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2000's - Page 3

  • Pontypool (2008)

    Un film de Bruce McDonald

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    Dans un climat actuel relativement morose en ce qui concerne les films d'horreur réussis (les découvertes récentes de 30 jours de nuit et de Laisse-moi entrer ont eu du mal à faire émerger un quelconque intérêt), la découverte d'un petit film sans prétention, mais à l'efficacité et l'originalité indéniable, est tout à fait agréable. 

    Grant Mazzy, voix d'une radio locale, est pris avec la petite équipe qui l'entoure (sa productrice et la standardiste) dans un déchaînement d'événements horrifiques qu'ils vivent de l'intérieur, enfermés dans le studio d'enregistrement.

    Dès le prologue, l'ambiance a quelque chose de tout à fait unique, Mazzy (excellent Stephen McHattie, vu notamment dans Watchmen - les gardiens) déclamant à son micro une petite histoire banale qui finit dans un maelstrom de mots qui semble effacer à la parole toute signification propre, ne laissant la place qu'à une suite de syllabes incompréhensibles. Pendant ce temps, on suit à l'écran les circonvolutions d'une courbe d'oscilloscope qui frémit à la moindre parole. La séquance donne le ton (et bien plus) du film, hanté par la voix caverneuse de Mazzy, dont l'assurance, déjà quelque peu mise à mal (ancienne gloire de la radio nationale, il doit se contenter de la petite ville de Pontypool), est rapidement émiétée par les violences imcompréhensibles que semble subir la ville, et dont notre groupe est le rapporteur aveugle. 

    La perception des personnages en huis-clos, sur des événements dont ils ne peuvent être q'auditeurs, est non seulement une excelllente idée, mais également une transformation de l'essai en film qui est tout sauf évidente. Un plan fixe sur la courbe de fréquence de voix du reporter, seul personnage à témoigner de l'extérieur, aurait pu tomber à l'eau ; c'étair sans compter sur les rapports de forces savamment dosés, ainsi que l'empathie pour tous les personnages que l'on peut éprouver, tour à tour.

    On perçoit, hors de l'influence capital du livre dont l'histoire est tirée ("Pontypool changes everything" de Tony Burgess), l'idée de reprendre l'idée d'Orson Welles pour adaptation radiophonique de La guerre des mondes : le film, nous offrant un portrait de la réalité défomé par le prisme de la radio, questionne notre crédulité sur les événements qu'on nous décrit. Comme si l'on avançait dans le noir et qu'on cherchait des astuces impossible pour se guider tout de même. Derrière l'économie de moyens (et l'unté de lieu) dont fait preuve le métrage, se rappelle à notre bon souvenir les épisodes mémorables de La Quatrième Dimension de Rod Serling, situations impossibles, paraboles du comportement humain. Un personnage supplémentaire, apparaissant dans un mouvement théâtral, éjecté par une trappe, viendra donner de l'eau au moulin des interrogations de la petite troupe, et confortera la lecture du spectateur. Fort de son idée, le film avance comme une flèche vers son dénouement, non sans accuser le coup ne fois a situation posée.

    Même si le film est moins palpitant dans son deuxième tiers, les indices semés et l'apparente raison de l'épidémie de violence qui sévit (hommes et femmes assaillant des bâtiments comme un seul homme, sans raison, s'entre-tuant en déblatérant un charabia incompréhensible) force l'admiration par sa portée métaphysique, quasi-mystique. Mazzy, tel un prêtre halluciné, finra le film d'une façon bien étrange, qui peut être interprété de bien des façons. 

    McDonald signe un bon là une très bonne surprise, tendue et noire comme l'enfer, tirant le meilleur parti de ces maigres moyens. 

