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Critiques de films - Page 13

  • La fille de Jack l'Eventreur (1971)

    Un film de Peter Sasdy

    15840812917_8dc32c6448_n.jpgAtypique que ce film de la glorieuse maison Hammer ; réalisé par Peter Sasdy, homme de télévision qui tournera quelques bons Hammer Films (Une messe pour Dracula, 1970 et surtout Comtesse Dracula, 1971), le métrage ne compte aucun des acteurs traditionnellement attachés à la firme, jusque dans les seconds rôles. Eric Porter, qui interprète le personnage principal du docteur Pritchard, est un habitué du théâtre ; quant à Angarhad Rees, qui incarne Anna, la fille de Jack l'Eventreur, elle est inconnue. Son personnage fait se côtoyer l'innocence et le danger, possédée par l'esprit sauvage de son père.

    Outre les habituels qualités des productions Hammer -décors, costumes-, La fille de Jack l'Eventreur (Hands of the Ripper) marque par son intrigue riches en action, la dimension très graphique de ses meurtres et la finesse des relations entre les personnages. Si l'implication d'Anna dans les meurtres n'est pas révélée lors du premier crime, le docteur comprend rapidement qu'elle est la cause de tout cela ; mais, en adepte de la psychanalyse, il veut croire à sa guérison et fait tout pour la protéger. On se rendra compte plus tard que Pritchard est amoureux d'elle, attraction à laquelle il essaiera d'échapper. Film policier, thriller, La fille de Jack l'Eventreur est donc aussi un véritable film romantique, aussi poétique dans l'amour que dans la violence. Sur ce point, la dernière scène du film est une réussite, faisant de la meurtrière une victime assez touchante.

    Loin des cycles connus de la firme (Dracula, Frankenstein et les autres reprises de films de la monstres de Universal), La fille de Jack l'Eventreur offre une lecture intéressante sur la rencontre paradoxale entre le surnaturel et la science, appliquée aux temps troublés où sévit le plus connu des serial-killer. On remarquera que, quelques semaines après la fin du tournage de ce film, la Hammer et le réalisateur Roy Ward Baker tourneront Docteur Jeckyll et Sister Hyde, où vient également se glisser l'ombre inquiétante du Ripper...

    Disponibilité vidéo : Blu-ray / DVD - éditeur : Elephant Films

  • Le Hobbit : la désolation de Smaug (2013)

    Un film de Peter Jackson

    15707522089_0b396bf561_n.jpgPlus les films passent, et mieux l'on se rend compte des limites de l'apport de Peter Jackson sur l'univers du Seigneur des Anneaux. Depuis le début chaotique de la production d'un diptyque transformé en trilogie, on sent bien que le cœur n'y est pas. Le récit inoffensif du Hobbit se retrouve alourdi de circonvolutions inutiles, dans le seul but de tisser des liens entre la "trilogie originale" et cette "prélogie" moins inspirée... Cela ne vous rappelle rien ?

    Ce deuxième épisode (le plus difficile, car n'ayant réellement ni début, ni fin) recèle certes de bons moments -la rencontre avec le métamorphe, le décor inédit du village de pêcheurs-, mais pour le reste, c'est malheureusement raté dans les grandes largeurs : l'échappée en tonneaux digne d'un cartoon de Tex Avery, où les personnages rebondissent sur leurs opposants comme autant d'obstacles inoffensifs, le "moment Legolas" comme pour rappeler au bon souvenir de la première trilogie, une héroïne créée de toute pièces (Thauriel, clone d'Arwen en mode Robin des Bois), un dragon extrêmement bavard et un peu lent niveau méninges... Par contre, il a la voix qui tonne dans les basses !

    Une histoire laborieuse, des motivations ténues -pourquoi Smaug veut aller mettre Lacville à feux et à sang ? Ah oui, c'est pour se venger des nains qui lui ont fait mordre la poussière... Quel rapport ?- : l'ensemble est très inégal, pour dire ça gentiment. Pour tout dire, même les effets spéciaux sont par fois totalement à la ramasse, notamment dans la séquence dite "des tonneaux", ou bien encore dans des arrière-plans numériques un brin voyants... Le Jackson millésime 2013 n'était pas fantastique, et avait, plus que tout autre film de l'univers, la fin la moins intéressante. Bref, ce n'est pas avec la plus grande des ferveurs que l'on attend la future "Bataille des cinq armées"... Mais on ira quand même ! Passion du fantastique, quand tu nous tiens...

