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Critiques de films - Page 39

  • X-Men : le commencement (2011)

    Un film de Matthew Vaughn

    5909044021_c5998762c3_m.jpgQu'on se le dise : l'anglais Matthew Vaughn est le meilleurs réalisateur de film fantastique en activité ! Déjà derrière la réussite de Stardust, il nous livre avec ses X-Men des origines le plus jouissif film de super-héros depuis... Kick-Ass, qu'il avait réalisé en 2010. Pourtant, l'affaire était loin d'être entendue.

    Disposant de 13 mois pour boucler un film titanesque, du casting à la direction artistique jusqu'au tournage et à la post-production maousse (plus de mille plans à effets spéciaux), c'est à un véritable marathon que Vaughn s'est livré. Perfectionniste et attentif à mettre sa griffe sur le projet, il aura tourné et retouché le film jusqu'à la dernière minute. Et son travail passionné est diablement payant, son film s'inscrivant clairement comme le meilleur épisode de la saga... dont il était parti en claquant la porte quelques années plus tôt, lorsqu'il devait réaliser X-Men 3 (mis en boîte par Brett Ratner). Ironie, quand tu nous tiens, c'est Bryan Singer lui-même, réalisateur des deux permiers opus, qui est venu chercher Vaughn.

    Deux idées fortes hissent le film plus haut que le tout-venant des films de super-héros : premièrement, la volonté d'en faire un vrai film d'époque (la crise des missiles à Cuba fait office de toile fond, avec costumes, décors et accessoires ad hoc), et ensuite d'orienter le feeling du film vers le film d'espionnage à la James Bond ; la grande histoire croise les destinées particulières, dès la première séquence du camp de concentration. Décorum et péripéties ancrent le film dans des références qui, si elles ne sont pas nouvelles, clament leur originalité lorsque le sujet principal se cantonne aux  super-héros.

    Comme il l'avait précédemment prouvé avec Kick-Ass, Vaughn sait bien que plus un film se déroule dans un espace-temps fantastique, plus le film doit être à l'écoute de ses personnages. Ces derniers sont le coeur du film et ne sont nullement sacrifiés par l'action, tout de même bien présente. Eric et Xavier évoluent donc parallèment au fil des années, développant chacun une philosophie sur leur état de mutant. Il est clair que l'environnement familial (aisé pour Xavier, marqué par la violence et la mort pour Eric) joue un rôle prépondérant. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, les postures de chacun, bien qu'antagonistes, trouvent d'abord des points d'achoppement, pour ensuite lentement les éloigner. La progression de leur relation est extrêmement bien pensée, les séquences s'écoulant en désignant subtilement leur différence. La soif de vengeance d'Eric, on le sait bien, ne peut être étancher que par les extrêmes, tandis que Xavier, philosophe, prend du recul.

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    Le film n'est pas avare de séquences drôles, comme les affectionne Matthew Vaughn, n'hésitant pas à montrer les jeunes mutants pour ce qu'ils sont : des enfants en construction, pour qui le plus important, pour un temps, est de s'amuser. La séquence de la recherche des mutants, notamment, est euphorisante, et l'apparition clin d'oeil de Hugh Jackman est un sommet dont on aime à se le rappeler, longtemps après la projection.

    Michael Fassbender, dans le rôle d'Eric / Magnéto, est tout simplement exceptionnel. Chacune de ces apparitions laissent exploser son charisme, animal mais fragile, épaulé par la musique efficace d'Henry Jackman. Pour lui tenir tête, James McAvoy est lui aussi un très bon choix, tant on entre en empathie avec tous ses profils. Ainsi, quasiment tous les personnages s'en sortent sans caricatures, même si l'on peut reprocher à Kevin Bacon / Sebastian Shaw d'en faire un peu trop, dans la veine des méchants extravagants des James Bond avec Sean Connery (et January Jones lui rend bien ça, en blonde volcanique bien éloignée de son rôle dans Man Men). 

    Si, dans l'ensemble, les effets spéciauix tiennent la route, c'est tout de même dans cette partie que le film paie le tribut de sa chaotique création. Effets numériques par trop voyants, ou maquillages inégaux (l'armure de Magnéto, qui, si elle respecte scrupuleusement le look du comics, donne dans le mauvais goût), c'est là et seulement là, à notre sens, que le bât blesse. 