  • Monster House (2006)

    Un film d'animation de Gil Kenan

    5750490478_b0951bc57a_m.jpgSéquence Je me souviens : Festival du film d'animation d'Annecy 2006, je fais partie des chanceux qui peuvent voir en avant-première le film de Gil Kenan, jeune réalisateur récemment remarqué pour son court-métrage The Lark. Salle bondée, lunettes 3D chaussées, l'unviers disparaît dans la pénombre et deux figures bien connues se fendent d'une introduction filmée : Steven Spielberg et Robert Zemeckis. Après un compliment élogieux pour le festival ("greatest animation film festival in the world", quand même !), ils disparaissent et le film commence, non sans être marqué d'un cartouche explicite (AFF pour Annecy Film Festival) au cas où un facétieux pirate se trouve dans la salle et filme ladite projection. 

    Spielberg et Zemeckis ne sont pas là par hasard, l'un par le biais d'Amblin, société de production cèlèbre pour ses films à succès typiquement 80's où une bande de gamins mis face à un événement ou un objet qui sort de l'ordinaire (Les Goonies, les Retour vers le futur, le Secret de la Pyramide, Bigfoot et les Henderson, Gremlins, ...), et l'autre par le biais de sa société d'effets spéciaux, Image Movers, qui expérimente depuis le Pôle express la symbiose entre animation et prise de vues réelles avec la Performance Capture.

    Gil Kenan retrouve le feeling propre aux années 80 et à ses fameuses productions Spielberg en nous intéressant au parcours de 3 jeunes, D.J, Jenny et "Chewing Gum", confrontés à une maison vivante, sinon hantée. La dynamque de drague inhérente au trio est également typique des premiers émois amoureux, et bien croquée. Moins insouciants que les plus âgés (et moins débiles, répondant à l'image quasi-délinquante de la baby-sitter et de son copain Squelette), ils attachent de l'importance à des faits étranges que semblent perpétrer la maison d'en face de son propre chef. Leur secret ? leur propension à croire à l'impossible, du moment qu'ils en sont témoins. ici, les adultes mettent un moment avant de s'apercevoir que la maison bouge, alors même que des mouvements perceptibles ont lieu en plein jour. on retrouve la camaraderie des Goonies et le quartier résidentiel impersonnel, en apparence sans histoires, de tous ses films.

    La façon de filmer les abords du voisinage est tributaire du style Zemeckis, caméra flottant et virevoltant dans des mouvements impossibles. L'intro, suivant une feuille orangée d'automne juste tombée de l'arbre, rappelle un plan signature de Zemeckis notamment vu en intro de Forrest Gump, la feuille étant là remplacée par une plume, subissant pareillement le souffle du vent. La progression vers la maison, tout en caméra flottante au ras du sol, rappelle aussi les mouvements gracieux et néanmoins anxiogènes de Apparences, un Zemeckis mineur. Aux couleurs chaudes de l'automne, succèdent des teintes fluorescentes une fois franchi le seuil de la maison. Verts, rouges, tranchant dans un noir étouffant, installent une atmosphère réellement effrayante (le squelette de la grosse femme prisonnier d'une cage en sous-sol), comme dans certaines scènes des Goonies ou d'autres production Spielberg qui, malgré leur statut de divertissement tout public, se permettaient des incursion dans l'horreur (le coeur violemment extirpé à la main d'une pauvre victime dans Indiana Jones et le Temple Maudit, les squelettes et les liquides visqueux des Goonies et des Gremlins, ... 

    Le croquemitaine affiché disparaissant rapidement (le vieux Nebbercraker, propriétaire belliqueux de la maison, interprété par Steve Buscemi), la maison seule parvient à sinsinuer comme une personnage à part entière, mais dont l'humanisation va à contre-courant de la traditionnelle bonté disneyenne : montrant les crocs dès que l'occasion le permet, elle fume abondamment (par la cheminée, m'enfin...) et n'hésite pas à réquisitionner les deux arbres de son jardin pour les transformer en bras gigantesques. Pivot du film, son design, sa transformation et son animatio, sont exemplaires : l'effort des animateurs à l'air de s'être concentrer quasi-uniquement sur ce point, et leurs efforts se voient récompenser tant la vision paraît accomplie, à défaut d'êter réellement novatrice. On reconnaîtra en effet des empruns au Oogie Boogie de l'Etrange Noël de Mr Jack, ainsi qu'au Château ambulant de Miyazaki. Les personnages, à l'instar du Pôle Express, semblent un peu mécanique, sans âme, même si une marche semble avoir été dépassée. leur coupe Playmobil n'est pas non plus du plus bel effet, mais comme on l'a vu, l'essentiel est ailleurs. 

