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  • Capricorn One (1978)

    Un film de Peter Hyams

    3545201380_df83aa4bfa_m.jpgLa première originalité du film de Peter Hyams, réalisateur semblant fait avant tout pour filmer l’action (Timecop, Mort subite), est son incroyable idée de départ, un vaste complot politique qui aboutit à la falsification d’un voyage sur Mars. Alors que les médias de toute la planète sont focalisés sur le voyage et l’atterrissage des spationautes américains sur la planète rouge, ces derniers sont retenus dans un grand hangar, devenu pour l’occasion véritable plateau de cinéma, afin de simuler le bon déroulement de leur voyage.

    Cette idée s’inscrit dans la grande thématique du complot gouvernemental, comme on a pu le voir dans la vague de thrillers paranoïaques des années 70. D’ailleurs, on décèlera dans les dialogues du film une énième référence à l’affaire du Watergate, illustrée par une des plus grandes réussites du genre, Les hommes du président. Ce concept sera repris avec jubilation dans un fameux documenteur, Opération Lune, de William Karel, qui part du principe que le gouvernement américain aurait demandé l’appui de Stanley Kubrick pour réaliser le faux alunissage de la mission Apollo 11 (un faux documentaire extraordinaire).

    Si la première partie est bien de cette trempe, la seconde voit le journaliste Robert Caulfield (Elliott Gould, acteur rare) se focaliser sur les éléments inhabituels de cette mission, on retrouve alors la dimension journalisme d’investigation menacée par des instances et des intérêts qui dépassent tous les protagonistes. La troisième, plus spectaculaire dans l’action, voit une course-poursuite s’engager entre les spationautes et les agents du gouvernements. Le lien entre ces trois parties, relevant chacune d’un type de cinéma particulier, donne au film une richesse et une force indéniable. La poursuite est notamment très réussie, avec en point d’orgue un grand huit en avion qui décoiffe sévère, plus de 30 ans après sa réalisation.

    Lorsque nos trois spationautes se retrouvent dans le désert, il se dégage comme un parfum de fantastique, nous ramenant au premier Planète des singes, dans lequel l’arrivée des hommes sur ladite planète recèle de moments, de décors et de costumes identiques.

    Épaulé par un casting astucieux (mis à part O.J. Simpson, spécialiste du regard vide), il montre notamment un James Brolin charismatique dont la ressemblance avec Christian Bale peut parfois être troublante. La participation de Telly Savalas, monsieur Kojak (mais aussi temporaire Blofeld chez James Bond) est assez savoureuse.

    Haletant, soutenu par une caméra mobile, dont une grande valeur se dégage de son scénario incroyable, on découvre ici un film assez méconnu qui constitue en l’état un moment de cinéma à l’ancienne tout à fait honnête.

  • Watchmen - Tales of the Black Freighter (2009)

    Un film de Daniel DelPurgatorio & Mike Smith

    3532303249_2d519d03b7_m.jpgBizarre, cette vision de ce qui devait être, à l’origine, inclus dans la version ciné du Watchmen de Zack Snyder. Rappelons que ledit-film, adaptation du comics de Alan Moore et Dave Gibbons, devait faire état d’un passage assez magistral dans la BD, à savoir un jeune noir lisant un bande d’aventures plutôt gore, celle-ci ayant des correspondances avec l’histoire principale du film ; d’où une mise en abîme originale et particulièrement réussie.

    La vision indépendante de ce récit est troublante car on sent clairement qu’il manque quelque chose, sur le strict plan narratif. En l’état, le film prend le format d’un épisode de série animée de 20 minutes, d’habitude utilisé pour de nombreuses séries pour enfants. Ici, point de tout cela ; on est dans le gore et l’horrible, la trame pouvant ressembler à un Conte de la Crypte sous acide (quel épisode de cette série ne l’est pas, d’ailleurs ?). Un marin est le seul survivant d’une attaque de pirates sanguinaires ; il se retrouve seul sur un petit bout d’île, avec comme seuls compagnons les corps sans vie de ses camarades d’infortune, une nuée de charognards aux aguets. La suite ne sera que plongée dans une folie dure, hallucinations comprises. Le bougre arrivera à s’extirper de l’île dans le seul moment d’anthologie gore assez peu vu ailleurs, en animation comme en prises de vues réelles.

    L’argument est un peu mince, mais de plus il n’est pas aidé par une animation approximative (mis à part les éléments en numérique, tels les sombres flots d’une mer déchaînée), les personnages n’ayant tous qu’une seule et même expression. Si cela ne suffisait pas, le design général marque par sa grande laideur esthétique (Mon dieu, ça, c’était des requins ?!, ne pourra-t-on s’empêcher de se demander à l'occasion).

