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Critiques de films - Page 19

  • Ciné d'Asie : La rage du tigre (1971)

    Un film de Chang Cheh

    11313776546_d562645ba9_m.jpgTroisième opus de la saga du sabreur manchot, cette Rage du tigre ne démérite pas, bien au contraire, et porte l'indéniable patte de son réalisateur.

    Le "new one-armed swordsman" du titre original n'est plus Fang Gang (Jimmy Wang Yu), mais Lei Li (David Chiang), sabreur redoutable au sens de l'honneur tellement profond qu'il se mutile lui-même, se coupant le bras droit d'un coup d'épée à la suite d'une défaite. Ce bretteur talentueux mais orgueilleux, ayant perdu son bras-maître, se met en retrait du monde des arts martiaux et devient serveur dans une auberge, où son infirmité lui fait subir les railleries et les humiliations continues des bandes passant alentour. Il profite de cette situation pour s'améliorer et surmonter son handicap, thème central de la saga.

    Comme à son habitude, Chang Cheh tisse un univers très majoritairement masculin, où la femme n'a que peu de place. Pour autant, l'amie de Lei Li a droit à une très belle séquence, lorsque le sabreur déchu la raccompagne sous la plus, à l'abri d'une ombrelle. Cependant, le lien primordial du film réside entre Lei Li et Feng Chun (Ti Lung), qui font preuve tout à la fois d'une admiration réciproque et d'une amitié virile très accentuée (les deux hommes sont bras-dessus bras-dessous, alors que la jeune fille n'a droit qu'à la manche vide de Lei Li !). La seule et unique raison de la vendetta meurtrière de Lei Li est le sort réservé à son ami par un gang qui sévit dans la région... Le même gang qui, une année plus tôt, a obligé Lei Li à se couper le bras.

    On retrouve également l'habituelle, mais si caractéristique et jouissive patte Shaw Brothers, à base de séquences en studios (on distingue même des toiles peintes au début du film), et de tournage en plein air ; ainsi, le clan du tigre -et sa tanières aux passages secrets très bondiens- occupe une des parties les plus importantes des studios Shaw Brothers. En parlant de Bond, la musique pille à certains moments la mélodie principale de Au service secret de sa majesté, sorti deux ans auparavant. Pour autant, il est clair que l'ambiance bondienne est tout à fait de mise dans La rage du tigre.

    La Shaw, quel monde à part ! Les bruitages, les effets aux artifices très visibles, les zoom-dé zoom, les gredins (Ku Feng, comme souvent) qui flattent leur barbiche en riant à gorge déployée... Ces aspects paraissent aujourd'hui kitsch, sans parler de la débauche paroxystique de violence s'exprimant dans l'acte final. Ces gimmicks sont néanmoins repris, recyclés, remixés (que ce soient dans le monde de la musique qu'au cinéma) et aujourd'hui, ils font sourire nos esprits occidentaux, faisant pencher le film vers la parodie. Cependant, de vrais moments de grâce surnagent, et, rien que pour le déchaînement final de la rage du tigre, ce dernier demeure un moment très agréable.

    Disponibilité vidéo : DVD/ Blu-ray chez l'éditeur Wild Side Video.

    PS : ceci est la 400ème chronique en 5 ans d'existence pour Le film était presque parfait. Merci de votre fidélité !

  • Rendez-vous avec la peur (1957)

    Cliquez sur l'image pour accéder à la chronique :

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  • Carrie au bal du diable (1976)

    Cliquez sur l'image pour accéder à la chronique du film de Brian De Palma :

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  • Saturn 3 (1980)

    Un film de Stanley Donen

    10924760404_34ab0e51cc_m.jpgOFNI doit devant : ce film de science-fiction réunit Kirk Douglas, la drôle de dame Farrah Fawcett (première créditée au générique !) et Harvey Keitel ; le casting impose déjà une minute de silence pour son audace... Le film devait être réalisé par John Barry, chef-décorateur sur Star Wars IV, mais, à la suite des éternelles "divergences artistiques", celui-ci fut aussitôt remplacé par Stanley Donen ; Monsieur Chantons sous la pluie (1952) ou encore Charade (1962), excusez du peu ! L'assemblage de ces talents n'ayant cependant rien à voir avec la science-fiction, on commence à avoir des doutes sur la qualité du résultat... malheureusement rapidement confirmé au visionnage. Les trois vedettes sont bien seules dans cette station spatiale perdue aux confins de la galaxie, où Kirk Douglas se fait plaisir avec Farrah, de trente ans sa cadette.

