guerre urbaine, dans lequel l'héroïsme est moins du fait de Bruce Wayne / Batman -qui passe la plupart du métrage à se retrouver lui-même-, que de personnages plus ordinaires, telles le commissaire Gordon, et bien sûr son adjoint nouvellement promu, l'inspecteur Blake (Joseph Gordon-Levitt, à l'implication palpable). 

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    Loin de se borner à reprendre telles quelles les trames narratives du comic, celles-ci s'entremêlent, sont parfois grandement modifiées, pour produire un spectacle le plus souvent très cohérent. Tout juste pourra-t-on reprocher les connexions hasardeuses entre Bane et Ra's Al Guhl, hors-sujet par rapport au comic, et le personnage de Miranda Tate (Marion Cotillard), mal écrit, prévisible et lisse. Le reste est un bijou de caractérisation des personnages, jouant constamment avec l'attente du spectateur, alternant séquences d'actions de grande ampleur et pauses astucieusement dialoguées qui réjouissent d'intelligence. Et, comme toujours chez Nolan, les apparences sont souvent trompeuses, réservant au public des surprises, petites ou grandes, qui émaillent un édifice à la construction méticuleuse. La trilogie ainsi réalisée par Nolan va continuer de forcer l'admiration encore un moment ; et l'on dit déjà qu'un nouveau Batman, un autre reboot, verra le jour rapidement. Mais sans Nolan, qui fait de grands films en utilisant le genre à ses propres fins, à quoi faut-il s'attendre ? Réponse à l'horizon 2014...