    On en retiendra tout juste un enchaînement non-stop de morts en décomposition et de meurtres, ce qui n’est pas donné à tout film d’animation qui se respecte. Mais cette oeuvre, qui n’en est pas vraiment une, faisant partie d’un tout beaucoup plus grand qu’elle, peut-elle être considérée comme telle ? La question mérite d’être posée, et nous répondrons non,  tant la sensation d’avoir assisté à un fragment d’histoire reste ancré après le visionnage.

  • Batman, le défi (1992)

    Un film de Tim Burton

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    Définitivement à ranger dans la catégorie "suites meilleures que l’original", à l’instar d’un Parrain 2, L’empire contre-attaque ou... Terminator 2, le film de Burton incarne à mon sens la maturité de son style, déjà acquise avec son précédent Edward aux mains d’argent.

    Tellement peu emballé par l’idée de donner une suite à son propre Batman, qui l’avait d’ailleurs épuisé et posé problème (moult remaniements de scénario, difficultés d’imposer Michael Keaton en Batman), il a finalement dû faire d’une demande du studio son propre délire, et l’on peut dire que, malgré l’environnement peu propice (originellement film-pop-corn, grosse machine destinée à engranger du dollar), ce film fait partie de ces plus personnels. C’est tout un univers, arrivant à maturité, auquel Burton va donner une cohérence, et une force toute particulière. Au jeu des ressemblances avec l’œuvre passée ou à venir du cinéaste californien, on peut dégoter un sarcophage dont l’intérieur est serti de pointes, qu’utilise Bruce Wayne pour accéder à sa cave-château, et que l’on retrouvera plus tard dans Sleepy Hollow ; Le masque du démon, chef d’œuvre italien de l’horreur gothique, utilisait déjà en 1960 cet accessoire terrifiant ; Tim Burton porte ce film dans son panthéon personnel, et il le suit en filigrane dans sa filmographie. Plus tard, on voit Oswald Cobbelpott / Pingouin déchirer ses vêtements d’homme civilisé, son déguisement à lui, de la même façon qu’un Edward lors du dernier quart d'Edward aux mains d'argent. Il est intéressant de voir que tous les inadaptés sociaux, dont Burton est un des fervents défenseurs cinématographiques, peuvent réagir exactement de la même manière, peu importe le lieu ou l’époque. Et au niveau marginaux mis au ban de la société, on en a une belle brochette avec le groupe de forains échappé d'un cirque ambulant que se trimballe Pingouin, clin d’œil -léger- au séminal Freaks de Tod Browning, qui inspirera l’inestimable série animée de Bruce Timm tirée des aventures du dark knight.

    Terrain tout trouvé pour évoquer la double personnalité, le film magnifie les instants entre Bruce Wayne / Batman et Selina Kyle / Catwoman, exceptionnels, que ce soit au niveau du jeu -les deux acteurs sont d’une gravité déconcertante-, des ambiances -musique toute en finesse, mais profondément évocatrice des tourments intérieurs- et des dialogues, précis, constamment sur le fil. Ainsi, à l’occasion d’un bal costumé, Bruce et Selina se retrouvent tous les deux... les seuls à ne pas s’être déguisés ! On peut supposer qu’ils identifient leurs propre costume de Batman / Catwoman à leur véritable identité, et ceux de leur alter-ego plus sociable leurs déguisements. Et, lors d’un échange de répliques qui reprend un précédent entre leurs côté obscur, ils comprennent soudain la face cachée de l’autre. Selina lance alors un fameux "alors, faut-il qu’on se batte" terrassant, au milieu de la légèreté de la fête qui les entoure.

    Film sur la dualité, Batman le défi surprend encore aujourd’hui par le second degré omniprésent qu’il dégage. Ainsi, les allusions érotiques et sexuelles pullulent comme jamais, à ma connaissance, dans un exercice de ce type. Pingouin qui lance un "Justement le minou que j’attendais" libidineux à une Catwoman langoureusement étendue sur le lit, éructant constamment un immonde liquide noir très mystérieux, ou encore émettant un râle de jouissance non dissimulée au volant de sa propre Batmobile, bref c’est assez incroyable. Quand au costume SM sans équivoque d’une Catwoman castratrice, là c’est le summum. Seul Schreck ne semble pas être de la partie (à trois), complétant avec Pingouin un couple...atypique.
    D’ors et déjà fascinant par tous ces aspects, on ne saurait parler de ce film en faisant l’impasse sur la satire politique omniprésente, avec le personnage de Max Schreck, industriel plein de pognon qui corrompt à tout va, et va utiliser Pingouin dans sa course au pouvoir. Lequel est résumé à brasser beaucoup d’argent et baiser sans discontinuer, bref, un programme qui en enthousiasme plus d’un dans le film.

    Dans cette foultitude de thèmes, de vilains, Batman est cependant un peu perdu, et reste bien en retrait de la galerie bariolée, hétéroclite et hallucinée d’un bestiaire social à nul autre pareil. Incarnant une justice sans relief, il en ressort comme cannibalisé par ces personnages immoraux. Mais plus le vilain est réussi, plus le film est réussi, donc on tient là le mètre-étalon de l’entière carrière de Burton, à égalité avec Edward aux mains d’argent. Tout simplement énorme.

