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Dossiers - Page 9

  • Ciné d'Asie : Executioners (1993)

    Un film de Johnnie To & Ching Siu-Tung

    7396522090_45c14f184c_m.jpgLe duo déjà aux commandes de The Heroic Trio rempile pour une suite presque aussi délirante que son modèle, réutilisant leur trois sublimes héroïnes (Michelle Yeoh, Maggie Cheung et la regretté Anita Mui).

    A l'ambiance très fantasy du premier opus, Executioners impose au contraire un tonalité post-apocalyptique au contenu très politique. Ici, le monde fait face à une pénurie d'eau suite à la contamination des sources provoquée par une guerre nucléaire ; un système de purification très coûteux permet à une population paupérisée de survivre. Dans ce cadre, la criminalité a explosé, donnant le champ libre à nos trois personnages féminins : Maggie la chasseuse de primes continue son oeuvre par appât du gain ; Anita Mui, la Justicière, a raccroché les gants depuis qu'elle est épouse et mère ; Michelle Yeoh, elle, a rallié les forces gouvernementales. On le voit, le trio créé précédemment s'est dispersé ; il va se reformer afin de mettre au jour la dernière source non polluée du pays.

    Sur un canevas plus sage que le précédent, Executioners va tout de même nous donner des séquences ahurissantes, justifiant ses excès par un héritage opératique revendiqué. Executioners, loin de toutes les étiquettes de genre qu'on serait tenté de lui apposer, est une véritable tragédie au sens classique du terme : De multiples personnages, principaux ou secondaires, décèdent au son d'un chœur mélodique sous-titrant les pensées des survivants dévastés (typique du cinéma de Hong-Kong), le grand criminel de l'histoire dissimule son visage défiguré sous un masque tel le fantôme de l'Opéra. Le personnage de Michelle Yeoh est assisté d'un bossu recouvert de guenilles, s'exprimant en vagues borborygmes rappelant un sous-fifre de Victor Frankenstein... Les symboles sont là pour assurer la profondeur dramatique de l’œuvre. Une narration avançant au pas de charge, la multiplications des trames narratives et un montage elliptique, là aussi typique des cinémas asiatiques, donnent la touche de surréalisme finale à cette fantaisie faite film.

    La séquence de la recherche de la source est très belle, entre plans sous-marins, déclaration d'amour avortée et périple dans les sous-terrains inondés ;  le tout est shooté à travers des filtres multicolores, donnant la couleur des émotions, comme seul le cinéma asiatique peut l'imaginer. La séquence finale dans l'église est tout aussi extrême.

    Il y a une vraie jubilation à découvrir ce type de films aujourd'hui, un trip délirant et imprévisible qui dynamite le politiquement correct et les conventions (morales ou cinématographiques). Un bol d'air frais -et sanglant-, une bouffée d'hélium qui fait un plaisir fou.

  • La double énigme (1946)

    Un film de Robert Siodmak

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    Du réalisateur, les films noirs sont fameux ; Phantom Lady (alias Deux mains la nuit lors de sa sortie sur les écrans français) et sa mystérieuse jeune femme qui disparaît, Pour toi j'ai tué et ses amants tourmentés, jusqu'à son sommet, Les tueurs et sa structure en flash-back (tournée la même anné que La double énigme), relativement nouvelle pour l'époque. 

    La double énigme commence de but en blanc comme un polar, par sa scène de meurtre dans un noir d'ébène. Les indices convergent extrêmement rapidement vers une jeune femme, aperçue par de nombreux témoins, sans doute possible. Il s'agit d'une femme affable voire très gaie, qui tient un bureau de presse ; mais, aussi vite qu'elle avait progressé, l'enquête marque le pas, lorsque la police rend visite à la jeune femme : les enquêteurs y découvrent sa sœur jumelle. Devant le silence du duo, il apparaît impossible de départager qui de l'une ou de l'autre a commis l'odieux crime. Entretenant une illusoire similarité physique, elles s'habillent dans leurs premières scènes communes de tenues identiques en tout point : étoffes, couleurs, coiffure. L'époque, antérieure aux relevés d'empreintes et aux relevés d'ADN, poussent les enquêteurs dans des retranchements ambigües : car s'ils ne peuvent identifier la coupable avec certitude, une certitude aussi importante s'impose du même coup, l'une des deux étant forcément la meurtrière. On voit bien là les deux limites du film : trop de possibilités induites par deux personnes physiquement interchangeables, et un suspense inexistant car l'on connaît par avance la meurtrière. Deux pièges que Siodmak va réussir à transcender.