    La trame mélange allègrement un peu de 2001, l'odyssée de l'espace (Stanley Kubrick, 1968) pour son robot sujet aux troubles du comportement, et Soleil Vert (Richard Fleischer, 1973), pour son portrait peu reluisant de la femme et la réflexion sur la vieillesse. Ses modèles sont évidemment à mille lieues de Saturn 3, qualitativement parlant ! les vues de maquettes ne font pas mystère de leur caractère artificiel et horriblement mal fini ; la profusion de plans filmés au grand-angle, pour agrandir l'espace, est assez pénible. Pour le coup, on regrette que le film n'ait pas été tourné sur l'île volcanique de Lanzarotte, comme prévu à l'origine, mais entièrement en studio.

    Un trou noir semble avoir englouti le scénario (aucune explication sur le geste de Benson (Harvey Keitel, doublé par Roy Dotrice car Donen n'aimait pas son accent !) au début du film, où tout finalement se réduit à la tension sexuelle suscitée par Farrah Dawcett ; et si, dit comme cela, cela peut donner envie, gardez-vous bien de le regarder ! Tout au plus remarquera-t-on le traitement intéressant donné au rapport entre le robot Hector et Benson, avec la connexion synaptique qui les relie (le robot apprend tout de Benson et finira par en devenir une copie).

    Saturn 3 n'a donc pas volé ses nominations comme pire film, pire acteur (Kirk Douglas, bon là, c'est un peu méchant, tout de même), et pire actrice pour Farrah Facett en 1981.

  • Gravity (2013)

    Un film d'Alfonso Cuarón

    10590136436_5e85dfd133_m.jpgCuarón est un cinéaste au parcours décidément étonnant : débutant la mise en scène par des contes pour enfants et une comédie remarquée (Y tu mam tambien, 2001), il enchaîne par un Harry Potter (le prisonnier d'Azkaban, parmi les meilleurs de la saga), un film d'anticipation qui accède instantanément au statut de grand classique (Les fils de l'homme, 2006). 7 ans après son dernier film, il débarque avec une aventure spatiale ébouriffante.

    Véritable défi aux effets spéciaux d'aujourd'hui, Gravity se présente d'abord comme le film high-tech par excellence. Simulation d'apesanteur, plan-séquences à répétition, c'est une prouesse technique. Mais pourquoi est-ce aussi une petite révolution, comme on a pu le lire ici ou là ? Car, à proprement parler, Gravity n'est vraiment un film, en tout cas pas dans l'acception la plus couramment usitée. Il s'agit en fait d'une sorte d'attraction, de "film dont vous êtes le héros", de "film pour Futuroscope" extraordinairement réussi. Expliquons-nous : la quasi-totalité du métrage se situe dans l'espace, avec deux personnages (interprétés par Sandra Bullock et George Clooney). Suivant un canevas aussi simple qu'efficace qu'une suite ininterrompue de catastrophes, le spectateur est littéralement au milieu du champ de bataille spatial, avec les acteurs. Les sensations, dès lors, sont viscérales, et dépassent souvent le regard légèrement distancié avec lequel on regarde habituellement un film. L'expression "être dedans" prend ici tout son sens.

    La performance de Sandra Bullock ensuite, assez inédite, est remarquable ; et, malgré le sentiment que l’amoncellement de péripéties en rajoute un peu trop (qui rappelle d'ailleurs la progression des jeux-vidéos), on ne peut qu'être happé par les événements qui semblent "nous arriver". C'est là, à mon sens, que la réussite du film est la plus évidente. Et c'est le premier film que je recommande à tous de visionner en 3D, la 2D risquant de faire perdre une bonne partie de cette immersion inédite. Je me demande d'ailleurs comment le film va s'en sortir sur nos écrans domestiques, aussi grands soient-ils... Non, on ne nous a pas menti. Gravity est une véritable aventure à la première personne, à ne pas rater au cinéma !