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Critiques de films - Page 14

  • Metal Hurlant Chronicles - saison 2 (2014)

    Une série TV de Guillaume Lubrano

    14844577938_db297fd945_m.jpgIl y a deux ans, les six épisodes de la première saison, entre tortues de l'espace et bimbos en latex, m'avaient bien fait rire ; l'audace de l'ensemble étant à louer devant l'absence des séries françaises de SF, à budget correct. En sachant à quoi m'en tenir, j'ai visionné la deuxième saison de 6 épisodes, diffusés il y a peu sur France 4 (également disponible en VOD sur Canalplay). Rappelons l'origine du projet : une série basée sur des bandes dessinées parues dans Métal Hurlant, la revue BD française typée SF qui a fait découvrir Bilal, Druillet, ... Le nom de la revue étant mondialement connu (notamment grâce à une parution aux Etats-Unis, Heavy Metal, depuis 1977, ayant inspiré deux films et des jeux vidéos), le producteur Guillaume Lubrano vend les droits de la série un peu partout dans le monde... L'un des derniers pays acquéreurs étant le France ! Etant donné le format court des saisons, Lubrano vend d'emblée les deux premières saisons. Voici que les derniers épisodes produits sont diffusés.

    "On ne change pas une équipe qui gagne" : cet adage bien connu se vérifiant souvent, on ne sera pas surpris qu'ici, rien ne change, même si la réussite n'est pas forcément au rendez-vous. On a toujours mal à s'emballer pour ses récits qui nous endorment à la deuxième minute d'un épisode pourtant court (25 minutes) ; la chute de l'épisode, sur laquelle repose tout le récit, est parfois tout à fait accessoire ; les quelques beaux plans de décors (un bar de l'espace, une salle du trône futuriste, un château, ou une ville du far-west) ne suffisant pas à garnir les péripéties des histoires. A tout le moins, on ne peut leur reprocher leur manque de considération visuelle, l'esthétique étant le point réussi de cette seconde salve. Costumes et décors sont soignés, même si quelques effets spéciaux masquent difficilement leur nature factice.

    Rayon casting, on reprend les mêmes et on recommence : Michael Biehn (Termintor), James Marsters (Buffy contre les vampires), Scott Adkins, Dominique Pinon, Michael Jai White ; au rayon des nouveaux venus, Frédérique Bel, pas avare de ses charmes dans le segment médiéval Le second fils, ou encore l'ex-hardeuse Katsuni, alias Céline Tran, John Rhys-Davis, et même une apparition-clin d'oeil de Jean-Pierre Dionnet, cofondateur de Métal Hurlant.

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    Un maquillage réussi dans l'épisode L'endomorphe

    Whisky, le récit western qui ouvre la saison, est assez réussi ; les décors et les prestations de James Masters et Michael y sont de bonne qualité ; le montage est par contre parfois à la ramasse, notamment sur le passage du temps (une séquence laisse paraître que le laps de temps écoulé est très important, alors qu'on se rend compte ensuite que tout s'est passé assez rapidement).

    L'endomorphe
    , second épisode, nous propulse dans une zone de guerre intergalactique assez bien fichue ; la chute, particulièrement, nous offre un impact assez fort. Malgré le manque d'ampleur de l'épisode (on ne peut s'empêcher de voir qu'une poignée d'acteurs est à l'étroit dans un huis-clos moyennement tendu).

    Seconde chance a l'air d'un Star Wars du pauvre, aux décors cependant soignés (rappelant ainsi Les maîtres du destin, épisode de la saison 1) ; on apprécie également les épisodes qui lient entre eux, certains personnages se croisant d'épisodes en épisodes, formant même un tout avec la première saison 1.

    Le dernier Khondor aurait pu être un bon épisode s'il n'était pas auto-centré sur la salle du trône, certes jolie, mais bon, 25 minutes c'est long... La chute, qui n'a pas l'air d'en être une, est plus intéressante qu'elle n'y paraît.

    Le second fils est l'épisode médiéval de la saison, lui aussi un peu coincé dans la grande salle à manger. De plus, les actions des protagonistes (un échange de lame entre frères) paraît n'avoir aucun enjeu narratif. On notera tout de même dans cet épisode la prestation d'un sosie de Vincet Cassel jeune, qui s'en sort bien en jouant les crapules. Les paysages nocturnes du château piquent un peu les yeux, parraissant sortis d'une cinématique de jeu vidéo d'il y a 10 ans.

    Enfin, Retour à la réalité est une histoire dans l'histoire digne de La quatrième dimension, malheureusement sans beaucoup de moyens. Dominique Pinon joue dans cet épisode, ainsi que dans le précédent, et y donne de sa personne.

    La saison est presque aussi décevante que la première ; peut-être devrait-on intimer à Guillaume Lubrano de lâcher les rênes de la série, ou au moins de partager les responsabilités, tant il fait tout (producteur, scénariste, réalisateur sur tous les épisodes)...