    Du film policier, même du film noir pur jus, l'on passe  à une déclinaison très en vogue dans le Hollywood des années 40 : le film de psychanalyse. La même décennie voie Le secret derrière la porte de Fritz Lang et La maison du docteur Edwardes de Hitchcock, qui aimera à utiliser les ressorts psychanalytiques dans plusieurs de ces films (Vertigo, 1958,  Psychose, 1960, Pas de printemps pour Marnie, 1964). Jamais pourtant, autant que dans La double énigme de Siodmak, l'on ne nous aura expliqué de façon plus directe les principes de base utilisés par Freud. Associations d'idées, test de Rorschach ou encore l'importance des traumas vécus dans l'enfance. Un des buts du film semble clairement l'appropriation par les public des concepts de la psychanalyse, ou en tous cas la compréhension des pratiques phares. Le test de Rorschach est notamment décrit et expliqué avec moult détails par le médecin qui va se charger d'analyser les deux sœurs, en collaboration discrète avec la police. Pour achever le tableau, le médecin est amoureux d'une des deux sœurs, l'innocente bien entendu ; son travail n'est donc pas aussi désintéressé qu'on peut le croire, tant il veut avant tout découvrir laquelle est l'élue de son cœur pour pouvoir se déclarer. Au fil du récit, les deux femmes vont se différencier de plus en plus ; on pensera à d'autres film explorant cette dualité, Faux-semblants de David Cronenberg (1988) ou encore Sisters (1973) de Brian De Palma.

    Chaque pièce est en place, et chacun joue son rôle à la perfection ; mais les effets de surprise restent malgré tout très présents, notamment grâce à Olivia de Havilland qui réussit à habiter deux personnages complètement opposés ; l'on se demande même souvent laquelle est devant nos yeux, tant elles peuvent tromper  la fois les personnages du film, et nous-même. Siodmak et son directeur photo Milton R. Grasner (ce dernier avait éclairé l'année précédente La rue rouge, grand film noir de Fritz Lang) utilisent astucieusement les deux profils de l'actrice afin de dessiner des différences d'ombres, de regards, d'expression, comme un double inversé pas tout à fait raccord. Les nombreuses scènes de multi-expositions (où deux Olivia de Havilland sont présentes dans le même plan) sont bluffants. Dans un ensemble somme toute assez balisé, mais extraordinaire de maîtrise formelle, l'acte final est superbe, ménageant tout  la fois le suspense et bannissant un véritable happy end. La double énigme est finalement un ravissement au propos trop didactique. Mais quels grands moments !

  • Ciné d'Asie : 2 héros (1974)

    Un film de Chang Cheh

    6781161669_8b0d2e7a13_m.jpgS'échappant d'un temple shaolin dévoré par le feu des oppressions mandchoues, Hung Hsi-Kuan, combattant hors-pair, est ardemment recherché. Il tombe alors sur Fang Shih-Yu, un autre expert en arts martiaux, connu pour sa droiture et sa persévérance pour mettre en échec les bandits ; une méprise fait croire à Fang Shih-Yu que Hung Hsi-Kuan est l'un d'eux (il le surprend alors qu'il est en train de violemment corriger un mandchou : comme souvent, on se met plus facilement du côté de l'opprimé). Il le livre alors aux bandits en croyant remettre un malfrat aux mains de la justice. Ce quiproquo est la clé du parcours Hung Hsi-Kuan, qui, d'un orgueilleux fier-à-bras, va devenir une personne plus consciente de sa nature humaine et faillible.

