Un film de Bruno Dumont
Le choc. La crise. Les larmes, la terreur, lors de la découverte de ce film au cinéma il y a queslques années, qui résonne encore aujourd’hui. Ce film, l’histoire d’un couple hors normes (un américain et une russe) est un dépassement, un exploit, une prouesse. Surpassant le clivage si facile des genres, Bruno Dumont réussit à embrasser toutes les ambiances dans ce road-movie indie. Une trame minimaliste, forte, lourde, fabuleusement visuelle. Une histoire régressive entre deux personnes trop proches dans ce désert pour une fois vraiment (désert).
Bruno Dumont signe un terrible essai sur la communication, cet outil vital pour co-exister. La communication orale n’est plus d’actualité entre les deux tourtereaux quand la langue est trop différente. Dès lors, c’est sur un plan essentiellement sexuel que s’aborde la communication entre les deux individus, seul plan fusionnel ; les autres sont tous source de conflits, légers ou parfois plus durs. L’incompréhension qui régit l’essentiel des rapports entre les deux personnages est aussi culturelle : voir la scène de la cafétéria où Katia reproche à David de regarder une autre fille ; elle lui dit sans sourciller "tu peux aller avec elle si tu veux". Des incompréhensions ce film bizarre, insoutenable, beau de façon si étouffante, en regorge. Cette relation exclusive, est déséquilibrée dans son rapport excessif à la sexualité, seul terrain d’expression où les deux amants excellent. David, colérique, impulsif, ne vit pas sur la même planète que Katia, naïve, "étrangère", et pourtant a l’air de vivre une histoire belle et simple. Mais rien n’est vraiment simple quand on parle de passion, d’exclusivité. La communication bancale dont font preuve les deux amoureux est pointée comme un manque vital.
Extrême, brutale, cette histoire d’un autre temps où les moments les plus significatifs sont des joutes de grognements bestiaux nous montrent tels que nous pourrions être : des animaux (légèrement) civilisés. Mais grattez le vernis social déjà écaillé et vous y verrez peut-être l’ombre de Twentynine Palms…
Commentaires
Bonsoir, c'est le premier film de B. Dumont que je voyais (en salle). Un choc. Pour moi, c'est une histoire sur la jouissance masculine. J'avais bien aimé malgré les scènes très crues et la fin plus que brutale. Bonne soirée.
Hello Dasola, c'est drôle, j'étais il y a quelques heures en train de lire vos derniers avis chez vous. Concernant Twentynine Palms, je n'ai vu le film qu'une fois à sa sortie et je m'en souviens encore parfaitement, preuve en est s'il m'a, comme vous, marqué fortement. C'était, pour mois aussi, le premier Dumont (mais c'est, en plus, le seul) que j'ai vu. A bientôt.
Vu une seule fois à ce jour, mais je reste marqué comme vous. A la fois envie de le revoir d'ailleurs... et très peur (l'expérience ayant été vraiment violente) :-)
Bonjour D&D, Twentynine Palms est un film qui ne s'oublie pas, tous ceux qui l'ont vu peuvent en témoigner... ça laisse des traces en tous cas ! A bientôt.