     Plus que la performance d'exploitation de l'outil Performance Capture, qui permet de transposer plutôt fidèlement la performance d'acteurs en chair et en os sur des modèle en image de synthèse, on retiendra ici une mise en scène qui, par sa maestria, abolit les frontières entre animation et prises de vues réelles. Monster House peut faire partie de ce cercle fermé de films d'animation qui pourrait convertir les réfractaires au cinéma d'animation en général tant le rythme, les cadrages, les mouvements d'appareils, sont semblables à ce qui pourrait se faire en live, tout en le dépassant (de nombreux déplacements, travellings rapides, ou points de vues, s'affranchissant de la densité des objets, étant irréalisables "en dur". Distillant une véritable ambiance, arrivant à s'approcher du spectateur par l'écriture fine des personnages, Monster House montre encore aujourd'hui qu'il tient la distance, et que, malgré un film live (la Cité de l'Ombre) aux échos peu élogieux, Gil Kenan est prometteur.

  • Le drôle de Noël de Scrooge (2009)

    Un film de Robert Zemeckis

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    Quoi de plus a propos, par un jour de neige et à 8 jours de noël, qu'un... film de noël, réalisé par un réalisateur qu'on adore tous (rien que pour Retour vers le futur et Qui veut la peau de Roger Rabbit, déjà) ?

    Le Disney de Noël 2009 était donc aussi un Robert Zemeckis, le réalisateur poursuivant là ses expérimentations numériques, après un Pôle Express vite oublié et un Beowulf bien plus satisfaisant (because Neil Gaiman ? la question reste posée).

    Reprenant à son compte la trame ultra-classique (pour ne pas dire vue et revue) du Conte de Noël de Charles Dickens, Zemeckis aligne, il est vrai, un casting impressionnant : Jim Carrey, Gary Oldman, Colin Firth, Robin Wright-Penn (déjà vue dans Beowulf), et améliore le rendu esthétique des images de synthèses. La capture de mouvement, permettant aux acteurs de jouer le film, affublés d'une myriade de capteurs, laisse bien transparaître leur jeu à travers leur masques numérique. La gestuelle notamment, est rendue avec plus de naturel, les décors, conçus sur 360 degrés, permettent des circonvolutions de la caméra pour un impressionnat tour de montagne russes. Les visages, par contre, manquent encore  de flexibilité, et arbore des couleurs pot de peinture qui cassent l'impression de réalisme. Les yeux, pareillement, restent vides, là où un Gollum, tout numérique qu'il était, restait crédible dans la transmission de ses émotions.

    Zemeckis est intéressant dans son approche paradoxale de l'animation, rassemblant deux pertis-pris extrêmes : un grand souci de réalisme (expression du visage, décors, costumes, ...) emballé par la plus fantaisiste des caméras, virevoltant dans des travellings impossibles, cadrant des personnages fantastiques (le fantôme de Marley, au beau vert luminescent). Et, en accomplissant ce grand écart, il ne réussit malheureusement pas dans l'un comme dans l'autre. La seule innovation marquante est la 3D, qui semble la raison d'être du film, autrement bien mollasson. Les séquences de vol, avec un jeu constant entre l'avant-plan et l'arrière-plan et une caméra qui décadre pour un bel effet de réalisme 3D, cette fois, sont très impressionnantes.

    Le début du film, montrant un irascible Scrooge, n'hésite tout de même pas à aller loin dans les ténèbres, voire l'horreur, un vrai bon point. Mais une fois Scrooge parti avec les trois fantômes (du passé, du présent et du futur), la soupe devient plus épaisse, et plus... mieilleuse, évidemment. Scrooge se retrouve très (trop) rapidement comme un agneau sorti de la bergerie à la vision de son passé. Les séquences narratives passent trop vite, la priorité allant à l'éblouissement 3D. De fait, le film ne raconte pas grand chose, et se borne à caractériser de loin ses personnages. De plus, certains d'entre eux donnent envie de se pendre, tel le fantôme du présent, dont les paroles se résument à un interminable éclat de rire. 