    Avec 2 héros (Heroes two - titre américain), Chang Cheh change un peu d'orientation cinématographique :  plutôt célèbre pour ses wu-xia pian (films de sabre) tels Un seul bras les tua tous (1967) ou Le sabreur solitaire (1969), il emprunte ici la voie du Kung-Fu. Pour une série de quatre films (viendront ensuite Le monastère de Shaolin, Shaolin Martial Arts et Les cinq maîtres de Shaolin, tous sortis en 1974), il suivra la trajectoire de survivants des exactions mandchoues, des personnage légendaires dont Fong Sai-Yuk, pour une suite de combats à mains nues utilisant différentes techniques du Kung-Fu, comme ici celle de la grue ou du tigre. Ce style de combat, s'il peut paraître moins flamboyant que les échanges à l'épée et autres pirouettes câblées chers au cinéma d'art martiaux, laisse une belle place à des chorégraphies classiques, puissantes et soignées, œuvres de l'excellent Liu Chia-Liang, assisté de Tang Chia. Ensemble, le duo de chorégraphes donneront leur meilleur dans les célèbres films de Chang Cheh, dont le magnifique Le justicier de Shanghai (1972). 

    Le film prend la forme d'une fuite en avant  ; dans la première partie, les personnages parcourent es plaines herbeuses et ensoleillées en courant, lueur d'un avenir meilleur et plus serein. Ces passages ne sont cependant que de rares ponctuations au milieu d'une succession de combats, tous plus dynamiques les uns que les autres, imprimant la violence (moins fortement qu'à l'habitude chez le réalisateur) et l'urgence dans le code génétique de ces personnages. Chen Kuan Tai, star du Justicier de Shanghai, est ici la victime du quiproquo, combattant dans le permier tiers du film avec le genou bien abîmé ; c'est moins jusqu'au-boutiste que son homérique combat une hache plantée dans le ventre dans Le justicier de Shanghai, mais la retenue -toute relative dès lors qu’on aborde l’œuvre de Chang Cheh- est plutôt en accord avec la tonalité kung-fu du film.

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    Tout en empruntant un "autre voie", Chang Cheh reste Chang Cheh, et c'est aussi pour ça qu'on l'aime : il recompose un duo de personnages complémentaires qui vont s'entraider, point commun de presque tous ses films. En résulte une peinture de l'amitié entre hommes qui dépasse les liens affectifs que peuvent avoir hommes et femmes, ces dernières n'ayant qu'un rôle accessoire dans la filmographie du bonhomme. Chang Cheh a aussi profondément ancré en lui la notion du dépassement de soi, qui s'illustre dans des combats impossibles (un justicier solitaire défait une armée entière), donnant de l'emphase à ses finals ahurissants. Deux tics de mises en scènes, lors des combats, donnent un aspect tantôt moderne, tantôt daté, aux séquences : d'abord la teinte rouge que prend l'écran lorsque les affrontement deviennent saignants (Chang Cheh modifiera légèrement le procédé lorsqu'il fera basculer l'écran au noir et blanc dans Les disciples de Shaolin, en 1975, repris en gimmick par Tarantino dans Kill Bill vol. 1 en 2004) ; puis l'arrêt sur image lorsqu'un des combattants se fait tuer, très 70's cette fois-ci.

    Chang Cheh vient du théâtre, comme on en a une très belle preuve dans son Vengeance, mettant en parallèle vie "jouée" et vie réelle des personnages. On peut en déceler les traces jusqu'à ces 2 héros, l'un habillé de noir, l'autre de blanc, dans la méprise originelle que scelle pour un temps le destin de Hung Hsi-Kuan. Ce ressort très théâtral est possible grâce à la situation dans laquelle Hung Hsi-Kuan est découvert, mais également par un tempérament violent et par la couleur de son vêtement. Autant de signes extérieurs qui rentrent en contradiction avec la nature profonde du personnage. Fang Shih-Yu, fier et rebelle, offre au regretté Alexander Fu-Sheng (mort trop tôt dans un accident de voiture) des moments de comédie lors des affrontements -il attend ostensiblement, les bras croisés, lorsque qu'il n'a plus de combattants devant lui- ou dans la scène de l'auberge -des ennemis veulent le tuer alors qu'il est assoupi sur une table, mais sont interrompus à chaque fois que Hung Hsi-Kuan fait mine de se réveiller. Un rôle de chien fou qui sera transfiguré par sa quête de rédemption.