  • Ciné d'Asie : Swordsman 2 (1992)

    Un film de Ching Siu-Tung

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    En ce long week-end, période propice à l’évasion, l’exotisme, au dépaysement, inaugurons ici un rendez-vous qu’on espère régulier : Ciné d'Asie, une rubrique spéciale sur le cinéma asiatique (et plus particulièrement Hong-Kong / Chine / Japon / Corée) qui saura prendre soin des passagers, habitués ou occasionnels, qui seront tentés de l’expérimenter.

    Sans plus attendre, envolons-nous (avec un trampoline, c’est plus facile) avec Swordsman 2, de Ching Siu-Tung, dont on a déjà parlé récemment avec ses Histoires de fantômes chinois. On ne peut qu’inclure Tsui Hark, officiellement producteur, dans l’exercice de réalisation de ce Swordsman-ci, suite d’un premier opus ayant provoqué un renouveau du wu xia-pian (film de sabres chinois) à Hong-Kong. Difficile en effet de ne pas reconnaître le style totalement fou d’une caméra défiant les principes physiques qui régissent toutes choses sur notre bonne vieille Terre (apesanteur, équilibre, …), ainsi qu’un montage s’affranchissant de toutes normes établies.

    En plus de cette patte visuelle incontestable pour qui est familier des films du plus reconnu des cinéastes hong-kongais –sur la toile, dans plus d’un forum estampillé cinéma on peut croiser le désormais classique, véritable signe de ralliement entre fans, THRTW, alias Tsui Hark Rules The World, no comment-, on apprécie un film-monde, où les chevaux sont coupés en deux par le souffle de la force vitale des combattants, où l’on marche sur la cime des brindilles, où des ninjas volent sur leurs propres étoiles, où les guerriers peuvent en découdre à l’aide d’aiguilles à tricoter… A mon humble avis, on dépasse dans ce film le nombre d’idées folles déployées en une fois –même si Takashi Miike, réalisateur aussi prolifique que spécialiste des grandes idées de malades, se pose en concurrent sérieux.

    Des idées, Swordsman 2 n’en manque donc pas. Par contre, pour que ces idées soient mises en forme dans un tout cohérent, ne serait-ce que pour esquisser un semblant de clarté scénaristique, comment dire… faudra repasser. En effet, au prix des quelques premières séquences, où, il faut bien l’avouer, on ne comprend pas trop ce qu’il se passe, on choisit de se focaliser sur le cœur de l’histoire, à savoir une romance extrêmement ambiguë, entre un guerrier n’aspirant plus qu’à la paix (Jet Li, beaucoup plus dans la comédie qu’à l’habitude, ce qui ne lui sied guère) et Asia, qui n’est autre que le grand méchant de l’histoire ; axe totalement réussi. Ce bref résumé, loin de décrire le maelstrom dans lequel le spectateur est aspiré –si toutefois il daigne se laisser emporter-, peut tout de même rappeler aux habitués de nos chroniques, et aux autres qui connaissent Histoires de fantômes chinois, un certain air de ressemblance par rapport à cet axe précis.

    Alors, j’entends, de ci de là, un petit "mais pourquoi commencer par le n°2 ?", car je n’ai pas vu le premier épisode de cette trilogie. Là, nous devons parler de la stratégie commerciale de Metrpolitan, assez retorse, dont j’étais, rassurez-vous, informé. De cette trilogie, sortie en coffret intégral en dvd, n’est paru, à l’unité que l’un des épisodes, et c’est… ce deuxième. La raison en est finalement assez simple : elle répond à une exigence de casting. Jet Li + Rosamund Kwan (le couple des Il était une fois chine, saga populaire) + Brigitte Lin, alias une des plus belles actrices HK. De plus, le second est, semble-t-il, plus pro (meilleurs effets spéciaux, plus grand soin visuel…). Mais là où le procédé devient limite, c’est que le film est titré sur la jaquette Swordsman – la légende d’un guerrier, en omettant volontairement le n°. Ceux qui sont documentés sur la saga savent que Jet Li n’est finalement pas dans le premier ni le troisième, mais … ce ne sera pas tout le monde. Voilà pourquoi, ne voulant pas risquer de perdre trop gros su jamais les films n’étaient pas à mon goût, j’ai préféré découvrir l’opus mis en avant à l’unité. Bien m’en a pris, malgré le côté carrément foutraque de l’ensemble. On peut être tout à fait déçu de la relâche au niveau progression narrative mais il est également connu que les films HK ont le chic pour construire des scénarios à base de multiples couches d’histoires qui s’entremêlent, avec lequel le public occidental n’est pas familier.

    Après ces quelques lignes, vous sentirez-vous attirés par une expérience (qu’en tous les cas, on n’oublie pas) ? Je n’en sais rien, mais je vous y engage !