    Le voyage est en tous les cas fort plaisant, et l'on ne serait pas contre (pour un fois), revoir ses personnages campés tous admirablement. Et l'on se dit que, tout de même, le "retour aux origines" sied bien à ses super-héros souvent en manque de racines (psychologiques, sociales, ...). 

  • La Gorgone (1964)

    Cliquer sur l'image pour consulter la chronique du film de Terence Fisher, La Gorgone (1964) :

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  • Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà (1997)

    Un film de Paul W.S. Anderson

    Étiqueté réalisateur de films d'action, Paul W. S. Anderson signait après Mortal Kombat (1995) cette bande ambitieuse qui en surpris plus d'un. Hommage à une kyrielle de films fantastiques, Event Horizon étonne par sa propension à balancer au visage du spectateur des plans impressionnants, faisant montre d'un raffinement esthétique inhabituel, en même temps que certains détails gore peu ragoûtants. Le résultat devait d'ailleurs être bien plus horrifique, les producteurs obligeant Anderson à couper son film d'une demi-heure après une projection-test désastreuse.

    L'histoire à comme un air de déjà-vu : un équipage de sauvetage vient à la rescousse d'un vaisseau ayant disparu sept ans auparavant... après la captation d'un étrange message. Les caractères, antagonistes, s'affrontent et enrichissent la dramaturgie. L'horreur surgit rapidement... Si la référence la plus évidente est l'exceptionnel Alien (Ridley Scott, 1979), mariant parfaitement suspense, horreur et science-fiction, d'autres chef d’œuvres du genre sont mis à contribution : Shining (Stanley Kubrick, 1980), pour la dimension "maison hantée" et d'autres clins d'oeil très directs (des flots de sang, des cadrages symétriques froids et précis, une réplique de la scène de la chambre 237), mais également La maison du diable (Robert Wise, 1963), ainsi qu'une citation de Suspiria (Dario Argento, 1977). On pense également au segment de l'omnibus Memories réalisé en 1995 par Koji Morimoto, La rose magnétique -qui doit également beaucoup à l'implication du regretté Satoshi Kon en tant directeur artistique. Ces glorieuses références prennent place dans un vaisseau aux formes religieuses marquées, les symboles de croix abondant un peu partout (vaisseau, vitres, marques diverses), qui s'offrent un luxe de détails ahurissant. Baignant dans une ambiance gothique, le visuel est vraiment réussi, car misant avant tout sur des effets spéciaux physiques (même le cœur du système, un gigantesque globe autour duquel tournoient trois anneaux : très réussi). Lorsqu'il opte pour des effets spéciux numériques, pas très développés à l'époque, on a du bon (le couloir aux lames de rasoirs) et du mauvais (les yeux rouges). La direction artistique est, dans tous les cas, à féliciter. L'usage récurrent du grand angle a part contre malheureusement tendance à étirer les personnages en longueur, une déformation parfois pas du plus bel effet.

    L'emballage ne cache cependant pas longtemps une intrigue bien trop légère (tout est téléphoné, il manque des enjeux forts, et une impression de réalisme qui pourrait faire durer la suspension d'incrédulité induite par le genre fantastique), et une narration plus progressive -le personnage de Sam Neill en fait malheureusement les frais.

    Il n'aurait pas fallu grand chose pour que Event Horison transforme l'essai, et la relative indulgence de la critique à son égard a sûrement à voir avec la carrière autrement nanardesque de son réalisateur. Et l'on peut dire en effet que Event Horizon est son film le plus fréquentable. Entre un Mortal Kombat qui nous peut-être fait marrer à l'époque à coups d'humour involontaire, ou d'un Resident Evil recyclant à peu près tous les trucs de Matrix, voire du calamiteux Alien Vs. Predator, le choix est vite fait. 

    Reste aujourd'hui un film techniquement abouti, mais qui manque d'un scénario solide. Est-ce que la version longue, que l'on ne verra jamais, aurait pu améliorer tout cela ? Rien n'est moins sûr... Anderson n'est cependant pas dupe des défauts de son film, il suffit d'écouter son très bon commentaire audio présent sur le DVD pour s'en convaincre. C'est déjà ça...

  • Pontypool (2008)

    Un film de Bruce McDonald

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    Dans un climat actuel relativement morose en ce qui concerne les films d'horreur réussis (les découvertes récentes de 30 jours de nuit et de Laisse-moi entrer ont eu du mal à faire émerger un quelconque intérêt), la découverte d'un petit film sans prétention, mais à l'efficacité et l'originalité indéniable, est tout à fait agréable. 