    Revenons enfin sur les décors du film ; d'abord les plaines désertiques, bien exploitées lors de cette exode forcée par les bandits mandchous. Ensuite, les dédales souterrains créés par Fang Shih-Yu, ainsi que les ruelles étroites dans lesquelles se croisent des personnages féroces prêts à en découdre au moindre regard de travers. Des décors magnifiés par la caméra de Chang Cheh, plus posée qu'à l'habitude. La vision de 2 héros offre ainsi un ensemble de très bonne qualité, prenant, rythmé et bagarreur. Un vrai film de bastons, généreux en morceaux de bravoure.

  • Dossier : La planète des singes (1968) - troisième partie

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    A l'origine, les babouins devaient figurer la quatrième race de singes, qui aurait constitué les singes les plus opprimés ; cette idée fut néanmoins abandonnée, peut-être pour rendre la parabole moins transparente qu'elle ne l'aurait été. Cela paraît plutôt logique, tant cette "quatrième race" peut être entendue comme celle des humains, réduits à l'état... d'animaux.

    La hiérarchie n'est pour autant pas figée, et l'on pressent que les gorilles vont faire parler leur instinct guerrier lorsque la véritable nature de Taylor sera révélée. Pareillement, Zira, à l'aune des résultats de ses travaux, ne peut que contester la croyance en laquelle l'homme n'a aucune intelligence : l'arrivée de Taylor est une aubaine scientifique qu'elle ne laissera pas passer. Il va sans dire que Zira est avant tout fasciné par cet humain, auquel elle trouve de beaux yeux. Cornelius, de son côté, est bien plus prudent, et tend à minorer les faits révolutionnaires induits par l'arrivée de l'étranger (la fabrication de l'avion en papier, son langage instruit). Cette dynamique aura tendance à s'équilibrer lors de la fameuse scène du procès, au cours duquel Cornélius fait part de son expédition dans la Zone Interdite.

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    La scène du procès stigmatise la suppression de la liberté de parole et de mouvement, les tensions entre science et religion, entre croyance et faits, les mensonges officiels cachant la vérité au plus grand nombre (voir le drôle de plan singeant la repésentation des trois singes de la sagesse). Cette scène trouve un écho évident dans la croisade du sénateur McCarthy, dont Michael Wilson, le scénariste, a fait les frais, tout comme l'actrice Kim Hunter. 

    Un travail visuel de premier ordre épaule cette allégorie : la ville des singes est inspirée des cités troglodytiques de Turquie, dessinant un époque moyen-âgeuse, raccord avec les costumes et les armes, les matériaux utilisés. Cette époque, voulue par les producteurs (une ville futuriste comme dans le roman aurait été bien trop coûteuse), ajoute à la puissance du film par son décalage. Décalage d'avec le monde réel, avec celui qu'a quitté Taylor, et enfin brouillage du genre de l'anticipation, qui veut qu'un voyage dans le futur (nous sommes en 3978) soit accompagné d'un monde au décor ad hoc. 

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    Les maquillages prodigieux de John Chambers (ancien prothésiste dans l'armée) participent grandement de l'ancrage du film dans les consciences. Simples et ciné-géniques en diable, elles laissent voir l'identité des acteurs sous le masque (aspect qu'a peaufiner Rick Baker jusqu'à la perfection dans La planète des singes de Tim Burton, la seule chose valable là-dedans d'ailleurs). Chambers, qui gagna un oscar d'honneur pour son travail, aura fait dans le même temps progresser la reconnaissance de ce type d'effet spécial, depuis lors récompensé dans une catégorie à part entière chaque année pour la cérémonie des Oscar. Et ce n'est qu'un des nombreux apport de ce séminal film de SF... 