  • Under the Skin (2014)

    Un film de Jonathan Glazer

    14664177810_f73ea238af_m.jpgTout d'abord, mille excuses aux internautes concernant cette longue pause : quelques semaines de vacances, ainsi qu'une panne internet de grande ampleur (toujours en cours) m'ont empêché de publier à mon rythme habituel. Malgré la panne, je peux tout de même vous proposer quelques petites choses en attendant...

    Un réalisateur rare (pas de films depuis 10 ans), une star, une exclu (on voit Scarlet Johansson nue), voilà une recette qui sait attirer l'attention. Le film de Jonathan Glazer, clippeur renommé, est par moments expérimental (images en surimpressions, extrême économie de dialogues) et réussit l'exploit de faire paraître Scarlet normale. Certains passages sont également esthétiquement bluffants (le rituel d'attraction de Scarlet), et la séquence du freak malformé est très forte. Mais cela ne suffit pas : la prétention visuelle de l'ensemble, mêlé à une bande originale très arty (sonorités industrielles suscitant le malaise) n'a d'égale que l'extrême simplicité du propos (l'éveil d'une extra-terrestre aux sensations humaines).

    Est-ce aussi simple que cela ? Peut-être pas. Mais le film, déjà pauvre en personnages, s'accompagne d'un homme totalement inutile (le motard, sensé "nettoyer" les exactions commises par l'extra-terrestre?) qui n'arrange rien à l'affaire.

    Le film passe à deux doigts du ratage complet tellement le parcours des personnages a du mal à susciter l'intérêt. Certes, le film sort des sentiers battus : c'est un film de science-fiction à la sauce indépendant, racontant tout dans les moments « en creux », qui colle aux plus près de ses personnages, si peu intéressants qu'ils soient. Rallonger les séquences jusqu'à l'ennui n'est pas, à notre sens, une preuve de grand talent : Glazer aura tenté quelque chose de différent, et, hors de quelques trouvailles et ambiances réussies, se plante tout de même. Same player, try again !

  • Le cirque des vampires (1972)

    Un film de Robert Young

    14434276945_fbbc7cd779_m.jpgRessorti récemment en DVD et Blu-ray, cet Hammer Film est étonnant à plus d'un titre ; ce film de vampires atypique mêle malédiction, transformations d'hommes en animaux, inceste, meurtres d'enfants, et possède une charge érotique très prononcée. Ce dernier point est devenu coutumier de la Hammer des années 70, bien plus permissive dans ce registre.

    Le comte Mitterhaus, vampire de son état, attire à lui les femmes du village, qui succombent visiblement les unes après les autres. Excédés, les villageois l'exécutent, le vampire ayant juste le temps de jeter une malédiction sur le village. Quinze ans plus tard, alors que le village est décimé par une épidémie, un cirque s'y installe. Il s'agit en fait de vampires, ou de leurs alliés, qui viennent venger et faire renaître le vampire disparu...

    La trame rappelle celle d'un roman de Ray Bradbury sorti quelques années auparavant, La foire des ténèbres (Something Wicked This Way Comes), par ailleurs adapté au cinéma par Jack Clayton en 1983. La séquence pré-générique du Cirque des vampires constitue un petit film à elle seule, contenant tout ce qui fait le mythe vampirique : la cruauté, la séduction, le sexe débridé, la colère des villageois et leur vengeance aveugle. Emportés par leur rage, ces derniers ne semblent d'ailleurs pas meilleurs que le vampire qu'ils pourchassent.

    Le film repose sur un nombre de décors très restreints, pour la plupart réutilisés de précédents films (La fille de Jack l'éventreur, Peter Sasdy, 1971 et Les sévices de Dracula, John Hough, 1971) ; pour autant, cela ne gêne pas la vision du film, et les libertés de mise en scène autorisées à Robert Young pour son premier long-métrage de fiction sont payantes : tournage au ralenti, cadrages étudiés, sont là pour varier l'image. L'ambiance particulière du film provient aussi d'un dommage collatéral : Robert Young, ayant épuisé son planning de tournage de six semaines, demande quelques jours de plus, qu'il n'obtient pas. Quelques plans manquent donc, et plongent certaines séquences dans un onirisme nébuleux, comme la traversée du miroir, ou l'identité de la maîtresse du cirque (Adrienne Corri, qui joue l'année précédente la femme aux chats dans Orange mécanique, Stanley Kubrick, 1971).

    Le cirque des vampires, itération singulière du vampire made in Hammer, est un des derniers beaux films de la firme dans cette décennie 70, qu'Elephant Films nous donne une bonne occasion de redécouvrir.