    Même ceux qui idolâtrent la période magique de noël resteront sur leur faim ; le manque de fil conducteur et d'intrigue auront usé leur curiosité. En tant qu'attraction 3D au Futuroscope au à Disneyland (raccourci d'une bonne heure), ça peut le faire...

  • The Dark Knight (2008)

    Un film de Christopher Nolan

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    "Soit on meurt en héros, soit l'on vit assez longtemps pour s'avilir"

    A la fin de Batman Begins, le spectateur quittait un Gotham City sans dessus-dessous : l'asile d'Arkham, ouvert aux quatre vents, laissait en liberté les plus dangereux criminels, mauvais augure d'un chaos à venir, et le manoir Wayne complètement détruit. Pour l'un, Bruce Wayne se promet de le reconstruire "brique par brique", et pour les autres, un génie du crime s'élevait déjà plus haut que tous, signant ses méfaits d'une mystérieuse carte Joker... La suite aurait d'ores et déjà fort à faire pour poursuivre sur la voie tracée par ce reboot, nécessaire et fondamentalement réussi.

    Avec le début de The Dark Knight, la nouvelle saga semble plonger encore plus dans les ténèbres : aux teintes orangées de la précédente séquence-titre, s'oppose désormais un voile bleuté masquant une explosion gigantesque, sur laquelle se superpose un emblème fissuré à peine discernable. Alors que le film n'est pas encore commencé, la guerre fait déjà rage contre ce justicier masqué traité de vigilante. Comme d'autres avant lui, The Dark Knight va explorer les thèmes de la dualité sur plusieurs niveaux. La face publique du personnage principal, le play-boy Bruce Wayne, est mis à mal (on le voit endormi à une réunion, tantôt arrivant au bras de deux top-models, ou encore sirotant un cocktail sur un voilier) ; son nouveau repaire, toujours au sous-sol, mais d'une zone industrielle désafectée cette fois, est désormais nimbé d'une lumière presque aveuglante, contrastant avec les profondes ténèbres qui noyaient la Batcave.

    Bruce Wayne, évidemment, est deux. Mais ce n'est pas tout : Harvey Dent, procureur qui a le vent en poupe (et sort, de plus, avec l'amour de Bruce Wayne, Rachel Dawes), est aussi sous le signe de la dualité paradoxale ; il vit sa part de lumière dans l'exercice de ses fonctions, les médias le surnommant d'ailleurs The White Knight, le chevalier blanc de Gotham. Ce n'est qu'en regard de cette appelation que Wayne recevra le nom de Dark Knight, se battant dans l'ombre avec des méthodes expéditives, tandis que Dent est exposé au grand jour et utilise les méthodes légales pour coffrer les gansters (la trouvaille de la loi Rico lui permet de mettre au trou plus de 200 criminels d'un coup). Dent et Wayne sont de plus tour à tour adversaires et un : Dent ne fait-il pas semblant d'être Batman ? Puis, Dent vivra aussi sa part d'ombre, la moitié du visage défiguré, jouant le sort de ses victimes à pile ou face. L'aspect intéressant de cette dualité réside dans le fait qu'elle apparaît même au sein de la face lumineuse des personnages (le surnom de Dent est aussi Double-face, par rapport à son comportement colérique, bien avant qu'il ne devienne un monstre ; à l'aise dans son monde, Dent est terrifié lors du dîner de soutien organisé en son honneur ; Rachel Dawes est mise au pied du mur et doit faire un choix entre Wayne et Dent). Nolan fait tout pour complexifier sa narration, et tricote une intrigue à la hauteur. Mention spéciale à l'arrestation musclée de Lau au Japon, très complexe et pourtant lisible.