    La planète des singes - partie 1

    La planète des singes - partie 2

  • Dossier : La planète des singes (1968) - deuxième partie

    6069091604_890ebca909.jpgLe lent cheminement qui accompagne le spectateur dans sa découverte a pour modèle le King Kong de 1933. Le producteur, Jacobs, voudrait accélérer les choses, mais se range finalement à l'avis de Schaffner, pour qui cette première étape fait partie d'un tout indissociable jusqu'à la vision du premier singe : une régression progressive des hommes. Ceux-ci, minuscules êtres face au gigantisme de la nature (roches, étendues désertiques) et à ses pouvoirs (orage tonitruant, chutes de pierres), sont loin de l'image du pionnier que l'on a entrevu dans la scène pré-générique.

    Une caméra mobile suit leur pérégrinations, et permet de montrer ce qu'ils ne voient pas (des êtres ont repérés leur arrivée et les suivent à  la trace). Assoiffés, ils commencent à perdre confiance, et l'on se demande si la folie ne commence pas à frapper à la porte de l'un d'eux, lorsqu'il plante un drapeau miniature dans la terre de la nouvelle planète. Plus loin, le petit groupe peut apprécier un moment de détente au détour d'un lac. Désormais nus, passant d'astronautes à hommes sans étiquette, il se défont d'une part supplémentaire de leur humanité civilisée ; leurs vêtements sont dérobés. Enfin, en suivant les guenilles laissés sur un sentier, tels des cailloux semés par un chaperon bienveillant (mais peu soigneux), il arrivent à la plantation de maïs où il découvrent hommes et femmes habillés de seules peaux de bêtes. L'esprit de conquête, comme un réflexe pavlovien, resurgit et fait dire à Taylor : "s'ils ne sont pas plus agressifs que ça, dans six mois nous sommes les maîtres de cette planète". 

    L'esprit conquérant, indissociable de l'homme (et de la mythologie américaine), est mis à mal de façon fulgurante lors de la première apparition des singes. Ils sont les maîtres de cette terre où les humains fuient au seul bruit - des coups de feu, un cri de ralliement - de leur approche... Cette apparition progressive est très belle, ménageant un suspense alors même que la nature de ces personnages est inscrite dans le titre. Leur capacité à parler sera, plus loin, l'ultime preuve de leur avance, alors que les humains semblent privés de cette possibilité. Même les ex-astronautes se font prendre dans la rafle : la perte de leur nature d'êtres civilisés est alors avérée, et renforcée par la perte de parole de Taylor, atteint à la gorge par un tir de singe.

    Le personnage de Taylor est rendu antipathique, et ce dès la première séquence ; il est blasé et cynique, réduisant à néant les espoirs de ces compagnons d'infortune. L'unique membre féminin de l'équipe, que le voyage interstellaire a tué, n'a pas droit à plus d'égards. Plus tard, lorsque Nova, jolie autochtone, lui tiendra compagnie, il la considère comme un animal sans cervelle et l'envoie bouler à la première occasion. Sa faiblesse par rapport aux singes est encore appuyée lorsqu'il se fait facilement reprendre ; comme si le règne sans partage de l'homme sur la terre était révolu. Ce n'est qu'après avoir souffert les mauvais traitements des singes et pris conscience de la place qu'il prendrait dans cette société, que le héros américain renaîtra. Heston / Taylor redeviendra le défenseur des valeurs humaines, lui qui les méprisait au début du film : Heston retrouve Heston.

    La civilisation que Taylor découvre est magistrale toute aussi organisée que celle qu'il a quittée : les orangs-outans incarne le pouvoir politique et religieux, qui commande aux armées - les gorilles sont les militaires, en accord avec leur impressionnante carrure. Un peu à l'écart, les chimpanzés incarnent la caste des intellectuels, dont Cornelius (Roddy McDowall) et Zira (Kim Hunter) sont les premiers représentants. Scientifiques, ils ont une vue plus tolérante envers les humains, Zira la première, qui les a pris comme sujet d'étude. Cette attitude de recherche l'amène à considérer l'homme presque comme une personne à part entière. 

    Dossier la planète des singes - partie 1

    Dossier La planète des singes - partie 3