    Grant Mazzy, voix d'une radio locale, est pris avec la petite équipe qui l'entoure (sa productrice et la standardiste) dans un déchaînement d'événements horrifiques qu'ils vivent de l'intérieur, enfermés dans le studio d'enregistrement.

    Dès le prologue, l'ambiance a quelque chose de tout à fait unique, Mazzy (excellent Stephen McHattie, vu notamment dans Watchmen - les gardiens) déclamant à son micro une petite histoire banale qui finit dans un maelstrom de mots qui semble effacer à la parole toute signification propre, ne laissant la place qu'à une suite de syllabes incompréhensibles. Pendant ce temps, on suit à l'écran les circonvolutions d'une courbe d'oscilloscope qui frémit à la moindre parole. La séquance donne le ton (et bien plus) du film, hanté par la voix caverneuse de Mazzy, dont l'assurance, déjà quelque peu mise à mal (ancienne gloire de la radio nationale, il doit se contenter de la petite ville de Pontypool), est rapidement émiétée par les violences imcompréhensibles que semble subir la ville, et dont notre groupe est le rapporteur aveugle. 

    La perception des personnages en huis-clos, sur des événements dont ils ne peuvent être q'auditeurs, est non seulement une excelllente idée, mais également une transformation de l'essai en film qui est tout sauf évidente. Un plan fixe sur la courbe de fréquence de voix du reporter, seul personnage à témoigner de l'extérieur, aurait pu tomber à l'eau ; c'étair sans compter sur les rapports de forces savamment dosés, ainsi que l'empathie pour tous les personnages que l'on peut éprouver, tour à tour.

    On perçoit, hors de l'influence capital du livre dont l'histoire est tirée ("Pontypool changes everything" de Tony Burgess), l'idée de reprendre l'idée d'Orson Welles pour adaptation radiophonique de La guerre des mondes : le film, nous offrant un portrait de la réalité défomé par le prisme de la radio, questionne notre crédulité sur les événements qu'on nous décrit. Comme si l'on avançait dans le noir et qu'on cherchait des astuces impossible pour se guider tout de même. Derrière l'économie de moyens (et l'unté de lieu) dont fait preuve le métrage, se rappelle à notre bon souvenir les épisodes mémorables de La Quatrième Dimension de Rod Serling, situations impossibles, paraboles du comportement humain. Un personnage supplémentaire, apparaissant dans un mouvement théâtral, éjecté par une trappe, viendra donner de l'eau au moulin des interrogations de la petite troupe, et confortera la lecture du spectateur. Fort de son idée, le film avance comme une flèche vers son dénouement, non sans accuser le coup ne fois a situation posée.

    Même si le film est moins palpitant dans son deuxième tiers, les indices semés et l'apparente raison de l'épidémie de violence qui sévit (hommes et femmes assaillant des bâtiments comme un seul homme, sans raison, s'entre-tuant en déblatérant un charabia incompréhensible) force l'admiration par sa portée métaphysique, quasi-mystique. Mazzy, tel un prêtre halluciné, finra le film d'une façon bien étrange, qui peut être interprété de bien des façons. 

    McDonald signe un bon là une très bonne surprise, tendue et noire comme l'enfer, tirant le meilleur parti de ces maigres moyens. 

  • Monster House (2006)

    Un film d'animation de Gil Kenan

    5750490478_b0951bc57a_m.jpgSéquence Je me souviens : Festival du film d'animation d'Annecy 2006, je fais partie des chanceux qui peuvent voir en avant-première le film de Gil Kenan, jeune réalisateur récemment remarqué pour son court-métrage The Lark. Salle bondée, lunettes 3D chaussées, l'unviers disparaît dans la pénombre et deux figures bien connues se fendent d'une introduction filmée : Steven Spielberg et Robert Zemeckis. Après un compliment élogieux pour le festival ("greatest animation film festival in the world", quand même !), ils disparaissent et le film commence, non sans être marqué d'un cartouche explicite (AFF pour Annecy Film Festival) au cas où un facétieux pirate se trouve dans la salle et filme ladite projection. 

    Spielberg et Zemeckis ne sont pas là par hasard, l'un par le biais d'Amblin, société de production cèlèbre pour ses films à succès typiquement 80's où une bande de gamins mis face à un événement ou un objet qui sort de l'ordinaire (Les Goonies, les Retour vers le futur, le Secret de la Pyramide, Bigfoot et les Henderson, Gremlins, ...), et l'autre par le biais de sa société d'effets spéciaux, Image Movers, qui expérimente depuis le Pôle express la symbiose entre animation et prise de vues réelles avec la Performance Capture.