  • Sin City : j'ai tué pour elle (2014) vs. 300 : la naissance d'un empire (2014)

    Deux films de Robert Rodriguez, Frank Miller et Noam Murro

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    Une histoire de suites

    Deux suites que l'on attendait mais que l'on attendait plus sont finalement sorties cette année ; celle du 300 de Zack Snyder, et celle de Sin City, de Robert Rodriguez et Frank Miller. 300 date maintenant de 7 ans, quant à Sin City, il était sur nos écrans il y a neuf ans, soit une petite éternité. Si bien qu'aujourd'hui, peu d'entre nous attendaient véritablement quelque chose de ces deux films ; sortis cette année, ils partagent énormément de points communs, et le plus réussi des deux n'est pas forcément celui qu'on pense...
    Des suites ? pas vraiment, ni pour l'un ni pour l'autre ; Sin City aillant défouraillé la quasi-intégralité de son casting de stars ne pourvait décemment pas se permettre de perdre un Marv (Mickey Rourke) ou encore un Hartigan (Bruce Willis). Qu'à cela ne tienne : ils sont tous les deux revenus, car l'histoire de Sin City 2 se passe pour l'essentiel avant les étapes finales des voyages des deux personnages sus-cités. Mais pas que ; après, je ne rappelle absolument pas laquelle, et tout cela est déjà embrouillé comme cela... A trop multiplier les fils narratifs, l'équilibre des tensions est totalement raté dans le film, à telle point que le dernier chapitre apparaît superflu (avec pourtant une belle prestation de Joseph Gordon-Levitt, très à l'aise dans ce registre). Même histoire pour la suite de 300, qui revisite l'histoire du premier film en approfondissant les fondements de la batailles des Thermopyles (histoire de Xerxès et de Thémistocle, bataille de Salamine). On revoit pour autant très peu Leonidas (Gerard Butler), un peu plus sa femme, la reine Gorgo, qui tient le rôle de narratrice. Bref, l'intérêt de l'histoire est bien plus clair du côté de 300 numéro 2.

    Un festival Eva

    Il faut en parler, Eva Green est des deux projets, et elle est indéniablement un des bons points des deux films ; il impressionne plus encore dans Sin City 2, imprimant son physique tout en volumes dans de nombreuses scènes du film (bien qu'on nous dise dans l'oreillette qu'elle aurait été aidé par le bistouri numériue du sieur Rodriguez...). Aussi crédible en femme fatale soufflant le chaud (très, très chaud !) et le froid qu'en guerrière invulnérable, elle se fond totalement dans les écrins numériques des deux films.

    Le règne du numérique

    Sin City avait, en 2005, ouvert grand les prote d'un cinéma numérique (tournage intégralement sur fond vert, calquant l'esthétique BD majoritairement bichromique de Frank Miller. A peine quelques accessoires suffisent alors à créer des scènes qui sont ni plus ni moins tourné dans le petit studio de Robert Rodriguez. Ce premier film est une incontestable réussite esthétique, en même temps qu'une surprise à l'époque, qui n'est de fait plus d'actualité lorsque ce deuxième épisode sort (on a pourtant très vite parlé d'une suite basée sur J'ai tué pour elle, à notre avis le meilleur opus de la BD Sin City ; le rôle d'Ava était prévu pour Angelina Jolie). Aujourd'hui, cette suite ne s'imposait pas, et l'on peut dire qu'au vu du four intégral du film aux US (13 millions de dollars pour un budget de 65), plus personne ne l'attendait.
    300, c'est un peu la même histoire, sauf que le comic de Miller est un one-shot, une histoire auto-contenue pour parler bien la langue de Molière. Là encore, en terme visuel, Zack Snyder a créé une école à base de ralentis, de sang numérique qui gicle et de sauvages bodybuilders courant avec envie à une mort certaine (tout cela est par ailleurs fort bien repris dans la série Spartacus, avec John Hannah et Lucy Lawless). Et même si la surprise n'est pas au rendez-vous, le festin visuel est bien là, grâce à un production design inspiré (la démesure de Xerxès et ses multiples ornements, les costumes et navires, le décorum péplum).

    Frank Miller

    Pour les besoins de 300 : la naissance d'un empire, Miller se fend d'un nouveau tome intitulé Xerxès, du nom du dieu-roi de l'empire Perse. Mais le Miller lambine (d'ailleurs, on l'attend toujours pour sortir une BD potable depuis le sixième tome de Sin City...) et son comic Xerxès n'est toujours pas sorti alors que le film est déjà sorti en DVD ! c'est d'ailleurs assez loufoque de voir mentionné dans les crédits de fin "adapté du comic Xerxès" alors même que ce dernier n'existe pas encore.
    Histoire nouvelle également créée pour Sin City 2, mais ô combien bouche-trou pour faire oublier que le segment qui donne son nom au titre du film n'est pas suffisant pour constituer un film entier. Le même problème de rythme s'était posé pour le premier film, mais ces défauts sont apposés ici sous une loupe grossissante avec à la clé un grand désagrément : l'ennui. Eva Green, comme je l'ai déjà écrit, arrive à nous sortir momentanément de la torpeur...

    Tout cela n'était pas joué d'avance, et, avec quasiment les mêmes atouts et contraintes dans leurs manches, c'est 300 : la naissance d'un empire qui sort victorieux de ce match au sommet. Au moins, Miller ne remettra sûrement pas le couvert pour nous sortir un troisième volet de Sin City...