    Comme d'autres films de super-héros avant lui, The Dark Knight reprend plusieurs moments-clés à son compte : le choix impossible (la séquence du bateau, l'un rempli de gens "normaux", l'autre de prisonniers), la manipulation psychologique du méchant -le Joker essayant de convaincre Batman qu'il est comme lui, une bête de foire (freak), dont les autorités veulent se débarasser au plus vite- ; on pense dans les deux cas au premier Spider-Man et au Bouffon Vert, dont la dynamique est pareillement gérée. Plus encore, ici, le Joker lance à Batman "Tu me complètes", tirade qui va loin dans les implications des rôles de chacun dans la vie des autres ; les deux personnages se font renvoi perpétuellement, leur seule différence étant finalement, le camp qu'ils défendent. Les alias se démultiplient (voir la séquence des Batmen) pour jeter, effectivement, un grand chaos sur le monde de Gotham.

    Possédant plus de points communs que d'antagonismes, Batman / Bruce Wayne, Harvez Dent / Double Face et le Joker font un trio percutant, dynamitant les règles. Le Joker occupe cependant une place centrale dans ces rapports, de même de Rachel Dawes (évacuée un peu rapidemment) entre Wayne et Dent, et vampirise le récit par une présence et une folie qui n'a pas de but, sinon semer la discorde et le chaos partout ; la destruction totale de tout lien. C'est assurément avec l'interpétation du Joker que Heath Ledger réussit ce retournement, de faire de ce Dark Knight non plus un film sur Batman... mais sur le Joker. Car, tout comme Batman mais peut-être encore plus, le Joker n'est pas un personnage à proprement parler, mais bien un concept, une idée d'anarchie balancée dans l'atmosphère comme un virus, qui n'a rien à perdre. D'où la profonde noirceur malsaine du film dans son entier, où tous les moyens sont bons pour faire triompher sa suprématie. Complexe, Dark Knight est un film noir comme l'ébène, fascinant jeu de pouvoir, de politique, dont l'arène est une cour des miracles complètement démente. Radicalisant encore le propos du premier film et se clôturant par une ultime retournement de situation, The Dark Knight est tétanisant. La suite ? Un Dark Knight Rises qui s'annonce infernal...

  • Twentynine palms (2003)

    Un film de Bruno Dumont

    5166332950_267c212579_m.jpgLe choc. La crise. Les larmes, la terreur, lors de la découverte de ce film au cinéma il y a queslques années, qui résonne encore aujourd’hui. Ce film, l’histoire d’un couple hors normes (un américain et une russe) est un dépassement, un exploit, une prouesse. Surpassant le clivage si facile des genres, Bruno Dumont réussit à embrasser toutes les ambiances dans ce road-movie indie. Une trame minimaliste, forte, lourde, fabuleusement visuelle. Une histoire régressive entre deux personnes trop proches dans ce désert pour une fois vraiment (désert).

    Bruno Dumont signe un terrible essai sur la communication, cet outil vital pour co-exister. La communication orale n’est plus d’actualité entre les deux tourtereaux quand la langue est trop différente. Dès lors, c’est sur un plan essentiellement sexuel que s’aborde la communication entre les deux individus, seul plan fusionnel ; les autres sont tous source de conflits, légers ou parfois plus durs. L’incompréhension qui régit l’essentiel des rapports entre les deux personnages est aussi culturelle : voir la scène de la cafétéria où Katia reproche à David de regarder une autre fille ; elle lui dit sans sourciller "tu peux aller avec elle si tu veux". Des incompréhensions ce film bizarre, insoutenable, beau de façon si étouffante, en regorge.  Cette relation exclusive, est déséquilibrée dans son rapport excessif à la sexualité, seul terrain d’expression où les deux amants  excellent. David, colérique, impulsif, ne vit pas sur la même planète que Katia, naïve, "étrangère", et pourtant a l’air de vivre une histoire belle et simple. Mais rien n’est vraiment simple quand on parle de passion, d’exclusivité. La communication bancale dont font preuve les deux amoureux est pointée comme un manque vital.

    Extrême, brutale, cette histoire d’un autre temps où les moments les plus significatifs sont des joutes de grognements bestiaux nous montrent tels que nous pourrions être : des animaux (légèrement) civilisés. Mais grattez le vernis social déjà écaillé et vous y verrez peut-être l’ombre de Twentynine Palms…