    Gil Kenan retrouve le feeling propre aux années 80 et à ses fameuses productions Spielberg en nous intéressant au parcours de 3 jeunes, D.J, Jenny et "Chewing Gum", confrontés à une maison vivante, sinon hantée. La dynamque de drague inhérente au trio est également typique des premiers émois amoureux, et bien croquée. Moins insouciants que les plus âgés (et moins débiles, répondant à l'image quasi-délinquante de la baby-sitter et de son copain Squelette), ils attachent de l'importance à des faits étranges que semblent perpétrer la maison d'en face de son propre chef. Leur secret ? leur propension à croire à l'impossible, du moment qu'ils en sont témoins. ici, les adultes mettent un moment avant de s'apercevoir que la maison bouge, alors même que des mouvements perceptibles ont lieu en plein jour. on retrouve la camaraderie des Goonies et le quartier résidentiel impersonnel, en apparence sans histoires, de tous ses films.

    La façon de filmer les abords du voisinage est tributaire du style Zemeckis, caméra flottant et virevoltant dans des mouvements impossibles. L'intro, suivant une feuille orangée d'automne juste tombée de l'arbre, rappelle un plan signature de Zemeckis notamment vu en intro de Forrest Gump, la feuille étant là remplacée par une plume, subissant pareillement le souffle du vent. La progression vers la maison, tout en caméra flottante au ras du sol, rappelle aussi les mouvements gracieux et néanmoins anxiogènes de Apparences, un Zemeckis mineur. Aux couleurs chaudes de l'automne, succèdent des teintes fluorescentes une fois franchi le seuil de la maison. Verts, rouges, tranchant dans un noir étouffant, installent une atmosphère réellement effrayante (le squelette de la grosse femme prisonnier d'une cage en sous-sol), comme dans certaines scènes des Goonies ou d'autres production Spielberg qui, malgré leur statut de divertissement tout public, se permettaient des incursion dans l'horreur (le coeur violemment extirpé à la main d'une pauvre victime dans Indiana Jones et le Temple Maudit, les squelettes et les liquides visqueux des Goonies et des Gremlins, ... 

    Le croquemitaine affiché disparaissant rapidement (le vieux Nebbercraker, propriétaire belliqueux de la maison, interprété par Steve Buscemi), la maison seule parvient à sinsinuer comme une personnage à part entière, mais dont l'humanisation va à contre-courant de la traditionnelle bonté disneyenne : montrant les crocs dès que l'occasion le permet, elle fume abondamment (par la cheminée, m'enfin...) et n'hésite pas à réquisitionner les deux arbres de son jardin pour les transformer en bras gigantesques. Pivot du film, son design, sa transformation et son animatio, sont exemplaires : l'effort des animateurs à l'air de s'être concentrer quasi-uniquement sur ce point, et leurs efforts se voient récompenser tant la vision paraît accomplie, à défaut d'êter réellement novatrice. On reconnaîtra en effet des empruns au Oogie Boogie de l'Etrange Noël de Mr Jack, ainsi qu'au Château ambulant de Miyazaki. Les personnages, à l'instar du Pôle Express, semblent un peu mécanique, sans âme, même si une marche semble avoir été dépassée. leur coupe Playmobil n'est pas non plus du plus bel effet, mais comme on l'a vu, l'essentiel est ailleurs. 

     Plus que la performance d'exploitation de l'outil Performance Capture, qui permet de transposer plutôt fidèlement la performance d'acteurs en chair et en os sur des modèle en image de synthèse, on retiendra ici une mise en scène qui, par sa maestria, abolit les frontières entre animation et prises de vues réelles. Monster House peut faire partie de ce cercle fermé de films d'animation qui pourrait convertir les réfractaires au cinéma d'animation en général tant le rythme, les cadrages, les mouvements d'appareils, sont semblables à ce qui pourrait se faire en live, tout en le dépassant (de nombreux déplacements, travellings rapides, ou points de vues, s'affranchissant de la densité des objets, étant irréalisables "en dur". Distillant une véritable ambiance, arrivant à s'approcher du spectateur par l'écriture fine des personnages, Monster House montre encore aujourd'hui qu'il tient la distance, et que, malgré un film live (la Cité de l'Ombre) aux échos peu élogieux, Gil Kenan est prometteur.