    Disponibilité vidéo : Blu-ray / DVD - éditeur : Elephant Films

  • Maps to the Stars (2014)

    Un film de David Cronenberg

    14405904103_8f035b9620_m.jpgDès les premières minutes du dernier film de Cronenberg, je me suis rappelé Cosmopolis (et les quinze minutes que j'ai tenu avant d'éteindre le poste) : limousine + Robert Pattinson + dialogues abscons = Maps to the stars. Si ce dernier n'est toutefois pas totalement comparable à la purge Cosmopolis, il ne raconte cependant rien de transcendant, les interminables névroses d'acteurs ayant été le sujet de bien des (télé)films. Tout au plus guetterons-nous l'apparition de Carrie Fisher, qui reviendra bientôt rejouer son rôle historique de Princesse Leia pour le bonheur des fans de Star Wars.

    C'est d'autant plus rageant que, pris individuellement, chaque acteur tire son épingle du jeu : Julianne Moore, qui tient là son prix d'interprétation décerné à Cannes 2014, mais aussi John Cusack, Mia Wasikowska (à qui on donne malheureusement toujours le même rôle à jouer), la rare Olivia Williams et même Evan Bird, l'enfant acteur. Le cynisme et les extrêmes ne surprennent plus personne quand on parle de l'usine à rêves, mais l'on sent que Cronenberg s'offre là une croisade toute personnelle, dégoûté qu'il est de l'ambiance mortifère qu'il semble y rencontrer. Ce film sur le cinéma joue un énième jeu de miroirs entre sa forme et son contenu, son contenu et l'objet-même qu'il représente. Certes, le film est cérébral, mais son histoire est cent fois vue. L'emballage pourrait être une raison d'aimer le film, mais là encore, alors qu'on connaît l’œil esthète de Cronenberg et son travail méticuleux sur les costumes et la photo, on est ici pas loin d'un Direct to Video de luxe : photo très banale, direction artistique aux abonné absent.

    Une scène surnage tout de même, par sa cruauté et le jeu incroyable de Julianne Moore : alors que son personnage a raté un rôle qu'elle attendait depuis des lustres, elle apprend que l'actrice choisie ne pourra finalement pas jouer à cause de la mort accidentelle de son petit garçon, qu'on a croisé dans une scène précédente. Entre le rire et les larmes, Julianne Moore se met à entamer une danse de joie horrible face à cet événement qui la remet en selle pour l'obtention du rôle.

    On reviendra à Cronenberg, c'est sûr : celui qui nous a jadis estomaqué avec Videodrome, Chromosome 3 ou encore eXistenZ. Mais ses deux derniers essais ratés ne donnent pas de bons signes pour le futur...

  • Darwyn Cooke's Batman Beyond (2014)

    Un film d'animation de Darwyn Cooke

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    DC Comics sait fêter dignement ses héros, et ne lésine pas à la dépense. Pour Batman, ce n'est pas un (Batman : Strange Days), mais deux court-métrages qui viennent célébrer ses 75 ans. Et comme c'est un âge relativement avancé, Darwyn Cooke a voulu faire revivre la série d'animation Batman Beyond (Batman, la relève chez nous). Réalisée après le succès de Batman, la série animée et des Nouvelles aventures de Batman, cette série montrait un Gotham futuriste où un Bruce Wayne vieillissant passait la main à un jeune homme -Terry McGinnis-, qu'il initie et seconde dans la lutte contre le crime.

    Le court commence dans la Batcave, lieu ô combien signifiant dans la mythologie du Batman, recelant à la fois son arsenal technophile et guerrier, comme le souvenir de ses affrontements et traumas du passé. McGinnis, croyant Wayne attaqué, se rue à son secours... en fait, ce dernier lui a concocté une séance d'entraînement plutôt intense ! C'est d'abord un Batman jeune qui l'attaque. En vérité, il s'agit d'un robot aux couleurs du Batman de la série Les nouvelles aventures de Batman. Après en avoir fini, McGinnis lâche un "Désolé mon gars, mais tu es de l'histoire ancienne", commentaire méta-textuel sur ce Batman anachronique en 2039, époque de Batman Beyond.

    L'hommage aux oeuvres télévisuelles ou cinématographiques dédiées au Dark Knight ne fait que commencer, car d'autres opposants viennent se mesurer au tandem Bruce Wayne / McGinnis : on reconnaît ainsi, dans l'ordre d'apparition, l'incarnation de Beware the Batman, dernière série animée en date sur le personnage, The Batman, la série typée "enfants" entre 2005 et 2010 ; puis c'est au tour du Batman de Neal Adams, ancré dans les années 60 et repris dans la série Batman, l'alliance des héros, d'apparaître. Ensuite, le Batman massif de Frank Miller dans Dark Knight Returns, puis celui des adaptations cinématographiques de Tim Burton, le Batman campy de la série des années 60 avec Adam West, puis l'apparence du Batman originel tel que présenté sur la couverture de Detective Comics #31, daté de septembre 1939. Par ce voyage dans le passé de quelques instants, Darwyn Cooke réussit à rendre un hommage dynamique et expressif aux différents visages du chevalier noir.

    Le court-métrage :

    Source image : image extraite du court-métrage © DC Entertainment / Yahoo Movies