    Disponibilité vidéo : 300 : la naissance d'un empire - Blu-ray et DVD - éditeur : Warner Home Video

    Sin City : j'ai tué pour elle - Blu-ray et DVD - éditeur : Metropolitan FilmExport - sortie prochainement.

  • Raspoutine, le moine fou (1966)

    Un film de Don Sharp

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    Tourné à la suite de Dracula, prince des ténèbres, avec lequel il partage quelques décors et acteurs, Raspoutine, le moine fou conte l'histoire bigger than life du fameux guérisseur, bien introduit à la cour de Russie, qui aurait peut-être causé la chute des Romanov au début du XXème siècle.

    Don Sharp retrouve pour le film la star Christopher Lee, avec qui il a tourné l'année précédente le sympathique Masque de Fu Manchu ; Sharp, même s'il ne fait pas partie de la dream-team des réalisateur à la Hammer Films, a tout de même quelques bons titres à son actif, notamment l'excellent et méconnu Baiser du vampire (1962). Et ce Raspoutine, tout aussi méconnu aujourd'hui malgré la présence de Christopher Lee, est d'une qualité pratiquement comparable : L'histoire de ce personnage mystérieux et jouisseur (Raspoutine, bien que nom véritable de Gregori Efimovitch, signifie "débauché") est fort bien amenée, d'une première guérison miraculeuses à son arrivée en tant que confident d'Alexandra Feodorovna, l'épouse de Nicolas II, en passant par les beuveries, danses et l'activité sexuelle débordante du personnage (toujours hors-champ ; nous ne sommes pas encore dans la période plus permissive et volontiers racoleuse de la Hammer).

    Le personnage, aux dons indéniables, est totalement ambigu dès la première séquence ; sa véritable nature, manipulatrice et vicieuse, se dévoile peu à peu durant le métrage. Son charme presque surnaturel a des traits de ressemblances avec Dracula, que Christopher Lee a interprété mieux que quiconque : Raspoutine hypnotise ses magnifiques victimes (Ah, la rousse Barbara Shelley) qui deviennent prisonnières de son emprise maléfique. Son habileté à flatter les puissants fera le reste.

    Le luxe de décors et surtout, comme à l'accoutumée, des costumes, trait distinctif de la firme, ne faut pas défaut, et n'a d'égale que le raffinement des stratagèmes implacables de Raspoutine, pour gagner le pouvoir, la richesse et le faveurs qu'il désire. Le portrait saisissant de Raspoutine, si bien incarné par Lee, est celui d'un jouisseur rabelaisien, aimant profiter de tous les plaisirs.

    Raspoutine, film biographique, convient malgré tout fort bien à l'identité que la Hammer s'est forgée depuis le milieu des années 50, et son attrait sans bornes pour le fantastique, la magie et la sorcellerie. Citons également, dans ce style précis, le très bon Les vierges de Satan (Terence Fisher, 1966), dans lequel Christopher Lee fait des étincelles, sur un scénario de Richard Matheson. Dans cette lignée de films, particulière dans le cinéma anglais des années 60, Raspoutine ne dépareille pas, bien au contraire.

  • Blue Jasmine (2013)

    Un film de Woody Allen

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    Le Allen cuvée 2013 est plutôt un bon millésime : alternant films moyens (Scoop, Minuit à Paris), et vrais mauvais films (Vicky Cristina Barcelona, Vous allez rencontrer un un bel et sombre inconnu, To Rome with love) depuis l'incontestable réussite de Match Point, le réalisateur américain ne s'en tire pas trop mal ici. La palme aux acteurs, Alec Baldwin, Sally Hawkins notamment. La structure du film est aussi plus recherchée qu'habituellement, jouant finement avec le flash-back, liant malicieusement les scènes.

    Comme souvent, les personnages ne sont pas ce qu'ils semblent être de prime abord ; Cate Blanchett, Jasmine dans le film,  est, à ce titre, stupéfiante (même si on a profocdément du mal à s'attacher à elle, mais c'est une autre histoire). Le décalage entre la bourgeoise Jasmine et sa sœur, au quotidien plus modeste, explose lorsqu'elles cohabitent, après que Jasmine a vu son mariage atomisé par des tromperies extra-conjugales et autre scandale financier.

    Le personnage principal a des traits alleniens (très verbeuse et totalement névrosée), mais l'ensemble donne une fraîcheur qu'on ne connaissait plus à ce cher Woody depuis des années. Une fraîcheur teintée de folie et même de mélancolie, la pauvre Jasmine paraissant parfois complètement paumée dans ce nouveau monde (celui de la sobriété financière, dira-t-on).

    Autre point positif, l'intrigue et ses personnages nous emmènent sous des horizons où se jouent les nuances de gris ; rien ni personne n'est l'homme ou la femme idéale, la sphère des gens fortunés est décrite par petites touches impressionnistes, mais son constat est sans appel.

    Ballade très amère aux pays des rêves désenchantés, le film, s'il est loin d'être parfait (fin abrupte, peu de personnages sympathiques), Blue Jasmine constitue le meilleur film de son auteur depuis un bail. Ce serait dommage de s'en priver.